Hancockia à crochets

Hancockia uncinata | (Hesse, 1872)

N° 1780

Atlantique Nord-Est, Méditerranée occidentale

Clé d'identification

Nudibranche étroit et assez plat de 14 mm maximum
Extensions cératales (généralement de 4 à 5 paires) latéro-dorsales en forme de mains repliées
Corps et cérates de couleurs variables (rose, marron, rouge, vert…) maculées ou pointées de blanc
A l'avant, les palpes buccaux bilobés et portant 3 à 6 digitations
Rhinophores blancs, bulbeux aux 2 extrémités, implantés dans un fourreau en forme de cornet

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Hancockia eudactylota Gosse, 1877
Doto uncinata Hesse, 1872
Govia rubra Trinchese, 1885
Govia viridis Trinchese, 1885

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est, Méditerranée occidentale

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Atlantique Nord-Est (Royaume-Uni et côtes françaises, jusqu'aux Canaries), Méditerranée occidentale

Biotope

L'animal fréquente les fonds algaux et les herbiers, ou encore les fonds rocheux où se développent les hydraires qu'il consomme.
Entre 3 m et 30 m environ.

Description

Nudibranche d'une petite quinzaine de millimètres au grand maximum. Il se présente sous la forme d'une limace assez plate, droite et rigide, munie d'appendices latéro-dorsaux de chaque côté du corps, les cérates*.

Sa couleur varie du rose au verdâtre en passant par le marron ou le rouge profond. Sa robe est souvent maculée de taches blanchâtres (pouvant se nuancer de bleuté ou encore de la couleur du fond) ou de points sur la partie dorsale. Des lignes ou points de la même couleur soulignent le bord du dos et le sommet de la gaine des rhinophores*.

Au devant de la tête, l'animal présente deux lobes aplatis (le voile buccal) portant 3 à 6 digitations chacun.
Sur le sommet de la tête, les deux rhinophores sont très particuliers. Pour chacun de ces appendices, on aperçoit au premier chef la gaine en forme de trompette dentelée ; puis, émergeant de ce "pavillon", le rhinophore proprement dit. Il est d'abord bulbeux à la base avec des petits plis verticaux, s'ensuit une hampe blanche et enfin un renflement terminal.

De chaque côté du corps un certain nombre de cérates est très visible, de même couleur que le corps et pouvant montrer également points ou macules blanches. L'extrémité globuleuse de ces cérates ressemble un peu à une "main repliée en crochet". Il peut y avoir jusqu'à 9 paires de cérates en fonction de la longueur de l'animal, cependant il est plus fréquent de rencontrer des animaux ne portant que 3 à 5 paires de ces extensions. La première paire après la tête se trouve en vis-à-vis mais il peut éventuellement y avoir un décalage (vers l'arrière sur la droite du corps) entre les suivantes, jusqu'à former un quinconce sur les grands individus. Au niveau de ces extensions cératales, les feuillets branchiaux, courts, cachés et de même couleur, sont peu visibles in situ.

La queue finit en pointe, parfois très près du dernier cérate, ce qui peut donner à l'animal, lorsqu'il y a eu décalage dans l'alignement des cérates, un aspect quelque peu tronqué latéralement.

Espèces ressemblantes

Sur nos côtes, la confusion peut être aisée avec les nudibranches des familles Tritoniidae et Dotidae, présentant toutes deux le même genre de papilles implantées latéro-dorsalement, typique des Dendronotina.
Concernant la première famille, les genres Tritonia et Mariona se trouvent plus souvent sur des gorgones. Leurs extensions branchiales sur les côtés du corps montrent des plumets bien visibles et plus conformes à l'idée que l'on se fait de panaches branchiaux que les cérates montrés par les Hancockiidae.
Les espèces du genre Doto ont des rhinophores également implantés dans une gaine, un fourreau. Mais ces rhinophores ressemblent à de simples baguettes émoussées, sans les gros bulbes striés présentés par Hancockia uncinata. Par ailleurs, leurs cérates ont l'air de grappes de raisin et pas de "mains fermées" ou de crochets. Enfin, le voile oral des Doto ne montre pas de digitations.

Hancockia californica MacFarland, 1923 ressemble mais ne se rencontre que sur les côtes pacifiques de l'Amérique, de la Californie au Costa Rica, et ne constitue donc pas une source d'erreur.

Alimentation

Cette espèce se nourrit des polypes d'hydraires. [Picton & Morrow 1994] désignent notamment Clytia haemisphaerica (= Clytia johnstoni), un hydraire qui vit sur d'autres hydraires ainsi que sur des algues.
H. uncinata a également été rencontrée sur des hydrozoaires des genres Tubularia, Obelia, Nemertesia ou encore (en laboratoire) Campanularia...

Reproduction - Multiplication

Les nudibranches sont hermaphrodites* synchrones. C'est-à-dire qu'ils possèdent à la fois les systèmes génitaux mâle et femelle et que les deux sont simultanément efficients. Cet organe sexuel (ovotestis*) complexe vise à la fois à émettre le sperme de l'animal, à recevoir celui du partenaire et à féconder ses propres œufs. L'ovotestis sait également éviter l'autofécondation (un partenaire est indispensable).

Le rapport fécondant d'Hancockia uncinata est donc un rapport proximal, les deux partenaires étant en position tête-bêche. En effet, le pénis devant se "connecter" avec son alter-ego débouche sur le côté droit du corps de chaque animal. Les gamètes sont échangés pendant la rencontre. Chaque individu va alors pouvoir aller pondre.
Se trouvant à proximité de nourriture, la ponte d'Hancockia uncinata ressemble peu ou prou à celle du genre Doto : un ruban assez plat, disposé en accordéon et qui montre une couleur blanc-bleuté distinctive.

Les œufs écloront après 9 jours, entre 16 et 18° C [Schmekel & Portmann 1982] et les larves* passeront, lors d'un séjour au sein du plancton*, par différents stades de maturation (trochophore*, véligère*...) avant de se poser sur le fond et de se transformer en juvénile.

Divers biologie

Hancockia uncinata est capable, à l'instar des nudibranches éolidiens (sous-ordre auquel il n'appartient pas ! Mais le fait est très peu courant dans le sous-ordre des Dendronotacés ! Les Hancockidae sont une exception), de réserver les cellules urticantes (les cnidocytes*) des polypes d'hydraires dont il se nourrit et, sans les faire éclater (qu'il existe une technique particulière ou bien que ces cellules soient encore à l'état embryonnaire), de les stocker à l'extrémité de ses cérates, dans des zones appelées cnidosacs*. Et les espèces du genre Hancockia semblent non seulement posséder des cnidosacs au niveau des cérates mais également au niveau du dos, sur les côtés du corps et peut-être même de la gaine des rhinophores ! Dorénavant, ces armes défensives très efficaces seront dédiées au propre usage du nudibranche ! Les limaces de mer utilisant ce mode de défense, recyclant les cellules urticantes de leurs proies, ont généralement peu de prédateurs connus...

La radula* est un attribut de la prédation chez nombre d'Opisthobranches. Il s'agit d'une sorte de bande râpeuse se trouvant dans le larynx des animaux concernés et grâce à laquelle ils "rongent" leur proie. La structure de cette radula, propre à chaque espèce, est un élément discriminatif dans la taxonomie des nudibranches.
Celle d'Hancockia uncinata est trisériée. La dent médiane porte 4 denticules pointus sur chaque côté de la cuspide*. La dent latérale est fine et pointue. Elle est quadrangulaire avec une pointe triangulaire qui part de son bord antérieur et qui porte un petit cran faisant apparaître ce bord comme dédoublé.
L'espèce possède également des mâchoires.

Les rhinophores sont des organes chimio-sensoriels permettant aux nudibranches d'appréhender sous cet aspect leur environnement (rencontres "amies" ou "ennemies", présence de nourriture, repérages dans le milieu...).

L'anus débouche sur le côté droit du corps, entre le premier et le second cérate.

Informations complémentaires

Certains auteurs estiment que la différence de couleurs (rose, marron, rouge, verdâtre...) résulte peut-être d'une différence de maturité de l'animal. [Pruvot-Fol 1954] écrit d'ailleurs que le jeune est rose et que, plus tard, un pigment vert s'ajoute au rouge.

Origine des noms

Origine du nom français

Hancockia à crochets : ce nom évoque la forme des digitations latérales dont notre hancockia semble affublée au niveau des papilles dorso-latérales. Cette forme en crochets est directement indiquée dans le nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Hancockia : genre dédié au biologiste britannique Albany Hancock (1806-1873), notamment connu pour ses travaux sur les animaux marins et plus particulièrement les nudibranches. Il fut en effet l'un des pionniers de leur étude en compagnie de Joshua Alder (1792-1867).
uncinata
: adjectif latin, [uncinata] = crochue, recourbée en crochet. Cet adjectif vient probablement de la forme des papilles latérales, bombées sur le dessus et creuses par en dessous qui évoquent cette courbure en crochet.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Cladobranchia Cladobranches
Famille Hancockiidae Hancockiidés
Genre Hancockia
Espèce uncinata

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