Pierre NOËL
le 30/07/10
Merci Sylvain pour l'horaire (zut, c'est raté !)
J'ai quand même l'impression qu'il s'agit bien d'une
Vir philippinensis. Le "pattern" (disposition des chromatophores) visible sur cet individu est compatible avec la livrée pigmentaire typique telle qu'on peut l'observer sur la quasi-totalité des photos disponibles sur le net. De plus, l'association avec le corail à bulles sinueux
Plerogyra sinuosa est une caractéristique très importante pour cette espèce. Alors, d'où peut venir cette différence d'aspect ?
Ici, ce n'est donc pas une livrée
nocturne, beaucoup plus transparente chez de nombreuses espèces de petits crustacés de la zone photique, chez les
Periclimenes et espèces voisines en particulier.
Le sexe est connu pour influencer l'aspect extérieur chez les crevettes : les mâles sont le plus souvent moins colorés que les femelles.
La taille (donc l'âge) est un facteur qui au sein d'une même espèce influence la pigmentation; cette dernière se développe avec la croissance.
L'
alimentation est également dans certains cas un élément non négligeable. Les pigments caroténoïdes responsables de la coloration des crevettes sont d'origine alimentaire (lutéine, béta-carotène, cantaxantine des algues, ces 2 derniers pigments donnant l'astaxanthine qui peut se complexer en caroténoprotéines diversement colorées comme la crustaxanthine bleue qui colore magnifiquement ta
Vir philippinensis).
Le stade de mue modifie également la dispersion pigmentaire dans les chromatophores, en particulier à l'approche d'une exuviation.
Dans certains cas (crevettes autruches),
la lumière peut conduire directement à une rétraction pigmentaire (
*).
Enfin, il existe des
facteurs génétiques qui peuvent également avoir un impact direct sur le métabolisme des pigments (
voir ce post), ou un impact indirect via une modification des hormones pigmentaires (chromatophorotropines) contrôlant la dispersion pigmentaire à l'intérieur des cellules (hormones rétractantes : la RPCH et hormones dispersantes : la RPDH). Si plusieurs individus avaient la même livrée dans le même secteur, cette dernière hypothèse d'une modification génétique est à privilégier. Dans ce cas, on assisterait en direct à un tout petit début de spéciation ! Une sous-espèce en devenir.
Alors ? Sylvain, tu aurais photographié
un jeune mâle sous-alimenté proche de la mue ayant pris récemment un bain de soleil et avec une petite particularité génétique ?(Me suis-je bien rattrappé ?)
(
*) Noël P., 1979. Mise en évidence d'une photosensibilité directe des érythrophores tégumentaires du Crustacé Natantia
Processa edulis (Risso). Comptes Rendus de l'Académie des Sciences de Paris, 288D: 697-700.