Corps fuselé, à section subcylindrique et pédoncule caudal très fin,
Peut mesurer jusqu’à 19 cm
Bouche très largement fendue, gencives couvertes de petites dents villiformes
Couleur de fond grise à brune mouchetée de petites taches blanches
Trois selles noires généralement visibles sur le dos, bandes et taches noires intercalées sous la ligne latérale
Caudale fourchue
Poisson-lézard nébuleux (Polynésie française)
Blotched grinner, blotched saury, clouded lizardfish, clouded saury, nebulous lizardfish (GB), Pesce lucertola nebuloso (I), Lagarto nubífero (E), Eidechsenfisch (D)
Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueSaurida nebulosa est présente dans les zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et du Pacifique Ouest et centre.
Dans l’ouest de l’océan Indien, on la trouve d’Oman au Mozambique et sa distribution vers l’est va jusqu’à la Thaïlande, en passant par les Comores, les Mascareignes*, les Seychelles, les Maldives, l’Inde et la mer d’Andaman.
Dans le Pacifique, on peut rencontrer l'espèce d’ouest en est depuis le sud du Japon à Hawaï et de la mer de Tasman à la Polynésie française, en passant par l’Indonésie, les Philippines, l’Australie, la Nouvelle-Calédonie et la plupart des îles océaniques comprises entre ces limites.
L’anoli nuageux est une espèce benthique* qu’on trouve sur les fonds
sableux et sablo-détritiques* des zones récifales abritées, ou sur des coraux dégradés.
On peut aussi la rencontrer dans des herbiers, sur des fonds rocheux ou dans
les mangroves*, ainsi qu’en eaux saumâtres* et dans l’embouchure des rivières.
L’espèce
est commune entre 1 et 60 m de profondeur mais sa distribution verticale peut aller jusqu’à
100 m.
Description succincte : ce poisson-lézard est d’assez petite taille (19 cm maximum). Son corps est long et fusiforme avec une tête aplatie large et pointue, et un pédoncule* caudal très fin. La bouche très largement fendue laisse voir de nombreuses petites dents sur les gencives même quand elle est fermée, et les yeux sont proportionnellement très grands. Les nageoires dorsale et anale sont hautes et de faible longueur, la caudale est fourchue.
La couleur de fond est grise ou brun clair au-dessus de la ligne latérale*, et blanche en dessous. Elle est mouchetée de très nombreuses petites taches blanches et présente généralement trois selles* noires sur le dos qui descendent jusqu’à la ligne latérale. Sous cette ligne se trouvent de larges bandes noires verticales irrégulières et des taches noires plus petites et grossièrement circulaires entre ces bandes.
Description détaillée :
Morphologie
Le corps de l’anoli nuageux est long et fusiforme* à section subcylindrique. Sa tête est large et longue, son museau est pointu et son pédoncule* caudal est comprimé et très fin. La hauteur du corps (calculée à l’aplomb du premier rayon de la dorsale) entre environ 7 fois dans la longueur standard* (longueur sans la queue). Il est couvert par des écailles cycloïdes* de grande taille. La taille maximale documentée pour l’espèce est de 19 cm.
La tête est longue : elle peut mesurer près du quart de la longueur standard. Vue de dessus, elle est en forme d’ogive à pointe arrondie. La nuque est aplatie et le museau est court ; il descend en oblique de l’espace interorbitaire* vers la lèvre supérieure. La bouche, terminale et oblique, est très largement fendue : la commissure des lèvres dépasse la verticale de la limite supérieure du préopercule*. Les lèvres forment un rebord le long des mâchoires et un petit bec à leur extrémité antérieure ; la lèvre supérieure fait un rebord sur toute sa longueur. La partie extérieure des gencives, toujours visible, porte une multitude de petites dents villiformes* plus ou moins couchées vers l’intérieur. Les yeux sont placés en position dorsolatérale : ils sont globuleux et proportionnellement grands (le diamètre de la protubérance dans laquelle ils sont enchâssés fait à peu près la moitié de la hauteur de la tête à leur niveau). Ils saillent de part et d’autre de l’espace interorbitaire et se situent juste au-dessus de la bouche, à peu près à l’aplomb de la moitié de la longueur de la lèvre supérieure. Il y a deux paires de narines ; les narines antérieures sont dotées d’un rabat charnu long et fin sur leur bord postérieur.
Aucune nageoire n’a de rayons durs.
La nageoire dorsale, réduite à une dizaine de rayons, est haute (la hauteur de ses premiers rayons est égale ou supérieure à celle du corps) ; elle se situe à peu près au milieu de la longueur standard. La taille de ses rayons diminue régulièrement du premier au dernier.
Une très petite nageoire adipeuse se trouve à la verticale du septième rayon de la nageoire anale.
L’anale, qui se situe très en arrière de la dorsale, a la même morphologie qu’elle mais elle est moins haute et avec, en général, un rayon de moins.
La caudale est nettement fourchue.
Les pectorales sont courtes : quand elles sont plaquées contre le corps, leur pointe atteint l’aplomb de la base des pelviennes sans la dépasser.
Inversement, les pelviennes sont très longues, leur pointe atteint l’aplomb des derniers rayons de la dorsale. Elles sont placées latéralement de part et d’autre de l’abdomen* et sont donc particulièrement éloignées l’une de l’autre.
Couleurs
La couleur de fond est gris jaunâtre à verdissant, ou brun clair avec des zones marbrées où la couleur est plus ou moins prononcée au-dessus de la ligne latérale*, et blanche au-dessous. Elle est mouchetée de très nombreuses petites taches blanches dispersées sans ordre apparent. Trois larges selles noirâtres à noires qui rejoignent la ligne latérale sont présentes en partie postérieure du dos ; la première se trouve derrière la dorsale, la deuxième derrière la nageoire adipeuse et la troisième au bout du pédoncule caudal. Ces selles peuvent être manifestes ou être diluées en groupes de taches noires plus ou moins denses jusqu’à parfois presque disparaître, notamment en situation de stress. La partie du corps située sous la ligne latérale présente sur un fond blanc une alternance de larges bandes noires verticales au dessin très irrégulier, qui descendent jusqu’à la partie ventrale, et des taches noires plus petites et grossièrement circulaires qui occupent le centre de l’espace entre ces bandes noires. Ces motifs sont eux aussi susceptibles de se déliter et de devenir très discrets.
La ligne latérale, généralement bien visible, se manifeste comme une série de tirets blancs et forme une carène* discrète dans le dernier tiers du corps.
La tête présente les mêmes couleurs que la partie supérieure du corps au-dessus de la bouche. On peut souvent observer une ligne blanchâtre médiane de la pointe du museau à l’espace interorbitaire inclus, qui comprend parfois deux paires de ramifications latérales obliques, l’une rejoignant la lèvre supérieure, l’autre la partie supérieure des yeux.
L’iris* est doré autour de la pupille et gris à beige avec des marques brunes parfois disposées en étoile au-delà.
La partie située sous la bouche est blanche avec de larges taches brunes alignées transversalement sur la mâchoire inférieure. Les parties latérales des lèvres sont noirâtres et portent des bandes blanches plus ou moins régulièrement espacées, avec parfois un centre noir. Les gencives présentent 6 à 8 bandes verticales blanches alternant avec une couleur de fond noirâtre.
Les nageoires impaires sont translucides à jaunâtres avec des rayons alternant des segments noirs et blancs. Les pectorales et les pelviennes présentent les mêmes couleurs et motifs, mais les segments noirs des rayons tendent à former des taches ovales plus ou moins alignées débordant sur les membranes. La nageoire adipeuse est noire avec une à deux bandes transversales blanches.
La livrée de nuit ne diffère pas de la livrée diurne*.
Dans sa distribution, la présence de larges selles noires sur le dos et de grandes taches noires sur les flancs sous la médiane horizontale du corps distinguent Saurida nebulosa de la plupart des espèces de son genre. Les exceptions sont les suivantes :
Quelques espèces du genre Synodus présentent des selles noires sur le dos et des marques noires sur et sous la médiane horizontale des flancs (par ex. S. dermatogenys ou S. binotatus), mais aucune espèce du genre ne présente une bouche dont la partie extérieure des gencives, toujours visible dans le genre Saurida, est tapissée par de très nombreuses petites dents villiformes* avant la première rangée de grandes dents fonctionnelles.
L’espèce est carnivore. Elle se nourrit essentiellement de poissons qu’elle chasse à l’affût.
A notre connaissance et à la date de publication de cette fiche (12/2025), la reproduction n’est pas documentée chez cette espèce. Toutefois, les Synodontidés sont des espèces gonochoriques* (les sexes sont séparés), la fécondation* est externe et les larves* sont généralement pélagiques*.
La livrée des juvéniles ne diffère pas de celle des adultes.
Le ver plathelminthe Oncodiscus sauridae, de la classe des Cestodes, infeste les intestins de Saurida nebulosa.
En dehors des multiples petites dents couvrant les gencives, qui participent à la capture des proies, la dentition de Saurida nebulosa comprend une rangée de dents latérales longues, fines et pointues sur chaque mâchoire. On trouve en outre deux séries de dents palatines* de part et d’autre du palais. La plus extérieure est longue et constituée d’une double rangée de dents en partie antérieure, d’une seule ensuite. La série intérieure est plus courte et comprend deux rangées de petites dents. La langue est couverte de très petites dents dirigées vers l’arrière.
L’anoli nuageux chasse à l’affût, le plus souvent plus ou moins ensablé. Il capture des poissons circulant juste au-dessus du substrat*, il mais il peut effectuer des ascensions foudroyantes pour capturer un poisson nageant à quelques mètres du fond.
Il fait confiance à son camouflage quand il est ensablé et se laisse alors approcher facilement pourvu que la manœuvre soit lente. S’il se sent repéré, il fuira à grande vitesse pour se réensabler plus loin.
L’espèce est solitaire en dehors des périodes de reproduction.
Aucune nageoire n’a de rayons durs. La nageoire dorsale comprend 10 à 11 rayons et l’anale 9 à 10. Les nageoires pectorales ont 12 rayons (parfois 11 ou 13). Les pelviennes ont 9 rayons.
La ligne latérale* comprend de 46 à 52 écailles.
La présence de petites dents visibles sur les gencives quand la bouche est fermée est une caractéristique du genre Saurida.
La vessie natatoire* est atrophiée ou absente dans les espèces de la famille des Synodontidés
Cette famille des Synodontidés comprend deux sous-familles : celle des Synodontinés, qui comprend les genres Synodus et Trachinocephalus, et celle des Harpadontinés, qui comprend les genres Saurida et Harpadon.
L’espèce est pêchée dans un cadre artisanal.
Le statut de Saurida nebulosa pour l’UICN* est LC (Least Concerned, traduit par « Préoccupation mineure »), ce qui signifie que les informations recueillies sur l’espèce ne permettent pas de la classer dans les autres catégories, notamment dans les trois qui alertent sur une menace (CR : en danger critique d’extinction, EN : en danger, VU : vulnérable). En fonction de quoi elle n’est pas actuellement concernée par des mesures de protection.
Anoli : les noms communs « anoli », ou « anole », viennent de celui d’un genre de lézards arboricoles (Anolis) présents notamment en Amérique centrale et aux Antilles. Cette comparaison vient de ce que la tête à museau pointu et à large bouche des poissons de la famille des Synodontidés évoque, plus ou moins selon les espèces, celle des lézards. On retrouve la comparaison dans les principaux noms communs français et anglais de la famille («poisson-lézard » et « lizardfish »).
nuageux : traduction du nom d’espèce latin nebulosa, le qualificatif faisant référence aux motifs sombres et diffus présents sur ses flancs.
Saurida : le genre est décrit en 1850 par le zoologiste français Achille Valenciennes (1794-1865) dans Histoire naturelle des poissons (Tome vingt-deuxième, Suite du livre vingt-deuxième, pages 499-500). Il l'introduit pour distinguer des espèces du genre Saurus (synonyme de l’actuel Synodus), créé par Cuvier, qui présentent notamment des différences dans l’organisation des dents palatines*. Le nom latin [saura] vient du grec [saûros], qui signifie « lézard ».
L’espèce type* n’est pas mentionnée par Valenciennes. Elle a été désignée en 1913 par Jordan, Tanaka et Snyder : il s’agit de Saurida tumbil.
Le genre possède actuellement (12/2025) 24 espèces acceptées.
nebulosa : l’espèce est décrite en 1850 par Valenciennes dans le même ouvrage où il décrit le genre (pages 504-506). L’adjectif latin [nebulosus] (féminin [nebulosa]) signifie « brumeux, nuageux, nébuleux ». Valenciennes donne à l’espèce le nom commun de « sauride nuageux » sans expliquer le choix de l’épithète spécifique. Cela sans doute parce qu’il l’a fait plus haut dans le texte (pp. 461 et suivantes) à propos de Julis nebulosus (l’actuel Halichoeres nebulosus), appelée « girelle nuageuse » à cause de « plusieurs taches noires nuageuses » sur ses flancs. Ce sont donc aussi les motifs noirâtres présents sur les flancs de Saurida nebulosa qui justifient son nom d’espèce.
Le nom de genre est féminin, donc le nom d’espèce l’est aussi.
La localité du type* est l’île Maurice (appelée « Île de France » à l’époque).
Numéro d'entrée WoRMS : 217664
| Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
|---|---|---|---|
| Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
| Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
| Super classe | Actinopteri | ||
| Classe | Teleostei | ||
| Ordre | Aulopiformes | Aulopiformes | |
| Famille | Synodontidae | Synodontidés | |
| Sous-famille | Harpadontinae | Harpadontinés | |
| Genre | Saurida | ||
| Espèce | nebulosa |
Poissons osseux posés sur le fond et « Agnathes »
Anoli nuageux
L’espèce doit ses noms commun et scientifique à la présence de larges selles noires en partie dorsale, et de nombreuses taches noires plus ou moins diffuses sous la ligne latérale.
L’ensemble évoquerait des nuages selon son descripteur, Achille Valenciennes.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
12/03/2010
Poissons osseux posés sur le fond et « Agnathes »
Vue de dessus
Cette vue de dessus d’un individu à dominante foncée permet de mieux apprécier la densité des taches blanches qui marquent la couleur de fond, ainsi que la taille relativement petite des pectorales et les rabats charnus qui précèdent les narines antérieures.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
16/12/2018
Vue de face
L’animal vu de face est peu engageant, avec son énorme bouche aux gencives denticulées précédant une rangée de dents latérales longues, fines et pointues.
Cette vue permet aussi d’observer le petit bec formé par l’extrémité antérieure des lèvres.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
08/05/2015
Coup de stress !!
Ces deux individus... n’en sont qu’un, photographié durant la même minute. On peut voir l’effet du stress sur la livrée à l’approche de l’observateur.
Photo 1 : la livrée de l’individu est normale.
Photo 2 : les motifs contrastés pâlissent. Les selles noires ont presque disparu et la série de motifs présents sous la ligne latérale est à peine suggérée.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
30/12/2021
Ligne latérale
La ligne latérale est généralement visible grâce aux tirets blancs que portent ses écailles. Quand elle n’est pas nettement visible, il suffit pour la situer de considérer le changement de motif saisissant de la livrée de part et d’autre de cette ligne.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
21/04/2010
Pose ?
Non, cette photo improbable n’est pas le résultat d’un montage ! L’animal s’est peut-être immobilisé sur ce bloc de béton couvert d’algues à la vue d’une proie potentielle, pour raccourcir la distance d’attaque.
Quoi qu’il en soit, cette pose permet de voir la nageoire anale de l'équilibriste, ce qui est rare avec une espèce qui passe l’essentiel de son temps posée sur le fond.
On peut aussi distinguer au bout des flèche la minuscule nageoire dorsale adipeuse placée au-dessus d’elle, repérable aux marques blanches qu’elle porte.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
23/02/2019
A l’affût
Ce prédateur chasse à l’affût.
L’individu photographié ne prend pas la peine de s’ensabler, peut-être parce que son immobilité dans un décor assez tourmenté peut suffire à le rendre difficilement repérable.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
12/03/2010
Sur le fond
La livrée de l’espèce constitue un bon camouflage sur des fonds sablo-détritiques.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
21/07/2010
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Cressey R.F., Waples R.S., 1983, Synodontidae, in: W. Fischer and G. Bianchi (eds.), FAO species identification sheets for fishery purposes, Western Indian Ocean (Fishing Area 51), Volume 4, FAO, Rome.
Kuchta R., Scholz T., Vlčková R., Říha M., Thorsten W., Yuniar A.T., Palm H.W., 2009, Revision of tapeworms (Cestoda: Bothriocephalidea) from lizardfish (Saurida: Synodontidae) from the Indo-Pacific region, Zootaxa, 1977, 55-67.
Waples R.S., 1981, A Biochemical and Morphological Review of the Lizardfish Genus Saurida in Hawaii, with the Description of a New Species, Pacific Science, 35, 3, 217-235.
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La page de Saurida nebulosa sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
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