Colonies ressemblant à une chenille transparente comme de la gélatine
Taille maximum d'une colonie : 20 à 40 cm
Grands polypides se détachent nettement de la colonie
Couronne de tentacules en forme de fer à cheval
Cristatelle moisissure
Gallert-Moostierchen, Gallertiges, Moostierchen (D), Geleirups mosdiertje, rupsvormig geleimosdiertje, kruipend geleimosdiertje (NL)
Cristatella mucedo Cuvier, 1798
Cristatella vagans Lamarck, 1816
Cristatella mirabilis Dalyell, 1834
Lophopus crystallinus Dumortier & Van Beneden, 1850 (nec Pallas, 1766)
Cristatella idae Leidy, 1858
Cristatella ophidioidea Hyatt, 1866
Cristatella lacustris Potts, 1884
Cristatella mucedo var. idae & var. genuina Kraepelin, 1887
Europe, Asie, États-Unis, Canada
Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-OuestCristatella mucedo vit uniquement dans la région holarctique* de l'hémisphère nord : Europe (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, France, Luxembourg, Suisse, Autriche, Grande Bretagne, Irlande, Danemark, Suède, Norvège, Finlande, Pologne, Hongrie, Roumanie, Russie, etc.), Asie (ex. Sibérie, Japon), Amérique du Nord (États-Unis, Canada).
Un unique statoblaste a été trouvé en 1992 dans le Nil à Mallawi (Égypte) ; la présence de colonies en Afrique du Nord reste à confirmer.
Lacs et eaux à courant lent et calme, jusqu'à quelques mètres de profondeur.
Sur différents substrats solides (roches, bois, roseaux, etc.). Cependant on a trouvé des colonies de C. mucedo sur de la vase molle, attachées à quelques morceaux d'algues. Contrairement aux autres bryozoaires, C. mucedo se trouve le plus souvent au-dessus ou sur le côté du substrat. Elle peut pendre, par exemple d'une branche, attachée au substrat seulement par une petite partie de la colonie.
On ne sait pas s'il existe une relation entre l'abondance de nourriture présente dans l'eau et l'existence des colonies. Mais on ne les trouve pas dans des eaux polluées fortement eutrophiques*.
Bien que selon les auteurs la distribution bathymétrique* de l'espèce s'étende de 0 à 20 m, on ne trouve guère de colonie au-delà de quelques mètres (5 m) de profondeur, ce qui pourrait indiquer un besoin d'eau bien oxygénée. Une exception connue qui pourrait confirmer cette règle : dans la carrière de La Gombe (Liège – Belgique), fréquentée en permanence par des centaines de plongeurs, on a trouvé des colonies de C. mucedo à 22 m de profondeur. Les bulles des plongeurs (oxygénation de l'eau) pourraient peut-être expliquer ce phénomène.
Les Bryozoaires sont de minuscules animaux coloniaux dont les individus se présentent sous la forme d'une petite logette souple ou calcifiée appelée cystide* dans lequel se trouve le reste du corps (polypide*) qui comprend un grand estomac en U, une couronne de tentacules* formant le lophophore*, et un ganglion* nerveux cérébroïde*.
Cristatella mucedo forme des colonies de couleur claire (blanc cassé à jaune clair) et d'aspect soyeux, ressemblant à une chenille transparente comme de la gélatine.
La taille d'une colonie se situe le plus souvent entre 0,5 et 5 cm ; elle peut atteindre une longueur maximale de 20 à 40 cm pour environ 0,6 à 2 cm en largeur. Elle n'est ni ramifiée, ni lobée et a un dessus convexe. Quand elles sont jeunes et petites, les colonies sont rondes. Elles s'allongent ensuite. Les grandes (longues) colonies peuvent se diviser en plusieurs colonies plus petites.
Les zoécies (longueur d'environ 2 mm) sont alignées en rangs parallèles ou concentriques, mais la partie centrale de la colonie est libre de zoécies. Les animaux plus âgés de la colonie forment les rangées internes et les plus jeunes animaux s'alignent dans les 2-3 rangées externes.
Les statoblastes*, de forme ronde, se développent au centre de la colonie.
Les lophophores* sont relativement peu réactifs aux stimuli externes et se rétractent rarement. Si cela arrive, c'est seulement pour quelques secondes. Les polypides sont grands et se détachent nettement de la colonie. La couronne de tentacules, en forme de fer à cheval, compte de 80 à 100 tentacules.
Lophopodella carteri : les colonies peuvent être confondues avec des colonies jeunes de C. mucedo ; les colonies ont un aspect globuleux, d'une taille maximum d'un centimètre, les zoïdes* sont dressés et serrés l'un contre l'autre en bouquet ; les statoblastes sont ovales et leurs extrémités portent des épines de forme irrégulière munies de minuscules crochets latéraux.
Lophopus crystallinus : les colonies peuvent être confondues avec des colonies jeunes de C. mucedo ; les colonies sont rondes, d'une taille maximum de 4 cm, avec les zoïdes* en éventail ; à l'inverse de C. mucedo, les colonies persistent pendant l'hiver et sont donc présentes pendant toute l'année dans les plans d'eau où la température reste froide ; les statoblastes sont ovales avec une pointe aux extrémités leur donnant l'aspect d'un minuscule citron ; l'espèce est plus rare.
C. mucedo se nourrit de toutes les particules qui peuvent passer par l'ouverture de la bouche des polypides (Chlorophycées, Rhodophycées et Diatomées, petits animaux et plancton, détritus). L'alimentation se fait aussi bien par filtration à l'aide des cils que par utilisation active des tentacules du lophophore.
Les bryozoaires se reproduisent par voie asexuée suivant deux modalités et par voie sexuée.
Cristatella mucedo a une reproduction principalement asexuée.
La croissance de la colonie est assurée par la formation de nouveaux zoïdes par bourgeonnement à partir de la paroi du cystide. Dès qu'elle a atteint une certaine taille, la colonie peut à son tour se multiplier par étranglement transversal et fournir ainsi des colonies-filles qui s'écartent en glissant en directions opposées sur leur sole pédieuse (face inférieure de la colonie).
Le deuxième mode de reproduction asexuée est la production de statoblastes*. Ce sont des organes de résistance qui ont la forme de petits disques équipés d'un flotteur circulaire. Chaque statoblaste (bourgeon dormant) est potentiellement une nouvelle colonie. Il est parfaitement rond et possède deux rangées d'épines terminées par 2-3 crochets (plus rarement 4 ou davantage) : une avec 10-30 épines du côté dorsal et une l'autre avec 20-50 épines du côté ventral.
En automne (octobre-novembre) quand la température de l'eau tombe au-dessous d'environ 8 °C, les colonies meurent et libèrent les statoblastes. Flottants, ils sont emportés par les courants mais également par les oiseaux aquatiques (attachés aux pattes ou dans l'intestin quand les colonies sont mangées) et probablement par les poissons. Ils passent l'hiver dans les sédiments ou dans les particules de matière organique.
C.mucedo redevient actif relativement tard au printemps (quand la température de l'eau s'élève au-dessus de 15 - 16 °C) mais le développement est alors explosif. Les valves des statoblastes s'ouvrent et le jeune zoïde appelé ancestrule qui en sort va se multiplier par bourgeonnement pour former une nouvelle colonie. Les statoblastes se forment partir de juillet/août.
La reproduction sexuée est moins fréquemment observée et n'a lieu que pendant une courte période au début du cycle de développement annuel.
C. mucedo a une mobilité restreinte (quelques cm/jour, surtout les colonies jeunes). Elle glisse sur la face inférieure de la colonie formant une sorte de sole pédieuse.
Elle arrive à se débarrasser des dépôts de vase. En effet, bien que le substrat environnant soit couvert de vase, la colonie est propre. Peut-être que la manière dont les zoécies sont groupées dans la colonie, favorise la création d'un courant d'eau qui maintient la colonie propre. Cependant, dans les situations où trop de vase se dépose sur la colonie, elle ne survit pas.
Elle n'est pas non plus envahie par les algues ou les cyanobactéries. Cela pourrait-il indiquer une certaine forme de guerre chimique ?
Le système nerveux est rudimentaire et se réduit à un ganglion cérébroïde, situé à la base du lophophore, et à quelques fibres nerveuses qui en partent.
La respiration se fait par la peau, en particulier au niveau des tentacules.
Comme l'espèce est petite, elle n'attire pas l'attention et il est facile de passer sans la voir.
Francisation du nom scientifique.
Cristatella = diminutif de "crista" = aigrette (Perrier Fascicule IX)
mucedo = moisissure (Perrier fascicule IX)
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Phylactolaemata | Phylactolèmes | Exclusivement en eau douce (sans vase excessive). Les zoïdes sont cylindriques et le lophophore est en forme de fer à cheval (sauf chez Fredericella). Les zoécies ne sont pas calcifiées et les zoïdes sont tous identiques. |
Ordre | Plumatellida | Plumatellides | |
Famille | Cristatellidae | Cristatellidés | |
Genre | Cristatella | ||
Espèce | mucedo |
Colonie
Les Bryozoaires sont des minuscules animaux portant une couronne de tentacules.
La Gombe (Belgique)
N/A
Développement explosif
C.mucedo redevient actif relativement tard au printemps (quand la température de l'eau s'élève au-dessus de 15 - 16 °C) mais le développement est alors explosif. Trois semaines auparavant, il n'y avait aucune colonie sur cette branche.
Lillé (Liège – Belgique), 5 m
15/08/2014
Détail des colonies
Les zoécies (longueur d’environ 2 mm) sont alignées en rangs parallèles ou concentriques, mais la partie centrale de la colonie est libre de zoécies. Les animaux plus âgés de la colonie forment les rangées internes et les plus jeunes animaux s’alignent dans les 2-3 rangées externes.
Parc Sous-Marin de St-Zotique, Lac St-François, Québec, 7 m
16/08/2009
Colonies sur plante aquatique
Une colonie peut se fixer sur différents substrats. Ici une branche de plante aquatique Ceratophyllum demersum.
La Croisette (Belgique), 3 m
25/09/2005
Colonies et plongeur
Elle peut pendre d'une branche, attachée au substrat seulement par une petite partie de la colonie.
Lac Bleu, Roeux (62), 3 m
11/2006
Colonies sur pierre
Elle préfère des substrats solides (roches, bois, roseaux, etc.). Cependant on a trouvé des colonies de C. mucedo sur de la vase molle, attachées à quelques morceaux d’algues.
Lac Bleu, Roeux (62), 3 m
11/2006
Colonies à grande profondeur
Bien que selon les auteurs la distribution bathymétrique* de l'espèce s'étende de 0 à 20 m, on ne trouve guère de colonie au-delà de quelques mètres (5 m) de profondeur, ce qui pourrait indiquer un besoin d'eau bien oxygénée. Une exception connue qui pourrait confirmer cette règle : dans la carrière de La Gombe (Liège – Belgique), fréquentée en permanence par des centaines de plongeurs, on a trouvé des colonies de C. mucedo à 13 m de profondeur sur une épave d’avion immergée. Les bulles des plongeurs (oxygénation de l’eau) pourraient peut-être expliquer ce phénomène.
La Gombe (Belgique), 13 m
N/A
Grand recouvrement
Cet ensemble de colonies recouvre sur cette épave une surface de près de deux mètres carrés.
Également présente sur cette photo, l'éponge dulcicole Spongilla lacustris.
Parc Sous-Marin de St-Zotique, Lac St-François, Québec, 7 m
16/08/2009
A l'automne
En automne (octobre-novembre) quand la température de l'eau tombe au-dessous d'environ 8 °C, les colonies meurent et libèrent les statoblastes.
Pays-Bas
N/A
Mobilité
C. mucedo a une mobilité restreinte (quelques cm/jour, surtout les colonies jeunes). Elle glisse sur sa sole pédieuse.
Pays-Bas
N/A
Planche naturaliste
Allman, A MONOGRAPH OF THE FRESH-WATER POLYZOA INCLUDING ALL THE KNOWN SPECIES, BOTH BRITISH AND FOREIGN, 1856
N/A
Reproduction de documents anciens
1856
Lophophore en forme de fer à cheval
On distingue bien les lophophores en forme de fer à cheval. Leur couronne compte de 80 à 100 tentacules.
Carrière de Lillé, Belgique, 3 m
13/08/2016
Détail d’une colonie à la loupe binoculaire
Entre les lophophores, au centre de la colonie, on distingue les statoblastes (bourgeons dormants).
Colonie collectée à Roeux (62), 3 m, photographiée ensuite à la loupe binoculaire
10/06/2006
Statoblaste
Chaque statoblaste (bourgeon dormant) est potentiellement une nouvelle colonie. Il est parfaitement rond et possède deux rangées d'épines munis de crochets terminaux : une avec 10-30 épines du côté dorsal et une avec 20-50 épines du côté ventral.
Collecté à Roeux (62), 3 m, photographié ensuite à la loupe binoculaire
10/06/2006
Schéma d'une zoécie
Ce schéma s'applique plus particulièrement à un groupe de Bryozoaires marins. Néanmoins il est proche de la structure d'une zoécie de C. mucedo.
Extrait du Hors-série n° 1 de la revue Subaqua
N/A
Rédacteur principal : Jean-Pierre COROLLA
Correcteur : Yves MÜLLER
Correcteur : Jos MASSARD
Correcteur : Gaby GEIMER
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Michel KUPFER
Freeland J., Lodge R., Okamura B., 2003, Sex and outcrossing in a sessile freshwater invertebrate, Freshwater Biology, 48, 301–305
Gugel J., 1993, Sessile invertebrates from the Nile, Zoology in the Middle East, 8, 103-120.
Massard J.A., Geimer G., 2008, Global diversity of bryozoans (Bryozoa or Ectoprocta) in freshwater, in : Balian E.V., Lévèque C., Segers H. & Martens K. (eds), Freshwater animal diversity assessment, Hydrobiologia, 595(1), 93-99.
Ricciardi A., 1992, Taxonomy, distribution and ecology of the freshwater sponges (Porifera: Spongillidae) and bryozoans (Ectoprocta) of Eastern Canada, Department of Entomology McGill University Montreal, Quebec, 162p.
Uotila L., Jokela J., 1995, Variation in reproductive characteristics of colonies of the freshwater bryozoan Cristatella mucedo, Freshwater Biology, 34, 513-522.
La page sur Cristatella mucedo dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page sur Cristatella mucedo sur le site Nederlandse zoetwater bryozoën (mosdieren) - Dutch freshwater bryozoans (moss animals) ; bryozoans.nl