Phoque du Groenland

Pagophilus groenlandicus | (Erxleben, 1777)

N° 1798

Atlantique Nord, Arctique

Clé d'identification

Face noire chez l'adulte
Tache caractéristique en forme de harpe sur le dos et les flancs
Tête ronde et épaisse
Museau court et pointu
Membres antérieurs petits, pointus et légèrement anguleux

Noms

Autres noms communs français

Loup marin, phoque à selle, loup marin coeur, brasseur

Noms communs internationaux

Harp seal, saddleback, bedlammer (GB), Foca de Groenlandia (E), Selhund (NOR)

Synonymes du nom scientifique actuel

Phoca groenlandica Erxleben, 1777
Pagophilus groenlandicus groenlandicus (Erxleben, 1777)
Pagophilus groenlandicus oceanicus (Lepechin, 1778)

Distribution géographique

Atlantique Nord, Arctique

Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest

Il est présent dans l'océan Arctique et en Atlantique Nord-Ouest, mais aussi en mer Blanche, en Norvège, dans le golfe du Saint-Laurent et dans le sud du Labrador.

Biotope

En période estivale il fréquente la haute mer et les eaux côtières. En hiver on le retrouve sur les banquises pour la mise bas et la mue.

Description

Le phoque du Groenland est un phoque de petite taille, il mesure en moyenne 1,60 m pour un poids de 130 kg. La face de l'adulte est noire. Il débute sa vie tout blanc. À l'issue de sa première mue, son dos est parsemé de taches plus ou moins foncées, jusqu'à l'apparition d'une tache caractéristique en forme de "harpe" ou de selle sur le dos et les flancs. Le reste du corps est gris blanchâtre et crème. Sa tête est ronde et épaisse, légèrement aplatie sur le dessus. Son museau est court et pointu, ses yeux sont rapprochés. Les membres antérieurs sont assez petits, ils sont légèrement pointus et anguleux. Ils sont dotés d'une courte rangée de doigts à fortes griffes sombres. Les vibrisses* sont longues et blanc crème.

Espèces ressemblantes

Le phoque gris Halichoerus grypus : grande tête rectangulaire de cheval, museau relativement long, narines pratiquement parallèles. Il est gris sombre sur le dos, avec des taches irrégulières.

Le phoque commun Phoca vitulina : phoque de taille petite à moyenne. La face rappelle celle d'un chien, petites narines formant un "V", vues du dessus.

Le phoque à capuchon Cystophora cristata : le mâle possède une grande membrane nasale flexible ou « capuchon » qui s’étend des narines au front et qui double le volume apparent de la tête lorsqu’elle est gonflée, pelage blanchâtre ou gris argenté à taches noires irrégulières.

Le phoque barbu Erignathus barbatus : long corps épais, petite tête, longues vibrisses pâles très visibles, membres antérieurs rectangulaires.

Le phoque annelé Pusa hispida : nombreux anneaux pâles sur le dos. Le dessous du corps est pâle, le cou très court, le museau comprimé, ses grands yeux très proches orientés vers l'avant.

Alimentation

Son régime alimentaire est constitué de poissons pélagiques (capelans, morues, flétans du Groenland, sébastes et plies), de crustacés pélagiques et benthiques (crevettes et krill) et de mollusques (calmars). La morue ne constitue que 3 % de leur alimentation.

Reproduction - Multiplication

La maturité sexuelle est atteinte vers l'âge de cinq ans. Les mâles sont polygames. Généralement les accouplements ont lieu dans l'eau mais peuvent avoir lieu également sur la glace. Les femelles peuvent s'accoupler avec plusieurs mâles successivement.

La gestation dure approximativement 11 mois et demi. Les femelles mettent bas sur la glace de fin février à début mars. Elles donnent naissance habituellement à un petit. A sa naissance le blanchon mesure environ 75 cm et pèse 12 kg. Son pelage jaunâtre s'explique par la présence de taches de liquide amniotique, il deviendra blanc au bout de quelques jours. Les poils blancs transparents servent de capteurs solaires : ils transmettent par réflexion la chaleur du soleil au corps de l'animal dont la peau sombre au contraire retient la chaleur. On a déjà mesuré des températures de 41 degrés Celsius sur la peau de certains d'entre eux. Les femelles sont très attentionnées et restent très proches de leurs jeunes la première semaine. L'émancipation des jeunes commence dès la deuxième semaine. Le bébé phoque aura alors pratiquement doublé son poids (22 kg environ). Sa mère va maigrir dans les mêmes proportions. Le lait maternel est très riche et comporte 57 % de matière grasse (celui des vaches en contient seulement 3,4 %) et 11 % de protéines. Ce lait va favoriser une croissance rapide. C'est à l'issue de la première mue (entre la troisième et la quatrième semaine) que le dos va foncer et se clairsemer de taches claires jusqu'à l'apparition de la "harpe" sur le dos et flancs dans les années suivantes.

Vie associée

Ses parasites les plus courants sont les nématodes Contraecaum gadi et Terranova decipiens appelés également vers de la morue.
L'ours blanc Ursus maritimus s'attaque plutôt aux jeunes. Les orques Orcinus orca, les morses et les requins sont également des prédateurs potentiels.

Divers biologie

Son œil est adapté à la vision nocturne aussi bien qu'à la lumière du jour. Son acuité visuelle est aussi bonne sur terre que sous l'eau. Ne disposant pas de canal lacrymal, il ne peut éliminer les liquides lubrifiants de ses yeux qu'en donnant l'impression de pleurer.

L'anatomie de l'oreille est très proche de celle des cétacés et des mammifères terrestres. Il émet des aboiements hors de l'eau et peut produire jusqu'à 17 sons différents sous l'eau.

Il émerge souvent à la verticale des trous dans la glace dans une posture dite de "bouchon".

Informations complémentaires

Le phoque du Groenland est très grégaire, il est très aquatique et c'est un grand voyageur. Il effectue des déplacements précis et saisonnier. En hiver, il se dirige vers le sud pour se reproduire, à l'issue de l'hiver il remonte vers le nord pour muer.

Il peut plonger jusqu'à 400 m et rester près de 15 minutes sous l'eau.

Sa longévité est de 28 à 35 ans.

L'homme est le principal prédateur du phoque du Groenland. L'espèce est à ce jour répertoriée comme non en danger, les techniques de chasse au Canada font l'objet de beaucoup de controverses et restent très médiatisées. Un rapport visant à l'amélioration des méthodes d'abattage sans cruauté des phoques du Groenland au Canada a été élaboré par un groupe de vétérinaires indépendants. Son objectif était de viser à contribuer à la promotion du bien-être des animaux et de réduire le plus possible ou d'éliminer les souffrances des phoques chassés.

Des travaux réalisés sur des valves coronariennes de phoques ont conduit les chercheurs du Centre Médical d'Athènes à envisager le remplacement de trachées défectueuses chez les humains par l'organe équivalent de phoques du Groenland.

Le journal québécois "Le Soleil" relatait fin février 2010 l'absence de phoques sur la banquise des îles de la Madeleine pour mettre bas. Ce phénomène ne s'est pas produit depuis 40 ans. Selon Mike Hammill biologiste à l'Institut Maurice Lamontagne, le risque d'avoir une mortalité plus élevée est probable. L'hypothèse la plus vraisemblable serait que les femelles soient restées au froid au Labrador en l'absence de couvert de glace. Selon les dernières estimations, le troupeau de phoques du Groenland atteint les neuf millions. La dernière estimation était de 6,8 millions. La référence historique serait de l'ordre de 10 à 12 millions, selon Mike Hammill.

Statuts de conservation et réglementations diverses

On chasse le phoque en Australie, au Canada, en Estonie, en Finlande, en Lettonie, en Lituanie, au Groenland, en Islande, en Namibie, en Norvège, en Russie, en Suède, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Au Canada : depuis 2003, la chasse commerciale canadienne au phoque du Groenland fait l'objet d'une gestion par objectifs. Elle est basée sur une approche dite par précaution qui n'accepte pas l'absence d'informations et qui privilégie la prudence lorsque les données de dénombrement ne sont pas vérifiées. L'effectif total a été estimé à 6,8 millions d'individus en 2010 en hausse d'un million depuis 2004. L'approche de gestion actuelle mise en place par le ministère des pêches et océans canadien vise à assurer une probabilité de 80 %, que le troupeau compte 4,1 millions d'animaux ou plus. Les chasseurs de loup-marin du Groenland ont réclamé un quota de 300 000 têtes au gouvernement canadien comparativement à 280 000 en 2009 sur un troupeau alors évalué à près de 5,6 millions d'animaux. Cette gestion est cependant controversée dans les milieux scientifiques canadiens.

En France. Arrêté du 27 Juillet 1995. Arrêté fixant la liste des mammifères marins protégés sur le territoire national.

Article 2 : Sont interdits sur tout le territoire national, y compris la zone économique définie à l'article 1er de la loi du 16 juillet 1976 modifiée susvisée, et en tout temps, la destruction, la mutilation, la capture ou l'enlèvement intentionnel, le transport, le colportage, l'utilisation, la mise en vente, la vente ou l'achat des spécimens vivants des mammifères marins d'espèces suivantes : Pagophilus groenlandicus.

Article 3 : Sont interdits sur tout le territoire national, et en tout temps, la naturalisation, le transport, le colportage, l'utilisation, la mise en vente, la vente ou l'achat des jeunes spécimens morts des mammifères de moins de quatre semaines d'espèces suivantes : Pagophilus groenlandicus.

L'Union Européenne a décidé en mai 2009 de fermer ses marchés aux importations de peaux et produits dérivés du phoque, avec un vote en ce sens du Parlement européen pour protester contre une chasse jugée cruelle. L'interdiction entrera en vigueur pour la prochaine campagne de chasse commerciale en 2010.

Origine des noms

Origine du nom français

L'origine du nom français est issue directement du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Pagophilus : du grec [Pagos] = terme qui désigne la glace et [philos] = celui qui aime, en référence à l'habitat de l'espèce.

groenlandicus : du latin [groenlandicus] = relatif (ou relative) au Groenland.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 159019

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Mammalia Mammifères Vertébrés possédant des poils et des glandes mammaires produisant du lait.
Sous-classe Theria Thériens La paroi latérale du crâne est constituée de deux os particuliers: l'alisphénoïde et le squamosal.
Super ordre Eutheria Euthériens Présence d'une dentition lactéale et d’un développement embryonnaire effectué entièrement dans l'utérus (mammifères placentaires).
Ordre Carnivora Carnivores Présence de dents carnassières et de crocs. Pour la plupart carnivores.
Sous-ordre Pinnipeda Pinnipèdes Carnivores amphibies. Tête globuleuse, corps fusiforme adapté à la nage, membres transformés en palettes natatoires, les postérieurs plus courts que les antérieurs et flanquant une queue très brève.
Famille Phocidae Phocidés Les membres postérieurs ne se replient pas sous le ventre. L’animal progresse sur la terre (ou la glace) en rampant et en ondulant.
Genre Pagophilus
Espèce groenlandicus

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