Uranoscope

Uranoscopus scaber | Linnaeus, 1758

N° 225

Méditerranée, océan Atlantique

Clé d'identification

Poisson enfoui dans le sable
Gueule énorme avec bouche en U retourné
Corps en forme de poire, queue effilée, 35 cm de long maximum
Yeux pédonculés au sommet de la tête aplatie
Nageoire dorsale antérieure noire
Autres nageoires frangées de bleu
Livrée brune à jaunâtre, flancs marbrés de noir

Noms

Autres noms communs français

Rascasse blanche, rat de mer, bœuf, tapecon, hemerocet

Noms communs internationaux

Stargazer (GB), Pesce prete, pesce lucerna, bocca in cielo (I), Rata, miracielo (E), Himmelsgucker, Sterngucker (D), Sterrekijker, hemelkijker (NL), Papatabaco (P)

Synonymes du nom scientifique actuel

Uranoscopus bufo Valenciennes, 1843
Uranoscopus occidentalis Agassiz, 1831

Distribution géographique

Méditerranée, océan Atlantique

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

On peut rencontrer l'uranoscope depuis l'océan Atlantique, du golfe de Gascogne au Maroc, jusqu'en Méditerranée occidentale.

Biotope

L'uranoscope est un poisson benthique* qui affectionne les fonds sableux et vaseux, entre 10 et 50 m de profondeur. C'est une espèce sédentaire qui passe inaperçue car elle demeure enfouie dans le sable ou la vase. Seuls ses yeux globuleux émergent alors du sable.
Dérangé, il ira s'enfouir plus loin, avec une rapidité surprenante, à l'aide de ses nageoires pelviennes.

Description

L'uranoscope est un poisson curieux que le plongeur ne rencontrera a priori hors du sable que la nuit. Presque toujours enfoui, il présente un corps massif en forme de poire, avec une tête énorme et une queue effilée. L'animal mesure jusqu'à 35 centimètres de long. La bouche est très large, en forme de U retourné, et la lèvre inférieure bordée de dents porte une excroissance charnue soutenue par un fin filament. Les yeux, globuleux et légèrement pédonculés, sont situés sur le dessus de sa tête aplatie.
La nageoire dorsale antérieure est noire, toutes les autres nageoires sont frangées de bleu. Les opercules* sont grands, et leur surface présente un relief accusé. La couleur de l'uranoscope est brun-jaunâtre, et ses flancs sont marbrés de noir.

Espèces ressemblantes

L'uranoscope possède une anatomie vraiment particulière et caractéristique, et la marge d'erreur d'identification est en théorie très réduite. Enfoui, on pourra peut-être le confondre avec les vives : Trachinus radiatus (vive à tête rayonnée) et Trachinus draco (grande vive).

Alimentation

L'uranoscope est carnivore. C'est un prédateur d'autant plus redoutable qu'il est invisible. Seuls ses yeux dépassent du sédiment et il attend tranquillement le passage de sa future proie. Pour l'attirer, il agite au dessus du sable une excroissance charnue vermiforme. A son approche, l'uranoscope délivre une décharge électrique, qui aura pour effet de la paralyser instantanément. Il n'aura plus qu'à ouvrir sa gueule béante pour l'avaler. L'utilisation de cette décharge n'est pas obligatoire.
Il capture et ingère aussi des vers, des mollusques et des crustacés enfouis dans le sable qu'il saisit à l'aide de sa mâchoire inférieure bordée de dents bien visibles.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés, avec un léger dimorphisme sexuel : il existe des uranoscopes mâles et des uranoscopes femelles, plus grandes et plus massives. La reproduction est sexuée. Elle a lieu au printemps et en été, d'avril à août.
Chez les mâles la maturité sexuelle est atteinte vers 1 an, lorsqu'ils atteignent une taille de 11 cm tandis que chez les femelles elle a lieu vers 2 ans quand leur taille est de 14 cm.
La femelle peut pondre jusqu'à 125 000 œufs. Ceux qui seront fécondés donneront naissance à des alevins qui mèneront une longue vie pélagique* avant de se rapprocher du fond et de s'y enfouir. La longévité des femelles est supérieure à celle des mâles (6 ans en moyenne contre 4).

Divers biologie

Ce poisson est équipé d'un organe particulier, derrière chaque œil, qui produit des impulsions acoustiques et des impulsions électriques.
Il y a 2 sortes de décharges électriques : l'une de courte durée de l'ordre de la milliseconde, suscitée par une stimulation mécanique, et l'autre d'une durée plus longue, de l'ordre de plusieurs secondes, observée uniquement lors de la période de frai. L'amplitude des décharges varie également selon le sexe.

Les éperons des nageoires pectorales sont reliés à des glandes à venin. La piqûre de l'uranoscope est venimeuse pour l'homme mais sans gravité. Le venin est principalement actif durant la saison du frai : il entraîne une tuméfaction douloureuse avec une impression de malaise et des vertiges. Les deux nageoires dorsales peuvent aussi infliger des piqûres pénibles, comme celles des vives, de proches cousines.

L'uranoscope n'a pas de vessie natatoire.

Enfoui, l'animal utilisera ses deux narines tubulaires pour irriguer ses branchies.

Informations complémentaires

La chair de l'uranoscope est comestible, mais son intérêt commercial est très faible.

Cette espèce peut être présentée dans des aquariums publics, comme en Crête (voir photo).

Statuts de conservation et réglementations diverses

L'uranoscope est inscrit depuis 2014 dans la liste Rouge des espèces menacées de l'UICN* au statut LC (Least Concern, soit préoccupation mineure) au niveau mondial et au niveau Européen.

Origine des noms

Origine du nom français

Uranoscope : traduction directe du nom de genre scientifique.
rascasse blanche : à cause de sa ressemblance avec ce poisson.

Origine du nom scientifique

Uranoscopus : du grec [ouranos] = ciel et du grec [scope] = celui qui observe : l'uranoscope est un poisson qui regarde le ciel ! Grâce à la disposition de ses yeux, il observe tout ce qui se passe au-dessus de sa tête.

scaber : du latin [scaber] = rugueux, la peau de l'uranoscope étant rugueuse au toucher.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 127093

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Super ordre Acanthopterygii Acanthoptérygiens Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Sous-ordre Trachinoidei Trachinoïdes Nageoires pelviennes jugulaires. Deux nageoires dorsales, la première à rayons acérés.
Famille Uranoscopidae Uranoscopidés
Genre Uranoscopus
Espèce scaber

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