Oursin irrégulier de grande taille ≈15 cm
Forme pentagonale allongée
Face dorsale convexe
Face ventrale concave
Côté antérieur du test plus pointu que le postérieur
Piquants très fins de couleur brune plus ou moins foncée
Cinq pétales bombés sur la face supérieure
Bouche enfoncée au centre de la face ventrale
Anus à la périphérie du bord postérieur
Gros biscuit de mer, biscuit de mer plat
Brown sea biscuit, inflated sea biscuit, fat sea biscuit, common sea biscuit (GB, Galleta de mar plana (E), Dicker Meeres-Biscuit (D)
Echineus rosaceus Linnaeus, 1758
Diplothecanthus rosaceus (Linnaeus, 1758)
Echinanthus rosaceus (Linnaeus, 1758)
Atlantique occidental, de la Caroline du Sud au Venezuela.
Zones DORIS : ● CaraïbesClypeaster rosaceus est présent en Atlantique Nord-Ouest de la Caroline du Sud à la Floride (Etats-Unis), dans le golfe du Mexique et dans toutes les Caraïbes. On peut le rencontrer également en Atlantique Sud-Ouest sur les côtes du Venezuela.
Cependant il est surtout commun dans un triangle Floride – Guadeloupe – Nicaragua.
Clypeaster rosaceus vit parmi les herbiers marins ou les zones sableuses à proximité. On le trouve la plupart du temps en eau peu profonde entre 1 et 5 m de profondeur. Cependant des observations ont été faites jusqu’à 285 m. Il fréquente indifféremment les herbiers denses d’herbe à tortue Thalassia testudinum sur fonds de sédiments fins limoneux et les fonds de sable plus ou moins grossier. Sa particularité est qu’il ne s’enfouit pas dans le sédiment mais demeure à la surface du sable.
Clypeaster rosaceus est un oursin irrégulier de grande taille, 13 à 15 cm de longueur en moyenne, il peut atteindre 20 cm. Sa largeur moyenne est d’environ 9 cm et sa hauteur 4,5 cm. Sa forme générale est plutôt pentagonale et allongée.
Sa face dorsale ou aborale* est convexe, sa face ventrale ou orale concave. Le côté antérieur du test* est plus pointu que le postérieur.
Ce test est recouvert d’un fin tapis de piquants très fins et homogènes, les radioles*. Ils sont de couleur brune plus ou moins foncée. Ces derniers sont fréquemment couverts de débris d’herbe à tortue, de coquillages ou des petits cailloux. Quand l’animal est mort, son test calcaire est blanc cassé, parfois brun clair.
Des contreforts internes, généralement bien développés à la périphérie, ont des partitions circonférentielles et de fins piliers centraux. Les pores* et les tubercules*, qui supportent les radioles, ne forment pas des lignes, mais sont éparpillés de manière irrégulière.
Sur la face supérieure (face aborale) du test :
Cinq pétales, ou zones ambulacraires* pétaloïdes, sont bombés. Ils sont larges, arrondis, ouverts distalement et isométriques*. Ils occupent approximativement les trois quarts de la surface du test. Au niveau des pétales*, les podia* sont modifiés en papules* respiratoires (podia dépourvus de ventouses).
Au sommet du test, à la jonction des pétales, se trouve le système apical*, de forme pentagonale, composé de la plaque madréporique* et de 5 pores* génitaux, les gonopores*.
La plaque madréporique est un organe filtreur composé de très fines perforations. Elle permet l'absorption de l'eau de mer pour pouvoir faire fonctionner le système aquifère. Les pores génitaux servent à l’expulsion des gamètes* lors de la reproduction.
Sur la face inférieure (face orale) du test :
La surface inférieure est plate près de la marge. On observe une concavité plus prononcée à proximité de la bouche et le long des ambulacres. On y trouve la bouche, de forme pentagonale, située au centre. Elle est entourée de 5 sillons nourriciers, simples et droits, disposés en étoile.
L'anus a migré et est allé se placer à la périphérie, sous le bord postérieur du test (photo 9).
L’ordre des Clypéastéroïdes (oursins-biscuits) regroupe de nombreuses espèces à travers les mers du globe.
Nous retiendrons pour les spécimens vivants rencontrés en plongée dans les Caraïbes :
Clypeaster luetkeni Mortensen, 1948 : la
face aborale du test est plus plate et sa taille nettement plus petite
puisqu’elle se situe aux alentours d’une dizaine de mm.
Clypeaster subdepressus (Gray, 1825) : son test est distinctement plus plat, plus rond avec souvent des reliefs moins marqués au niveau des pétales. Sa hauteur varie aux alentours de 2,5 cm, soit la moitié moins de Clypeaster rosaceus.
Meoma ventricosa (Lamarck, 1816) : il a une forme d’œuf et son test possède 4 pétales*, étroits et allongés, enfoncés plus profondément.
Certains Clypeasters moins fréquents ou non présents dans la région sont parfois abusivement identifiées comme C. rosaceus.
Clypeaster humilis(Leske, 1778) : sa taille est nettement plus petite, 10 cm environ. C’est son aire de répartition qui ôtera tout doute puisqu’il n’est présent qu’en mer Rouge et dans l’océan Indien.
Clypeaster reticulatus (Linnaeus, 1758) : plus plat et de taille plus petite (≈ 6 cm), il ne vit que dans la zone Indo-Pacifique.
Encope aberrans Martens, 1867 : si sa taille et son aire de répartition sont sensiblement les mêmes que C. rosaceus, sa forme est plus circulaire et son épaisseur nettement inférieure. La différence la plus nette est visible sur son test qui possède deux encoches postérieures distinctes et trois échancrures antérieures peu marquées.
Encope michelini L. Agassiz, 1841 : sa particularité réside dans le maximum de hauteur, qui au lieu d’être au sommet apical*, est rejeté considérablement en arrière. Son test possède une encoche postérieure et cinq échancrures distinctes.
Leodia sexiesperforata (Leske, 1778) : le dollar de sable à 6 trous a une forme arrondie et globalement plus plate. Son test est perforé de six lunules radiales allongées.
Mellita quinquiesperforata (Leske, 1778) : cet oursin irrégulier est plat et circulaire. Son diamètre ne dépasse pas 10 cm et le test possède 5 lunules dont l’anale est la plus longue.
Le dollar des sables à rosace est un animal à l’activité nocturne. Il se nourrit de diatomées*, de micro-organismes et de particules de matières organiques (débris d'algues, petits gastropodes, vers et autres formes de vie) présents dans le sable. Il peut également ingérer des morceaux d’algues vertes du genre Halimeda (H. incrassata, H. monile, H. opuntia) à un pourcentage beaucoup plus élevé que celui présent dans les sédiments.
Il filtre le sédiment à l'aide de ses radioles* puis de ses podia* buccaux. Un courant de cils mobiles va entraîner ces particules vers le bord du corps, puis au-dessous vers les sillons ventraux et enfin vers la bouche.
En raison de sa préférence pour les grains grossiers, C. rosaceus joue un rôle important dans la fragmentation biotique des habitats. Un seul individu peut transformer 5,5 kg de sable grossier en sable fin.
Cet échinide est une espèce gonochorique* : il y a des oursins mâles et des oursins femelles. La fécondation se produit dans l'eau de mer. Les voies de sortie des gamètes*, les gonopores*, au nombre de 5, sont situées au centre de la partie aborale* du dollar des sables.
Les œufs puis les larves* pluteus* (échinopluteus chez l’oursin) évolueront parmi le plancton* pendant plusieurs semaines avant de se fixer sur le fond pour entamer leur métamorphose* en oursin juvénile.
Au Panama, Clypeaster rosaceus a un cycle de reproduction annuel. La ponte a lieu pendant la saison des pluies (de mai à décembre) et en rapport avec le cycle lunaire. Des études ont montré, toujours au Panama, que les œufs de cet oursin étaient particulièrement riches en vitellus* (lécithotrophie*). La période de développement de la larve* est assez courte. La métamorphose* se produit après 5 à 7 jours à une température de 27° environ.
Un petit copépode ectoparasite*, Pseudanthessius pectinifer Stock, Humes & Gooding, 1964, vit parmi les radioles* de Clypeaster rosaceus. C’est dans les Grandes Antilles (Porto Rico, Jamaïque) que ce copépode est le plus fréquent.
Cet oursin irrégulier est également l’hôte d’un crabe décapode symbiotique* de la famille des Pinnotheridae, Dissodactylus sp.
Le test* des oursins irréguliers est composé de carbonate de calcium (CaCO₃) renforcé par une armature en cristaux de calcite. Ces deux ingrédients donnent au corps des oursins une certaine solidité, assurée par des piliers internes et un poids modéré. Parois épaisses et solides font qu’il n’est pas rare de trouver des tests intacts sur le fond de la mer, surtout s’ils ont été prédatés par des animaux délicats comme un gastéropode ou une étoile de mer. Ce squelette extrêmement minéralisé explique leur excellente fossilisation et le fait que ce genre comporte plus d’espèces fossiles qu’actuelles.
Des cas de malformation ont été rencontrés chez Clypeaster rosaceus. Notamment sur un spécimen de 127 mm de longueur, 103 mm de largeur et 53 mm de hauteur récolté, en épave, dans les années 2010. Il présentait un cas intéressant de tétramerie* puisqu'il ne possédait que quatre ambulacres* complets. Le cinquième était partiellement présent mais n'était pas relié à l'appareil apical* qui possédait seulement quatre pores génitaux. Malgré cette absence du cinquième ambulacre, il y avait bien cinq sillons ambulacraires sur la face inférieure.
Des fossiles datant du Miocène (environ 23 millions d'années), découverts aux Antilles, ont été attribués à Clypeaster rosaceus. Notamment dans des dépôts calcaires à Porto Rico et à Cuba.
Gros biscuit de mer : la forme de cet oursin fouisseur dit « irrégulier » est aplatie et ovoïde. Elle fait penser au biscuit ou au pain sec utilisé par les marins lors des voyages au long cours.
Clypeaster = du grec [aspis] puis [clypeas] = bouclier et [aster] = étoile. En rapport avec sa forme qui peut faire penser à un bouclier et ses 5 zones ambulacraires* pétaloïdes disposées en étoile.
rosaceus : subtantif latin = de rose ou rosace. La figure symétrique des cinq pétales*, formée de courbes inscrites à partir d'un point central, a plus ou moins la forme d'une rosace.
Numéro d'entrée WoRMS : 367962
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Echinoidea | Echinides | Ce sont les oursins. Forme globuleuse ou hémisphérique, squelette qui porte des piquants mobiles, des pédicellaires et des pieds ambulacraires. Pouvoir de régénération limité. |
Sous-classe | Euechinoidea | Euéchinides | Oursins plus ou moins sphériques, dits "oursins réguliers". Plaques ambulacraires composées. Bouche ventrale et anus dorsal. |
Ordre | Clypeasteroida | Clypéastéroïdes | Symétrie bilatérale, ambulacres disposés en pétales. Aplatissement du test, bouche et anus sur la même face. |
Sous-ordre | Clypeasterina | Clypéastérines | |
Famille | Clypeasteridae | Clypéastéridés | |
Genre | Clypeaster | ||
Espèce | rosaceus |
Couleur brune
La couleur habituelle de cette espèce va du brun verdâtre au brun foncé.
Grande Anse, les Anses-d'Arlet, Martinique (972), 2 m
14/05/2015
Forme bombée
Cet oursin irrégulier a une forme bombée avec une rosace bien visible sur sa face aborale.
Port-Louis, Guadeloupe (971), 1 m
25/11/2009
Radioles en tapis dense
Les radioles forment un tapis dense de fins piquants.
Grande Anse, les Anses-d'Arlet, Martinique (972), 2 m
14/05/2015
Camouflage
Les piquants sont souvent couverts de restes végétaux issus du biotope, ici un herbier de thalassies (Thalassia spp.).
Playa Perla Blanca, cayo Santa Maria, Cuba, 3 m
12/03/2017
Test et ses aires ambulacraires pétaloïdes
Les cinq ambulacres dessinent des pétales sur la face (test ramassé par R. Penisson).
Petit-Canal, Guadeloupe (971)
05/12/2009
Test dépourvu de ses radioles
Le test calcaire blanchâtre de ce Clypeaster rosaceus, fraîchement mort, a perdu ses piquants et son tégument.
Grande Anse, les Anses-d'Arlet, Martinique (972), 2 m
19/04/2015
Test face aborale
La face aborale dite également dorsale ou supérieure est la face opposée à la bouche.
Baie du Robert, Martinique (972)
2008
Caractéristiques morphologiques
Principaux caractères morphologiques de la face aborale de Clypeaster rosaceus.
Note : les collections de coquilles (mollusques, oursins…) que DORIS reconnaît sont uniquement celles qui sont à visée scientifique.
Guadeloupe (971)
03/1989
Morphologie de la face orale
La bouche est centrale mais l’anus s’est déporté vers la partie postérieure du test.
Note : les collections de coquilles (mollusques, oursins…) que DORIS reconnaît sont uniquement celles qui sont à visée scientifique.
Guadeloupe (971)
03/1989
Dessin ancien colorié
Dessin de la face aborale, de la larve pluteus et de la vue supérieure des organes internes.
Fig. 1 & 2 de la planche 30, dessiné par Ernst Haeckel dans les Formes artistiques de la nature (en allemand Kunstformen der Natur).
Reproduction de documents anciens
1904
Philatélie
Timbre polychrome de 65 cents faisant partie d’une série sur la vie marine (a été également édité en 1996 et en 1999).
Bahamas. Situé dans l'océan Atlantique occidental, cet archipel de récifs coralliens compte plus de 700 îles et îlots.
Reproduction de documents anciens
2001
Gravure ancienne
Illustration dessinée par Jean-Gabriel Prêtre et gravée (gravure sur pointes cuivrées colorée à la main) par Corsi. Turpin (1775-1840), qui a fait la mise en scène de l’ouvrage, est considéré comme l'un des plus grands illustrateurs botaniques français du XIXe siècle.
« Dizionario delle Scienze Naturali » d'Antoine Laurent de Jussieu, Florence, Italie.
Reproduction de documents anciens
1837
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Frédéric DUCARME
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Clark H.L., 1933, A handbook of the littoral echinoderms of Porto Rico and the other West Indian Island, Scientific Survey of Porto Rico and the Virgin Islands, New York Academy of Sciences, 16, 1, 147p.
Jackson R.T., 1922, Fossil Echini of the West Indies, Contributions to the Geology and Palaeontology of the West Indies, Carnegie Institution, Washington,1-103, pls. 18.
Vaughan T.W., 1922, Stratigraphic Significance of the Species of West Indian Fossil Echini, Contributions to the Geology and Palaeontology of the West Indies, Carnegie Institution, Washington, 107-122.
La page de Clypeaster rosaceus sur le site de référence de DORIS pour les échinodermes : WoRMS
La page de Clypeaster rosaceus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN