Ver annelé, mobile, aplati et allongé
Segments identiques portant les parapodes latéralement
Couleurs variables : rouge, vert, jaune ou blanchâtre
Bouquets de soies blanches sur les côtés
Soies associées aux branchies externes, rouges ou orangées
Segments séparés par une ligne blanche
Ver de feu barbu, ver barbelé
Bearded fireworm (GB), Vermocane (I), Verme fuego (E), Feuerwurm (D), Vuurworm (NL)
Aphrodita carunculata Pallas, 1766
Pleione carunculata (Pallas, 1766)
Terebella carunculata (Pallas, 1766)
Amphinome didymobranchiata Baird, 1864
Amphibranchus occidentalis Kinberg, 1867
Hermodice nigrolineata Baird, 1868
Méditerranée orientale, Atlantique tropical
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● CaraïbesLe ver de feu est fréquent en Méditerranée orientale, à partir de Malte, et en Atlantique tropical, du Cap Vert aux Antilles.
Il était jusque-là absent du bassin occidental de Méditerranée, où les eaux semblaient trop froides. Mais certains témoignages récents (Marseille : voir photo 21, et Mandelieu en juin 2013) semblent montrer que cette aire de répartition s'agrandit. Tout signalement sur nos côtes est le bienvenu.
Le ver de feu vit sur de nombreux types de fond mais il affectionne les substrats* durs entre 5 et 40 m de profondeur, qu'il s'agisse de récifs de corail, de roche ou d'installations portuaires.
Il ne déserte cependant pas les zones sableuses où ses parapodes lui permettent de s'enfouir en creusant.
On peut aussi le repérer dans les zones sombres, comme par exemple, sous les pierres.
Le ver de feu est un ver annelé, mobile, aplati et allongé, ressemblant à un mille-pattes, d'une longueur maximale de 30 cm. Il est formé d'une centaine de segments identiques, les métamères*, portant des parapodes* de chaque côté. Seuls la tête, qui porte deux yeux et deux antennes sensibles, et les segments terminaux, plus étroits, sont différenciés. Le premier métamère (ou protostomium) arbore les cirres* sensoriels et compose la tête avec le second métamère (ou péristomium), portant la bouche sur la face ventrale. Les 4 premiers segment sont recouverts, sur le dessus, d'une caroncule*, sorte de crête charnue et aplatie, qui s'étend vers l'arrière. Le dernier métamère (ou pygidium) comprend l'anus.
Un système nerveux ventral s'étire sur tout le long du corps et est composé d'une paire de ganglions par métamère.
Le corps est recouvert d'une cuticule*, rigidifiant l'organisme. Les couleurs peuvent être multiples : rouge, vert, jaune, gris ou blanchâtre.
Il est orné, sur les deux côtés de chaque segment, de bouquets de soies blanches, rigides et protractiles*, qui lui servent de défense. A leur base, ces touffes sont associées à de petites branchies externes, rouges ou orangées. Chaque segment, séparé de son voisin par une ligne blanche, porte donc une paire de branchies et de touffes de soies.
Eurythoe complanata, le ver de feu hawaïen orange, est un autre ver annelé à soies blanches. Il est présent dans toutes les mers sub-tropicales ainsi qu'en Méditerranée. Contrairement à Hermodice carunculata, son corps est généralement orange.
Aux Antilles, il existe aussi Chloeia viridis dont le corps est court, beige à dessins rouges et aux soies blanches.
Les vers de feu sont nécrophages et se nourrissent d'organismes en décomposition (saprophages*), mais aussi d'organismes sessiles* comme les polypes* de corail et d'hydraire. La mâchoire dirige la nourriture vers un tube digestif complet.
Ils sont surtout actifs la nuit, mais, très bien protégés par leurs soies urticantes, ils n'hésitent cependant pas à sortir dans la journée.
La reproduction est sexuée.
Pendant le frai, les vers de feu peuvent former d'importants rassemblements. Ils remontent alors vers la surface et la libération des gamètes* femelles et mâles est associée à l'émission de lueurs bioluminescentes.
Les larves trochophores* sont rondes et pélagiques*, puis se fixent et une métamorphose donne un jeune ver.
Les bouquets de soies sont plus ou moins fournis, selon l'origine géographique de ces animaux.
Il ne faut pas toucher ces vers. En effet, les soies sont fragiles et cassent facilement au contact. Elles pénètrent dans la chair et provoquent alors des brûlures et des inflammations (traitement à l'eau chaude et au vinaigre). Il s'agit, pour le ver, d'un moyen de défense efficace.
Ver de feu : car ce ver provoque des brûlures en cas de contact.
Hermodice : du grec [herm] pour Hermès, dieu grec, et [Odice], une des filles de Thémis et de Zeus, autres dieux grecs,
carunculata : du latin [caruncula] = petit morceau de chair.
Numéro d'entrée WoRMS : 129831
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Annelida | Annélides | Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites. |
Classe | Polychaeta | Polychètes | Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles. |
Sous-classe | Errantia | Annélides Polychètes Errantes | La tête porte plusieurs organes sensoriels et des mâchoires. Animaux très mobiles et prédateurs. Parapodes biramés avec un notopode et un neuropode, chaque lobe du parapode a des baguettes squelettiques (acicule) liant le muscle parapodial aux lobes et aux soies ; cirres parapodiaux dorsaux et ventraux ; deux ou trois palpes sur le prostomium. |
Ordre | Amphinomida | Amphinomides | Prostomium réduit entouré par ls premiers segments. |
Famille | Amphinomidae | Amphinomidés | Parapodes garnis des soies urticantes disposées en touffes. |
Genre | Hermodice | ||
Espèce | carunculata |
Individu sombre
Le ver de feu est un ver annelé, mobile, aplati et allongé (30 cm), ressemblant à un mille pattes.
Kira Panagia, Sporades (Grèce), 1 m
16/09/2009
Entre les éponges
Ce ver est formé d'une centaine de segments identiques, portant des parapodes de chaque côté.
Saint-Georges (Rép. Dominicaine), 30 m
23/02/2007
Individu clair
A la base des touffes de soies, se trouvent des petites branchies, rouges ou orange pâle (comme ici).
Port-Louis, Guadeloupe (971), 15 m
03/07/2008
Soies repliées
Lorsque le ver ne se sent pas agressé, les soies urticantes sont pratiquement repliées, en déplacement.
Palmye (Turquie), 20 m
06/05/2005
Rampant le long de la roche
On trouve fréquemment les vers de feu sur des substrats durs.
Hersonissos, Crète (Grèce), 10 m
26/04/2007
Rassemblement
Les vers ont ici des couleurs tranchées. Cela permet de voir très nettement l'organisation segmentée de ces animaux.
Dakar (Sénégal), 25 m
02/02/2003
Ressemblant à une coiffe d'indien !
Les soies de cet individu sont particulièrement déployées : peut-être a-t-il été inquiété ?
Morro Jable, Canaries (Espagne), 11 m
04/09/2009
Ton sur ton
Les segments sont séparés par une ligne blanche ou plus claire.
Martinique (972)
01/2002
Gros plan sur la caroncule
Face dorsale : la caroncule est sur le dessus de la tête.
Anse Dufour, Martinique (972)
10/12/2010
A la course
Ce ver de feu partage la même tige qu'une monnaie caraïbe à ocelles (Cyphoma gibbosum)
Site de l'Ermitage, Bouillante, Guadeloupe (971), 12 m
09/12/2009
Individu orangé
On voit très bien les branchies de part et d'autre de chaque parapode. En revanche, les soies semblent repliées.
Bonaire, Antilles Néerlandaises, 24 m
29/03/2005
Duveteux
Ne vous y trompez pas ! Sous cet aspect très doux, le ver de feu peut provoquer de cuisantes "brûlures".
Les Saintes, Guadeloupe (971)
07/2006
Détail de la tête
Le premier segment porte la tête et les cirres sensoriels. On voit aussi ici les yeux.
Canaries (Espagne), 18 m
29/10/09
Juvénile
Ce minuscule ver a déjà atteint sa forme adulte.
Grande Anse, Martinique (972), 8 m
02/07/2009
A table !
Les vers de feu sont surtout actifs la nuit. Ici, ils se sont "rués" sur les restes d'un oursin.
Koufonissi, Cyclades (Grèce), 2 m, de nuit
12/09/2008
Nécrophages
Les vers de feu sont nécrophages. Ce poisson mort en a attiré une bonne quantité.
Pointe des nègres, Martinique (972), 5 m
08/09/2007
Proie recouverte
Un amas de ces vers recouvre presque entièrement une rascasse de Madère, Scorpaena maderensis, dont on ne voit qu'un bout de queue dépasser !
Reis Magos, Madère, Portugal, 8 m
05/08/2014
Distribution
Bien que ce ne soit pas sa distribution classique, ce probable ver de feu (au centre) a été photographié à Marseille, sur une épave. Cependant, le nombre de rencontres dans cette zone semble se multiplier.
Epave Le Liban, Marseille (13), 30 m
22/04/2006
Emission de gamètes
Observation du photographe : photo prise 1 heure avant le coucher du soleil. Le ver s'est mis en haut d'une gorgone éventail de Neptune qui s'agitait sous la houle des vagues. Il se contractait pour émettre ses gamètes.
Fond Bouché, Martinique (972), 1 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
05/12/2012
Emission de gamètes : vue de dessous
Le photographe précise que c'est sa première observation de ce phénomène en 7 ans. Il ajoute qu'il s'agit ici d'un mâle : le sperme est lactescent, les spermatozoïdes sont minuscules.
Fond Bouché, Martinique (972), 1 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
05/12/2012
Plan rapproché d'une femelle
L'observateur précise :
"C'était pleine lune le 27 mars 2013. Les vers se rassemblaient 30 minutes après le coucher du soleil. Ils se mettent en position haute. Tête dressée, ils contractent leurs anneaux de l'arrière vers l'avant ! Parfois certains vers se collent, s'entrelacent. La durée de la reproduction est de 30 minutes."
Il s'agit ici d'une femelle : l'ovocyte est le lieu du développement embryonnaire ; les ovules sont donc riches en réserves et relativement "gros".
Pointe Lamare, Martinique (972), 1 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
27/03/2013
Rédacteur principal : Sylvie DIDIERLAURENT
Correcteur : Thomas DESVIGNES
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
La page de Hermodice carunculata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.