Tonne-perdrix

Tonna perdix | (Linnaeus, 1758)

N° 3891

Indo-Pacifique, mer Rouge

Clé d'identification

Grande coquille (jusqu'à 20 cm) en forme de poire
Couleur beige à marron violacé, motifs blancs en forme de croissant, sillons blancs
Large ouverture évasée avec un labre mince
Ombilic ouvert et canal siphonal court
Parties molles de couleur marron à gris foncé, tachetées de gris clair ou de blanc
Pied de grande taille (plus de 50 cm)

Noms

Autres noms communs français

Perdrix maillée

Noms communs internationaux

Pacific partridge tun, partridge tun sea snail (GB), Rebhuhn-Tonnenschnecke (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Buccinum perdix Linnaeus, 1758
Cadium perdix (Linnaeus, 1758)
Cadus perdix (Linnaeus, 1758)
Dolium (Dolium) perdix (Linnaeus, 1758)
Dolium perdix (Linnaeus, 1758)
Tonna (Tonna) perdix (Linnaeus, 1758)
Dolium pennatum Schröter in Martini, 1788
Cadus coturnix Röding, 1798
Cadus meleagris Röding, 1798
Perdix reticulatus Montfort, 1810
Dolium (Dolium) perdix var. rufa (Blainville, 1829)
Dolium perdix var. rufa Blainville, 1829
Dolium rufum Blainville, 1829
Tonna perdix var. rufa (Blainville, 1829)
Dolium plumatum Green, 1830
Macgillivrayia pelagica Forbes, 1852
Tonna perdix f. paucimaculata Bozzetti, 2010

Distribution géographique

Indo-Pacifique, mer Rouge

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

Ce gastéropode est présent dans tout l'Indo-Pacifique, d'ouest en est, des côtes africaines jusqu'aux Galapagos, et du nord au sud, du Japon jusqu'en Nouvelle-Zélande. L'espèce a également été observée en mer Rouge.

Biotope

Cette espèce vit généralement sur des substrats* meubles (sable ou vase), à proximité des récifs coralliens, entre la surface et une vingtaine de mètres de profondeur. On la trouve plus fréquemment entre 5 et 10 m.
C'est une espèce nocturne, restant enfouie dans le sable pendant la journée.

Description

La coquille de la tonne-perdrix peut mesurer plus de 20 cm de longueur et 15 cm de diamètre.
En forme de poire, elle présente un apex* pointu. Elle est striée, fine et légère. De couleur beige à marron violacé, elle présente des côtes* larges et peu élevées, marquées régulièrement de motifs blancs en forme de croissant. Ces motifs font penser au plumage de la perdrix. Les côtes sont séparées par des sillons réguliers peu marqués, uniformément blancs. La couleur et l'ornementation de la coquille sont très variables ce qui est à l'origine du grand nombre de synonymes.
Le dernier tour de spire comporte une vingtaine de côtes. Il se termine par une large ouverture évasée, mesurant les 3/4 de la longueur de la coquille. Le labre* est mince. L'ombilic* est ouvert et profond, et le canal siphonal* court. La columelle* est vrillée.
L'intérieur est brun-jaune clair à blanc, et le cal* columellaire* blanchâtre, légèrement translucide, laisse apparaître les derniers motifs de la coquille.
Les parties molles de l'animal sont de couleur marron à gris foncé, tachetées de gris clair ou de blanc. Le pied est bordé d'une fine bande brun foncé à noire. Il est très grand et peut s'étaler sur plus de 50 cm.
Outre ce pied, on peut voir les tentacules sensoriels, et de petits yeux situés sur une excroissance de leur base, ainsi que le siphon*, long et très extensible. Le proboscis* est observable au moment de la capture et de l'ingestion d'une proie.
La tonne-perdrix ne possède pas d'opercule*.

Espèces ressemblantes

Plusieurs espèces du genre Tonna fréquentant l'Indo-Pacifique, peuvent être confondues avec la tonne-perdrix.

Tonna canaliculata (Linnaeus, 1758) : la coquille, plus petite, mesure entre 30 mm et 145 mm. Elle a une forme un peu plus globuleuse, l'apex est moins pointu, le canal siphonal plus profond, la columelle plus grande. La coloration est variable, beige à marron, mais ne présente pas ce maillage blanc caractéristique de T. perdix.

Tonna dolium (Linnaeus, 1758) : la coquille mesure entre 100 et 181 mm. De couleur blanc crème, elle présente 10 à 20 côtes bien marquées, avec des motifs foncés en lignes discontinues sur les tours, comme une succession de taches marron quadrangulaires.

Tonna sulcosa (Born, 1778) : mesurant entre 50 et 153 mm, la coquille présente un labre externe bien développé, ainsi qu'une coloration typique, blanc crème avec 3-4 bandes en spirale marron foncé. Certains spécimens sont entièrement blancs ou marron. La coquille est couverte d'un périostracum* épais brun foncé.

Dans la zone Caraïbes, Tonna pennata présente des caractères très proches de T. perdix. Certains auteurs considèrent ces deux espèces comme faisant partie du même "complexe" perdix. Cependant, elles sont aujourd'hui considérées comme deux espèces séparées et leur distribution respective aide à leur discrimination.

Alimentation

La tonne-perdrix est carnivore et s'est spécialisée dans la prédation des holothuries. Plusieurs espèces d'holothuries sont connues pour être ses proies préférentielles : Stichopus horrens, Stichopus chloronotus, Holothuria cinerascens, Holothuria hilla, Actinopyga echinites, Holothuria atra.

Son proboscis, partiellement dévaginable et très extensible, est capable d'envelopper sa proie. Cette dernière peut être avalée entière. Sur des holothuries de grande taille, la tonne va prélever un morceau de tégument*.
La tonne-perdrix possède de grosses glandes salivaires qui produisent une sécrétion contenant 3 à 5 % d'acide sulfurique, qu'elle utilise pour paralyser sa proie et initier la digestion.

Reproduction - Multiplication

La reproduction de Tonna perdix est sexuée. Après une fécondation* interne, la femelle pond des œufs en formant un long ruban gélatineux. Chaque œuf fécondé donne naissance à une larve* ciliée, appelée trochophore*, qui devient ensuite une larve véligère*.

Cette espèce doit sa large distribution à l'existence d'une vie larvaire planctonique* relativement longue ce qui permet une bonne dispersion des larves par les courants océaniques.

Divers biologie

Le siphon très extensible permet entre autres choses d'explorer son environnement immédiat. Dans ce cas, il apporte l'eau à l'osphradium* (ou osphradie), dans la cavité palléale*, à proximité des branchies*. C'est l'osphradium, dans lequel sont localisés les chémorécepteurs*, qui exerce la fonction olfactive et analyse les molécules chimiques présentes dans le milieu. C'est ainsi que la tonne localise ses futures proies...

La tonne-perdrix s'est spécialisée dans la prédation des holothuries. Ces Échinodermes ont très peu de prédateurs du fait de leurs nombreux moyens de défense. Mais Tonna perdix a évolué afin de répondre à ces stratégies de défense.
Elle est tout d'abord insensible aux sécrétions chimiques émises par les holothuries, pour repousser leur agresseur. Ces substances, appelées holothurines, de la famille des saponines, sont toxiques pour la plupart des animaux.
Ensuite, son proboscis est très extensible afin de pouvoir englober une holothurie, même quand cette dernière s'est contractée et gonflée d'eau pour sa défense.
Elle produit une sécrétion acide qui lui permet de paralyser sa proie et initier la digestion, l'holothurie possédant un tégument très épais et des spicules*.
Et finalement, même si l'holothurie réussit à s'enfuir, elle a peu de chances d'échapper à la tonne, qui est un des Gastéropodes carnivores les plus rapides. Son pied de grande taille lui permet d'atteindre des vitesses de 40 cm/min (par comparaison, la vitesse moyenne d'un escargot terrestre est de 6 cm/min).
En biologie de l'évolution, le système tonne-holothurie représente un exemple parfait de coévolution adaptative entre une proie et son prédateur. Cette coévolution est connue sous le nom de course aux armements.

Informations complémentaires

Elle est occasionnellement récoltée pour la consommation locale, en particulier dans le nord des Philippines. Elle est pêchée au chalut ou à l'aide de casiers.

Origine des noms

Origine du nom français

Tonne-perdrix : francisation du nom scientifique de l'espèce.

Origine du nom scientifique

Tonna : de l'allemand [Tonne] = tonneau, baril, fût, et ce, en raison de la forme de la coquille. Ce nom de genre a été créé par Brünnich en 1771 pour : "les tours dilatés en forme de fiole…".

perdix : du grec et latin [perdix] = perdrix, en raison des motifs de la coquille qui font penser au plumage de la perdrix.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 208014

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Littorinimorpha Littorinimorphes
Famille Tonnidae Tonnidés

Coquille assez grande, entre 40 mm et 300 mm max.; relativement fine et légère, à spire basse et grand dernier tour. Sculpture spiralée (en général pas de varices). bord du labre à peine épaissi. profond repli siphonal au bord inférieur de l'ouverture. grand pied, pas d'opercule chez les adultes. Le proboscis est très large. D'après Lindner 2011:88.

Genre Tonna
Espèce perdix

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