Plat, orange ponctué de blanc
Bordure ondulée à liseré blanc
Environ 40 mm
Sciaphile*
Peu profond
Planaire orange (mais ce n'est pas une planaire, voir "Origine du nom français")
Orange flatworm (GB), Platelminta, planaria arancia (I), Planaria anaranjada (E), Orangener Plattwurm, Orangener Bandplanarie (D), Oranje platworm (NL)
Planaria aurantiaca Delle Chiaje, 1822
Proceros aurantiacus (Delle Chiaje, 1822)
Thysanozoon aurantiacum (Delle Chiaje, 1822)
Thysanozoon flavum ((Delle-Chiaje, 1822) Örsted, 1844)
Méditerranée et Atlantique Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Méditerranée et Atlantique Est. Des observations ont été faites tout autour de la péninsule ibérique, et jusqu'au bassin d'Arcachon en limite septentrionale.
Fonds rocheux peu profonds, donc recouverts d’algues calcaires et de divers autres organismes benthiques, ceci de 0 à 25 m en général.
Ce ver plat ressemble à un gastéropode opisthobranche « limace ». Son corps est en forme de feuille (1 à 1,5 mm d’épaisseur), très aplatie, avec des bords lobés et ondulés. Contrairement aux nudibranches, les "planaires" (vers plats) n’ont pas de branchies ni de rhinophores*.
Yungia aurantiaca est un ver plat de grande taille : 40 mm de longueur (60 mm maximum). Sa forme générale est un ovale aux extrémités arrondies. Sa couleur est orangée avec de nombreuses ponctuations blanches (sur la face dorsale). Les bords sont marqués d’un liseré blanc. La face cachée (ventrale) du corps est de couleur plus claire, presque blanchâtre. Cette face ventrale présente une ventouse centrale formée de l’orifice unique « bouche-anus » prolongé par un pharynx qui lui permet de se maintenir sur le fond en cas de nécessité (courant...).
Formés par des replis du bord du corps de ce plathelminthe, deux tentacules relativement bien définis sont visibles à l'avant. Disposés en fer à cheval entre les tentacules, une série d’ocelles permet à l’animal de s’orienter par rapport à la lumière, il s’agit d’organes visuels. Notez que ce ver plat fuit la lumière trop intense. C’est d’ailleurs principalement la nuit qu’il sera observé en plongée. La tête porte, d’autre part, des chémorécepteurs* qui sont sensibles aux substances chimiques.
Un épaississement dorsal est bien marqué sur toute la longueur du corps ce qui donne un peu de volume à cet animal.
Compte tenu de sa taille et de sa couleur caractéristique –orange ponctué de blanc- il y a peu de confusions possibles avec d’autres plathelminthes ou nudibranches dans sa zone de répartition géographique. La confusion avec un nudibranche est malgré tout possible sous l’eau, mais la finesse du corps et le mouvement relativement fluide des "planaires" permettent de les distinguer des nudibranches qui sont beaucoup plus épais et pourvus de branchies et de rhinophores souvent bien visibles.
Cette "planaire" orange est un prédateur carnivore : ascidies (vue sur Aplidium punctum à Arcachon), bryozoaires, autres petits animaux capturés en les enveloppant et en sécrétant un mucus visqueux. Comme tous les turbellariés, le tube digestif ne possède qu’une seule ouverture, la bouche, et pas d'anus. Les aliments ingérés et les aliments non digérés à éliminer doivent tous deux passer par cette même ouverture.
La reproduction est principalement sexuée. Les individus sont hermaphrodites comme chez tous les vers plats (et les nudibranches !), la fécondation est croisée. Les œufs fécondés sont déposés sur le fond dans un cocon gélatineux.
La copulation est très particulière. Les "planaires" n’ont pas de cavité vaginale et l’insémination est « hypodermique » par l’intermédiaire d’un stylet mâle qui vient littéralement "poignarder" le congénère sur le dos, introduisant ainsi directement le sperme sous la peau. Les « injections » de sperme sont visibles sur le dos de l’individu "poignardé", il s’agit de taches blanches plus grosses que les nombreuses ponctuations habituelles de la robe orange. Une fois à l’intérieur du corps, les spermatozoïdes vont chercher les oviductes pour y féconder les ovules qui s’y trouvent. Les copulations ont été observées, pour cette espèce, au printemps et en été.
Des processus particuliers peuvent entraîner une reproduction asexuée. Le pouvoir de régénération de ces animaux est particulièrement étonnant, ainsi coupé en morceaux, chaque partie pourra régénérer les parties manquantes pour reformer un individu entier et viable.
Une comparaison avec le caryotype d’un autre ver plat de la même zone de répartition, Thysanozoom brocchii, montre une nette ressemblance à ce niveau entre les deux espèces.
Le mucus toxique qu’il sécrète grâce à la présence de nombreuses glandes, les rhabdites*, sert à la fois d’arme offensive et défensive.
Les "planaires" utilisent 2 modes de déplacement. D’une part la reptation, qui est due à l’agitation des cils qui tapissent le dessous du corps mais aussi à la contraction des muscles (longitudinaux, circulaires et transversaux). D’autre part la nage qui est rendue possible par des ondulations de la périphérie du corps commandées par des contractions musculaires. Notez que tous ces mouvements ne sont pas liés à un système nerveux central, il n’y a pas de « cerveau » donneur d’ordre.
C’est un animal très fragile, fin comme une feuille de « papier à cigarettes ». Il ne faut pas le toucher, il risquerait de se « déchirer » (cf. reproduction).
Planaire : nom féminin du latin scientifique [planarius], plat. Ver plathelminthe (turbellarié triclade) non annelé, libre, aquatique. Ce terme ne doit pas être utilisé pour cette espèce qui appartient à l’ordre des Polycladides, même si dans la pratique ce nom vernaculaire* est utilisé pour nombre de vers plats de la classe des Turbellariés.
Plathelminthes : de [platea] = large et plat et de [helminthes] = ver. Donc vers plats !
Turbellariés : [turbella] en latin veut dire agitation. Ce sont des animaux qui se déplacent par « agitation » des cils vibratiles.
Yungia : dédié à un zoologiste suisse du 19ème siècle (Perrier Rémy)
aurantiaca : signifie en latin orangée.
Numéro d'entrée WoRMS : 142848
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Platyhelminthes | Plathelminthes | Vers plats à symétrie bilatérale, portant des organes des sens simples sur la tête, tube digestif à une seule ouverture ventrale. Nombreuses espèces libres ou parasites. |
Classe | Turbellaria | Turbellariés | Vers plats libres (non parasites) mus par une ciliature ventrale. Tube digestif ramifié qui possède une seule ouverture au centre de la face ventrale. |
Sous-classe | Archoophora | Archoophores | |
Ordre | Polycladida | Polyclades | Turbellariés à intestin très ramifié. Espèces de grande taille. Planaires marines. |
Sous-ordre | Cotylea | Cotylés | Polyclades caractérisés par la présence d’une ventouse ventrale permettant aux vers de se maintenir sur le fond. |
Famille | Pseudocerotidae | Pseudocérotidés | Corps ovale, lisse ou à papilles. Tentacules proéminents formés à partir de la marge. |
Genre | Yungia | ||
Espèce | aurantiaca |
Bords lobés et ondulés
Les spécimens rencontrés dans le bassin d'Arcachon sont semblables à ceux de Méditerranée. Cette photo montre bien les bords lobés et ondulés caractéristiques de la majorité des vers plats.
Bassin d'Arcachon
16/10/1999
Ver plat orange
Ce ver plat orange tacheté de blanc est de grande taille, (individu de 50 mm environ). Cette photo montre bien les deux tentacules en haut à droite. Notez le liseré blanc en périphérie du corps et la couleur plus claire de la face ventrale visible au niveau des replis antérieurs. Il évolue parmi les algues des petits fonds : Valonia sp. (petites boules vert bouteille), Lithophyllum sp. (plaques calcaires mauves sous le ver plat), etc.
Tamaris, Côte Bleue (13), 4 m, de nuit
29/09/2006
Face ventrale blanchâtre
Notez la couleur plus claire de la face ventrale, presque blanchâtre, visible au niveau des replis postérieurs du corps.
Tamaris, Côte Bleue (13), 4 m, de nuit
29/09/2006
Elle plane la "planaire"!
Le mouvement relativement fluide des vers plats, "planaires", s’oppose à celui des nudibranches qui sont beaucoup plus épais. L'ondulation des bords du corps est aussi caractéristique de ces animaux.
Grande Arche, Banc de Olives, Soulac-Montalivet (33), 15 m
04/08/2007
Grand spécimen
L'épaississement dorsal bien marqué sur toute la longueur du corps donne un peu de volume à ce ver plat.
Cap Caveau, Iles de Marseille, 20 m
27/07/2004
Zoom sur la tête
Sur cette photo les ponctuations blanches sont bien visibles ainsi que les deux tentacules et les ocelles.
Palavas-les-flots (34), 12 m
18/08/2018
Stylet reproducteur
Très visible sur la face ventrale de l'individu du dessus, le stylet reproducteur mâle vient d'injecter du sperme sur la face ventrale de l'individu du dessous, ceci est matérialisé par le petit point blanc.
Grande Arche, Banc de Olives, Soulac-Montalivet (33), 15 m
04/08/2007
Injection de sperme
Sur l'individu de droite, les injections de spermes sont bien visibles (taches blanches).
Grande Arche, Banc de Olives, Soulac-Montalivet (33), 15 m
04/08/2007
Ver plat prédateur d'ascidies coloniales
Yungia aurantiaca est un ver plat qui se nourrit d'ascidies coloniales, en particulier du genre Aplidium, dont Aplidium aff. nordmanni dans l'étang de Thau.
Pointe Longue, Sète, étang de Thau (34), 3 m
12/06/2016
Prédateur
Le ver plat, Yungia aurantiaca, est un prédateur carnivore, se nourrissant d'ascidies, dont Morchellium argus.
Grand Banc, Arcachon (33), 5 m
10/05/2007
Prédation
Dans le bassin d'Arcachon, Yungia aurantiaca est souvent observé en train de se nourrir sur des ascidies coloniales, ici il s'agit de Morchellium argus.
Bassin d'Arcachon
26/08/2001
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Philippe PERRIER
Vérificateur : Karima LARFAOUI
Responsable régional : Michel PEAN