Valves grossièrement pentagonales, largement béantes à l'avant et à l'arrière
Un sillon radial descend jusqu'à la marge ventrale
En avant de ce sillon les stries de croissance et environ 20 côtes radiales forment des crêtes bien marquées
Présence dans chaque valve, sous la charnière, d'une longue apophyse courbe et plate
Grande pholade rugueuse, pholade crépue, zirfée crépue, pholade crispée (Canada)
Oval piddock, great piddock, atlantic great piddock (GB), Krause Bohrmuschel (D), Ruwe boormossel (NL) Stor boremusling (Danemark), Nordlig borrmussla, bred borrmussla (Suède)
Mya crispata Linnaeus, 1758
Pholas crispata (Linnaeus, 1758)
Pholas bifrons da Costa, 1778
Zirfaea crispata var. truncata Kaas, 1939
Manche, océan Atlantique Nord-Est et Ouest
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestZirfaea crispata est présente depuis l’Islande et la Norvège, autour des îles Britanniques, en mer du Nord et dans l’ouest de la Baltique, jusqu’au golfe de Gascogne.
Elle est également présente sur les côtes nord-ouest de l’Atlantique, du Labrador, dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, jusqu’à l’Etat du Maryland aux Etats-Unis d’Amérique.
La pholade crépue serait également présente dans l’océan Pacifique Nord sur les côtes de l’île Sakhaline (Yamazaki & al. 2016).
Zirfaea crispata est une espèce qui fore une galerie de 15 cm de profondeur environ dans les roches sédimentaires tendres (calcaire comme la craie, les argiles compactes, le grès rouge, le calcaire oolithique), la tourbe et le bois (seulement si ce dernier est gorgé d’eau).
Elle est présente du bas de la zone de balancement des marées jusqu’à environ 75 m de profondeur.
La coquille de Zirfaea crispata est caractéristique. En vue latérale les valves* sont grossièrement pentagonales. Elles peuvent mesurer jusqu’à 8 à 9 cm de longueur pour une hauteur de 4 cm. Vues de l’avant ou de l’arrière les deux valves sont largement béantes et elles ne se touchent qu'aux sommets et en un point ventral. Les sommets (umbos*) sont légèrement en avant de la ligne médiane de la coquille. En avant de ces sommets, sur chaque valve, on observe la présence d’un repli lisse.
En vue latérale, un sillon radial (partant un peu en arrière du sommet) descend jusqu'à la marge ventrale. Ce sillon divise la surface de la coquille en deux parties. Une moitié, en avant (sous le repli lisse), est couverte de stries de croissance concentriques et d’environ 20 côtes radiales qui, à leurs intersections, forment des crêtes bien marquées. En arrière du sillon, seules les stries de croissance sont présentes.
Dans chaque valve, sous la charnière dépourvue de dents, on observe une longue apophyse* courbe large et plate. Le sinus* palléal* est large.
Les siphons mesurent le double de la longueur de la coquille lorsqu'ils sont en extension chez l'animal vivant. Ils sont unis sur presque toute la longueur et se séparent peu avant leur extrémité. Ils sont de couleur pâle avec des stries brun rouge réticulées*, plus serrées près des orifices.
Le siphon inhalant* est un peu plus large que le siphon exhalant*.
La coquille est de couleur blanche et le périostracum* est brun clair.
Plusieurs espèces de bivalves foreurs existent sur nos côtes mais la forme large de la coquille de Z. crispata et le sillon médian sont des caractéristiques qui évitent les confusions.
Barnea candida Linnaeus, 1758, la pholade blanche, mesure jusqu'à 60 mm de longueur pour 1 à 2 cm de hauteur. Elle se rencontre dans des substrats* tendres comme les craies (Manche, mer du Nord, Baltique, Atlantique et Méditerranée). On note la présence d'un petit repli sur l'umbo* à la place de la structure calcaire externe. Il n'y a qu'une seule plaque accessoire. Sa coquille est peu épaisse. Elle est présente dans l'Atlantique Nord-Est jusqu'en Méditerranée.
Barnea parva
Lithophaga lithophaga (Linnaeus, 1758) : cette espèce présente du Portugal à la Méditerranée n'a pas la même répartition que Z. crispata. La coquille allongée est de couleur brune ou rousse.
Petricola lithophaga (Retzius, 1788) : cette espèce, de 15 à 20 mm de longueur, à la coquille fine et fragile, est présente sur la côte atlantique, de l'estuaire de la Loire au Sénégal.
Petricolaria pholadiformis Lamarck, 1818 : la fausse pholade est une espèce qui a été introduite en mer du Nord. La coquille est mince et fragile et légèrement bâillante à l'extrémité postérieure et ne possède ni repli, ni apophyse*.
Pholadidea loscombiana W. Turton,1819 : seul le juvénile est similaire à Z. crispata. Au stade adulte, la coquille est plus fine, plus allongée et ne présente pas de béance postérieure.
Pholas dactylus (Linnaeus, 1758) : la coquille fine, fragile et blanche peut mesurer jusqu'à 12 cm de longueur, pour 1 à 2 cm de hauteur. Comme celle de Z. crispata, elle baille également des deux côtés. L'espèce est présente en Atlantique Nord-Est et en Méditerranée.
Comme les autres mollusques bivalves foreurs, Zirfaea crispata communique avec l’extérieur de sa galerie uniquement par ses siphons*. De ce fait, elle pompe l’eau de mer qui pénètre par son siphon inhalant* et se nourrit des organismes et matières organiques en suspension dans l’eau de mer. C’est un suspensivore* filtreur*. Les déchets (ou fèces*) sont rejetés par le siphon exhalant*. L’oxygène dissous dans l’eau de mer, en passant sur les branchies*, permet la respiration.
Chez Zirfaea crispata, comme chez de nombreux mollusques bivalves, les sexes sont séparés. Il n'y a pas de dimorphisme* sexuel chez cette espèce. Les mâles libèrent leurs spermatozoïdes* en plein eau. Ceux-ci, aspirés par la circulation branchiale de la femelle, fécondent les ovules* dans la cavité du manteau* de celle-ci. Les œufs (40 µm de diamètre) se développent dans cette cavité du manteau. Ce sont des larves* véligères* qui sont libérées dans le plancton*. Elles sont présentes pendant presque
toute l’année, avec un maximum de septembre à novembre.
Ces larves (environ 300 µm) vont mener une vie planctonique* (en se
nourrissant d'organismes planctoniques dont la taille est inférieure à 50 µm -nanoplancton et ultraplancton-) avant de se métamorphoser (vers 340 à 350 µm). Peu de temps après la métamorphose* elles se
posent sur un substrat* favorable et commencent à forer une galerie.
Dans le sinus* palléal* de Zirfaea crispata, un némerte commensal* Malacobdella grossa (O.F. Müller, 1776) peut être présent.
Cette espèce peut être également l’hôte d’un copépode* ectoparasite* de la famille des Lichomogidés : Herrmannella barneae (Pelseneer, 1929).
La pholade crépue fore mécaniquement les roches tendres. Elle perce des trous de section circulaire. Avec les crêtes de l’extrémité antérieure de sa coquille, elle racle la paroi de la galerie avec des mouvements de rotation. Les débris passent par la cavité palléale* et sont rejetés avec force, sous la forme de pseudo-fèces*, par le siphon* inhalant*.
Les apophyses* présentes sous la charnière de chaque valve permettent l'insertion des muscles du pied.
La pholade crépue a été décrite une première fois au début de 1700 par un pharmacien londonien, James Petiver (1663-1718), comme « furrow-rib’d pholade mussel » (soit moule pholade sillonnée).
Z. crispata aurait été consommée par les populations côtières écossaises lors de famines.
Sur les plages de sable de la mer du Nord, des spécimens subfossiles (organismes disparus à une date relativement récente) sont de temps en temps rejetés sur le rivage. Ces spécimens sont généralement nettement plus grands que les spécimens récents.
Parfois, sur les côtes néerlandaises, on trouve des coquilles gris foncé. Il s'agit de fossiles datant de l'époque de l'Eémien (il y a environ 100 000 ans).
Curieusement, sur les
plages, plus de valves gauches que de valves droites sont observées.
Pholade crépue : nom vernaculaire* trouvé fréquemment.
Zirfaea : le zoologiste britannique John Edward Gray (1800-1875) a publié en 1842, à titre posthume, le travail du zoologiste britannique William Elford Leach (1790-1836) rédigé en 1817: Synopsis of the Mollusca of Great Britain. Dans cet ouvrage Leach a créé (page 252) le nom de genre Zirphaea. Toutefois, l’orthographe du nom de genre a été modifiée en Zirfaea ultérieurement sans explication (l'article de Thorson, 1946, utilise Zirphaea). Selon Paul Chambers (2009), ce nom de genre ferait référence à un magicien de l’antiquité grecque. Leach avait une très bonne connaissance de la mythologie de l’Antiquité.
Cette espèce a été décrite par Carl von Linné (1707-1778) en 1758 dans son Systema Naturae sous le nom de genre Mya.
crispata : du latin [crispata] = frisé, bouclé, en référence à l’ornementation de la coquille.
Numéro d'entrée WoRMS : 140771
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Ordre | Myoida ou Myida | Myoïdes | Bivalves fouisseurs à coquille mince et aux siphons très développés. Charnière généralement édentée ou avec 1 ou 2 dents. Coquille non nacrée. Chondrophore présent. |
Famille | Pholadidae | Pholadidés | Bivalves foreurs. |
Genre | Zirfaea | ||
Espèce | crispata |
Extérieur de la valve gauche
L'avant est à gauche, le croisement des côtes radiales et des stries de croissance
forment les crêtes. Le sillon médian est presque au milieu. L'arrière de la coquille présente les
stries de croissances. Le bord postérieur de ce spécimen est un peu cassé.
L'échelle représente 3 cm.
Plage de Dunkerque (59)
10/02/24
Valve gauche vue de l'intérieur
L'avant de la coquille est à droite. Le repli lisse en avant du sommet est bien visible. Sous le sommet, on observe l'apophyse courbe et aplatie. Le bord postérieur de la coquille est légèrement cassé.
L'échelle représente 3 cm.
Plage de Dunkerque (59)
10/02/24
Extérieur de la valve droite
L'avant de l'animal est à droite. A gauche on observe uniquement les stries de croissance, au centre le sillon qui part à peu près du sommet de la coquille jusqu'à la marge ventrale, et à droite les crêtes formées par l'intersection des stries de croissance avec les côtes radiales. En haut à droite, le repli lisse est partiellement visible.
L'échelle représente 3 cm.
Plage de Zuydcoote (59)
08/02/2024
Valve droite vue de l'intérieur
A gauche l'avant de la coquille, l'arrière est à droite. En haut à gauche on distingue le repli lisse, sous le sommet, l'apophyse plate et courbe. L'intérieur de la coquille a été colonisé en partie par un bryozoaire.
L'échelle représente 3 cm.
Sur la plage de Zuydcoote (59)
08/02/2024
Schéma d'une vue de l'intérieur de la valve gauche
L'apophyse et à droite, les crêtes externes du bord de la coquille sont bien visibles
d'après la figure 97 page 182 de Tebble 1976
05/02/2024
Dessin ancien
A gauche vue ventrale des deux valves assemblées (on distingue les deux apophyses sous les sommets), à droite vue latérale de la valve droite.
Dessin (fig. 198) de A. D'Apperval dans l'ouvrage de Ph. Dautzenberg "Atlas des coquilles des côtes de France".
Reproduction de documents anciens
1913
Vue d'ensemble et détail des siphons.
Ce dessin représente l’animal vivant, extrait de sa galerie, en extension.
A gauche de la coquille : le pied, en forme de disque, qui permet à l’animal d’adhérer au substrat afin de pouvoir racler la paroi. Ce pied est de couleur blanche.
À droite, les siphons, avec en dessous le dessin de l’extrémité des siphons vus en détail.
a : Représente une jeune coquille d’environ 1 mm de long
Fig. 47 page 198, Morse 1919.
Reproduction de documents anciens
1919
Détail de l'extrémité des siphons
Les deux siphons sont à peine séparés. A droite le siphon exhalant présente 30 petits tentacules simples, à gauche le siphon inhalant porte 12 grands tentacules digités et des petits tentacules simples intercalaires.
Fig 1 page 131, Meyer & Möbius 1872
Reproduction de documents anciens
1872
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Yves MÜLLER
Gibson R., 1967, Occurrence of the entocommensal rhynchocoelan, Malacobdella grossa, in the oval piddock, Zirfaea crispata, on the Yorkshire coast, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 47(2), 301-317.
Morse E.S., 1919, Observations on living Lamellibranchs of New England, Proceedings of the Boston Society of Natural History, 35, 139-196.
Nair N.B., Ansell A.D., 1968, The mechanism of boring in Zirfaea crispata (L.) (Bivalvia : Pholadidae), Proceedings of the Royal Society of London. Series B. Biological Sciences, 170, 155-173.
Thorson G., 1946, Reproduction and larval development of Danish marine bottom invertebrate, Meddelelser fra. Kommissionen for Danmarks Fiskeri- og .Havundersøgelser.,serie.Plankton, 4(1), 1-523.
La page de Zirfaea crispata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Zirfaea crispata dans MolluscaBase : Molluscabase