Comatule dorée

Davidaster rubiginosus | (Pourtalès, 1869)

N° 3002

Atlantique tropical Ouest

Clé d'identification

20 à plus de 30 bras de couleur dominante orangée
Corps et cirres toujours cachés
Bras partiellement cachés, extrémité enroulée en crosse
Pinnules alignées le long des bras sur 2 plans perpendiculaires

Noms

Autres noms communs français

Fougère de mer

Noms communs internationaux

Golden crinoid, golden feather star (GB)

Synonymes du nom scientifique actuel

Antedon rubiginosa Pourtalès, 1869
Nemaster rubiginosa (Pourtalès, 1869)
Actinometra lineata Carpenter, 1880
Nemaster iowensis Springer, 1902
Nemaster mexicanensis Tommasi, 1966

Distribution géographique

Atlantique tropical Ouest

Zones DORIS : ● Caraïbes

C'est l'espèce la plus commune et la plus répandue du golfe du Mexique au Venezuela.

Biotope

La comatule dorée se tient sur les pentes récifales entre 5 et 60 m environ, de préférence à l'abri des courants et de la houle (c'est une espèce rhéophobe*, qui craint les fortes turbulences). Elle n'évite pas la lumière et reste active de jour comme de nuit.

Description

La comatule dorée ne montre à découvert qu'une partie de ses bras, le corps étant toujours à l'abri dans une éponge, dans une fissure de récif ou sous une roche. La coloration est variable, mais toujours à dominante orange : jaune verdâtre, jaune citron, ocre, orange pâle, orange brillant, brun rouge, noire à frange jaune ou orange (jamais blanche).
Les juvéniles sont souvent d'une couleur orange uniforme, avec une ligne noire le long de chaque bras.

Les bras sont au nombre d'une vingtaine à plus de trente chez les grands individus (5 à 10 chez les juvéniles), d'une longueur de 10 à 40 cm mais on n'en voit pas plus de la moitié sortant de la cachette. L'extrémité est souvent enroulée en crosse, les bras sont déployés en bouquet (et non en éventail).
Les bras sont constitués d'articles calcaires empilés portant des appendices secondaires : les pinnules*, en séries alternant régulièrement sur les côtés des bras. Chaque pinnule formant un angle de 90° avec la précédente, les quatre séries de pinnules se trouvent sur deux plans perpendiculaires se croisant à l'axe du bras. La face ventrale des pinnules porte les pieds ambulacraires*, la face dorsale est constituée de petits éléments arrondis qui donnent un aspect perlé vu de près.

Le corps lui-même est très petit (10 à 15 mm de diamètre) par rapport à la taille des bras. Il est en forme de calice* ou coupe aplatie, pentagonale, reposant sur un article en forme de disque, appelé plaque centrodorsale. La bouche est située au milieu de la face supérieure où convergent les canaux radiaires des bras. L'anus est également situé sur la face supérieure, un peu décentré.

L'animal se fixe à son support grâce à des appendices articulés appelés cirres*, émanant de la plaque centrodorsale. Chaque cirre se termine par une griffe qui, combinée à une épine située sur l'avant-dernier segment, constitue une pince extrêmement robuste capable de résister à une forte traction (les bras se cassent avant que la comatule ne lâche prise).

Espèces ressemblantes

Davidaster discoideus, la comatule perlée, se distingue facilement de la comatule dorée par la couleur typique de ses pinnules (gris translucide pointé de noir). Un peu plus petite, elle est aussi plus discrète, généralement solitaire, et ne montre généralement que 4 ou 5 bras hors de son abri.

Nemaster grandis, la comatule noire et blanche, possède un minimum de 40 bras aux pinnules courtes et serrées. Elle se tient généralement à découvert, les bras déployés en éventail dans le courant. Les bras sont toujours noirs avec l'extrémité des pinnules blanche. Elle n'est signalée que dans la partie sud de l'arc caraïbe, et elle a été observée (rarement) en Martinique Sud, vers 40 m.

Alimentation

La comatule dorée est un filtreur* suspensivore* : elle se nourrit des particules en suspens dans l'eau (principalement des diatomées*), qu'elle capte avec le piège constitué par ses bras armés de pinnules.
Chaque pinnule est parcourue au milieu par un sillon ambulacraire* entourée de 2 rangées de podia* extensibles. Longs et espacés, ceux-ci explorent la colonne d'eau et rabattent les proies détectée vers le sillon, où elles restent engluées par du mucus et transférées progressivement vers le canal radiaire du bras, puis à la bouche.

Reproduction - Multiplication

C'est une espèce gonochorique*, c'est-à-dire qu'il y a des individus mâles et des individus femelles. On ne peut les distinguer que pendant la période de reproduction (d'octobre à mars) par l'observation des pinnules les plus proches du disque central. Chez la femelle, ces pinnules proximales* sont orange, alors que chez les mâles elles sont blanches.
Les gamètes* sont émis au cours d'événements de frai collectif. Après fécondation, les larves* ciliées se dispersent en nageant pendant quelques jours puis s'installent sur le fond au stade pentacrine*, ayant la forme d'un minuscule lis de mer.
En quelques semaines les larves fixées développent 5 bras et les premiers cirres, se détachent de leur pédoncule* et commencent à se nourrir comme les adultes.

Vie associée

Les comatules sont dépourvues de moyens de défense, mais elles ont très peu de prédateurs. On retrouve occasionnellement des fragments de bras dans l'estomac de prédateurs opportunistes (lutjans, étoiles de mer...) mais finalement la partie accessible est si épineuse, peu charnue et peu appétissante qu'elle n'attire pas les convoitises. Quant à la partie nutritive (le calice contenant les viscères), elle est très solidement cramponnée par les cirres dans une anfractuosité et quasi impossible à extraire sans casser les bras.

Par contre le mucus et les petites proies captées par les pinnules peuvent attirer des commensaux qui viennent picorer dans les bras de la comatule. Le réseau solide, calcifié des bras et des pinnules leur sert en même temps d'abri.
On a identifié au moins deux (et sans doute plus) espèces de crevettes mimétiques, Periclimenes bowmani Chace, 1972 et Synalpheus townsendi Coutière, 1909, en association avec D. rubiginosus. S'y abritent aussi des ophiures, de petits gobies, des copépodes.
Elles sont spécifiquement parasitées par des vers Annélides (Myzostoma sp.) qui provoquent des galles dans le corps et dans les bras.

Divers biologie

Adultes, les comatules dorées se regroupent volontiers à plusieurs sur le même support ou dans la même crevasse. Elles ne semblent ni rechercher ni éviter la proximité de leurs congénères.

Lors du développement de l'individu, l'augmentation du nombre de bras se fait par détachement (accidentel ou volontaire) d'un bras. A l'emplacement de la cassure se développe un article ramifié où repoussent 2 bras. Une deuxième cassure suivie de régénération donnera 4 bras, etc. Comme ces cassures/régénérations ne sont pas synchronisées, (sans même parler des amputations non réparables), le nombre de bras, théoriquement multiple de 5, devient imprévisible chez les individus âgés.

Les bras continuent à pousser par l'extrémité pendant toute la vie de l'individu. Les plaques osseuses qui les composent sont liées entre elles par plusieurs types d'articulations : les plus solides, de nature ligamentaire, sont appelées syzygies*. Elles résistent en cas de tentative de cassure par un prédateur, par contre ce sont les points de rupture préférentiels en cas d'autotomie* (rupture volontaire), par exemple quand on les manipule ou quand on les sort de l'eau. La position relative des syzygies et des ramifications dans les bras est un élément de détermination des espèces.

Origine des noms

Origine du nom français

Comatule dorée : ce nom caractérise instantanément la couleur vive de l'animal.
Fougère de mer : les spécimens jaune verdâtre, (ou simplement en lumière naturelle), avec leurs bras enroulés en crosse, peuvent faire penser à des bouquets de fougères.

Origine du nom scientifique

Davidaster : du latin [aster] = étoile, composant d'une série de noms de genre d'ophiures (par exemple Comaster, Nemaster...). Davidaster signifie donc "Etoile de David", David étant le premier prénom de David L. Meyer, spécialiste des Echinodermes.

rubiginosus : du latin [robiginosus] qui signifie rouillé, taché de rouille. Allusion à la couleur généralement orangée de cette comatule.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 246784

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Echinodermata Echinodermes Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement.
Sous-embranchement Crinozoa Crinozoaires Echinodermes présentant, au minimum au stade larvaire, un pédoncule les fixant au substrat. Les formes adultes libres savent nager.
Classe Crinoidea Crinoïdes Corps en forme de calice, 5 bras primaires bien définis et des bras terminaux longs et ramifiés. Certaines espèces sont fixées par un pédoncule articulé, d'autres sont libres et nageuses.
Sous-classe Articulata Articulés
Ordre Comatulida Comatulides Seul ordre actuel, comprend 2 sous-ordres, l’un avec des organismes fixés, l’autre avec des organismes non fixés.
Famille Comatulidae Comatulidés
Genre Davidaster
Espèce rubiginosus

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