Jaune safran
3 à 5 cm
Coquille en forme de chapeau chinois
Une branchie plumeuse à droite, sous le chapeau
Rhinophores larges et enroulés
Chapeau chinois (attention, ce nom est aussi utilisé pour les patelles ou arapèdes).
Yellow tylodina, yellow umbrella slug (GB), Tilodina gialla (I), Tylodina amarilla (E), Gelbe Tylodina (D), Gele tylodina (NL)
Patella perversa Gmelin, 1791
Tylodina punctata Rafinesque, 1814
Tylodina rafinesquei Philippi, 1836
Tylodina citrina Joannis, 1853
Tylodina atlantica Gray, 1856
Tylodina punctulata Gray, 1897
Méditerranée, (Atlantique Nord-Est)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Méditerranée et Adriatique essentiellement, mais observée également en Atlantique Nord-Est des Canaries au sud jusqu'à la limite sud des îles Britanniques vers le nord.
On rencontrera la tylodine jaune en priorité sur l'éponge Aplysina aerophoba où le mimétisme de ce mollusque le rend difficilement observable. Cette éponge est surtout présente de 1 à 15 m et en zone bien éclairée. Son autre éponge favorite est Aplysina cavernicola celle-ci, plus sciaphile*, est visible plus profond. Ce mollusque est plus généralement trouvé sur les fonds durs secondaires, principalement sur des éponges ou des algues rouges. Il est observé en plongée de 5 à 50 m de profondeur.
De couleur uniformément jaune safran, ce petit gastéropode ne dépasse pas 3 à 5 cm de long (75 mm pour une observation exceptionnelle). Sa couleur provient de l'éponge jaune sur laquelle il vit et s'alimente : Aplysina aerophoba.
Sa coquille externe très fine est en forme de chapeau chinois aplati (coquille patelliforme*), elle est légèrement déviée sur la gauche et présente généralement des taches ou des stries radiales irrégulières de couleur brune en périphérie du chapeau. Bien que de diamètre plus large que l'animal, la coquille patelliforme* paraît trop petite pour pouvoir cacher entièrement l'animal.
Protégée sous la fine ombrelle que constitue sa coquille, une unique et large branchie plumeuse est bien visible du côté droit de l'animal.
La tête porte une paire de larges rhinophores* enroulés, à la base desquels se trouvent de petits yeux noirs difficilement observables. Plus en avant, la bouche est surmontée de deux tentacules plus courts mais plus massifs que les rhinophores*, ce sont les deux tentacules buccaux.
Le corps, incluant le pied (ou sole pédieuse*), bien que relativement massif, est allongé. Il est entouré par un manteau qui est parcouru par de nombreux fins bourrelets qui lui donnent l'aspect fripé.
Tylodina rafinesquii Phillipes, 1836 peut être rencontrée sur les côtes méditerranéennes françaises (toujours citée entre 0 et 4 m). Elle est très ressemblante à T. perversa. La coquille patelliforme est assez haute et conique avec un sommet un peu décentré vers l'arrière et la gauche. Cette coquille est blanc jaunâtre, brillante, avec des lignes concentriques de croissance. Mais elle ne montre pas les stries brunes radiales que l'on peut parfois voir en bord de coquille chez T. perversa.
De la même famille (Tylodinidés) et dans les mêmes zones géographiques, Umbraculum umbraculum (Lightfoot 1786), ne peut être confondu avec Tylodina perversa, il est beaucoup plus massif, sa coquille est plate et plus petite que l'animal et son corps orangé ou brun est couvert de tubercules irréguliers.
La coquille en forme de chapeau chinois de Tylodina perversa montre une certaine ressemblance avec les patelles (berniques ou arapèdes, mais également appelées chapeau chinois !), mais leurs biotopes diffèrent (généralement de la zone de balancement des marées à 10/15 m de fond), ainsi que la robustesse et l'importance de leur coquille qui a un réel rôle de protection.
Hors zone de distribution géographique :
Tylodina corticalis (Tate 1889) en Australie, et Tylodina fungina Gabb 1865 en Californie, sont deux espèces de la famille des Tylodinidés et sont très semblables à Tylodina perversa. Elles sont jaunes avec un chapeau chinois et rencontrées sur des éponges de la famille des Aphysinellidés !
L'éponge Aplysina aerophoba constitue, en plus de son biotope habituel, sa nourriture principale. Cette éponge photophile, contient des algues symbiotiques* dans ses tissus, la tylodine jaune broute les premiers millimètres de l'éponge où se trouve l'algue bleue (Cyanobactérie), elle y laisse des cicatrices jaune vif. Ainsi, son régime alimentaire n'est pas uniquement carnivore comme le laisse supposer certains ouvrages.
Une autre éponge proche, Aplysina cavernicola, semble également être consommée occasionnellement par le mollusque qui concentre, pendant très longtemps, certaines toxines de cette éponge.
La ponte, en court ruban de quelques centimètres, est, comme l'adulte, de couleur jaune vif et couverte de toxines. On pourra observer ces pontes sur l'éponge Aplysina aerophoba.
Evoluant dans des espaces bien ensoleillés, l'ombrelle (la coquille) de cet opisthobranche* est souvent recouverte par un duvet d'algues filamenteuses. Chez les spécimens âgés, le chapeau peut disparaître sous un tapis d'algues brunes.
Cet opisthobranche* sélectionne et concentre dans des glandes de ses tissus, en particulier du manteau, des toxines (alcaloïdes) issus de l'éponge Aplysina aerophoba qui constitue son mets favori, et ce, sans doute dans un but défensif (à ce taux, c'est un répulsif pour les poissons). La couleur de ce mollusque et de ses pontes est due à un pigment appelé uranidine* issu de cette même éponge (Aplysina aerophoba).
La durée de vie de Tylodina perversa est présumée être de l'ordre d'une année, exceptionnellement 2 années pour celles qui ont réussi à "passer l'hiver" et ce sont ces dernières qui pourront atteindre les plus grandes tailles (75 mm observé à Cerbère par Marina Poddubetskaia, hypothèse de Bill Rudman).
Grâce à l'ombrelle, les géologues datent l'apparition des premiers individus au Miocène (-21 millions d'années).
Tylodine jaune : la couleur jaune de cette tylodine (francisation du nom de genre) est mise en avant.
Tylodina : sans doute du grec [tulos] = bosse, saillie ;
perversa : du latin [perversus] = tourné en sens inverse, de travers, défectueux, de travers, qui a mal tourné, faisant sans doute référence à la manière dont la protoconque* a évolué (Bill Rudman) ou à son excellent camouflage sur l'éponge ?
Numéro d'entrée WoRMS : 141877
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Ordre | Umbraculida | Umbraculides | |
Famille | Tylodinidae | Tylodinidés | Coquille externe patelliforme recouverte d'une cuticule dépassant le bord. Branchie postérieure dextre simple ou bipinnée. 3 paires de tentacules et un voile frontal reliant les 2 de la paire moyenne. |
Genre | Tylodina | ||
Espèce | perversa |
Tylodine jaune safran
Du côté droit, sous la coquille patelliforme, la branchie plumeuse dépasse légèrement vers l’arrière. Notez le renflement externe caractéristique à la base des rhinophores enroulés. L’aspect de ces 2 tentacules est semblable aux cornes d’aurochs.
Cerbère (66), 10 m
07/1995
Jeune tylodine jaune
Le chapeau aplati présente ici des stries radiales irrégulières, sur ce petit spécimen. Le tube enroulé des rhinophores est ouvert à son extrémité (visible à gauche).
Port Cros (83)
07/2004
Tylodine âgée
La tête porte une paire de larges rhinophores* enroulés. Le tube enroulé des rhinophores est ouvert à son extrémité (visible à gauche). Plus en avant, la bouche est surmontée de deux tentacules plus courts mais plus massifs que les rhinophores*, ce sont les deux tentacules buccaux. Chez ce spécimen âgé, le chapeau est recouvert d’un tapis d’algues brunes. Notez les cicatrices jaune vif que Tylodina perversa laisse sur l’éponge Aplisina aerophoba en la consommant.
Cadaqués, Costa Brava (Espagne), 8 m
25/08/1999
De face
On peut voir sur ce cliché l'ensemble des parties caractéristiques de l'espèce !
Devant, les palpes labiaux et les longs rhinophores, sur le dos, la coquille vue principalement d'en-dessous et, à droite, la branchie plumeuse.
Cala di Villamarina, isla de San Stefano, Sardaigne Nord, 3 m
16/07/2017
Aplysina aerophoba et mimétisme
Voici deux Tylodines jaunes sur leur éponge jaune favorite (Aplysina aerophoba) où cet opisthobranche évolue, broute et pond le plus souvent. Le mimétisme des deux espèces est saisissant ! Enroulé du côté droit sous le chapeau de l'individu du haut, la branchie externe unique, a la même coloration que le reste du corps. Au centre, seul le fin chapeau du second individu est visible du dessus, ici le chapeau est de couleur uniforme et mimétique.
Iles du Frioul, Marseille (13), 18 m
06/2003
Vue de dessus
Vu de dessus, le chapeau dépasse la largeur du corps massif mais relativement allongé. Le manteau et la queue de l'animal ont un aspect légèrement fripé. Au niveau de la tête la paire de rhinophores encadre deux petits yeux à leur base (matérialisés par les 2 petits points noirs rajoutés artificiellement). En avant de la tête deux tentacules buccaux précèdent l'opisthobranche et surplombent la bouche.
Cap Béart (66), 7 m
08/2003
Branchie plumeuse à droite
Sous le chapeau concrétionné d’algues de ce gros individu, la branchie plumeuse unique (toujours sur la droite chez les Notaspides) est particulièrement bien visible ainsi que l’aspect fripé du manteau.
Collioure (66), 20 m
08/1999
Deux tentacules buccaux
La bouche est surmontée de deux tentacules plus courts mais plus massifs que les rhinophores*, ce sont les deux tentacules buccaux. Sur Aplysina sp.
Cerbère (66), 15 m
07/1993
Ponte mimétique
Chercher la ponte en épais rubans, elle est exactement de la même couleur que l’éponge jaune sur laquelle se passent les différentes phases de la vie de ce gastéropode.
Cerbère (66), 15 m
07/1993
Prémices de la ponte
Sur ce gros plan très rapproché, on peut voir les premiers filaments de la ponte, qui vont constituer le large ruban final ! L'ensemble évoque un véritable métier à tisser.
Cala di Villamarina, isla de San Stefano, Sardaigne Nord, 3 m
16/07/2017
Ponte en cours
Voir la photo suivante pour les détails de la ponte.
Le Lido, Villefranche-sur-Mer (06), de nuit
10/04/2008
Détail de la ponte
Avec difficulté, on arrive ici à distinguer les petits œufs de la ponte.
Le Lido, Villefranche-sur-Mer (06), de nuit
10/04/2008
Caché sous le chapeau
Caché dans une cavité créée dans son éponge favorite (Aplysina sp.) le chapeau, habituellement trop petit, arrive ici à complètement recouvrir les parties molles de l’animal.
Croatie (mer Adriatique), 20 m
08/2002
Biotope
Il est bien plus facile de repérer la tylodine jaune lorsqu'elle se promène loin de ses spongiaires favoris et de même couleur qu'elle ! Elle faisait ici le chemin entre deux massif de vérongia.
Crau de Nao, rade de Villefranche-sur-mer (06), 25 m
02/07/2017
Branchie plumeuse à droite
Cette tylodine jaune en vue latérale est ici sur son éponge jaune favorite Aplysina aerophoba.
Banyuls sur mer (66), 15 m
06/06/2008
Emission défensive
On peut clairement voir ici, sortant de sous la coquille vers l'arrière, que l'animal émet un sorte de muscus blanchâtre qui se répand dans le milieu.
En effet, Tylodina perversa concentre dans des glandes de ses tissus, en particulier du manteau, des toxines (alcaloïdes) issus de l'éponge Aplysina aerophoba qui constitue son mets favori, et ce, sans doute dans un but défensif (à ce taux, c'est au moins un répulsif pour les poissons. Le photographe ne risquait pas grand-chose !).
Grotte à corail, rade de Villefranche-sur-mer (06) 21 m
22/11/2008
Manteau fripé et petits yeux
Le manteau a un aspect légèrement fripé. Au niveau de la tête la paire de rhinophores encadre deux petits yeux à leur base (petits points noirs, seul celui de gauche est visible sur cette photo). En avant de la tête deux tentacules buccaux surplombent la bouche.
Banyuls (66)
25/03/2011
Sans son chapeau !
Sans doute suite à un accident (?), cet individu sans chapeau se montre à nu. Celui-ci semble repousser au centre de la protubérance en haut du corps. La branchie est visible sur le côté droit.
Côte Vermeille (66)
N/A
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Philippe PERRIER
Responsable régional : Michel PEAN
La page de Tylodina perversa dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN