Anoli nuageux

Saurida nebulosa | Valenciennes, 1850

N° 5894

Indo-Pacifique

Clé d'identification

Corps fuselé, à section subcylindrique et pédoncule caudal très fin,
Peut mesurer jusqu’à 19 cm
Bouche très largement fendue, gencives couvertes de petites dents villiformes
Couleur de fond grise à brune mouchetée de petites taches blanches
Trois selles noires généralement visibles sur le dos, bandes et taches noires intercalées sous la ligne latérale
Caudale fourchue

Noms

Autres noms communs français

Poisson-lézard nébuleux (Polynésie française)

Noms communs internationaux

Blotched grinner, blotched saury, clouded lizardfish, clouded saury, nebulous lizardfish (GB), Pesce lucertola nebuloso (I), Lagarto nubífero (E), Eidechsenfisch (D)

Distribution géographique

Indo-Pacifique

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

Saurida nebulosa est présente dans les zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et du Pacifique Ouest et centre.
Dans l’ouest de l’océan Indien, on la trouve d’Oman au Mozambique et sa distribution vers l’est va jusqu’à la Thaïlande, en passant par les Comores, les Mascareignes*, les Seychelles, les Maldives, l’Inde et la mer d’Andaman.
Dans le Pacifique, on peut rencontrer l'espèce d’ouest en est depuis le sud du Japon à Hawaï et de la mer de Tasman à la Polynésie française, en passant par l’Indonésie, les Philippines, l’Australie, la Nouvelle-Calédonie et la plupart des îles océaniques comprises entre ces limites.

Biotope

L’anoli nuageux est une espèce benthique* qu’on trouve sur les fonds sableux et sablo-détritiques* des zones récifales abritées, ou sur des coraux dégradés. On peut aussi la rencontrer dans des herbiers, sur des fonds rocheux ou dans les mangroves*, ainsi qu’en eaux saumâtres* et dans l’embouchure des rivières.
L’espèce est commune entre 1 et 60 m de profondeur mais sa distribution verticale peut aller jusqu’à 100 m.

Description

Description succincte : ce poisson-lézard est d’assez petite taille (19 cm maximum). Son corps est long et fusiforme avec une tête aplatie large et pointue, et un pédoncule* caudal très fin. La bouche très largement fendue laisse voir de nombreuses petites dents sur les gencives même quand elle est fermée, et les yeux sont proportionnellement très grands. Les nageoires dorsale et anale sont hautes et de faible longueur, la caudale est fourchue.
La couleur de fond est grise ou brun clair au-dessus de la ligne latérale*, et blanche en dessous. Elle est mouchetée de très nombreuses petites taches blanches et présente généralement trois selles* noires sur le dos qui descendent jusqu’à la ligne latérale. Sous cette ligne se trouvent de larges bandes noires verticales irrégulières et des taches noires plus petites et grossièrement circulaires entre ces bandes.

Description détaillée :
Morphologie
Le corps de l’anoli nuageux est long et fusiforme* à section subcylindrique. Sa tête est large et longue, son museau est pointu et son pédoncule* caudal est comprimé et très fin. La hauteur du corps (calculée à l’aplomb du premier rayon de la dorsale) entre environ 7 fois dans la longueur standard* (longueur sans la queue). Il est couvert par des écailles cycloïdes* de grande taille. La taille maximale documentée pour l’espèce est de 19 cm.

La tête est longue : elle peut mesurer près du quart de la longueur standard. Vue de dessus, elle est en forme d’ogive à pointe arrondie. La nuque est aplatie et le museau est court ; il descend en oblique de l’espace interorbitaire* vers la lèvre supérieure. La bouche, terminale et oblique, est très largement fendue : la commissure des lèvres dépasse la verticale de la limite supérieure du préopercule*. Les lèvres forment un rebord le long des mâchoires et un petit bec à leur extrémité antérieure ; la lèvre supérieure fait un rebord sur toute sa longueur. La partie extérieure des gencives, toujours visible, porte une multitude de petites dents villiformes* plus ou moins couchées vers l’intérieur. Les yeux sont placés en position dorsolatérale : ils sont globuleux et proportionnellement grands (le diamètre de la protubérance dans laquelle ils sont enchâssés fait à peu près la moitié de la hauteur de la tête à leur niveau). Ils saillent de part et d’autre de l’espace interorbitaire et se situent juste au-dessus de la bouche, à peu près à l’aplomb de la moitié de la longueur de la lèvre supérieure. Il y a deux paires de narines ; les narines antérieures sont dotées d’un rabat charnu long et fin sur leur bord postérieur.

Aucune nageoire n’a de rayons durs.
La nageoire dorsale, réduite à une dizaine de rayons, est haute (la hauteur de ses premiers rayons est égale ou supérieure à celle du corps) ; elle se situe à peu près au milieu de la longueur standard. La taille de ses rayons diminue régulièrement du premier au dernier.
Une très petite nageoire adipeuse se trouve à la verticale du septième rayon de la nageoire anale.
L’anale, qui se situe très en arrière de la dorsale, a la même morphologie qu’elle mais elle est moins haute et avec, en général, un rayon de moins.
La caudale est nettement fourchue.
Les pectorales sont courtes : quand elles sont plaquées contre le corps, leur pointe atteint l’aplomb de la base des pelviennes sans la dépasser.
Inversement, les pelviennes sont très longues, leur pointe atteint l’aplomb des derniers rayons de la dorsale. Elles sont placées latéralement de part et d’autre de l’abdomen* et sont donc particulièrement éloignées l’une de l’autre.

Couleurs
La couleur de fond est gris jaunâtre à verdissant, ou brun clair avec des zones marbrées où la couleur est plus ou moins prononcée au-dessus de la ligne latérale*, et blanche au-dessous. Elle est mouchetée de très nombreuses petites taches blanches dispersées sans ordre apparent. Trois larges selles noirâtres à noires qui rejoignent la ligne latérale sont présentes en partie postérieure du dos ; la première se trouve derrière la dorsale, la deuxième derrière la nageoire adipeuse et la troisième au bout du pédoncule caudal. Ces selles peuvent être manifestes ou être diluées en groupes de taches noires plus ou moins denses jusqu’à parfois presque disparaître, notamment en situation de stress. La partie du corps située sous la ligne latérale présente sur un fond blanc une alternance de larges bandes noires verticales au dessin très irrégulier, qui descendent jusqu’à la partie ventrale, et des taches noires plus petites et grossièrement circulaires qui occupent le centre de l’espace entre ces bandes noires. Ces motifs sont eux aussi susceptibles de se déliter et de devenir très discrets.
La ligne latérale, généralement bien visible, se manifeste comme une série de tirets blancs et forme une carène* discrète dans le dernier tiers du corps.

La tête présente les mêmes couleurs que la partie supérieure du corps au-dessus de la bouche. On peut souvent observer une ligne blanchâtre médiane de la pointe du museau à l’espace interorbitaire inclus, qui comprend parfois deux paires de ramifications latérales obliques, l’une rejoignant la lèvre supérieure, l’autre la partie supérieure des yeux.
L’iris* est doré autour de la pupille et gris à beige avec des marques brunes parfois disposées en étoile au-delà.
La partie située sous la bouche est blanche avec de larges taches brunes alignées transversalement sur la mâchoire inférieure. Les parties latérales des lèvres sont noirâtres et portent des bandes blanches plus ou moins régulièrement espacées, avec parfois un centre noir. Les gencives présentent 6 à 8 bandes verticales blanches alternant avec une couleur de fond noirâtre.

Les nageoires impaires sont translucides à jaunâtres avec des rayons alternant des segments noirs et blancs. Les pectorales et les pelviennes présentent les mêmes couleurs et motifs, mais les segments noirs des rayons tendent à former des taches ovales plus ou moins alignées débordant sur les membranes. La nageoire adipeuse est noire avec une à deux bandes transversales blanches.

La livrée de nuit ne diffère pas de la livrée diurne*.

Espèces ressemblantes

Dans sa distribution, la présence de larges selles noires sur le dos et de grandes taches noires sur les flancs sous la médiane horizontale du corps distinguent Saurida nebulosa de la plupart des espèces de son genre. Les exceptions sont les suivantes :

  • Saurida gracilis : S. nebulosa était un de ses synonymes depuis 1904, jusqu’à ce que R.S. Waples la rétablisse en 1981 au rang d’espèce. Ces deux espèces, qui partagent leurs patrons de couleurs et l’essentiel de leur distribution, sont donc très difficiles à distinguer visuellement. Le seul moyen qui puisse occasionnellement y aider est la taille des pectorales, qui sont plus courtes chez S. nebulosa : quand elles sont plaquées sur le corps, leur pointe atteint sans la dépasser la partie antérieure de la base des pelviennes (la plupart du temps visibles) alors qu’elle la dépasse chez S. gracilis. Il est parfois possible d’utiliser ce critère de distinction sur le terrain ou d’après photo quand les pectorales sont déployées. La pointe des pectorales se trouve aussi à l’aplomb des 4e à 6e rangs d’écailles devant la dorsale chez S. nebulosa (2e à 3e chez S. gracilis) ; mais malgré la grande taille des écailles ce critère est particulièrement ardu à évaluer d’après photo pour les valeurs médianes quand cette nageoire est déployée, du fait des problèmes de perspective.
    Les autres différences sont peu ou pas visibles : la tête est proportionnellement un peu plus longue chez S. gracilis, la taille de la mâchoire supérieure est différente, de même que la dentition et la pigmentation des branchies* et du péritoine. Cependant, la taille maximale de S. gracilis est plus grande (32 cm vs 19 cm chez S. nebulosa en longueur standard), ce qui permet de discriminer les individus dépassant la vingtaine de centimètres.
    Concernant la distribution géographique : Saurida gracilis est présente en mer Rouge et elle est documentée en Méditerranée, contrairement à S. nebulosa.

  • Saurida flamma : les gencives, visibles quand la bouche est fermée, sont rouge-orangé vif avec des barres verticales blanches régulièrement espacées. Cette espèce du Pacifique se rencontre à Hawaï, dans l’atoll Johnston, dans l’archipel des Australes et aux îles Pitcairn.

Quelques espèces du genre Synodus présentent des selles noires sur le dos et des marques noires sur et sous la médiane horizontale des flancs (par ex. S. dermatogenys ou S. binotatus), mais aucune espèce du genre ne présente une bouche dont la partie extérieure des gencives, toujours visible dans le genre Saurida, est tapissée par de très nombreuses petites dents villiformes* avant la première rangée de grandes dents fonctionnelles.

Alimentation

L’espèce est carnivore. Elle se nourrit essentiellement de poissons qu’elle chasse à l’affût.

Reproduction - Multiplication

A notre connaissance et à la date de publication de cette fiche (12/2025), la reproduction n’est pas documentée chez cette espèce. Toutefois, les Synodontidés sont des espèces gonochoriques* (les sexes sont séparés), la fécondation* est externe et les larves* sont généralement pélagiques*.

La livrée des juvéniles ne diffère pas de celle des adultes.

Vie associée

Le ver plathelminthe Oncodiscus sauridae, de la classe des Cestodes, infeste les intestins de Saurida nebulosa.

Divers biologie

En dehors des multiples petites dents couvrant les gencives, qui participent à la capture des proies, la dentition de Saurida nebulosa comprend une rangée de dents latérales longues, fines et pointues sur chaque mâchoire. On trouve en outre deux séries de dents palatines* de part et d’autre du palais. La plus extérieure est longue et constituée d’une double rangée de dents en partie antérieure, d’une seule ensuite. La série intérieure est plus courte et comprend deux rangées de petites dents. La langue est couverte de très petites dents dirigées vers l’arrière.

L’anoli nuageux chasse à l’affût, le plus souvent plus ou moins ensablé. Il capture des poissons circulant juste au-dessus du substrat*, il mais il peut effectuer des ascensions foudroyantes pour capturer un poisson nageant à quelques mètres du fond.

Il fait confiance à son camouflage quand il est ensablé et se laisse alors approcher facilement pourvu que la manœuvre soit lente. S’il se sent repéré, il fuira à grande vitesse pour se réensabler plus loin.

L’espèce est solitaire en dehors des périodes de reproduction.

Aucune nageoire n’a de rayons durs. La nageoire dorsale comprend 10 à 11 rayons et l’anale 9 à 10. Les nageoires pectorales ont 12 rayons (parfois 11 ou 13). Les pelviennes ont 9 rayons.
La ligne latérale* comprend de 46 à 52 écailles.

Informations complémentaires

La présence de petites dents visibles sur les gencives quand la bouche est fermée est une caractéristique du genre Saurida.

La vessie natatoire* est atrophiée ou absente dans les espèces de la famille des Synodontidés

Cette famille des Synodontidés comprend deux sous-familles : celle des Synodontinés, qui comprend les genres Synodus et Trachinocephalus, et celle des Harpadontinés, qui comprend les genres Saurida et Harpadon.

L’espèce est pêchée dans un cadre artisanal.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Le statut de Saurida nebulosa pour l’UICN* est LC (Least Concerned, traduit par « Préoccupation mineure »), ce qui signifie que les informations recueillies sur l’espèce ne permettent pas de la classer dans les autres catégories, notamment dans les trois qui alertent sur une menace (CR : en danger critique d’extinction, EN : en danger, VU : vulnérable). En fonction de quoi elle n’est pas actuellement concernée par des mesures de protection.

Origine des noms

Origine du nom français

Anoli : les noms communs « anoli », ou « anole », viennent de celui d’un genre de lézards arboricoles (Anolis) présents notamment en Amérique centrale et aux Antilles. Cette comparaison vient de ce que la tête à museau pointu et à large bouche des poissons de la famille des Synodontidés évoque, plus ou moins selon les espèces, celle des lézards. On retrouve la comparaison dans les principaux noms communs français et anglais de la famille («poisson-lézard » et « lizardfish »).

nuageux : traduction du nom d’espèce latin nebulosa, le qualificatif faisant référence aux motifs sombres et diffus présents sur ses flancs.

Origine du nom scientifique

Saurida : le genre est décrit en 1850 par le zoologiste français Achille Valenciennes (1794-1865) dans Histoire naturelle des poissons (Tome vingt-deuxième, Suite du livre vingt-deuxième, pages 499-500). Il l'introduit pour distinguer des espèces du genre Saurus (synonyme de l’actuel Synodus), créé par Cuvier, qui présentent notamment des différences dans l’organisation des dents palatines*. Le nom latin [saura] vient du grec [saûros], qui signifie « lézard ».
L’espèce type* n’est pas mentionnée par Valenciennes. Elle a été désignée en 1913 par Jordan, Tanaka et Snyder : il s’agit de Saurida tumbil.
Le genre possède actuellement (12/2025) 24 espèces acceptées.

nebulosa : l’espèce est décrite en 1850 par Valenciennes dans le même ouvrage où il décrit le genre (pages 504-506). L’adjectif latin [nebulosus] (féminin [nebulosa]) signifie « brumeux, nuageux, nébuleux ». Valenciennes donne à l’espèce le nom commun de « sauride nuageux » sans expliquer le choix de l’épithète spécifique. Cela sans doute parce qu’il l’a fait plus haut dans le texte (pp. 461 et suivantes) à propos de Julis nebulosus (l’actuel Halichoeres nebulosus), appelée « girelle nuageuse » à cause de « plusieurs taches noires nuageuses » sur ses flancs. Ce sont donc aussi les motifs noirâtres présents sur les flancs de Saurida nebulosa qui justifient son nom d’espèce.
Le nom de genre est féminin, donc le nom d’espèce l’est aussi.
La localité du type* est l’île Maurice (appelée « Île de France » à l’époque).

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 217664

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Actinopteri
Classe Teleostei
Ordre Aulopiformes Aulopiformes
Famille Synodontidae Synodontidés
Sous-famille Harpadontinae Harpadontinés
Genre Saurida
Espèce nebulosa

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