Turbo-œil de chat

Turbo petholatus | Linnaeus, 1758

N° 1245

De la mer Rouge à la Polynésie française

Clé d'identification

Coquille lisse, polie, colorée et brillante
Ouverture circulaire nacrée
Columelle lisse sans ombilic
Opercule circulaire, épais, calcaire, côté externe bleu vert
Coloration et motifs très variables, couleur de fond brune, rouge, orange ou verte

Noms

Autres noms communs français

Turbo tapisserie, œil de Shiva pour l'opercule, maua rouge (Tahiti)

Noms communs internationaux

Cat's eye turban, cat"s eye shell, tapestry turban (GB), Katzenaugenschnecke, Gobelin-Turbanschnecke, Gobelinturban, Gerippte Turbanschneke (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Lunatica porphyria Röding, 1798
Turbo aruginosa Röding, 1798
Turbo cingulata Röding, 1798
Turbo dinegrata Rôding, 1798
Turbo obscura Röding, 1798
Turbo porphyrites Röding, 1798
Turbo euthymi Jousseaume, 1881
Turbo humerosa Smith, 1901

Distribution géographique

De la mer Rouge à la Polynésie française

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

Cette espèce est présente en mer Rouge, dans l'océan Indien, dans l'océan Pacifique des côtes orientales de l'Australie et du sud du Queensland jusqu'à Tahiti. Elle est absente aux îles Hawaï.

Biotope

Le turbo-œil de chat vit dans les régions coralliennes, dans la zone de balancement des marées jusqu'à 40 m de profondeur. En Polynésie française, il est présent dans les lagons, au milieu des coraux du genre Acropora, dans des endroits relativement calmes.

Description

Cette belle coquille est lisse, comme polie, colorée et brillante, presque aussi haute que large. Elle mesure entre 30 mm et 85 mm de hauteur. Les tours sont convexes. La partie supérieure du dernier tour est légèrement aplatie près de la suture*. L'ouverture, de forme circulaire, est lisse. La columelle* est lisse, sans ombilic*, teintée de jaune verdâtre. Le labre* est lisse et fin.

La coloration et les motifs sont très variables, la couleur de fond est brune, rouge, orange ou verdâtre, avec des bandes spirales plus sombres et/ou de fines rayures axiales de couleur pâle en forme de chevrons. L'ouverture est nacrée, souvent imprégnée de jaune, d'orange ou de vert sur la columelle.

L'opercule*, presque circulaire, est épais et calcaire. Il est convexe sur sa face externe, bleu vert au centre, avec une marge brune d'un côté et blanche sur le reste. La face interne, de couleur brune, est légèrement concave avec une fine spirale elliptique.

La tête porte un museau court, fendu ventralement et une paire de longs tentacules* avec chacun un œil à la base. Le pied est grand, ovale, parfois tronqué en avant, avec une crête charnue de chaque côté portant des tentacules épipodiaux*.
Le corps de l'animal est vert foncé avec des taches et des stries blanches. La sole* du pied est blanche ou orange pâle avec de l'orange lumineux au milieu.

Espèces ressemblantes

Deux familles de gastéropodes sont proches : les Trochidés et les Turbinidés.

  • Les Trochidés ont une coquille plus pyramidale et un mince opercule* corné (comme Calliostoma zizyphinum);
  • les Turbinidés ont une coquille dont les tours sont plus distincts et un épais opercule calcaire.

Parmi les Turbinidés les plus proches de Turbo petholatus, deux espèces sont retenues ici :

Turbo moolenbeeki décrit en 2016 : cette espèce n'est présente qu'en mer Rouge (elle a été décrite dans le golfe d'Aqaba). Elle est de plus petite taille, les tours sont plus arrondis. La columelle* est blanche avec une fine marge verte. Les motifs de coloration de la coquille sont plus simples, car les fines spirales sont absentes. Toutefois Turbo moolenbeeki et Turbo petholatus sont des espèces allopatriques*.

Turbo reevii décrit en 1847 : la coquille porte le plus souvent des filets ou des flammes de couleur crème ou brune ou vert vif ou jaune vif. L'opercule est lisse et très brillant avec une dépression et une couleur plutôt uniforme verte ou blanche. La columelle est toujours blanche. Cette espèce est présente du sud du Japon aux Philippines.

Alimentation

Turbo petholatus est herbivore (phytophage*). Il racle avec sa radula* le revêtement d'algues microscopiques sur le substrat*.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés.
Il y a peu d'informations sur la reproduction des Turbinidés. Certaines espèces libèrent leurs cellules sexuelles directement dans l'eau. La fécondation* est externe et les œufs sont dispersés dans l'eau. Pour d'autres espèces, les femelles pondent leurs œufs dans une masse gélatineuse.
Dans tous les cas les larves* issues des œufs sont planctoniques*. Elles passent par un stade de larve trochophore* puis de larve véligère* avant de donner un juvénile qui se posera sur le fond.

Vie associée

Cette espèce comme d'autres Turbo est la proie de nombreux organismes comme les poulpes et les poissons-perroquets.

Les coquilles vides semblent être appréciées des pagures.

Divers biologie

Les Turbo comme Turbo petholatus sont plutôt nocturnes.
L'épais opercule* calcaire permet à l'animal de s'enfermer dans sa coquille.

Selon différents auteurs, la durée de vie des individus du genre Turbo est longue (Turbo marmoreus : 15 ans).

Informations complémentaires

Cette espèce, comme d'autres espèces de Turbo, est récoltée pour l'alimentation locale.
Les coquilles sont appréciées des touristes et l'opercule* coloré de cette espèce (comme celui de Bolma rugosa - l'œil de Sainte Lucie -) est utilisé pour faire des cabochons de bagues, des broches, des pendentifs, etc.. Le nom d'œil de Shiva ou œil de chat est alors employé.
Des opercules de cette espèce ont été utilisés pour figurer les yeux de masques de cérémonies.

La présence de nacre dans la coquille est un caractère primitif chez les mollusques gastéropodes. Avec les Trochidés, les Turbinidés forment un groupe assez ancien. Ce dernier se serait formé au Permien soit entre 300 et 125 millions d'années.
Les plus anciens fossiles de Turbo petholatus sont connus depuis le Miocène soit un peu moins de 20 millions d'années.

Cette espèce est représentée sur plusieurs timbres postaux.

Origine des noms

Origine du nom français

Turbo-œil de chat : le nom de genre a été conservé tel quel et l'expression "œil de chat" fait référence à l'opercule coloré de cette espèce.

Origine du nom scientifique

Turbo : du larin [turbo] = tourbillon, toupie, nom de genre créé par Linné en 1758.

petholatus : Linné, en 1758, ne donne pas d'explication. Les dictionnaires latins ne connaissent pas ce mot.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 216382

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Vetigastropoda Vétigastropodes

Coquille de forme très variable, la plupart des espèces possèdent un opercule. La tête possède une seule paire de tentacules céphaliques et le mufle porte la bouche. Des tentacules épipodiaux* (à rôle sensoriel) sont présents sur les côtés du corps.

Ordre Trochida Trochida
Famille Turbinidae Turbinidés

Coquille grande, solide, turbinée, à surface parfois lisse mais le plus souvent sculptée (bandes spiralées ou tubercules sur la partie saillante des tours), callosité columellaire lisse, intérieur nacré. Opercule calcaire, spiralé, lisse ou sculpté extérieurement, blanc ou coloré (œil de chat), à nucleus central ou excentré.

Sous-famille Turbininae Turbininés
Genre Turbo
Espèce petholatus

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