Corps ovale à dos élevé et arc ventral prononcé, taille maximale 6 cm
Tête petite au profil légèrement busqué, yeux globuleux d’assez grande taille
Nageoire caudale fortement fourchue
Couleur dominante grise avec une large zone jaune médiane en partie antérieure du corps
Nombreux (9 à 10) alignements longitudinaux de taches bleues sur les flancs, dont 6 nettement visibles
Caudale jaune vif, avec ou sans bords extérieurs des lobes noirs.
Chromis de l’océan Indien
Blacktail chromis, blueline chromis (GB), Donzela-de-Contorno-Preto (I), Swartstert-chromis (Afrique du Sud)
Chromis nigrura Smith, 1960 (nom original)
Chromis nigrurus Smith, 1960
Océan Indien
Zones DORIS : ● Indo-PacifiquePycnochromis nigrurus est endémique* de l’océan Indien.
On le trouve des côtes somaliennes au KwaZulu-Natal (Afrique du Sud), avec une distribution vers l’est qui passe par les Comores, Madagascar, les Mascareignes*, les Seychelles, les Maldives, le Sri Lanka, la mer d’Andaman, les îles Cocos (Keeling) et Christmas pour trouver sa limite orientale dans les eaux indonésiennes de Sumatra.
L’espèce n’est pas présente en mer Rouge
L’espèce vit en milieu corallien, en lagon* ou sur les pentes externes, entre 1 et 30 m.
Description succincte : poisson-demoiselle au corps ovale relativement fuselé malgré un dos élevé et un arc ventral prononcé. La tête est relativement petite, avec de grands yeux globuleux. La nageoire dorsale molle est nettement plus haute que l’épineuse, la caudale est fortement fourchue. La taille maximale est de 6 cm.
La couleur de fond est gris foncé en haut du corps et gris pâle à blanchâtre en bas ; la partie médiane est largement occupée par une zone jaune vif qui part des joues et s’estompe sous l’aplomb de la dorsale molle, où le gris reprend ses droits. Les flancs sont marqués par 9 à 10 alignements longitudinaux de taches bleues, dont seuls 6 sont nettement visibles. Les rayons extérieurs des lobes* de la caudale peuvent être d’un noir intense.
Description détaillée :
Morphologie
Le dos de ce poisson-demoiselle est élevé et son profil ventral est prononcé, l’ensemble dessinant un ovale étiré à peu près régulier et relativement fuselé. Sa hauteur maximum entre de 2,4 à 2,6 fois dans la longueur standard* (longueur sans la queue). Il est comprimé latéralement et couvert d’écailles cténoïdes*. La ligne latérale* est courte : elle comporte 15 ou 16 écailles et s’arrête sous la partie postérieure de la dorsale épineuse. La taille maximale documentée est de 6 cm.
La tête est relativement petite (sa longueur entre environ 3,5 fois dans la longueur standard). Sa forme évoque une ogive au profil bombé à légèrement busqué entre l’espace interorbitaire* et la lèvre supérieure. La bouche est terminale, petite et oblique vue de profil avec une mâchoire inférieure légèrement prognathe*. L’œil est globuleux et de grande taille (son diamètre entre environ 2,5 fois dans la longueur de la tête).
La dorsale épineuse est fortement échancrée. Son premier rayon est court et sa hauteur augmente jusqu’au 4e rayon, après lequel elle diminue légèrement et régulièrement. Quand les deux nageoires sont complètement déployées, ce qui n’est pas fréquent sur le terrain, on s’aperçoit que la dorsale molle est nettement plus haute et moins longue que l’épineuse et qu’elle est déportée vers l’arrière. En outre, du fait que la taille de ses 6 premiers rayons augmente régulièrement et que celle des 4 à 5 suivants diminue régulièrement, elle est pointue dans sa partie postérieure.
Le premier rayon dur de la nageoire anale est très petit et le second est plus court que les rayons mous ; la forme produite par ces rayons mous est similaire à celle de ceux de la dorsale molle.
La caudale est fortement fourchue ; deux à trois des rayons les plus longs de la pointe de ses lobes portent des filaments.
Les pectorales sont longues, leur pointe se situe à la verticale de l’anus quand elles sont plaquées sur le corps.
La pointe des pelviennes* est généralement agrémentée d’un filament plus ou moins long.
Couleurs
La couleur dominante est un gris plus ou moins foncé ou bleui. Le tiers supérieur du corps est gris acier, avec une calotte gris plomb qui part du museau et se prolonge sur le dos jusqu’aux deux tiers de la dorsale épineuse. Le tiers médian est partiellement occupé par une large zone jaune vif qui part des joues en marquant parfois l’œil, puis progresse vers l’arrière en perdant assez rapidement de la largeur et de l’intensité, et le tiers inférieur est gris pâle plus ou moins bleuté à blanc.
Les flancs sont marqués par 9 à 10 alignements longitudinaux de taches bleues, chacune étant placée au centre d’une écaille. Seuls 6 de ces alignements sont généralement nettement visibles. Le premier suit la ligne latérale* et le dernier se trouve juste au-dessus du tiers inférieur gris pâle du corps. Au-dessus de ce groupe se trouvent les deux alignements les plus discrets et les plus courts parce qu’ils ne se manifestent qu’à partir de la limite postérieure de la calotte gris plomb qui marque la partie antérieure du dos. Une autre ligne, qui se confond presque avec le gris bleuté de cette partie, chevauche la limite entre les second et troisième tiers du corps, et une dernière est parfois perceptible sous elle.
Les couleurs de la tête accompagnent celles du corps puisque la calotte gris plomb commence au-dessus de la lèvre supérieure, que la zone jaune vif commence dans ou derrière l’œil, et que sa partie ventrale est blanc argenté. On trouve quelques taches bleues dispersées ou très mal alignées dans la zone jaune.
L’iris* est généralement blanc argenté avec une marque noirâtre dans la partie supérieure, mais il peut être jaune dans sa partie postéro-inférieure ou gris bleu dans la partie supérieure, dans le prolongement des couleurs du corps.
Dans sa distribution, la chromis à queue noire peut éventuellement être confondue avec les espèces suivantes :
L’espèce se nourrit de zooplancton*.
La biologie de la reproduction n’a pas été étudiée, à notre connaissance, à la date de publication de cette fiche (12/2025). Toutefois, les membres de la famille des Pomacentridés (les « poissons-demoiselles ») s’accouplent en paires (vs en groupes), les femelles déposent leurs œufs dans un nid ménagé sur le substrat* par le mâle, qui les protège et les entretient jusqu’à l’éclosion.
La durée de vie larvaire n’est pas évaluée à notre connaissance. A titre indicatif, celle de 9 des espèces du genre Chromis replacées dans le genre Pycnochromis chez lesquelles cette durée est connue (Pycnochromis agilis, atripes, caudalis, delta, hanui, lineatus, margaritifer, retrofasciata, et vanderbilti) se situe entre 17 et 38 jours.
La chromis à queue noire peut être rencontrée en groupes d’une quinzaine d’individus, parfois davantage. Elle peut aussi être solitaire.
La nage ordinaire du poisson se fait avec la dorsale épineuse repliée et la dorsale molle dressée, l’anale étant généralement elle aussi déployée.
La dorsale épineuse comprend 12 rayons, la dorsale molle en comprend 10 à 11. La nageoire anale est composée de 2 rayons durs et 11 rayons mous. Les pectorales ont 17 rayons.
Une étude basée sur des données moléculaires (ADN) montre que le genre Chromis est composé de trois clades* (groupes monophylétiques*) distincts et que ses espèces doivent donc être redistribuées (Tang et al., 2021).
Le premier groupe conserve le nom de genre Chromis, le second rejoint le genre Pycnochromis et le troisième rejoint le genre Azurina. Chromis nigrurus est compris dans la vingtaine d’espèces de Chromis qui rejoignent le genre Pycnochromis.
Le statut de Pycnochromis nigrurus pour l’UICN* est LC (Least Concerned, traduit par « Préoccupation mineure »), ce qui signifie que les informations recueillies sur l’espèce ne permettent pas de la classer dans les autres catégories, notamment dans les trois qui alertent sur une menace (CR : en danger critique d’extinction, EN : en danger, VU : vulnérable). En fonction de quoi elle n’est pas actuellement concernée par des mesures de protection.
Chromis à queue noire : traduction du nom scientifique (voir ci-dessous l’origine du nom d’espèce).
Pycnochromis : nom de genre formé par les mots grecs [puknos], qui signifie « compact, dense » et [chromis], qui est le nom d'un poisson qu'Aristote décrit dans son Histoire des animaux.
Le genre est décrit en 1941 par l’ichthyologiste américain Henry Weed Fowler (1878-1965) dans The George Vanderbilt Oahu survey - the fishes (Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia, vol. 93, pp. 258-260). Fowler justifie son nom par le fait que les espèces qu’il regroupe sont proches de celles du genre Chromis, mais aussi, entre autres différences, que leur tête est plus compacte et leur corps plus allongé.
L’espèce-type* est Pycnochromis vanderbilti.
Le genre Chromis est féminin mais Pycnochromis est masculin.
Le genre contient actuellement 24 espèces acceptées (12/2025).
nigrurus : ce mot est dérivé du mot latin [nigrus], qui désigne la couleur noire, auquel s’ajoute la latinisation du grec [oura], qui signifie queue. Il veut donc dire « à queue noire ».
L’espèce est décrite en 1960 par l’ichtyologiste sud-africain James Leonard Brierley Smith (1897-1968) dans Coral fishes of the family Pomacentridae from the western Indian Ocean and the Red Sea (Ichthyological Bulletin, Department of Ichthyology, Rhodes University No. 19, p. 325). Smith ne justifie pas le nom d’espèce mais il note dans sa description que les bords extérieurs des deux lobes de la caudale sont noirs. C’est donc cette particularité qui motive le nom d’espèce.
La localité du type* est l'île mozambicaine d'Inhaca.
Numéro d'entrée WoRMS : 1592292
| Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
|---|---|---|---|
| Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
| Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
| Super classe | Actinopteri | ||
| Classe | Teleostei | ||
| Ordre | Ovalentaria incertae sedis | Ovalentaria nom temporaire | |
| Famille | Pomacentridae | Pomacentridés | |
| Genre | Pycnochromis | ||
| Espèce | nigrurus |
Poissons osseux nageant près du fond
Chromis à queue noire
Le nom scientifique de l’espèce, ainsi que son nom commun français qui le traduit, sont assez mal venus parce que les bords extérieurs des lobes de la caudale peuvent parfaitement être jaunes, grisés, ou plus ou moins translucides.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
26/12/2016
Poissons osseux nageant près du fond
Taches bleues
Plus que les bords noirs des lobes de la caudale, ce sont les lignes de taches bleues plus ou moins visibles qui permettent de distinguer entre Pycnochromis nigrurus et d’autres Pycnochromis qui les présentent aussi (notamment P. lineatus et P. vanderbilti, qui fréquentent l’est de l’océan Indien).
C’est chez P. nigrurus qu’on ne peut généralement en distinguer facilement que 6, alors qu’on en compte clairement 10 ou plus chez P. lineatus, et 8 à 9 chez P. vanderbilti.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
26/12/2016
Dorsale épineuse déployée
La nage ordinaire du poisson se fait avec la dorsale épineuse repliée et la dorsale molle dressée, l’anale étant généralement elle aussi déployée. Chez ce sujet probablement stressé par la présence du photographe, la dorsale épineuse est dressée.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
26/12/2016
En milieu corallien
L’espèce vit en milieu corallien, en lagon comme ici, ou sur les pentes externes, entre 1 et 30 m.
Notre chromis à queue noire est précédée d'une demoiselle à trois bandes noires de l'océan Indien, Dascyllus abudafur.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
26/12/2016
Sur la pente externe
Chez cet individu, rencontré à La Réunion sur une pente externe au large de Saint-Paul, on peut très distinctement compter les lignes de points bleus sur les flancs.
Quand la dorsale épineuse est repliée, toute la dorsale semble avoir un liseré bleu électrique.
Saint-Paul, La Réunion (974), océan Indien
28/10/2020
Distribution : à Mayotte
La distribution de l’espèce est indo-Pacifique. On la voit ici dans la Passe en S, le plus célèbre spot de plongée de Mayotte, qui est aussi une réserve intégrale de pêche depuis 1990.
Passe en S, Mayotte (976), océan Indien, 2 m
31/10/2010
Illustration originale
Ce dessin a été fait par Margareth Mary Smith, l’épouse de James Leonard Brierley Smith, le descripteur de l’espèce (Coral Fishes of the Family Pomacentridae from the Western Indian Ocean and the Red Sea, planche 29).
Malgré ses qualités, le dessin n’est pas parfaitement fidèle en ce qu’il ne représente clairement que 5 lignes longitudinales de taches bleues alors qu’il peut y en avoir 9 à 10, dont 6 nettement visibles.
Dessin original de M.M. Smith dans : Smith J.L.B., 1960, Coral Fishes of the Family Pomacentridae from the Western Indian Ocean and the Red Sea.
Reproduction de documents anciens
1960
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Smith J.L.B., 1960, Coral Fishes of the Family Pomacentridae from the Western Indian Ocean and the Red Sea, Ichthyological Bulletin, 19, 317-349.
Tang K.L., Stiassny M.L.J., Mayden R.L., DeSalle R., 2021, Systematics of Damselfishes, Ichthyology & Herpetology, 109, 1, 258-318.
Wellington G.M., Victor B.C., 1989, Planktonic larval duration of one hundred species of Pacific and Atlantic damselfishes (Pomacentridae), Marine Biology, 101, 557-567.
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La page de Pycnochromis nigrurus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Pycnochromis nigrurus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
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