Spongiaire de 5 à 20 cm
Couleur jaune ou verdâtre
Consistance cartilagineuse, ferme au toucher
Surface granuleuse à ridée
Excroissances tubuleuses, arrondies et creuses, de 0,5 cm de diamètre
Oscules à répartition irrégulière
Eponge bleue (attention, ce nom commun est également donné à l'oscarelle bleu-violet Oscarella lobularis)
Flesh sponge, blue sponge (GB), Spugna viola, spugna blu (I), Espoja azul (E), (Blauer) Fleischschwamm (D), Gelobde spons, blauwe vleespons (NL) (attention, ces noms communs sont également donnés à l'oscarelle bleu-violet Oscarella lobularis)
Chondrosia tuberculata Schmidt, 1868
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Cette espèce commune est endémique* de la Méditerranée, en particulier dans sa partie ouest. Un spécimen a toutefois été rapporté en Bretagne, indiquant une possible migration.
Cette espèce se rencontre à l'ombre d'un tombant (coloration plutôt verdâtre) ou à l'entrée d'une grotte (coloration plutôt jaune). Elle est visible de 5 à 35 m.
Oscarella tuberculata est une éponge encroûtante* épaisse formant des colonies de 5 à 20 cm. Elle forme des circonvolutions et de petites excroissances tubuleuses, arrondies et creuses, de 0,5 cm de diamètre. Certains lobes sont semi-circulaires, tandis que d'autres lobes s'ouvrent irrégulièrement sur un oscule*. Cette éponge présente une coloration assez constante et uniforme, passant du jaune au verdâtre (avec quelques fois des reflets bleutés). Parfois, on rencontre des transitions d'une couleur à l'autre dans la même colonie.
Bien qu'un squelette interne soit absent (absence de spicules* et absence de spongine*), cette éponge présente une consistance cartilagineuse et elle est ferme au toucher. Sa surface est granuleuse à ridée.
Les espèces du genre Oscarella ont longtemps été confondues les unes avec les autres, notamment à cause d'une absence de spicules et de fibres de spongines dans leurs tissus. En particulier, Oscarella lobularis et Oscarella tuberculata ont longtemps été regroupées à tort sous le nom d'Oscarella lobularis. Cependant, des études génétiques récentes (années 2000) ont permis de faire la distinction entre les différentes espèces. Fort heureusement pour nous, ces espèces génétiquement différentes présentent des caractéristiques microscopiques très distinctives, mais également des critères morphologiques précis (couleur, localisation, biotope*) :
Oscarella imperialis Muricy et al., 1996 : l'oscarelle jaune-orange. De surface rugueuse à ridée et de consistance molle, cette éponge présente une couleur orangée en surface et jaune dans les dépressions. Ses cellules présentent des sphérules* cytoplasmiques très denses et souvent une seule vacuole. Elle est visible en Méditerranée, vers 15 m de fond, le long des tombants verticaux.
Oscarella lobularis (Schmidt, 1862) : l'oscarelle bleu-violet. De surface lisse et de consistance molle et légèrement gélatineuse, cette éponge est de couleur bleu-violet (voire rose) en surface et violette à crème dans les dépressions. Elle présente des lobes de 1 cm de diamètre et des oscules à répartition régulière. Ses cellules présentent de nombreuses et vastes vacuoles périnucléaires. Elle est visible dans la mer Méditerranée, Atlantique est, Manche, mer du Nord, mer Adriatique et Atlantique ouest tropical, de 15 à 35 m, sur des tombants mais jamais à l'entrée d'une grotte.
Oscarella microlobata Muricy et al., 1996 : l'oscarelle marron. De surface rugueuse et de consistance molle et fragile, cette éponge est de couleur marron foncé en surface et marron clair dans les dépressions. Ses cellules présentent des sphérules cytoplasmiques et inclusions intranucléaires paracristallines. Souvent solitaire et faiblement attachée au substrat, elle est présente vers 15 m de fond dans des cavernes semi-obscures. Elle n'est actuellement rapportée que dans une grotte à proximité de l'île Riou, au large de Marseille (13).
Aplysilla rubra (Hanitsch, 1890) : l'oscarelle rouge. De surface bosselée par de nombreux petits lobes, et de forme "chou-fleur", cette éponge est de couleur rouge à beige. Elle est visible dans la mer Méditerranée, Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord, de 5 à 300 m, sur des roches.
Oscarella viridis Muricy et al., 1996 : l'oscarelle vert-pâle. De surface rugueuse et de consistance très molle et fragile, cette éponge est de couleur verte (généralement plus claire dans les dépressions). Ses cellules présentent de nombreuses sphérules cytoplasmiques peu denses. Elle est faiblement attachée à son substrat et est visible en Méditerranée, dans des cavernes semi-obscures, vers 15 m de fond.
Oscarella tenuis Hentschel, 1909 : éponge de couleur rouge à grise, irrégulièrement lobulée, présente au sud-ouest de l'Australie.
Oscarella membranacea Hentschel, 1909 : doré sombre en surface et crème dans les dépressions, régulièrement lobulée, présente au sud-ouest de l'Australie.
Oscarella nigraviolacea : violet très foncé, voire noire, à surface convolée, présente en Tanzanie.
Oscarella stillans : éponge jaune-miel à reflets verdâtres, de texture collagéneuse, présente vers 12 m de fond dans les Philippines.
Comme tous les spongiaires, Oscarella tuberculata est un animal filtreur : les cils des choanocytes* créent des mouvements d'eau dans la cavité gastrique. L'eau entre par les nombreux petits trous (pores inhalants) et sort par les grands trous ou oscules* (pores exhalants). Puis les cellules ciliées captent et digèrent les particules organiques microscopiques et les produits de la digestion sont distribués aux autres cellules de l'organisme.
La reproduction peut être réalisée selon 3 processus distincts :
Les éponges se reproduisent surtout asexuellement et ont une énorme capacité de régénération.
Cette éponge contient un seul type d'endobactéries symbiotiques.
Comme tous les spongiaires, cette espèce est un animal très simple ne présentant pas de tube digestif et peu ou pas de cellules nerveuses. Elle ne se rétracte donc pas quand on la touche. Elle présente une couche de cellules externes (l'ectoderme) et une couche de cellules interne (l'endoderme), séparées par une sorte de gélatine (la mésoglée). La cavité gastrique ou cavité interne (atrium*) est tapissée de cellules ciliées (les choanocytes*, caractéristiques des spongiaires) dont les flagelles créent un courant d'eau.
Les espèces du genre Oscarella ne présentent pas de squelette interne : elles n'ont pas de spicules* et pas de fibres de spongine*. L'aspect microscopique de cette espèce en particulier est très caractéristique et une étude en laboratoire permet de faire la distinction entre Oscarella tuberculata et les autres éponges du même genre. Ainsi, Oscarella tuberculata comporte une mésoglée (mésohyle*) constituée d'un réseau très dense de fibrilles collagènes entourant complètement un seul type d'endobactéries symbiotiques à paroi très fine. La mésoglée contient également des cellules vacuolaires turgescentes (= gonflée) uniquement de type I (cellules échancrées à noyau périphérique et contenant entre 1 et 4 très grandes vacuoles occupant la quasi-totalité du cytoplasme cellulaire). Les choanocytes sont régulièrement espacés.
La respiration se fait par filtration de l'oxygène dissous dans l'eau.
Sur le plan biochimique, Oscarella tuberculata se distingue des autres espèces du même genre par la présence de trois métabolites particuliers dans ses tissus (deux aldéhydes alkylpyrroles et un stérol endoperoxide), tandis que ces métabolites sont absents chez Oscarella lobularis.
Oscarelle : francisation du nom de genre,
jaune-verdâtre : tout simplement du fait de sa couleur. Cette précision de couleur est une proposition du site DORIS permettant de distinguer Oscarella tuberculata des autres éponges du genre Oscarella (dont par exemple : O. lobularis, O. imperialis, O. viridis).
Oscarella : genre dédié au zoologiste, botaniste et mycologue allemand Oscar Schmidt [1823-1886], en l'honneur de son travail sur la détermination des espèces. Il est en particulier l'auteur de l'ouvrage Eponges de la mer Adriatique.
tuberculata : du latin [tuberis] = excroissance, bosse ; ceci se rapportant à son anatomie.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Homoscleromorpha | Homoscléromorphes | Eponges exclusivement marines (une centaine d'espèces). Spicules siliceux (quand ils sont présents) non subdivisés en mégasclères et microsclères. Vivipares, larve typique : cinctoblastula. |
Ordre | Homosclerophorida | Homosclérophorides | Structure différenciée de type leucon. Certaines espèces de cet ordre n'ont pas de squelette et possèdent un derme fin. Les larves sont des amphiblastula. |
Famille | Oscarellidae | Oscarellidés | Absence de spicules et de fibres de spongine. |
Genre | Oscarella | ||
Espèce | tuberculata |
Excroissances tubuleuses
Cette éponge forme des circonvolutions et de petites excroissances tubuleuses, arrondies et creuses, de 0,5 cm de diamètre.
Grotte du Lido, Villefranche-sur-mer (06), 20 m
20/04/2008
Archétype de la Méditerranée
Cette éponge présente une coloration assez constante et uniforme, passant du jaune au verdâtre.
Grotte du Lido, Villefranche-sur-mer (06), 20 m
20/04/2008
Oscule
Les oscules ont une répartition irrégulière.
Cap Frapau sur la Côte Bleue (13), 20 m
10/08/2008
Regroupement colonial
Cette espèce se rencontre à l’ombre d’un tombant (coloration plutôt verdâtre) ou à l’entrée d’une grotte (coloration plutôt jaune).
Grotte du Lido, Villefranche-sur-mer (06), 20 m
25/08/2007
A reflets bleus
Cette éponge présente une coloration assez constante et uniforme, passant du jaune au verdâtre (avec parfois des reflets bleutés). On rencontre également des transitions d’une couleur à l’autre dans la même colonie.
L'Elvine, Niolon (13), 15 m
30/09/1997
Structure et texture
Cette éponge présente une consistance cartilagineuse et est ferme au toucher. Sa surface est granuleuse à ridée.
Carry-le-Rouet (13), 19 m
30/10/2009
Rédacteur principal : Gaël ROCHEFORT
Vérificateur : Véronique LAMARE
Responsable régional : Gaël ROCHEFORT
Boury-Esnault N., Sole-Cava A.M., Thorpe J.P., 1992, Genetic and cytological divergence between color morphs of the Mediterranean sponge Oscarella lobularis Schmidt (Porifera, Demospongiae, Oscarellidae), Journal of Natural History, 26, 271-284.
Ereskovsky A.V., Tokina D.B., 2007, Asexual reproduction in homoscleromorph sponges (Porifera; Homoscleromorpha), Marine Biology, 151, 425-434.
Mariani S., Uriz M.J., Turon X., 2005, The dynamics of sponge larvae assemblages from northwestern Mediterranean nearshore bottoms, Journal of Plankton Research, 27(3), 249-262.
Solé-Cava A.M., Boury-Esnault N., Vacelet J., Thorpe J.P., 1992, Biochemical genetic divergence and systematics in sponges of the genera Corticium and Oscarella (Demospongiae: Homoscleromorpha) in the Mediterranean Sea, Marine Biology, 113 (2), 299-304.
Loukaci A., Muricy G., Brouard J.P., Guyot M., Vacelet J., Boury-Esnault N., 2004, Chemical divergence between two sibling species of Oscarella (Porifera) from the Mediterranean Sea, Biochemical Systematics and Ecology, 32, 893–899.
La page d'Oscarella tuberculata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN