Simnie de Hiscock

Xandarovula hiscocki | (Lorenz & Melaun, 2011)

N° 5307

Atlantique Nord-Est

Clé d'identification

Vit exclusivement sur la gorgone verruqueuse Eunicella verrucosa
Petite coquille (9-19 mm de long), oblongue aux extrémités pointues
Coquille de couleur crème à orangé pâle avec des stries foncées
Manteau transparent strié de lignes transversales toujours droites avec des papilles

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Simnia hiscocki Lorenz & Melaun, 2011

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Sa présence est reconnue en Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord, mais l’espèce reste rare et localisée.
Xandarovula hiscocki a été observée en Bretagne (près de l’île de Groix, à Ouessant), au Royaume-Uni (en Cornouailles, aux îles Scilly, à Plymouth, près de l’île Lundy, en Ecosse), et à l'extrémité nord de l'île Skarvøya, sur la côte sud-ouest de la Norvège.
Cette espèce discrète, décrite en 2011 au Royaume-Uni, a certainement été souvent ignorée.

Biotope

Sur nos côtes, cette espèce vit, apparemment, exclusivement sur la gorgone verruqueuse, Eunicella verrucosa.
Toutefois, elle a aussi été observée sur la gorgone Callistephanus pallida (Madsen, 1970), proche de la précédente, en Norvège.
Cette simnie est donc présente dans des zones rocheuses, de préférence sur les fonds d’eaux tempérées où croissent ces gorgones, généralement à des profondeurs de 20 à 35 m.

Description

Xandarovula hiscocki possède une petite coquille (9 à 19 mm de longueur), fine allongée, légèrement oblongue, aux extrémités pointues. La coquille est de couleur crème à orange pâle, parfois parcourue de stries ou nuances foncées. Le labre* est fin et fragile. Le dernier tour est brillant et lisse, il présente des lignes de croissance longitudinales fines et régulières.
Le manteau*, épais, transparent, est strié avec parfois des excroissances ou papilles* à la surface. Les lignes transversales du manteau de X. hiscocki sont très variables dans leur densité et leur largeur, mais elles sont toujours droites, non irrégulières et non ramifiées, et parfois remplacées par des rangées de taches.
Chez certains individus, deux ou trois petites ramifications entourent l'extrémité pointue des papilles.
Quand l’animal est complètement en extension, le manteau forme des ondulations régulières le long de la partie antérieure du labre. Le siphon* est court, transparent et épais, le pied* charnu est moins transparent. Les tentacules* sont épais et courts, généralement peu visibles sur les photographies de l'animal actif. Le manteau et le pied sont décorés de lignes rouges transversales et parallèles bien visibles, souvent avec des rangées intermittentes de taches rouges discrètes. Chez certains spécimens, le manteau n'est couvert que de rangées de ces taches ; la coloration du fond varie du brun au citron pâle. La couleur du proboscis* est blanc grisâtre. Lorsqu'il est rétracté dans la coquille, l'animal (visible à travers la coquille) apparaît rouge vif.
L’identification fiable se fait par la combinaison du support (gorgone Eunicella verrucosa), de sa taille, sa forme allongée et sa couleur.

Espèces ressemblantes

Dans l’Atlantique Nord-Est, plusieurs espèces d’Ovulidés proches peuvent être observées :

La simnie de Hiscock se distingue des autres simnies de la région (notamment Xandarovula patula) par sa coquille plus allongée, plus petite, et par sa couleur spécifique.

Pseudosimnia carnea (Poiret, 1789) : la simnie du corail rouge vit en Méditerranée, sur le corail rouge Corallium rubrum et sur les gorgones du genre Lophogorgia ruberrima, et Leptogorgia sarmentosa.
En Galice (Espagne, nord-ouest atlantique) elle a été uniquement trouvée sur Alcyonium glomeratum et A. palmatum.
Cette espèce est très variable en taille (8-19 mm).

Simnia spelta (Linnaeus, 1758) : la simnie blanche est présente en Méditerranée, et en Atlantique depuis la frontière franco-espagnole du golfe de Gascogne, au niveau des côtes de la Galice, en Espagne, jusqu'à l'Angola et les îles Canaries.
Elle vit en Méditerranée en dessous de 10 m de profondeur sur des gorgones comme la gorgone blanche Eunicella singularis, la gorgone jaune E. cavolini, Paramuricea sp., la gorgone orange Leptogorgia sarmentosa, L. ruberrima et L. viminalis.
L’espèce et sa coquille sont très variables en taille (10-20 mm de longueur), en sculpture (la surface peut être entièrement ou presque entièrement lisse, ou entièrement sculptée par de minces cordons spiralés), en aspect (de bulbeux à très allongé) et en couleur (rouge, violet, orange, jaune et blanc pur).
L'animal lui-même est de couleur blanchâtre, avec des points noirs sur le pied*. Le manteau* est transparent et finement parsemé de papilles* courtes, irrégulières et blanchâtres.

Xandarovula aetheria Nappo 2024. Cette espèce est présente en Méditerranée nord-ouest et en Galice (Espagne, nord-ouest atlantique), entre 20 à 30 m (jusqu'à 220 m) de profondeur sur Callogorgia spp., et Paramuricea spp..
En Galice, elle vit sur sur E. verrucosa.
La coquille blanche, brillante, semi-transparente, cylindrique est fragile, elle mesure 9 à 22 mm de longueur.
L’animal est blanchâtre, son manteau est blanc avec des points orange, portant de nombreuses papilles* assez grandes ressemblant à des verrues. Les tentacules* sont blancs avec une pointe orange.

Xandarovula aperta (G. B. Sowerby II, 1849) : la simnie rose est présente en Méditerranée et en Galice (la pointe nord-ouest atlantique de l’Espagne), entre 20-92 m de profondeur sur le corail rouge Corallium rubrum, l’alcyon jaune (Alcyonium digitatum) et l’alcyon rouge (Alcyonium glomeratum).
En Galice, elle a été observée sur cette dernière espèce.
La coquille orange, cylindrique avec un canal siphonal* court et large, elle est plus large que X. hiscocki.
L'animal de X. aperta est d'un brun rouge orangé saturé et ne présente pas de motifs ou de lignes plus sombres sur son manteau*. Les papilles blanchâtres sont petites et très denses.

Xandarovula patula (Pennant, 1777) : la simnie à grande ouverture est présente de la zone de balancement des marées jusqu'à environ 75 m de profondeur. La distribution de cette espèce s'étend des Orcades (archipel au nord de l'Ecosse) à la côte occidentale de la Norvège, à travers toute l'Angleterre et l'Irlande, les îles Anglo-Normandes, les côtes du nord de la France et de la Hollande. Elle n'a pas été signalée sur les côtes de Belgique et d'Allemagne. Les signalements de la côte atlantique de l'Espagne et du Portugal, comme des îles Canaries et du Cap-Vert, demandent à être confirmés.
Elle a été observée sur les hydraires comme la grande tubulaire Tubularia indivisa et sur Nemertesia sp., sur l’alcyon jaune (Alcyonium digitatum) et la gorgone verruqueuse Eunicella verrucosa.
La couleur générale de la coquille varie du blanc pur au jaune crème pâle ; elle est plus large que X. hiscocki (comme gonflée), son ouverture est également plus large, et elle présente une grande diversité. Les lignes transversales sont moins nombreuses, irrégulières et ramifiées, avec des taches intermittentes occasionnelles et les papilles* moins marquées.
Dans les régions plus septentrionales, elle peut mesurer jusqu’à 25 mm de longueur mais sur nos côtes, elle ne dépasse pas les 18 mm de longueur.
Le manteau*, de couleur blanche, jaune ou exceptionnellement rose, présente des stries colorées transversales et quelques ponctuations.

Alimentation

Les simnies sont des carnivores spécialisés sur des cnidaires sessiles* coloniaux, souvent mimétiques (couleur et forme).
Xandarovula hiscocki consomme les tissus et les sécrétions des polypes* de la gorgone Eunicella verrucosa et, en Norvège, ceux de Callistephanus pallida.

Reproduction - Multiplication

Comme chez les autres Ovulidés, les sexes sont séparés. Il n’y a pas de dimorphisme* sexuel.
L’espèce est inféodée à son hôte, sur lequel elle passe toutes les phases de sa vie.
Après fécondation, la femelle dépose, à la fin du printemps et au début de l’été, 15 à 20 capsules ovigères* circulaires de 2 à 2,5 mm de diamètre autour des branches de la gorgone hôte. Ces capsules, emballées dans du mucus avec de la vase ou des particules, contiennent plusieurs centaines de larves*.
Lors du dépôt, la ponte est jaune pâle et plus tard elle vire au brun du fait du développement des coquilles larvaires.
Ce sont des larves véligères* qui sont libérées. Ce stade planctonique* peut durer plusieurs semaines avant de rejoindre une gorgone hôte.
Lebour (1932) a constaté que les simnies doivent avoir une longue vie larvaire et que, par conséquent, un transport de larves à partir de localités situées à l'ouest des îles britanniques pourrait rejoindre la dérive nord-atlantique aux Shetland, puis ensuite, avec des courants différents dans la mer du Nord, être transportées vers la côte sud de la Norvège.

Vie associée

Xandarovula hiscocki s’inscrit dans une biocénose* très spécifique, elle est en relation étroite avec la gorgone hôte Eunicella verrucosa : elle ne quitte jamais le support sur lequel elle est installée, tout son cycle s’y déroule.
Son camouflage est parfait : son manteau* prolonge la texture de la gorgone, ce qui la rend très difficile à repérer.

Souvent, sur Eunicella verrucosa, d’autres organismes peuvent être présents comme la tritonie des gorgones (Candiella (Duvaucellia) odhneri), l’anémone des gorgones Amphianthus dohrnii et de petits crustacés. Mais X. hiscocki reste l’un des rares mollusques spécifiquement inféodés à la gorgone. Peu de prédateurs sont connus du fait de sa discrétion.

Divers biologie

La forme plus élancée de la coquille s'adapte probablement bien aux branches étroites et balayées par le courant de la gorgone.

Les coquilles adultes des différentes espèces de simnies des côtes françaises ne présentent pas certaines caractéristiques comme chez les autres Ovulidés. Elles n’ont pas de labre* épais et de callosités. De ce fait, leur croissance après la maturité sexuelle peut se poursuivre. Ce phénomène est peut-être une adaptation aux eaux tempérées de l’Europe du Nord (Lorenz & Melaun, 2011).

Informations complémentaires

L'analyse de l'A.D.N.* suggère qu'il s'agit d'une espèce récente dont la spécificité de l'hôte à Eunicella verrucosa en fait une espèce potentiellement utile pour surveiller les changements de température de la mer (Lorenz & Melaun 2011).

Xandarovula hiscocki a attiré l'attention du Dr. Hiscock parce qu'elle vit à la même profondeur et dans la même région que X. patula, mais se trouve exclusivement sur la gorgone verruqueuse Eunicella verrucosa alors que X. patula, dans la même région, n'est que rarement trouvée sur cet hôte mais habituellement sur l'alcyon jaune Alcyonium digitatum. Les deux espèces de Cnidaires diffèrent considérablement l'une de l'autre : Eunicella verrucosa est une gorgone délicatement ramifiée tandis que l'Alcyonium digitatum est un corail mou.

Origine des noms

Origine du nom français

Simnie de Hiscock est la transcription de l'ancien nom scientifique (Simnia hiscocki).

Origine du nom scientifique

Xandarovula : ce nom de genre est dérivé du grec Xandros, un monstre marin fabuleux. Ce nom a été donné par Crawford Neill Cate (Los Angeles, California) en 1973 lors d’une révision des Ovulidés.

hiscocki : cette espèce est dédiée au Dr Keith Hiscock, le biologiste marin britannique qui en a supervisé l’étude.

Simnia : du latin [scymnus] = bébé d'un animal selon Risso, créateur du genre en 1826, il avait simplement simplifié Scymnia en Simnia.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 591012

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Littorinimorpha Littorinimorphes
Super-famille Cypraeoidea
Famille Ovulidae Ovulidés Coquille piriforme à fusiforme, étirée aux extrémités, souvent rostrée. Tours recouvrant entièrement la spire. Dents aperturales faibles. Lèvre interne lisse sans dent LDA.
Sous-famille Simniinae Simniinés
Genre Xandarovula
Espèce hiscocki

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