Poisson en forme de disque épais et arrondi
Deux nageoires dorsales, la première un peu plus développée que la seconde
Coloration marbrée à mouchetée de dessins clairs ou sombres sur fond beige à brun foncé
Spiracles avec 6 à 8 papilles qui se touchent à leur extrémité
Raie torpille marbrée, torpille, galina (Pays catalan), estourpiho (Marseille), dourmigliona (Nice), tremoulo (Bastia), tremble, tremblard (Vendée), raie électrique (Boulogne)
Marbled electric ray (GB), Torpedine marezzata (I), Tembladera, tremolina marmol (E), Marmelzitterrochen, Mamorrochen (D), Gemarmerde sidderrog (NL), Tremelga marmoreada (P)
Méditerranée, Atlantique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Depuis la mer du Nord où elle est rare, jusqu'au golfe de Guinée en Atlantique. Présente en Méditerranée, sauf en Adriatique ainsi qu'autour de la Sardaigne et de la Sicile.
On la rencontrera entre 10 et 100 m de profondeur en moyenne en Méditerranée, le plus souvent sur les fonds sablo-vaseux des côtes, les herbiers, notamment de posidonies, ou à proximité des rochers.
En Atlantique elle se trouve depuis le rivage jusqu'à 50 m de profondeur.
Cette raie a une forme de disque épais et arrondi, pouvant atteindre 80 cm de diamètre, 100 cm pour les individus les plus grands. Elle possède une nageoire caudale développée qui assure la propulsion par battement et deux nageoires dorsales, la première un peu plus développée que la seconde.
Ses spiracles*, ou évents*, juste en arrière des yeux, sont munis sur leur bordure de longues papilles (six à huit) dont les pointes se touchent.
Sa couleur est en général marbrée à mouchetée de dessins clairs ou sombres sur fond beige à brun foncé, parfois même plus ou moins jaunâtre, verdâtre ou noirâtre.
Comme chez les autres raies, ses fentes branchiales sont visibles sur le ventre, en arrière de la bouche.
Il est possible de la confondre avec la torpille noire, Torpedo nobiliana (Bonaparte, 1835), mais celle-ci possède une coloration sans marbrure, noir-violet.
Des confusions sont possibles aussi avec la torpille ocellée Torpedo torpedo (Linnaeus, 1758) mais cette espèce possède 5 ocelles bleu foncé sur le corps et n'a pas de marbrures.
Enfin, la torpille d'Alexandrie (Torpedo alexandrinsis Mahzar, 1982) est une espèce proche bien que le disque constituant le corps soit plus long que large et qu'il existe 7 papilles courtes autour des évents.
Espèce prédatrice en grande majorité de petits poissons benthiques*, beaucoup plus rarement de crustacés (crevettes) et de mollusques (seiches). Elle s'approche de sa proie et, une fois à proximité de celle-ci, elle la paralyse par une décharge électrique, avant de la recouvrir pour la dévorer. La torpille avale sa proie sans cesser d'effectuer des décharges électriques.
Parfois, cette décharge électrique pour paralyser la proie peut être telle qu'elle a la capacité de rompre la colonne vertébrale du poisson qui passait à proximité lorsque celui-ci se contracte sous le choc.
Les individus sont à sexes séparés. Cette espèce est vivipare, avec un cycle de reproduction qui s'étale sur 2 années.
Le mâle présente deux organes de copulation : les ptérygopodes*, qui résultent de la modification des nageoires pelviennes. Au moment de l'accouplement (on observera par chance les deux raies ventre à ventre), il n'en utilisera qu'un seul pour pénétrer le cloaque de la femelle.
La fécondation est donc interne, et après gestation de 8 à 10 mois, la raie-torpille femelle donnera naissance à deux à trente juvéniles à la fois, ceux-ci pouvant atteindre 10 cm. Le nombre de petits est d'autant plus important que la femelle est grande.
La période de mise bas varie en fonction de la position géographique et s'étend d'octobre à décembre pour les individus qui vivent en Méditerranée et de novembre à mai en Atlantique.
Il arrive qu'un annelide de la Sous-classe des Hirudinées, la sangsue des raies Branchellion torpedinis, parasite Torpedo marmorata à qui elle suce le sang.
Ce poisson reste souvent immobile sur le fond, plus ou moins bien enfoui, et ne laissant apparaître que ses yeux pour guetter ses proies, mobiles, essentiellement la nuit.
Les décharges électriques provoquées par cette espèce durent une fraction de seconde. Leur intensité est corrélée à la taille de l'individu et elles sont délivrées grâce à des organes spécifiques, en forme de haricots, situés dans les zones épaissies, de part et d'autre de la tête (voir photo 10). Ces décharges peuvent atteindre 45 V ou plus chez cette espèce (même si d'autres espèces du genre peuvent approcher les 230 V !).
La décharge électrique est un acte volontaire de l'animal. Il peut générer plusieurs décharges successives mais l'intensité des impulsions diminue fortement lorsque celles-ci se succèdent. Il faudra ensuite, à l'instar d'une batterie électrique, un certain temps à l'individu pour recharger ses organes électriques.
Le champ électrique généré permet de localiser, d'attaquer et d'assommer les proies, mais il permet également l'autodéfense du poisson.
Pour produire son électricité, la raie dispose donc d'organes électriques spécialisés. Ce sont des structures musculaires constituées notamment de cellules nommées électrocytes. Elle sont formées de colonnes de disques empilés depuis la peau du dos jusqu'à celle du ventre et reliées entre elles par une substance gélatineuse.
Le cerveau alimente ces disques par 5 nerfs électriques. Les disques sont connectés en série et chacun d'eux porte sur ses faces des charges de signes opposés. En effet, la surface ventrale de ces disques est chargée négativement, la face dorsale l'est positivement. La connexion en série des disques permet de générer une différence de potentiel électrique remarquable pour une intensité de 5 à 10 ampères et une fréquence pouvant aller jusqu'à 600 hertz. Il s'agit d'un potentiel électrochimique de membrane du même type que toute cellule animale peut produire mais il est, chez la raie torpille, amplifié par la grande concentration en canaux ioniques.
Ces raies effectuent des migrations saisonnières. C'est ainsi que dans le bassin d'Arcachon on rencontre essentiellement des femelles gravides qui entrent vers la fin mai pour en ressortir début octobre.
L'approche de cette raie-torpille est assez facile mais attention toutefois aux décharges électriques ! Elles peuvent être douloureuses pour l'homme, mais sont en général sans danger réel. Cependant un spécimen de grande taille peut provoquer un choc susceptible d'entraîner un accident de plongée (choc, remontée catastrophe…).
Il a été observé en aquarium que si on touche une raie-torpille au repos, celle-ci se retourne contre son agresseur au lieu de fuir comme pourrait le faire un autre poisson.
Les décharges électriques de la raie-torpille étaient jadis utilisées comme traitement thérapeutique pour palier aux chocs épileptiques. Les romains utilisaient également cette capacité pour traiter les rhumatismes.
Aujourd'hui, les capacités électriques de Torpedo marmorata, et notamment les organes concernés riches en canaux ioniques, en font un sujet d'étude privilégié pour les neurosciences.
Torpille marbrée : ce nom vient du nom scientifique et pointe à la fois le côté "choc électrique" du poisson (torpille) et l'aspect coloré de son tégument (marbré).
Torpedo : en latin, c'est le nom donné au poisson. Il signifie "torpeur, engourdissement" en raison de l'état dans lequel se trouve celui qui reçoit la décharge électrique.
marmorata : directement issu du latin et signifie marbré, en raison de la teinte de cette raie.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Chondrichthyes | Chondrichthyens | Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale. |
Sous-classe | Elasmobranchii | Elasmobranches | Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles. |
Super ordre | Euselachii | Sélaciens | Raies et requins. |
Ordre | Torpediniformes | Torpédiniformes | Raies électriques. |
Famille | Torpedinidae | Torpédinidés | |
Genre | Torpedo | ||
Espèce | marmorata |
Robe marbrée
La torpille marbrée peut voir sa livrée plus ou moins marquée par les marbrures. Parfois la robe est relativement unie mais celle-ci porte bien son nom.
Cagnes-sur-mer (06), 10 m, de nuit
07/12/2011
Tête
Gros plan sur la tête de la torpille. On voit ici les yeux et, juste derrière, les évents grâce auxquels l'animal respire.
Cagnes-sur-mer (06), 5 m, de nuit
11/08/2011
Gros plan de l’œil
Ce poisson reste souvent immobile sur le fond, plus ou moins bien enfoui, et ne laissant apparaître que ses yeux pour guetter ses proies, mobiles, essentiellement la nuit. On voit ici un gros plan sur l'un de ses yeux.
Quiberon (56), 10 m
21/05/2017
Event ou spiracle
Lors de certaines phases de la respiration, l'évent*, ou spiracle*, peut être vu avec les papilles relevées.
Trébeurden (22), 20 m
20/07/1994
Bouche
Ce point de vue dit "du photographe allongé" permet d'apercevoir la bouche de la torpille marbrée.
Rade de Villefranche-sur-mer (06)
16/04/2008
Queue
On distingue bien les deux nageoires dorsales de tailles différentes et la caudale, verticale.
Trébeurden (22), 20 m
20/07/1994
A table !
La raie-torpille était posée sur le sol. Elle venait d'attraper un énorme chapon ! De celui-ci ne dépassait quasiment plus que le dernier tiers, le reste étant en train d'être, lentement, englouti par la raie. Cela semblait lui demander pas mal d'efforts et occasionner des phases de repos impératives. L'arrivée des plongeurs l'a visiblement dérangée et elle est partie finir son déjeuner plus loin, la queue du chapon dépassant toujours de la gueule !
Pointe Causinière, Cap Ferrat (06), 22 m
01/02/2004
Rassemblement de femelles
Les raies-torpilles effectuent des migrations saisonnières. C’est ainsi que dans le bassin d’Arcachon on rencontre essentiellement des femelles gravides qui entrent vers la fin mai pour en ressortir début octobre. Elles sont ici photographiées de nuit.
Arcachon (33), 20 m, de nuit
15/08/1993
Bébé torpille !
Un petit juvénile de raie-torpille (quelques centimètres !), peut-etre Torpedo marmorata, dans très peu d'eau, au bas de l'estran.
Agon Coutainville (50), en partie basse de l'estran
20/09/2099
Dans la partie basse de l'estran !
Cliché étonnant d'une jeune raie-torpille piégée dans une fosse, à marée basse. La photographe, promeneuse de l'estran, l'a sortie de son piège et, après photo, est allé la remettre à l'eau !
Connaissant ses propriétés électriques, elle n'a pas touché l'animal et s'est servi pour se faire d'une épuisette. Mais elle a néanmoins senti la décharge, qui s'est propagée dans le manche de l'ustensile, manche en bois mais mouillé...
Agon Coutainville (50), en partie basse de l'estran
09/09/2006
En plein vol
Vue de dessus, et plutôt en face, on distingue bien chez cette raie-torpille la forme en disque caractéristique. On remarque aussi les yeux, et derrière eux : les spiracles* ou évents*. La queue, en arrière, est surmontée des deux nageoires dorsales.
Plougonvelin (29), 20 m
20/07/2004
Organes électriques
Pour produire son électricité, Torpedo marmorata dispose donc d'organes électriques spécialisés. Ce sont des structures en forme de haricots, situées dans les zones épaissies de chaque côté de la tête. Ces deux structures sont mises en évidence sur cette photo-montage.
Photo-montage sur une photo de Côte d'Azur
N/A
Parasitée par une sangsue
La raie-torpille Torpedo marmorata, ici au pied d'un tombant azuréen, parasitée par la sangsue des raies Branchellion torpedinis qui, comme son nom l'indique, affectionne les raies et tout particulièrement les torpilles !
Cap Gros, Antibes (06), 27 m, de nuit
13/09/2007
La sangsue des raies
Branchellion torpedinis est une sangsue marine (un ver annélide) spécialisée dans le parasitage des raies et qui semble apprécier particulièrement Torpedo marmorata. La sangsue peut atteindre 4 à 5 cm de longueur. Elle possède des branchies de chaque côté du corps. A l'arrière une ventouse large en forme de coupe permet à la sangsue de se fixer sur sa victime. A l'avant, un tube terminé par une ventouse (deux fois plus petite que la ventouse arrière) avec une bouche terminale qui va permettre à la sangsue de sucer le sang du poisson parasité.
Cap Gros, Antibes (06), 27 m, de nuit
13/09/2007
Sur un nid de picarels
Une torpille s'est posée sur un nid de picarels, parmi d'autres que l'on peut voir sur les côtés. En haut et à droite de la prise de vue, de mâle de picarel qui semble bien perturbé, et à raison, par la présence de la torpille. On sait que la torpille est un prédateur de petits poissons…
Calzarellu (2A), 48 m
29/03/2016
Distribution : azuréenne en maraude
Côte d'Azur.
Il est assez fréquent de rencontrer Torpedo marmorata dans l'herbier de cymodocée, à quelques mètres à peine des premiers galets de la plage.
Plage du Voilier, Promenade des anglais, Nice (06), 15 m, de nuit
01/08/2004
Distribution : bretonne au repos
Bretagne.
Au repos pendant la journée, dans les algues rouges, une raie torpille se tient immobile.
Saint-Cast (22), 18 m
24/05/1998
Distribution : normande à marée basse
Normandie.
C'est dans très peu d'eau que cette raie-torpille vagabondait ! Une photographe à pied a fait une jolie rencontre...
Agon Coutainville (50), en partie basse de l'estran
08/05/2008
Rédacteur principal : Aedwina REGUIEG
Rédacteur : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Vincent MARAN
Responsable historique : Aedwina REGUIEG
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
La page de Torpedo marmorata sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Torpedo marmorata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN