Kaloplocamus rameux

Kaloplocamus ramosus | (Cantraine, 1835)

N° 3812

Méditerranée, Atlantique oriental, Afrique du Sud, océan Indien, Pacifique

Clé d'identification

« Assemblage » entre doridien (panache branchial sur médiane dorsale) et dendronotidé (papilles dorso-latérales arborescentes)
Papilles arborescentes : 5 à 7 sur bord antérieur de la tête, 5 plus grandes sur chaque côté du dos
Epiderme jaune plus ou moins pâle et orangé, avec couverture dorsale variable de taches rouge-orangé vif

Noms

Noms communs internationaux

Tasselled nudibranch (GB)

Synonymes du nom scientifique actuel

Doris ramosa Cantraine, 1835
Euplocamus croceus
Philippi, 1836
Idalia ramosa Philippi, 1844
Euplocamus japonicus Bergh, 1880 (1879)
Caloplocamus ramosus Pruvot-Fol, 1951
Euplocamus plumosus Schultz, in Pruvot-Fol, 1954

Distribution géographique

Méditerranée, Atlantique oriental, Afrique du Sud, océan Indien, Pacifique

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Indo-Pacifique

Cette espèce est signalée en Méditerranée (Israël, Crète, Croatie, Malte, Italie, France, Espagne), en Atlantique Nord-Est (Espagne/Andalousie atlantique jusqu'au nord du golfe de Gascogne, Açores, Madère, Canaries, Selvagens, Ghana, Angola), en Atlantique SE (Afrique du Sud), dans l’océan Indien (Afrique du Sud, Kenya, Tanzanie), dans le Pacifique NW (Hong Kong, Chine/sud, Corée du Sud, Japon), dans le Pacifique N-central (Hawaii, Midway, Kure) et dans le Pacifique SW (Australie/SE, Nouvelle Zélande/NW).

Elle est apparemment absente du continent américain.

Biotope

Cette espèce fréquente les fonds rocheux (dans les trous et sous les pierres) ou semi-meubles, riches en bryozoaires arborescents, de 5 à 400 m de profondeur dans des eaux tempérées chaudes à tropicales.

Description

Kaloplocamus ramosus mesure habituellement de 30 à 35 mm de long, avec un maximum de 60 mm. Sa largeur est égale à environ 1/3 de la longueur.
Le corps, allongé, large et épais, est plus élevé entre les rhinophores* et le panache branchial*. La queue est courte, en pointe arrondie.

Le bord antérieur de la tête est bordé par un voile oral légèrement arrondi, porteur de 5 à 7 papilles arborescentes (leur nombre dépend de la taille de l’individu) entre les bases des rhinophores. Leur aspect arborescent est dû à la présence, sur leur 1/3 terminal, de plusieurs courtes papilles* secondaires digitiformes à bout arrondi.
Chaque côté du dos (bord palléal*) porte 1 rangée longitudinale de 5 papilles similaires mais plus grandes. La première papille dorsale se trouve juste en arrière et sous le niveau du rhinophore. Les suivantes se trouvent sur le côté du dos. Ces papilles dorsales n’ont aucune relation avec la glande digestive et ne peuvent donc être qualifiées de "cérate"*.
Les côtés du dos entre le rhinophore et le panache branchial sont légèrement carénés.
Les rhinophores sont rétractiles et leur tiers terminal (clavus ou ogive) est lamellé.
Le panache branchial typique des doridiens est situé sur la médiane dorsale, aux 2/3 postérieurs de la longueur du corps. Il est constitué de 5 plumes tri-pennées*, placées en fer-à-cheval autour de la papille anale. Elles peuvent se contracter (se replier) mais ne peuvent être rétractées dans une poche dorsale (Phanerobranchia).
Un tentacule oral, en forme de lamelle rectangulaire aux petits côtés arrondis, est situé en avant de chaque rhinophore, sous le voile oral (qui porte les papilles arborescentes) de part et d’autre de l’orifice buccal.

La couleur de base du corps, des troncs des papilles, des rhinophores et des branchies est jaune-safran (= jaune clair ± orangé) à orangé, parsemée de taches variables rouges à rouge-brun.
La teinte du cône du rhinophore est jaune-clair verdâtre chez les spécimens du golfe de Gascogne (cf. photos) et de Méditerranée.
Le tronc des papilles antérieures et latérales a la même teinte que l’épiderme dorsal. Les papilles secondaires sont souvent pâles à blanchâtres.
La coloration peut varier très largement, du blanc translucide jaspé d’éclaboussures jaune-orange au gris pâle moucheté de rouge-orange, au jaune-crème pâle tacheté diversement d’orange ou de brun foncé jusqu’au rouge vif presque uniforme avec un minuscule pointillé jaune-orange. Aucun des schémas chromatiques ne semble dépendant de la localité et divers motifs sont parfois observés dans la même zone.

Espèces ressemblantes

En Europe : aucune (les Dendronotidae et les Tritoniidae possèdent des cérates arborescents mais pas de panache branchial médio-dorsal). Toutefois, en cours de plongée, en cas de faible luminosité ou de petits spécimens, la présence des papilles arborescentes peut induire une confusion avec certaines espèces de Dendronotidae (Dendronotus, Marionia blainvillea, Tritonia) ou avec Plocamopherus tilesii Bergh, 1877, espèce lesseptienne* récemment introduite dans l’est de la Méditerranée.

Aux Açores, une autre espèce de Kaloplocamus a été décrite K. (Euplocamus) atlanticus Bergh, 1899. La différence principale concerne le nombre et le type de dents de la radula*, mais il pourrait s’agir de la même espèce.

Dans le Pacifique et en Afrique du Sud, d’autres espèces de Kaloplocamus sont connues. Les caractères fournis par la littérature permettent de les différencier.

Alimentation

K. ramosus est un prédateur de Bryozoaires branchus (arborescents) ou qui présentent, sur leur périphérie, des tronçons assimilables à des branches comme par exemple Smittina (Porella) cervicornis. Très exceptionnellement, on pourra le trouver sur des bryozoaires encroûtants, mais sans la certitude qu’il s’en nourrisse effectivement (voir à "Divers Biologie" la Radula).
L’examen de la littérature et du contenu stomacal de 10 spécimens récoltés dans le golfe de Gascogne en 2009 et 2010 par des biologistes de l’Ifremer (campagnes EVHOE) témoigne de la consommation de Bugula neritina, Caberea boryi, Cellaria salicornioides, Scrupocellaria scabra, Smittina cervicornis, Reteporella grimaldii, Scrupocellaria cf. reptans , Scrupocellaria incurvata et Margaretta cereoides (synonyme de Tubucellaria cereoides).

Reproduction - Multiplication

On ne connait presque rien à ce sujet. La reproduction est, comme pour les autres Doridiens, sexuée et hermaphrodite*. Les organes génitaux mâle et femelle sont voisins et situés sur le flanc droit, postérieurement à la base du rhinophore. La période de reproduction n’est pas connue.
La seule information disponible sur la ponte est la photo, réalisée par Cory Pittman à Hawaii, d’un étroit ruban spiralé (diamètre 12 mm, largeur 2 mm) jaune-orangé, fixé par un côté au substrat* (voir photo).

Divers biologie

La grande variabilité chromatique ne semble pas dépendre de la localité car divers motifs sont parfois observés dans la même zone. Cette variabilité pourrait être due, totalement ou partiellement, à des différences alimentaires ou à la présence d’espèces différentes mais de morphologie très semblable.

Une capacité de mouvement des papilles arborescentes a été décrite ainsi qu’une capacité de bioluminescence* lorsque le spécimen est importuné.

Cette espèce semble être principalement sciaphile*, avec une prédilection pour les endroits sombres (trous dans la roche, dessous de pierre, grandes profondeurs ou déplacements nocturnes), mais elle est parfois observée en plein jour, à la surface du substrat.

Informations complémentaires

Distribution mondiale. L’espèce présente un schéma de distribution intrigant (voir photo – Distribution mondiale) : elle est signalée en Méditerranée, dans l’Atlantique NE (Madère, Açores, détroit de Gibraltar, Canaries) et SE (Angola, Ghana) en Afrique du Sud (Cape Town), l’ouest de l’océan Indien (Tanzanie, Afrique du Sud), dans le Pacifique W (Hong Kong, Corée du Sud, Chine du Sud, Japon), le Pacifique Central (Hawaii) et le Pacifique Sud (Australie SE et Nouvelle Zélande). Mais nulle part sur le continent américain.
Cela soulève quelques questions :
- s’agit-il d’une seule espèce très variable ou de plusieurs espèces proches ?
- s’il s’agit d’une seule espèce, quelle est son origine géographique ? Et quels sont les mécanismes de sa dispersion ?
- quel est son type de développement larvaire* (de celui-ci dépendent les mécanismes de sa dispersion) ?

L’analyse ADN de spécimens issus des différentes régions apportera probablement une réponse. Mais plus d’informations sur sa reproduction et sa biologie sont également nécessaires.

C’est pourquoi, toute information (biotique* et abiotique*) est la bienvenue. En cas de découverte d’un spécimen, vous pouvez contribuer à mieux connaître K. ramosus :
Je rencontre Kaloplocamus ramosus. Que puis-je faire ?
I meet Kaloplocamus ramosus. What can I do ?

Origine des noms

Origine du nom français

Francisation du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Kaloplocamus : du grec [kalos] = beau et [plokamos] = boucle de cheveux, crinière d’animal ; en allusion à l’aspect du dos orné de nombreuses papilles arborescentes.
ramosus : du latin [ramosus] = branchu, ramifié.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Doridina Doridiens Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes.
Famille Polyceridae Polycéridés Doridiens limaciformes aux rhinophores lamellés avec souvent quelques papilles frontales et branchiales. Présence de lobes oraux sur la tête ou de tentacules buccaux développés.
Sous-famille Triophinae Triophinés
Genre Kaloplocamus
Espèce ramosus

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