Poisson enfoui dans le sable
Gueule énorme avec bouche en U retourné
Corps en forme de poire, queue effilée, 35 cm de long maximum
Yeux pédonculés au sommet de la tête aplatie
Nageoire dorsale antérieure noire
Autres nageoires frangées de bleu
Livrée brune à jaunâtre, flancs marbrés de noir
Rascasse blanche, rat de mer, bœuf, tapecon, hemerocet
Stargazer (GB), Pesce prete, pesce lucerna, bocca in cielo (I), Rata, miracielo (E), Himmelsgucker, Sterngucker (D), Sterrekijker, hemelkijker (NL), Papatabaco (P)
Uranoscopus bufo Valenciennes, 1843
Uranoscopus occidentalis Agassiz, 1831
Méditerranée, océan Atlantique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]On peut rencontrer l'uranoscope depuis l'océan Atlantique, du golfe de Gascogne au Maroc, jusqu'en Méditerranée occidentale.
L'uranoscope est un poisson benthique* qui affectionne les fonds sableux et vaseux, entre 10 et 50 m de profondeur. C'est une espèce sédentaire qui passe inaperçue car elle demeure enfouie dans le sable ou la vase. Seuls ses yeux globuleux émergent alors du sable.
Dérangé, il ira s'enfouir plus loin, avec une rapidité surprenante, à l'aide de ses nageoires pelviennes.
L'uranoscope est un poisson curieux que le plongeur ne rencontrera a priori hors du sable que la nuit. Presque toujours enfoui, il présente un corps massif en forme de poire, avec une tête énorme et une queue effilée. L'animal mesure jusqu'à 35 centimètres de long. La bouche est très large, en forme de U retourné, et la lèvre inférieure bordée de dents porte une excroissance charnue soutenue par un fin filament. Les yeux, globuleux et légèrement pédonculés, sont situés sur le dessus de sa tête aplatie.
La nageoire dorsale antérieure est noire, toutes les autres nageoires sont frangées de bleu. Les opercules* sont grands, et leur surface présente un relief accusé. La couleur de l'uranoscope est brun-jaunâtre, et ses flancs sont marbrés de noir.
L'uranoscope possède une anatomie vraiment particulière et caractéristique, et la marge d'erreur d'identification est en théorie très réduite. Enfoui, on pourra peut-être le confondre avec les vives : Trachinus radiatus (vive à tête rayonnée) et Trachinus draco (grande vive).
L'uranoscope est carnivore. C'est un prédateur d'autant plus redoutable qu'il est invisible. Seuls ses yeux dépassent du sédiment et il attend tranquillement le passage de sa future proie. Pour l'attirer, il agite au dessus du sable une excroissance charnue vermiforme. A son approche, l'uranoscope délivre une décharge électrique, qui aura pour effet de la paralyser instantanément. Il n'aura plus qu'à ouvrir sa gueule béante pour l'avaler. L'utilisation de cette décharge n'est pas obligatoire.
Il capture et ingère aussi des vers, des mollusques et des crustacés enfouis dans le sable qu'il saisit à l'aide de sa mâchoire inférieure bordée de dents bien visibles.
Les sexes sont séparés, avec un léger dimorphisme sexuel : il existe des uranoscopes mâles et des uranoscopes femelles, plus grandes et plus massives. La reproduction est sexuée. Elle a lieu au printemps et en été, d'avril à août.
Chez les mâles la maturité sexuelle est atteinte vers 1 an, lorsqu'ils atteignent une taille de 11 cm tandis que chez les femelles elle a lieu vers 2 ans quand leur taille est de 14 cm.
La femelle peut pondre jusqu'à 125 000 œufs. Ceux qui seront fécondés donneront naissance à des alevins qui mèneront une longue vie pélagique* avant de se rapprocher du fond et de s'y enfouir. La longévité des femelles est supérieure à celle des mâles (6 ans en moyenne contre 4).
Ce poisson est équipé d'un organe particulier, derrière chaque œil, qui produit des impulsions acoustiques et des impulsions électriques.
Il y a 2 sortes de décharges électriques : l'une de courte durée de l'ordre de la milliseconde, suscitée par une stimulation mécanique, et l'autre d'une durée plus longue, de l'ordre de plusieurs secondes, observée uniquement lors de la période de frai. L'amplitude des décharges varie également selon le sexe.
Les éperons des nageoires pectorales sont reliés à des glandes à venin. La piqûre de l'uranoscope est venimeuse pour l'homme mais sans gravité. Le venin est principalement actif durant la saison du frai : il entraîne une tuméfaction douloureuse avec une impression de malaise et des vertiges. Les deux nageoires dorsales peuvent aussi infliger des piqûres pénibles, comme celles des vives, de proches cousines.
L'uranoscope n'a pas de vessie natatoire.
Enfoui, l'animal utilisera ses deux narines tubulaires pour irriguer ses branchies.
La chair de l'uranoscope est comestible, mais son intérêt commercial est très faible.
Cette espèce peut être présentée dans des aquariums publics, comme en Crête (voir photo).
L'uranoscope est inscrit depuis 2014 dans la liste Rouge des espèces menacées de l'UICN* au statut LC (Least Concern, soit préoccupation mineure) au niveau mondial et au niveau Européen.
Uranoscope : traduction directe du nom de genre scientifique.
rascasse blanche : à cause de sa ressemblance avec ce poisson.
Uranoscopus : du grec [ouranos] = ciel et du grec [scope] = celui qui observe : l'uranoscope est un poisson qui regarde le ciel ! Grâce à la disposition de ses yeux, il observe tout ce qui se passe au-dessus de sa tête.
scaber : du latin [scaber] = rugueux, la peau de l'uranoscope étant rugueuse au toucher.
Numéro d'entrée WoRMS : 127093
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Trachinoidei | Trachinoïdes | Nageoires pelviennes jugulaires. Deux nageoires dorsales, la première à rayons acérés. |
Famille | Uranoscopidae | Uranoscopidés | |
Genre | Uranoscopus | ||
Espèce | scaber |
Une gueule démesurée
Sur cette photo on peut avoir une idée précise de la taille de la tête par rapport à celle du corps. Observez de plus près les nageoires pectorales que l'animal utilise pour s'enfouir très rapidement.
Baumerousse (13), 35 m
02/11/2007
Gueule vue de dessus
Une vue de dessus de l'uranoscope permet d'observer sa gueule massive avec sa mâchoire inférieure en U retourné et ses yeux globuleux.
Baumerousse (13), 35 m
02/11/2007
De gros yeux pédonculés
Afin de pouvoir observer ce qui se passe au-dessus de lui, tout en étant enfoui, l'uranoscope utilisera ses yeux légèrement pédonculés qui affleurent à la surface du sable, comme le font une grenouille ou un crocodile à la surface de l'eau. Notez la rangée de dents sur la mâchoire inférieure.
Port-Cros (83), 25 m
01/09/2007
Paupière
La paupière de l'uranoscope est délicatement sinueuse.
Port-Cros (83), 15 m
06/2006
Leurre en forme de ver rose
La lèvre inférieure bordée de dents porte une excroissance charnue, rose ici, qui est agitée pour attirer ses futures proies.
Plage du Voilier, Promenade des Anglais, baie des Anges, Nice (06), 15 m, de nuit
01/08/2004
Des dents inquiétantes !
La bouche de l'uranoscope s'ouvre vers le haut, elle est bordée d'une rangée de "dents" inquiétantes. Notez les 2 petites narines prolongées d'un court tube et très écartées.
La Gabinière Est, Port-Cros (83), 25 m
15/06/2006
Deux éperons vénimeux
Au niveau des nageoires pectorales, l'uranoscope possède deux éperons vénimeux (flèches bleues), qui peuvent infliger de douloureuses blessures...
Antibes (06), 10 m, de nuit
14/06/2007
Bord des nageoires frangé de bleu
Observez la première dorsale noire, et le bord bleuté des autres nageoires.
Antibes (06), 10 m, de nuit
13/12/2006
Nage
Dérangé, l'uranoscope se déplace vers un endroit plus sûr.
Péloponnèse, Grèce, 7 m
2011
Posé sur le fond
L'uranoscope posé ici sur le fond commence à s'enfouir. Notez le bord des grandes nageoires pectorales teinté de bleu.
La Gabinière Est, Port-Cros (83), 25 m
05/06/2006
Camouflé
Vu de dessus et recouvert de sable, l'uranoscope passe presque inaperçu.
La Gabinière Est, Port-Cros (83), 25 m
15/06/2006
Enfouissement
L'animal est ici en train de s'enfouir. Bientôt on ne le verra plus...
Antibes (06), 12 m, de nuit
14/06/2007
Presque enfoui
L'uranoscope vient tout juste de s'enfouir. On peut voir le halo de particules sableuses qu'il a soulevées.
Antibes (06), 32 m, de nuit
16/08/2007
Où suis-je ?
L'uranoscope est totalement enfoui... Le voyez-vous ?
Baumerousse (13), 35 m
02/11/2007
Dans un aquarium public
Combien comptez-vous d'uranoscopes cachés sous le sable ?
Réponse : trois dans un sens et un dans l'autre !
Cret@quarium, Héraklion, Crète (Grèce)
04/2007
Excroissance
On ignore la nature de cette curieuse excroissance dorsale. Peut-être un abcès ou une tumeur...
Juan les pins (06), 5 m, de nuit
10/03/2008
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Vérificateur : Anne PROUZET
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
La page sur Uranoscopus scaber sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page d'Uranoscopus scaber dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN