Ascidie-cristal

Polycitor crystallinus | (Renier, 1804)

N° 1144

Méditerranée occidentale, côtes atlantiques africaines, Pacifique Ouest

Clé d'identification

Ascidie coloniale massive, globuleuse
Matrice transparente
Siphons bordés d'un cercle blanc intense

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Distoma crystallinum (Renier, 1804)
Distomus crystallinus (Renier, 1804)
Paradistoma crystallinum (Renier, 1804)
Et parfois de façon erronée Polycitor crystallinum (Renier, 1804)

Distribution géographique

Méditerranée occidentale, côtes atlantiques africaines, Pacifique Ouest

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● Indo-Pacifique

P. crystallinus est présent en Méditerranée : en France sur les fonds coralligènes de Marseille, près du Cap Cerbère sur la côte Vermeille, en Espagne autour des Baléares, sur la côte catalane nord et dans le détroit de Gibraltar.
L'espèce a été décrite pour la première fois dans la baie de Naples.
Cette espèce est aussi présente en Atlantique sur les côtes africaines (Sénégal, Gambie) et décrite dans le Pacifique Ouest (Nouvelle-Calédonie).

Biotope

Cette espèce sciaphile* fréquente les parois verticales et les surplombs du coralligène*, ainsi que les espaces sombres des fonds rocheux. On la trouve depuis 4 m de profondeur jusqu'à la zone bathyale*, dans des localisations à hydrodynamisme modéré.
L'espèce a été également rencontrée dans les herbiers de posidonies, sur les rhizomes des algues laminaires, dans les prairies à caulerpes, ainsi que sur des fonds détritiques et vaseux.
A noter que P. crystallinus peut aussi être épibionte* des gorgones (genre Eunicella).

Description

Polycitor crystallinus est une ascidie coloniale massive, globuleuse, d'un diamètre inférieur à 10 cm, non pédonculée. La forme en massue est répandue chez les colonies âgées. De consistance gélatineuse, la tunique* est constituée d'une matrice translucide, hyaline*, qui a donné le nom à l'espèce.
Les zoïdes* sont espacés, répartis irrégulièrement, et leurs siphons sont bordés d'un cercle blanc intense. Ce cercle est très légèrement interrompu du côté opposé à celui où se trouve le petit siphon cloacal* (ou siphon exhalant) fort peu visible. La colonie ne dispose pas de système cloacal commun, ainsi chaque siphon exhalant s'ouvre directement à la surface.
Cette description concerne les individus jeunes ou la partie apicale* des individus plus âgés avant dégénérescence estivale. En effet, au cours de l'été, le thorax des zoïdes dégénère et l'on n'observe alors plus que la tunique basale opaque, laiteuse, plus consistante et légèrement teintée de beige. La colonie ressemble alors à un œuf dur à peine translucide. Dans les colonies les plus développées, la matrice se colore d'un blanc laiteux, allant parfois jusqu'à l'orangé.

Espèces ressemblantes

Polyclinella azemai Harant, 1930. Partageant la distribution métropolitaine de Polycitor cristallinus, le polyclinidé vert sombre se présente sous la forme d'une petite boule gélatineuse légèrement aplatie et de couleur... vert sombre. La surface de la colonie (max. 20 cm) est très souvent rugueuse et couverte de sable. Difficiles à distinguer, les zoïdes dessinent de petits cercles matérialisés par les siphons buccaux à la surface de la colonie. Le siphon cloacal commun est au centre du cercle.

Polyclinum aurantium Milne-Edwards, 1841 a longtemps été confondu avec notre espèce. Les colonies globuleuses, de couleur jaunâtre à verdâtre, portent parfois du sable ou des sédiments pouvant s'incruster dans la tunique. Cette espèce est néanmoins essentiellement observée sur les côtes atlantiques et de la Manche, pas en Méditerranée.

Botrylloides crystallinus Bay-Nouailhat A. & W., Gasparini & Brunetti, 2020

Alimentation

Ces animaux sont des filtreurs* microphages*. Organismes suspensivores*, les ascidies créent un courant d'eau (rentrant par les petits orifices inhalants individuels) grâce au mouvement des cils du pharynx*, pour attraper les particules en suspension. Ce courant est aussi utilisé pour les échanges gazeux. Les particules digérées sortent par le siphon exhalant.

Reproduction - Multiplication

La reproduction des ascidies coloniales présente une alternance de cycles sexués et asexués.
Elles sont hermaphrodites*, la fécondation* est interne et le développement indirect.

  • Reproduction sexuée : les gonades* se trouvent dans le post-abdomen où a lieu la fécondation. Le développement embryonnaire commence après la formation des œufs où il y a différenciation des organes internes, de la chorde* et de la queue pour former une larve* nageuse semblable à un têtard. Ces têtards sont libérés dans le milieu par le siphon atrial* des zoïdes. La vie pélagique* est très courte (90 à 120 minutes pour P. crystallinus) et les larves se fixent au substrat* par des papilles adhésives. A partir de là commence la métamorphose qui donnera un individu adulte.
    Chez Polycitor crystallinus les larves sont émises au printemps.
  • Reproduction asexuée : formation de la colonie par bourgeonnement à partir de l'individu souche, après une phase d'accumulation de réserves et la dégénérescence du thorax (période d'estivation).

Vie associée

Espèce parfois citée comme épibionte* des gorgones (Eunicella spp.)

Divers biologie

Description microscopique :
Les zoïdes d'une vingtaine de millimètres sont immergés dans une tunique commune totalement transparente et sont visibles à la surface des colonies.
Ils ne sont pas organisés en une structure particulière, et il n'existe pas de siphon cloacal commun. Les siphons buccaux et cloacaux sont bordés de lobes transparents. Seize cils buccaux de trois tailles différentes bordent le siphon buccal.
Le sac branchial est percé de douze rangées de stigmates*.
L'estomac présente une forme quasi cubique. Le rectum est bien rectiligne et remonte droit jusqu'au niveau de la sixième rangée de stigmates.
Le cœur se situe dans la partie basale de l'abdomen et en constitue l'extrémité.

Informations complémentaires

Polycitor crystallinus est une espèce sensible aux perturbations environnementales et peut donc être un bon indicateur d'eaux propres non polluées.

Les espèces du genre Polycitor ont livré plusieurs molécules qui ont un potentiel pharmaceutique (polycitone A, polycitrines A et B), notamment dans le cadre de la recherche contre le virus du SIDA.

Origine des noms

Origine du nom français

Ascidie-cristal : francisation du nom scientifique de l'espèce. Proposition du site DORIS.

Origine du nom scientifique

Polycitor : du grec [poly] = plusieurs ; et [citor] = habitants. Le genre est décrit comme étant un ensemble d'individus liés par une même matrice, donc bien identifié comme une colonie.

crystallinus : du grec [cristallos] = glace, cristal, qui a l'aspect du cristal. Ce nom est lié à la transparence de la colonie.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Urochordata / Tunicata Urochordés / Tuniciers Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires).
Classe Ascidiacea Ascidies / Ascidiacés Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde.
Ordre Aplousobranchia Aplousobranches Ascidies coloniales.
Famille Polycitoridae Polycitoridés

Regroupe les principaux genres suivant : Eudistoma, Polycitor, Cystodytes.

Genre Polycitor
Espèce crystallinus

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