Diatomée trisecteur

Actinoptychus senarius | (Ehrenberg) Ehrenberg, 1843

N° 6042

Espèce cosmopolite

Clé d'identification

Diatomée au frustule circulaire en vue valvaire
Présence de six secteurs radiaux
Trois secteurs surélevés rappelant un trisecteur radioactif
Nombreuses aréoles réparties irrégulièrement
Zone centrale lisse, de forme hexagonale

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Actinocyclus senarius Ehrenberg, 1838
Actinocyclus undulatus J.W. Bailey, 1842
Actinoptychus undulatus (J.W. Bailey) Ralfs, 1861

Distribution géographique

Espèce cosmopolite

Zones DORIS : ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française], ● Europe (côtes françaises)

Actinoptychus senarius est présente dans l'Atlantique Nord-Est et en Méditerranée.

Biotope

Actinoptychus senarius est une espèce majoritairement planctonique*, mais elle peut adopter un mode de vie benthique* ou épiphytique (en épiphyte*).

Description

Actinoptychus senarius est une diatomée centrique, habituellement solitaire. Elle possède une enveloppe externe siliceuse, le frustule*, en forme de boîte de Petri (ressemble à une boîte de camembert), qui fait l’objet de la description qui suit.
Le frustule présente une forme circulaire parfaite en vue valvaire*, dont le diamètre est compris entre 20 et 150 μm. Comme toutes les diatomées, les frustules de A. senarius sont constitués de deux valves inégales, l'épithèque (la valve la plus grande) et l'hypothèque (la valve la plus petite), reliées entre elles par une bande siliceuse, le cingulum*.
La surface des valves est divisée en six secteurs radiaux, alternativement surélevés et déprimés, qui sont visibles sous forme d’ondulation en vue connective*. L'ensemble de ces secteurs présente donc l’aspect d’un symbole radioactif.

La zone centrale du frustule est lisse et hexagonale. Le diamètre de cette zone centrale est de l'ordre d'une dizaine de microns. Le reste du frustule présente de très nombreuses aréoles* réparties de manière irrégulière.
Les chloroplastes* sont nombreux et visibles en microscopie optique. Ils donnent aux cellules vivantes une couleur brun doré.

Espèces ressemblantes

Les trois secteurs surélevés d'Actinoptychus senarius garantissent normalement une identification aisée.
Il est possible de collecter d’autres espèces appartenant au genre Actinoptychus, qui sont généralement des espèces à affinité benthique*.
Parmi ces espèces, on peut citer Actinoptychus splendens, qui présente de 12 à 22 secteurs radiaux, et Actinoptychus vulgaris qui présente normalement 14 secteurs radiaux (donc 7 secteurs surélevés).

Alimentation

Actinoptychus senarius est une algue autotrophe*, se développant grâce à la photosynthèse*.

Reproduction - Multiplication

Les diatomées* sont des diplontes* (cellules diploïdes*), leur cycle de vie est diplophasique, c'est-à-dire qu'il est constitué essentiellement d'une phase diploide*, la diplophase. La phase haploide* (l’haplophase) est réduite à l'existence des gamètes*.

La reproduction des diatomées peut s’effectuer soit de manière asexuée (multiplication cellulaire végétative), lorsque les conditions de vie sont favorables, soit de manière sexuée.

La multiplication végétative des diatomées est principalement assurée par division cellulaire mitotique, selon un mode très original : après une mitose*, les deux valves* du frustule* de l’algue se séparent. Chaque cellule fille conserve une valve de la cellule mère et sécrète la valve manquante, qui sera nécessairement une hypothèque, donc plus petite que la valve conservée.

Chaque cycle mitotique donne donc naissance à deux individus, l’un de taille similaire à la cellule mère, l’autre plus petit. En conditions favorables, ce type de reproduction peut être très rapide, une division complète prenant moins d’une journée.

Il existe une taille minimale seuil au-delà de laquelle peut s’engager une phase de reproduction sexuée, qui permettra de restaurer la taille maximale spécifique. La taille minimale seuil varie selon les espèces et est en moyenne de 50 à 30 % de la taille de la première cellule ayant engagé un cycle de division mitotique suite à une phase de reproduction sexuée (cellule initiale, voir ci-dessous).

Chez les diatomées centriques, comme Actinoptychus senarius, les gamètes mâles sont munis d’un flagelle* (antérieur chez cette espèce) qui leur permet de rejoindre la diatomée femelle, dans laquelle ils pénètrent grâce à une ouverture produite dans le frustule entre les deux valves.
La rencontre entre gamètes de sexe complémentaire est probablement facilitée par la sécrétion de phéromones*. La fusion des gamètes mâles et femelles donne naissance à une cellule œuf, qui va s'agrandir et se transformer en auxospore*, de flottabilité neutre une fois débarrassée du reste du frustule femelle (mais cette séparation n’est pas obligatoire, auquel cas l’auxospore débutera son développement en restant attachée au frustule maternel). L’auxospore s’entoure d’un abondant mucilage* puis grossit jusqu’à atteindre la taille maximale de l'espèce, avant de se transformer en cellule initiale qui sécrétera alors son frustule siliceux.

La cellule initiale permet de régénérer des individus de taille maximale après la diminution de la taille moyenne d'une population suite aux mitoses successives.

Les auxospores de Actinoptychus senarius ne présentent pas de secteurs radiaux.

Divers biologie

Lars Friedrichs et al. (2013) ont réalisé une comparaison de la résistance mécanique de quelques diatomées*. La structure particulière des valves de Actinoptychus senarius, comme celle des autres diatomées du même genre, rend cette diatomée très résistante. Elle est, de ce fait, près de 100 fois moins consommée par les copépodes* que d’autres diatomées planctoniques* comme Thalassiosira punctigera. L'étude montrait également que la diatomée Coscinodiscus wailesii présente les mêmes caractéristiques qu'Actinoptychus senarius.

Informations complémentaires

La détermination moderne de ce type de diatomée repose sur l’analyse au microscope électronique à balayage, ce qui n’est pas accessible en routine sans équipement spécialisé mais qui permet de s’affranchir de la variabilité du nombre de secteurs (heureusement peu fréquente chez cette espèce). Chez Actinoptychus senarius, les secteurs surélevés comportent un processus tubulaire situé au milieu du secteur vers son extrémité distale*. Les secteurs déprimés ne possèdent généralement pas de processus similaire. Du côté interne des valves, le processus se termine par une structure labiée en forme de demi-selle de cheval (c’est cette structure labiée qui est réellement caractéristique de l’espèce).

Origine des noms

Origine du nom français

Le nom français proposé (diatomée trisecteur) rappelle que cette espèce évoque immédiatement le symbole du trisecteur utilisé pour identifier les matériels radioactifs.

Origine du nom scientifique

Le genre Actinoptychus a été créé en 1843 par Christian Gottfried Ehrenberg (1795-1876), naturaliste allemand. Ce nom provient du grec ancien [actis, actinos] = rayon et de [ptukhe] = pli, repli. Le nom signifie donc littéralement "replis rayonnants". Les espèces du genre Actinoptychus présentent des zones radiales alternativement surélevées.

Le nom d’espèce senarius provient du latin [senarius] = qui se rapporte au nombre six. Actinoptychus senarius présente six secteurs radiaux.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 148948

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Heterokontophyta Hétérokontophytes
Sous-embranchement Bacillariophytina
Classe Bacillariophyceae Bacillariophycées
Sous-classe Coscinodiscophycidae
Super ordre Coscinodiscanae
Ordre Coscinodiscales Coscinodiscales
Famille Heliopeltaceae
Genre Actinoptychus
Espèce senarius

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