Manteau jaune
Tubercules coniques blancs répartis uniformément sur le manteau
Rebord du manteau venant former un voile
Rhinophores antérieurs, resserrés, blanchâtres, courts et striés
Armina (D, GB, I, E, NL)
Diphyllidia verrucosa Cantraine
Diphyllidia pustulosa Schultz in Philippi, 1836
Diphyllidia ocellata Deshayes, 1838
Méditerranée et Atlantique central Est (hors France)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]L'espèce est présente en Méditerranée et sur les côtes Atlantiques, du Portugal à l'Angola.
On pourra observer cette limace sur fonds sablo-vaseux et rocheux, à une profondeur en général supérieure à 30 mètres, même si des rencontres sont possible à partir des dix premiers mètres.
Armina maculata est un grand nudibranche pouvant atteindre 15 cm de longueur. Le manteau* est jaune orangé et uniformément recouvert de petits tubercules coniques de couleur blanche.
Ce manteau couvre tout le pied, avec sous sa partie charnue tuberculée, une bordure voilée et lignée de blanc, mais le pied reste souvent visible en dessous et notamment sur l'avant où il est découvert. Le manteau forme un repli sur sa partie antérieure, dessinant un écrin pour les rhinophores*.
Ces rhinophores sont peu visibles car ils sont courts, très proches l'un de l'autre. Ils sont blancs à jaunâtres, striés, rétractiles et émergent donc du repli de manteau.
La principale source de confusion avec l'armine tachetée n'est... pas une armine mais un nudibranche de l'ordre des doridiens :
Phyllidia flava Aradas, 1847. Ce nudibranche possède un pied complètement recouvert par le manteau et donc invisible. Si le manteau de cette Phyllidiidae (qui n'a donc pas de panache branchial dorsal) est également jaune avec des ponctuations blanches, l'animal est beaucoup moins allongé, plus rond que l'armine. Deux petits rhinophores lamellés et très rétractiles existent à l'avant du manteau. Phyllidia flava affectionne un biotope très différent (roches et tombants) d'Armina maculata (fond sableux). Cette phyllis à ponctuations blanches est fréquemment trouvée près d'éponges épineuses orange qui constituent son mets de prédilection.
Par ailleurs,
Armina neapolitana : elle a un manteau jaune mais les tubercules blancs sont remplacés par des lignes discontinues blanches longitudinales.
Armina tigrina Rafinesque, 1814. Cette armine a une forme très proche mais la robe est grise, parcourue de fines lignes parallèles blanches en relief.
Cette limace a un régime carnivore. Elle se nourrit d'octocoralliaires comme les alcyons, les pennatules et les vérétilles et notamment des polypes de ces organismes.
La reproduction est sexuée. L'espèce est, comme tous les opisthobranches, hermaphrodite. La fécondation est interne et nécessite la présence d'un rapport proximal avec un partenaire.
L'armine est souvent associée avec Veretillum cynomorium dont elle mange les polypes (micro-prédation).
On rencontre la plupart du temps des individus isolés sur des fonds dépassant largement les 30 mètres mais il arrive, la nuit, que des individus en chasse soient visibles à partir de 10 mètres.
Armine tachetée : le nom armine est une francisation du nom de genre scientifique, Armina. Quant à l'adjectif tachetée, il vient bien entendu évoquer les ponctuations blanches sur la robe.
Armina : plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce nom... Une des plus probables est le rapport avec la ville d'Armina (Armine), ville de Paphlagonie (région historique d'Asie mineure, correspondant actuellement au nord de la Turquie, sur la mer Noire).
On peut lire ici ou là qu'en latin, armina signifie "noble". Mais cela semble douteux pour notre cas, cette explication s'appliquant plutôt au prénom Armina dans les pays d'Amérique du Sud.
Si vous connaissez la raison exacte pour laquelle Rafinesque a utilisé ce nom pour créer le genre, écrivez-nous !
maculata : du latin [maculatus] = tacheté.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Arminidae | Arminidés | |
Genre | Armina | ||
Espèce | maculata |
Jaune et blanche
Il s'agit d'une limace de mer très reconnaissable. Elle n'a en vérité que très peu de sources de confusion si l'on prend en compte à la fois l'esthétique rare et le biotope sablo-vaseux.
Antibes, de nuit
07/01/2007
De face
C'est un animal d'une douzaine de centimètres que nous pouvons trouver sur ce qui pourrait passer pour des déserts de sable. Et pourtant...
Antibes (06), 37 m
07/01/2007
Détail des rhinophores
On observe ici la position des deux rhinophores blancs, proches l'un de l'autre, courts, rétractiles.
Le manteau, c'est typique des Arminidae, descend sur les joues mais vient se "retrousser" à l'arrière de ces rhinophores.
Cagnes-sur-mer (06), 12 m, de nuit
04/08/2011
Détail du pied
L'animal une fois retourné montre son pied lui servant à la locomotion.
Antibes (06), 37 m
07/01/2007
Museau
On voit sur cet individu retourné, le manteau d'où depassent les deux rhinophores, le mufle et le bord antérieur du pied.
Cros de Cagnes (06), 11 m, de nuit
04/08/2011
Détail du tégument
Nous pouvons voir ici l'implantation des petits tubercules blancs, en relief, plutôt coniques, sur tout le manteau de l'armine tachetée.
Cagnes-sur-mer (06), 12 m, de nuit
11/08/2011
Prédation
Armina maculata aux abords de sa proie, le pennatulidé Veretillum cynomorium.
Antibes (06), 37 m
07/01/2007
Prédation II
Au moment même où l'armine a touché la vérétille, celle-ci a rétracté tous ses polypes, dans un mouvement en chaîne d'une petite seconde, du bas vers le haut !
Spectacle fascinant qui laisse bien imaginer que l'opisthobranche a dégagé une substance particulière qui l'a trahi (la vérétille n'a absolument pas cette réaction lorsqu'une main l'effleure).
La question est : est-ce une substance attachée à l'animal en permanence, une émission due à la prédation où bien est-elle générée chez l'armine par la présence insistante du photographe, avec ses mouvements et ses lumières ?
Cros de Cagnes (06), 11 m, de nuit
08/04/2011
Près d'une ponte
Cet individu très clair était ensablé près d'une ponte. Celle-ci est-elle la sienne ?
Cagnes-sur-mer (06)
03/03/2012
Détail de la ponte
Gros plan sur la ponte qui accompagnait l'individu de la photo précédante. Le photographe n'ayant pas assisté à la ponte elle-même, son l'attribution à l'animal reste sujette à caution et demande confirmation.
Cagnes-sur-mer (06)
03/03/2012
Rencontre sur terrain sableux
Scène de rencontre entre notre armine tachetée et le pleurobranche de Meckel Pleurobranchaea meckelii. Les deux animaux sont restés, apparemment, indifférents l'un à l'autre.
Moana, Cagnes-sur-mer (06), 7 m, de nuit
11/08/2011
Comparaison Armina vs Phyllidia
Voila, à des fins de discrimination, les deux animaux jaunes à points blancs que l'on peut éventuellement confondre :
En haut l'armine tachetée Armina maculata et en bas, la phyllis à ponctuations blanches, Phyllidia flava.
Quelques différences notables :
- l'armine est généralement bien plus allongée que la phyllis qui se montre souvent, même si ça n'est pas spécialement le cas ici, plus ronde ;
- on peut voir le pied de l'armine qui dépasse du manteau. C'est très rarement le cas pour la phyllis ;
- les rhinophores blancs et contigus de l'armine, découverts par son manteau replié, sont bien plus visibles que ceux de la phyllis, qui sont du même jaune que sa robe et implantés sur le manteau ;
- la couleur est souvent un peu plus orange chez l'armine et surtout, les tubercules blancs en relief sont coniques, là où ils sont plutôt ronds chez la phyllis jaune d'or.
Nous noterons enfin les biotopes différents dans lesquels rencontrer les deux nudibranches : les fonds vaso-sableux pour l'armine et le tombant coralligène pour la phyllis.
Cagnes-sur-mer et Nice (06), 12 et 28 m, de nuit et de jour
2011
Rédacteur principal : Jacques DUMAS
Rédacteur : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Philippe PERRIER
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable historique : Denis ADER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Kolb A., 1998, Morphology, anatomy and histology of four species of Armina Rafinesque, 1814 (Nudibranchia, Arminoidea, Arminidae) from the Mediterranean Sea and the Atlantic Ocean, Journal of Molluscan Studies, 64, 355-386.
Rafinesque C.S., 1814, PRECIS DES DECOUVERTES SOMIOLOGIQUES OU ZOOLOGIQUES ET BOTANIQUES, Palermo, 30p.
La page d'Armina maculata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN