Orphie-crocodile

Tylosurus crocodilus | (Péron & Lesueur, 1821)

N° 4610

Cosmopolite de toutes les eaux chaudes et tempérées

Clé d'identification

Corps élancé, très effilé mais arrondi en section transversale
Longueur : 90 cm en moyenne
Bouche supérieure et mâchoires très allongées
Livrée argentée, à reflets bleu verdâtre
Longue ligne latérale, souvent bleutée
Lobe inférieur de la caudale plus développé que le supérieur
Pédoncule caudal aussi haut que large, muni de carènes latérales sombres
Dorsale et anale symétriques, en position très postérieure

Noms

Autres noms communs français

Aiguille-crocodile, aiguillette-crocodile, orphie de terre
Zôfi, zegwi en créole

Noms communs internationaux

Houndfish, hound needlefish, crocodile longtom, crocodile needlefish, garfish (GB), Agujón crocodilo, marao lisero (E), Zamboque, agulha crocodilo (P), Geep (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Belona crocodila Péron & Lesueur, 1821
Belone coromandelica van Hasselt, 1823
Belone timucoides
van Hasselt, 1824
Belone raphidoma
Ranzani, 1842
Belone annulata
Valenciennes, 1846
Belone gerania Valenciennes, 1846
Belone gigantea Temminck & Schlegel, 1846
Belone cylindrica Bleeker, 1850
Belone koseirensis Klunzinger, 1871
Tylosurus gladius Bean, 1882

Distribution géographique

Cosmopolite de toutes les eaux chaudes et tempérées

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● Caraïbes

Sa répartition indo-pacifique s'étend depuis les côtes de l'Afrique orientale, y compris la mer Rouge, jusqu'aux côtes australiennes, jusqu'au nord du Japon et jusqu'à la Polynésie française.
Sa répartition atlantique s'étend à l'ouest depuis le New Jersey jusqu'au Brésil et à l'est, depuis le Sénégal jusqu'au Gabon.
Cette orphie aurait été rencontrée en Méditerranée.

Biotope

L'orphie-crocodile est une espèce diurne, plutôt solitaire mais que l'on rencontre parfois en petit groupe.
Elle s'installe dans les lagons où les coraux sont nombreux, le long des côtes ou au-dessus des pentes externes. Les plus grands individus sont pélagiques*.
Elle nage généralement juste au-dessous de la surface de l'eau et peut "descendre" jusqu'à 13 m.

Description

Le corps de l'orphie-crocodile est élancé, très effilé mais arrondi. Il peut atteindre 1,5 m de long (longueur moyenne : 0,9 m). La bouche est supérieure, avec des mâchoires très allongées, en rostre* étroit, armées de nombreuses dents pointues.
La livrée générale est argentée, à reflets bleu verdâtre. Elle est plus sombre (bleu foncé) sur le dos qui est recouvert d'écailles minuscules et nombreuses. On remarque parfois des bandes horizontales bleu foncé sur les flancs. Ceux-ci sont blanc argenté, le ventre est blanc.
La tête est très souvent soulignée par une barre verticale sombre derrière les yeux.
Le pédoncule* caudal est aussi haut que large et il est muni de carènes* latérales sombres, généralement distinctes. La ligne latérale*, souvent bleutée, s'étend jusqu'à ces carènes.
Les nageoires dorsale et anale sont symétriques, en position très postérieure. Elles n'ont pas de rayons épineux et leur partie antérieure forment des lobes relativement hauts. La nageoire caudale est profondément fourchue, avec le lobe inférieur plus développé que le supérieur. Les nageoires pelviennes sont très reculées, en position abdominale. Les nageoires pectorales peuvent être marquées d'un point noir. Pectorales et pelviennes sont longues.

Les juvéniles gardent, jusqu'à une taille de 20 cm, un lobe noir surélevé en arrière de la nageoire dorsale. Ils ont les dents qui pointent vers l'avant. Cette caractéristique permet de les distinguer des juvéniles d'autres poissons ressemblants.

Espèces ressemblantes

L'orphie carène ou orphie de canal, Platybelone argalus, vit en banc sous la surface. Elle fréquente les eaux du large mais on peut aussi la rencontrer dans les lagons, les passes et les eaux abritées. Sa distribution est circumtropicale*. Son pédoncule* caudal est aplati, avec des carènes sur les côtés, sombres sur le haut et argentées en partie basse. La ligne latérale passe sous ces carènes.

L'orphie à bandes, Ablennes hians, dont le corps est allongé mais très comprimé latéralement, est cependant très similaire. Elle se distingue éventuellement par 12 à 14 barres verticales sombres sur les flancs et par l'arrière noirâtre de sa nageoire caudale. La pointe de sa mâchoire inférieure est rouge. Son pédoncule caudal ne porte pas de carènes sombres.
Les lobes antérieurs des dorsale et anale sont falciformes*. Sa nageoire anale comporte 24 à 28 rayons, généralement 26 ou 27. Sa nageoire dorsale des adultes et des juvéniles se développe à l'arrière en un lobe élevé et noir. Ses nageoires pectorales sont falciformes. Sa distribution est également circumtropicale.

Pour la zone caraïbe :

  • Les orphies, Strongylura timucu et Strongylura marina, sont très répandues dans l'Atlantique tropical Ouest. Elles ont le dos verdâtre et leur taille moyenne est de 60 cm. La première est marquée d'une rayure horizontale grise derrière l'œil et n'a pas de carènes sur le pédoncule caudal. La seconde a une tache noire derrière l'œil.
  • L'aiguillette, Strongylura notata, a une longueur moyenne de 60 cm. Son dos est vert pâle. Le haut de sa dorsale et de sa caudale est rouge. Elle peut s'avancer dans les eaux douces.

Pour la zone indo-pacifique :

  • Tylosurus acus peut atteindre 1 m de long. Les carènes, de part et d'autre du pédoncule caudal, sont noires. La caudale est très fourchue. Le corps est moins circulaire que celui de T. crocodilus. Son dos est bleu foncé, son ventre argenté. Cette orphie est marquée d'une ligne bleue sur les flancs et sa caudale se termine par une marge noirâtre.
  • L'orphie de récif, Strongylura incisa, peut atteindre 1 m de long. Son dos est vert grisâtre, son ventre argenté. Son pédoncule* caudal n'est pas aplati, et n'est pas doté de carènes latérales.
L'orphie de mer Rouge, Tylosurus choram, très difficile à distinguer de l'orphie-crocodile, est la plus commune en mer Rouge.



L'ensemble des balaous et des demi-becs regroupe des poissons allongés et argentés, vivant juste sous la surface. Ils se distinguent des orphies par une petite bouche au-dessus d'une mâchoire inférieure très étirée.

Alimentation

L'orphie-crocodile chasse le zooplancton* et de petits poissons. C'est un prédateur véloce des eaux de surface.

Reproduction - Multiplication

Cette espèce est ovulipare*.
Les œufs sont munis d'appendices filiformes en vrille qui les fixent au substrat*.

Vie associée

Ce sont des usagers réguliers des stations de nettoyage en s'offrant, par exemple, les services du labre nettoyeur commun, Labroides dimidiatus, en Indo-Pacifique, et des juvéniles de poissons-anges dans les Caraïbes.

Divers biologie

C'est la plus imposante des orphies. Considérée comme de nature assez "timide", elle est curieuse et se laisse approcher facilement.

Les orphies peuvent échapper à leurs prédateurs en faisant de grands sauts hors de l'eau.

Il est souvent précisé que les os (le squelette et même les arêtes) de ce poisson sont verts. C'est la présence d’un minéral particulier, la vivianite, qui donne cette couleur.

La composition des nageoires est de 21 à 25 rayons mous pour la dorsale (généralement 22 ou 23), de 19 à 22 pour l'anale (généralement 21 ou 22) et de 13 à 15 pour les pectorales.

Informations complémentaires

La littérature évoque parfois deux sous-espèces :
Tylosurus crocodilus crocodilus (Péron & Lesueur, 1821)
Tylosurus crocodilus fodiator Jordan & Gilbert, 1882.

La famille des Bélonidés regroupe une dizaine de genres et une trentaine d'espèces de poissons vivant juste sous la surface. L'orphie-crocodile est la plus grande espèce de cette famille.

Les pêcheurs craignent cette orphie car elle peut les blesser avec son museau pointu. Elle est comestible mais son squelette vert repousse un peu les acheteurs.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Depuis 2012, cette orphie est classée LC, soit Least Concern, dans la liste rouge de l'UICN*, c'est-à-dire dont le statut de conservation est jugé de préoccupation mineure. Cela signifie que les informations recueillies sur l’espèce ne permettent pas de la classer dans les autres catégories, en particulier celles qui alertent sur une menace (CR : En danger critique d’extinction, EN : en danger, VU : Vulnérable).

Origine des noms

Origine du nom français

Orphie : Aristote (384-322 av. J.-C.) parle le premier d'orphōs, repris par Pline l'Ancien (23-79) en latin (orphus), pour désigner différents poissons marins qui ne ressemblent pas vraiment aux orphies. Ce nom serait plutôt emprunté au néerlandais [hoornvisch], littéralement "poisson à corne".
crocodile : fait référence à la forme générale de ce poisson, en particulier ses mâchoires, qui rappelle un peu celle d'un crocodile.

Origine du nom scientifique

Tylosurus : du grec [tylos] = dureté, callosité et [oura] = queue, en rappel des carènes latérales du pédoncule caudal. On doit ce nom de genre au naturaliste italien, spécialisé en biologie marine, Anastasio Cocco (1799-1854) ;
crocodilus : car la forme générale, en particulier des mâchoires, rappelle un peu celle d'un crocodile.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 159259

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Beloniformes Béloniformes
Famille Belonidae Belonidés Corps allongé, mâchoires très longues armées de dents puissantes, nageoires dorsale et anale opposées et rejetées tout à fait à l’arrière du corps, arêtes vertes, absence de pinnules.
Genre Tylosurus
Espèce crocodilus

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