Coquille inéquivalve, la gauche plus bombée que la droite
Surface de la coquille écailleuse
Bord des valves dentelé
Taille de 7 cm maximum
Couleur variant du blanc au bronze et au noir
Intérieur de la coquille fortement nacré
Huître perlière caraïbe, huître perlière atlantique
Atlantic pearl-oyster (GB), Ostra perlífera (E)
Pinctada radiata (Leach, 1814)
Pinctada fucata
Pinctada martensii
Cosmopolite
Zones DORIS : ● CaraïbesPinctada imbricata est la plus cosmopolite de son genre, étant donné qu'elle se trouve à la fois sur les côtes nord, est et sud des Etats-Unis, la côte Est africaine, en Méditerranée, en mer Rouge, ainsi qu'à travers la zone Indo-Pacifique (Australie).
Dans la région Caraïbe, sa répartition s'étend au-delà de la mer des Antilles avec comme limite nord la Caroline du Nord et comme limite sud les côtes brésiliennes.
Pinctada imbricata prospère à des profondeurs comprises entre 5 et 30 mètres, de préférence dans des eaux claires, généralement dans les zones de barrière de corail, ou sur fonds détritiques variés. Des études ont montré que la densité et la biomasse maximale de cette espèce se situent à une profondeur d'environ 8 mètres. Les Ptériidés vivent fixés par leurs filaments byssaux* à des supports très divers : rochers, galets, coquillages, végétaux, autres huîtres, gorgones…, parfois en très grand nombre. Cette espèce ne peut survivre dans les zones où les paramètres physico-chimiques (température, salinité, et oxygène) sont très variables dans de courts laps de temps ainsi que sur les fonds boueux. Sa durée de vie moyenne a été évaluée à 5 ans et cette espèce correspond à la plus robuste de ce genre.
La coquille de Pinctada imbricata est légèrement inéquivalve*, la valve gauche est un peu plus renflée que la droite. Elle présente un contour ovale oblique à suborbiculaire* avec un bord dorsal rectiligne présentant une expansion vers chaque extrémité, triangulaire en avant et parfois très allongée en arrière. La surface externe de la coquille est souvent écailleuse. Le bord des valves est dentelé, ces dents s'imbriquant lorsque les valves sont jointes.
La longueur de ce bivalve n'excède que rarement les sept centimètres.
La couleur de la surface extérieure des valves varie du blanc au bronze et de temps en temps présente des couleurs plus foncées allant jusqu'au noir. L'intérieur de la coquille a la particularité d'être fortement nacré, avec une bordure de teinte souvent plus sombre ventralement.
Selon de récentes découvertes, plusieurs espèces de Pinctada sont maintenant considérées comme identiques à une seule et même espèce cosmopolite (Hynd, 1955; Shirai, 1994; Colgan & Ponder, 2002). Sont donc considérées comme semblables les espèces P. imbricata, P. fucata, P. radiata, et P. martensii. Bien que la classification exacte ne soit pas définie chez ces espèces, il semble clair que ces incertitudes taxonomiques proviennent d'un polymorphisme intraspécifique, étant basées essentiellement sur la morphologie externe de la coquille. Ces variations sont en relation avec l'âge de l'animal, ainsi qu'avec les conditions physiques et chimiques du milieu dans lequel vivent ces mollusques.
Comme la plupart des mollusques bivalves, l'huître perlière Pinctada imbricata est suspensivore : elle consomme le phytoplancton et les particules en suspension dans l'eau. Ces dernières vont être retenues à la surface des branchies, enrobées de mucus, puis orientées vers les palpes labiaux en direction du système digestif. Avant l'ingestion, un tri est effectué au niveau des palpes labiaux qui vont enrichir le bol alimentaire en matière organique.
P. imbricata est une espèce hermaphrodite protandrique. Ces huîtres sont d'abord mâles (les plus petites) au début de leur vie puis deviennent femelles. Leur gonade se situe autour de leur diverticule digestif et enveloppe également le foie et une partie de l'estomac. L'émission des gamètes mâles et femelles s'effectue dans l'eau où a également lieu la fécondation. Lorsque les ovocytes sont relâchés dans le milieu, ils ont la particularité d'être pyriformes et mesurent environ 45 µm de long. A cet instant, le cytoplasme est de couleur jaune, assez opaque et d'aspect granuleux. Les spermatozoïdes quant à eux ne font que quelques µm de long.
Des expériences menées en laboratoire par Ruffini en 1984, ont montré qu'au bout de 20-25 jours de croissance, les larves atteignent une taille d'environ 215 µm.
La reproduction a lieu tout au long de l'année, comme le prouve la présence de juvéniles de moins de 5 mm rencontrés chaque mois dans certaines zones de la mer des Caraïbes (Vénézuela).
Cependant, l'activité de gamétogénèse varie en fonction de la température de l'eau et de la disponibilité en nourriture dans le milieu. C'est pourquoi il a été observé une augmentation majeure des pontes entre mai et novembre lorsque la température de l'eau passe de 24-25°C à environ 26-28,5°C. Plusieurs études ont démontré que plus l'on s'écarte de l'équateur et plus la fréquence des émissions des gamètes des huîtres rencontrées diminue au cours de l'année. Donc le comportement reproducteur de cette espèce varie nettement selon sa position géographique.
La vitesse de croissance de cette espèce est relativement élevée : elle peut atteindre 7 cm (taille adulte) en moins de 14 mois. D'autres études menées sur la croissance ont montré que cette espèce atteint sa maturité sexuelle entre 4 et 7 mois lorsque la coquille mesure environ 0,6 mm d'épaisseur pour une longueur totale de 20 mm. La croissance des larves varie en fonction de la température du milieu. En effet, des observations ont montré que plus la température de l'eau est élevée et plus leur croissance est rapide.
Les valves de Pinctada imbricata sont fréquemment colonisées par des hydraires, des bryozoaires, des ascidies coloniales, des petites algues ...
Urban, en 2000, a identifié deux groupes principaux de prédateurs du naissain de cette huître : certains gastéropodes et certains crabes ; les premiers sont constitués de trois espèces du genre Cymatium, les seconds appartiennent à trois familles (les Portunidae, les Xanthidae, et les Majidae).
La langouste royale, Panulirus argus, est également un prédateur actif pour le naissain mais cette espèce demeure généralement beaucoup plus rare que les autres citées.
Plusieurs études écotoxicologiques soulignent le potentiel de cette espèce comme bon indicateur de la qualité du milieu marin. En effet, sa capacité à accumuler des polluants de type métallique (comme notamment le plomb) a été observée (Al-Madfa et al, 1998).
La culture des huîtres perlières pouvant à la fois être valorisée pour leur chair en consommation, mais aussi du fait de leur capacité à produire des perles nacrées, a toujours été d'un grand intérêt commercial dans le monde aquacole.
A ce jour, l'espèce Pinctada imbricata n'a été que très peu étudiée dans les Caraïbes (Urban, 2000). La biologie de ce mollusque demeure encore mal connue. Cette espèce a été pêchée pour ses perles pendant des siècles en plongée ou par dragage et a été parmi les plus répandues des espèces d'huîtres perlières dans cette région (O' Connor et al, 2003). Le stock naturel de cette espèce ayant fortement diminué au cours du temps, des élevages expérimentaux en écloserie se sont mis en place au Vénézuela. Bien que cette huître soit produite pour ses perles dans des écloseries asiatiques depuis des décennies, l'Australie s'est également lancée depuis peu dans ce type de production à des fins commerciales semblables.
La nacre des Caraïbes est protégée sur les côtes d'Afrique orientale par la Convention de Nairobi (2 octobre 2000).
Nacre des Caraïbes : en référence à la nacre de l'intérieur de sa coquille, et à sa localisation géographique.
Pinctada : origine obscure... Il s'agirait d'une latinisation peu correcte du mot "pintade" ! Antoine Joseph Dezallier d'Argenville (1680-1765) a donné ce nom à la coquille d'après le plumage de la poule de Guinée ou Pintade...
imbricata : du latin [imbricata], en référence à l'agencement imbriqué, à la manière des tuiles d'un toit, des écailles de la coquille de cette espèce.
Numéro d'entrée WoRMS : 207901
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Pteriomorphia | Ptériomorphes | Muscle adducteur postérieur développé, antérieur réduit. |
Ordre | Pterioida | Ptérioïdes | Animaux à coquille en forme d'ailes, souvent inéquivalves. Charnière sans dents. Animaux fixés ou libres. |
Famille | Pteriidae | Ptériidés | Charnière droite, ligament assez long, côté antérieur auriforme à cause de l'encoche byssale, intérieur fortement nacré, muscle adducteur médian. |
Genre | Pinctada | ||
Espèce | imbricata |
De profil, vue du manteau
Lorsque la nacre est ouverte, on peut observer le manteau (ici de couleur orangée). Observez de plus l'épibiose sur ses valves : hydraires, ascidies coloniales, etc...
Anse Caraïbes, Guadeloupe, 15 m
01/06/2006
Fixé sur un bout
On peut observer sur cet individu les bords des valves dentelés qui s'imbriquent lorsqu'elles sont jointes. Cet individu s'est fixé sur un bout.
Anse Caraïbes, Guadeloupe, 13 m
01/06/2006
Intérieur de la coquille nacrée
Observez l'intérieur de la coquille de Pinctada imbricata, fortement nacré.
Guadeloupe, en laboratoire
18/06/2006
Rédacteur principal : David BORG
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER
Lodeiros C., Pico D., Prieto A., Narvaez N. & Guerra A., 2002, Growth and survival of the pearl oyster Pinctada imbricata (Röding, 1758) in supended and bottom culture in the Golfo de Cariaco, Venezuela, Aquaculture International, 10, 327-338
Mackenzie C., Troccolluisi I., & Leon S., 2003, History of the atlantic pearl oyster, Pinctata imbricata, Industry in Venezuela and Colombia, with Biological and Ecological Observations, Marine fisheries review, 65, 1-20
O'Connor W., Lawler N. & Heasman M., 2003, Trial farming the akoya pearl oyster, Pinctada imbricata, in Port Stephens, New South Wales, Final Report to Australian Radiata Pty Ltd. NSW, Fisheries Final Report Series, 42, 1440-1544
O'Connor W. & Lawler N. F., 2004, Reproductive condition of the pearl oyster, Pinctada imbricata, Röding, in Port Stephens, New South Wales, Australia, Aquaculture Research, 35, 385-396
Urban H., 2000, Culture potential of the pearl oyster Pinctada imbricata from the Caribbean, II. Spat collection, and growth and mortality in culture system, Aquaculture, 189, 375-388