Jacques COVES le 16/06/22
Je pose la question sérieuse de savoir si les mollusques gastéropodes ont la capacité physiologique de reculer. Le système musculaire qui anime leur pied et leur permet d'avancer est il "réversible" ?
Personnellement je n'ai jamais observé, à terre ou sous l'eau, un escargot ou une limace en train de reculer. Par exemple, un escargot qui rencontre un obstacle va le contourner ou l'escalader mais ne fait pas marche arrière avant de prendre une autre direction.
Par cette question, je remets bien-sûr une pièce dans la machine sur le sujet des pontes d'hétérobranches évoqué dans un post précédent.
La photo n'est qu'illustrative ici.
Jacques COVES le 20/06/22
Merci de vos réponses et précisions.
@Dominique: je vais creuser les pistes que tu donnes
@APS: je te crois mais comme je suis un scientifique, je suis d'un naturel sceptique. Sur terre il semble qu'un escargot ne puisse pas reculer pour la simple raison que le mucus dont il a besoin pour glisser est émis à l'avant. S'il reculait, il serait "à sec". Qu'en est-il dans l'eau ?
Pour le savoir, il faut faire avancer un escargot ou une limace dans un tuyau transparent qui le contraint à ne pas pouvoir faire demi-tour. On place un obstacle à une extrémité et on observe ce qu'il se passe. Suggestion élaborée dans la voiture durant le trajet vers une sortie plongée ce we.
De plus, certaines images de ponte de limaces aquatiques prises à travers une vitre d'aquarium (voir le "sea slug forum" sur le sujet) montrent qu'une ponte en marche avant est tout à fait possible si la ponte traverse perpendiculairement le pied de l'animal à l'émission.
Bref, il n'y a peut-être pas qu'une seule vérité. Ce qui ne fait pas vraiment progressé le schmilblick.
En tout cas, ça fait causer !
Alain-Pierre SITTLER le 18/06/22
Pour que Jacques ne croit pas que ce déplacement "à reculons" soit une invention de DORIS suite à mon post initial d'il y a 13 ans :-), voila l'extrait de ce qui a été longtemps une référence sur les Opistho de nos eaux par la spécialiste française de l'époque :
Pruvot-Fol A., 1954, FAUNE DE FRANCE n° 58, MOLLUSQUES OPISTHOBRANCHES , Ed. P. Lechevalier, Paris, 460p.
(dispo si besoin)
Page 19 (Ponte) :
"Les Nudibranches ont le plus souvent des pontes rubanées ou cylindriques, formant une spire sur le sol ou sur les algues, ou bien irrégulièrement accrochées à des tiges d'Hydraires. Celles des Ascoglosses ne forment ordinairement qu'un petit nombre de tours ou un fragment de spire, ou sont réniformes.
Les Doridiens tournent à reculons, en pondant, autour du point de fixation du début de la spire."
Après, j'ai du mal à croire que l'on n'ait aucun document probant in situ, même si le process doit être super lent et que probablement, il y ait une diversité de pratiques selon les groupes d'Opisthos.
Dominique MARION le 18/06/22
Bonjour Jacques,
Dans un article de 2014, Kuroda et al (http://dx.doi.org/10.1098/rsif.2014.0205) s'intéressent au déplacement des animaux qu'ils soient munis de pattes ou en soient dépourvus. On y voit quelques gastéropodes reculer en laboratoire... mais est-ce que cela se produit dans la nature, c'est à voir.
Antérieurement, Miller
(http://dx.doi.org/10.1016/0022-0981(74)90021-5) avait constaté que la
locomotion à reculons chez les gastéropodes était rare, et que
lorsqu'elle était présente, elle était lente et de durée limitée.
Voila peut-être deux pistes à explorer pour répondre à ta question.
Dominique