Fixé uniquement sur des cétacés sur lesquels il adhère par sa ventouse
Taille pouvant atteindre 76 cm
Couleur générale brune
Nageoires bleu noir à gris ardoise avec un liseré blanc
Ventouse dorsale qui s'étend jusqu'à la moitié de la longueur de l'animal
Rémora des baleines, rémora austral
Whalesucker (GB), Pegaballena (E), Wal-Schiffshalter, Walsauger (D)
Echeneis australis Bennett, 1840
Remilegia australis (Bennett, 1840)
Remora australia (Bennett, 1840) (faute d'orthographe)
Remora scutata (Günther, 1860)
Circumtropical et occasionnel en Méditerranée
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Remora australis est l'espèce la plus rare des rémoras. Elle peut se rencontrer dans l’Atlantique tropical Ouest et Est (plutôt dans sa partie sud), Les Caraïbes et l’océan Indien. Sa présence est attestée à La Réunion. Elle serait très occasionnelle en Méditerranée et arriverait parfois de l'Atlantique, transportée par ses hôtes.
Remora australis peut se rencontrer entre 0 et 50 m de profondeur, rarement en pleine eau, et le plus souvent bien accroché à un cétacé, dont il se détacherait sitôt que celui-ci plonge vers les profondeurs.
Remora australis, le rémora des cétacés, est une espèce océanique de couleur générale brune.
Sa longueur maximale est de 76 cm. Le disque céphalique, qui provient de la transformation de la portion antérieure de la nageoire dorsale et qui permet au rémora de se fixer sur son hôte, est très allongé. Composé de 25 à 28 lamelles transversales, il dépasse largement le niveau des pectorales et atteint plus de la moitié de la longueur totale du rémora. Parmi toutes les espèces de rémoras, c'est Remora australis qui possède le plus grand disque céphalique.
Sa tête a également une taille importante par rapport au reste du corps (26 à 28 % de la longueur). Les mâchoires contiennent de nombreuses et grandes dents canines.
Les nageoires dont la couleur varie du bleu noir au gris ardoise, sont bordées d'un liseré blanc. Les nageoires pelviennes sont longues et pointues, les nageoires dorsale et anale ont une taille similaire et équivalente à celle de la tête. La nageoire caudale est fourchue chez les juvéniles.
Il existe 8 espèces d’Echéneidés, toutes présentes dans la zone Atlantique Ouest, dont 5 sont présentes en Méditerranée, 6 dans la zone ouest de l’océan Indien et 7 dans la zone Pacifique central Ouest.
Echeneis naucrates, le rémora rayé est le plus grand (maximum 1 m) et le plus abondant des rémoras. Accroché à un autre animal de grande taille (requin, raie, tortue), voire à la coque d'un navire, il se rencontre dans les zones tropicales et subtropicales et n'est pas présent sur les côtes françaises métropolitaines mais est présent en Méditerranée (Grèce et Afrique du Nord). Il est occasionnel dans la mer des Caraïbes, attesté en Guadeloupe, Martinique et en Guyane. Il est présent à La Réunion, Mayotte et en Nouvelle-Calédonie. Sa ventouse comporte 20 à 28 lamelles et ce poisson dispose d'une bande longitudinale sombre bordée de blanc le long des flancs.
Echeneis neucratoides, le rémora queue blanche. Il se rencontre uniquement dans la zone Atlantique central Ouest, le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes. Sa présence est attestée en Guyane. Il présente une ligne longitudinale sombre bordée de larges bandes blanches. Ses nageoires dorsale et anale portent des liserés blancs.
Phtheirhichthys lineatus, le rémora grêle, est une espèce circumtropicale qui se rencontre en Atlantique Est de la zone tropicale à la Manche. Il est rare en Atlantique Ouest. Il mesure au maximum 76 cm et a une petite tête. Son disque céphalique est court, comporte de 9 à 11 lamelles, et dépasse tout juste la base des pectorales. Ses nageoires dorsale et anale ont la même forme que celles du rémora fuselé (plus hautes à l’avant). Sa couleur est variable, et peut être uniforme ou comporter une bande longitudinale brune. Sa présence est attestée en Nouvelle-Calédonie.
Remora remora, le rémora vrai, est une espèce circumtropicale, présente en Méditerranée occidentale dont les côtes corses, l’Adriatique, et en Atlantique Est des côtes africaines aux îles Britanniques. On peut le rencontrer en Martinique, Guadeloupe, à Mayotte et à la Réunion. Il a un corps plus trapu, de 62 cm de longueur maximale. La nageoire caudale est fourchue chez les juvéniles et échancrée chez les adultes. Sa ventouse comporte entre 16 et 20 lamelles. Il est de coloration uniforme sombre avec de petites taches.
Remora brachyptera, le rémora des espadons, est une petite espèce circumtropicale océanique (maximum 40 cm), de couleur uniforme claire. Son disque céphalique est court. Il est accroché aux espadons, voiliers et marlins. Il est présent dans la zone occidentale ouest de la Méditerranée et l’Atlantique proche. Sa présence est attestée à La Réunion.
Remora osteochir, le rémora des marlins, est une espèce circumtropicale océanique (maximum 45 cm) qui vit accrochée aux espadons, voiliers et marlins. Il est de couleur gris-noir. Son disque céphalique est long et dépasse le niveau des pectorales. Il est présent dans la zone occidentale sud-ouest de la Méditerranée (côtes africaines, Sardaigne, Sicile), l’Atlantique proche, l’océan Indien et le Pacifique. Sa présence est attestée en Nouvelle-Calédonie.
Remorina albescens, le rémora blanc, est une petite espèce circumtropicale océanique (maximum 33 cm) de couleur blanchâtre qui vit en général accroché aux raies manta mais peut se rencontrer aussi sur des requins. Sa présence est attestée à La Réunion et en Nouvelle-Calédonie.
Il se nourrit des crustacés
parasites (copépodes, amphipodes) de son hôte ou des restes alimentaires que celui-ci laisse
échapper. Certaines observations montrent qu'il se nourrit également de fécés et “vomis” de dauphins à long bec (Stenella longirostris).
Lorsqu’il est accroché à son hôte, le rémora des cétacés ne reste pas inactif ; au cours des déplacements de cet hôte, la bouche du rémora fonctionne comme un filtre et sa dentition développée retient des organismes planctoniques* (larves, œufs ...).
Les sexes sont séparés et la fécondation est externe. La reproduction de cette espèce est très peu documentée. La fiche d’Echeneis naucrates, une espèce plus abondante et davantage étudiée, donne beaucoup d’informations au sujet de sa reproduction.
Le rémora des cétacés se retrouve essentiellement accroché sur des baleines bleues. On le retrouve également sur les jeunes cachalots, car ces derniers ne vont pas chasser aux profondeurs atteintes par les adultes. Toutefois, quand un adulte revient en surface, l'un de ces rémoras peut alors quitter un jeune pour aller voir s'il n'y aurait pas de la nourriture à récupérer sur cet adulte.
Ce rémora peut également être observé chez :
- le dauphin commun (Delphinus delphis)
- le grand dauphin (Tursiops truncatus)
- le dauphin tacheté de l'Atlantique (Stenella frontalis)
- le globicéphale tropical (Globicephala macrorhynchus)
- l'orque (Orcinus orca).
La nature des relations entre les rémoras et les cétacés peut être assez variable. Le rémora tire bénéfice de sa relation avec son hôte : il est véhiculé par celui-ci et obtient une bonne partie de sa nourriture grâce à lui. En ce qui concerne le mammifère marin, il tire bénéfice du rémora dans la mesure où celui-ci le débarrasse des crustacés parasites. On peut considérer également que le corps du rémora, fin et hydrodynamique, n’occasionne que peu de gêne à son hôte lors de ses déplacements. Mais par ailleurs, la fixation prolongée d'un rémora au même endroit de la peau, parfois fragile de certains cétacés, peut occasionner une gêne pour ceux-ci, les amenant à vouloir se débarrasser de ce poisson.
La ventouse porte un léger sillon médian de chaque côté duquel sont placées par paires parallèles, les lamelles. Elles sont disposées en chevrons et séparées par des sillons lisses dont la surface l’emporte sur celle des chevrons. Chaque lamelle est bordée d’épines dirigées vers l’arrière du disque. Sur la partie antérieure du disque, proche de la première paire de lamelles, se trouve l’ouverture du système qui va permettre de faire fonctionner la ventouse. Ces lamelles mobiles créent une dépression permettant à l’animal de se maintenir sans effort à son hôte. En effet, cette ouverture, qui permet à l'eau d'être chassée pour obtenir l'effet ventouse, est munie d’un clapet conique que termine une pointe osseuse. Ce clapet se rabat d’avant en arrière. Quand l’adhérence est parfaite le clapet est rabattu et le poisson se laisse emporter. Dès qu’il veut retrouver la liberté de ses mouvements, le clapet est relevé, l’eau revient sous la ventouse, l’équilibre des pressions est rétabli, l'effet ventouse cesse et le rémora peut nager librement.
La fixation est tellement forte qu'il n'est pas rare d'observer des empreintes ou des marques claires sur la peau des baleines ou des cachalots résultant de la desquamation de la peau.
Un rémora se fixe préférentiellement sur les endroits du corps de son hôte où l'écoulement de l'eau lui impose le moins de contraintes (force de trainée) et ainsi lui permet une dépense d'énergie minimale.
Lors de ses déplacements sur le corps de son hôte, d'avant en arrière ou inversement, deux techniques sont employées par le rémora :
- en gardant le contact quasiment en permanence avec le corps de l'hôte grâce à la force de succion de la ventouse,
- en rasant celui-ci à quelques centimètres en utilisant l'effet Venturi qui maintient le rémora à faible distance de l'hôte tout en lui permettant d'acquérir une vitesse de nage importante.
Rémora des cétacés vient du fait qu'on le retrouve exclusivement sur des cétacés et le plus souvent sur les baleines bleues.
Rémora : du latin [remora] =
qui arrête et retient les vaisseaux, selon la croyance
antique. Selon Pline, la bataille d'Actium a été gagnée grâce à un rémora qui
avait (...) stoppé la galère d'Antoine ! (Zool., t. 3, 1972, p. 1186 [Encyclopédie
de la Pléiade]).
australis : du latin [australis] = austral, du sud.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Famille | Echeneidae | Echeneidés | |
Genre | Remora | ||
Espèce | australis |
Sur la caudale d'un cachalot
Cinq individus solidement fixés sur la partie dorsale de la nageoire caudale d'un cachalot.
Ile Maurice, 2 m
29/04/2017
Une palanquée bien accrochée
Le remora des cétacés peut être vu en nombre sur le corps des jeunes cachalots, notamment au niveau de leur caudale. En effet, ces jeunes cachalots ne descendent pas à des profondeurs qui ne sont pas supportées par Remora australis, contrairement aux cachalots adultes
Île Maurice, 2 m
29/04/2017
Proches de la queue
A proximité de la queue d'un cachalot adulte, des traces de rémoras. Ces derniers, ne supportant pas les
immersions en profondeur des cachalots adultes, ont dû quitter leur hôte.
Ile Maurice, 2 m
29/04/2017
Traces de ventouses
La fixation des ventouses de Remoras australis est tellement forte qu'elle laisse une empreinte sous forme de traits parallèles sur la peau des cachalots, et il n'est pas rare de voir ces portions de peau desquamer fortement, laissant ainsi des marques claires.
Ile Maurice, 2 m
29/04/2017
Devant la dorsale
Un rémora s'est fixé juste devant la nageoire dorsale d'un grand dauphin.
Ténérife, Canaries, surface
22/02/2011
Sur un globicéphale
Un adulte et un juvénile bien accrochés sur le dos d'un globicéphale tropical.
Ténérife, Canaries, surface
19/11/2010
Peau abimée
On peut remarquer que la peau de ce grand dauphin est altérée sur une certaine surface, ce qui peut provoquer pour le mammifère marin un désagrément.
Ténérife, Canaries, surface
15/08/2011
Bon débarras !
A grands coups de caudale, le globicéphale tropical a pu se débarrasser des deux rémoras, qui en s'accrochant, peuvent lui infliger des plaies.
Ténérife, Canaries, surface
19/11/2010
Ventouse et ancien nom sur un document ancien
Sur ce document ancien, on peut voir une intéressante représentation de la ventouse dorsale.
Le nom indiqué est un synonyme qui n'est plus en usage.
W H Flower 1898, Guide to the galleries of reptiles and fishes of the British Museum.
Reproduction de documents anciens
1898
VIDEO sur des cachalots de l'île Maurice
On peut remarquablement bien voir sur cette vidéo les contraintes variables subies par les rémoras, sur la queue ou sur les flancs de cachalots.
Ile Maurice, 2 m
19/05/2017
Rédacteur principal : Pascal GIRARD
Correcteur : Bruno CHANET
Responsable régional : Vincent MARAN
,
Tortonese E., 1973, Les poissons de la Famille Echeneididae (Remoras) de la mer Ligure et de la mer Tyrrhénienne, Rev. Trav. Inst. Pêch. Marit., 37(2), 197-202.
Sazima, I., C. Sazima and J.M. Silva Jr., 2003, The cetacean offal connection: feces and vomits of spinner dolphins as a food source for reef fishes, Bull. Mar. Sci. 72(1), 151-160p.
La page sur Remora australis sur le site de référence de DORIS pour les poissons, Fishbase
La page de Remora australis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel, INPN