Souvent verdâtre à brunâtre
Surface rugueuse
Branches multidirectionnelles en doigts pointus (Méditerranée)
Principalement sur des supports filiformes (gorgones, hydraires, algues, fils de pêche...)
Bryozoan (GB), Bryozoo (I, E), Moostierchen (D)
Cellepora avicularis Hincks, 1880
Turbicellepora incrassata, (Lamouroux, 1816)
Europe
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Europe : Zones côtières de l’Atlantique tempéré boréal, Manche, mer du Nord et Méditerranée. (Limite nord : îles Shetlands et ouest de la Norvège).
En Méditerranée il est abondant entre 20 et 60 m. Turbicellepora avicularis est une espèce typiquement coralligène où il affectionne les supports filiformes, en particulier la base et les ramifications des gorgones sur les portions dénudées de leurs axes ainsi que les fils de pêche ! Il est également présent sous les surplombs et les fonds exposés à un courant modéré et régulier. Ce cellépore* est plutôt sciaphile*. Mais ce grand bryozoaire dressé, comme les autres (Smittina cervicornis, Pentapora fascialis,...) vit aussi libre à la surface des fonds détritiques propres et bien parcourus par les courants à une profondeur supérieure à 40 m.
En Atlantique/Manche il est fréquent dès le niveau de marée basse de vive eau et au delà sur tous supports fermes (crampons de laminaires, pierres, coquilles...) et filiformes (hydraires, vieilles gorgones, bryozoaires érigés...).
En Méditerranée où Turbicellepora avicularis est le plus remarquable, ce cellépore* forme des colonies fortement calcifiées aux longues branches cylindro-coniques finissant par une ou plusieurs pointes émoussées. Les branches en doigts pointus de ce bryozoaire se divisent irrégulièrement suivant des angles marqués (plus ou moins 90°) et le plus souvent dans toutes les directions de l'espace. La surface hérissée est rugueuse au toucher. La taille des colonies va de quelques cm à 15/20 cm de diamètre. La couleur beige à jaune sale est souvent bien verdie ou brunie par la présence d'algues unicellulaires qui profitent du support. La base encroûtante ne s'étend pas beaucoup sur les supports filiformes où on le rencontrera le plus souvent (gorgones, fils de pêche...).
En Atlantique/Manche Turbicellepora avicularis forme une coupole sur substrat dur ou un cylindre épais autour de grands hydraires, d'autres bryozoaires érigés ou sur de vieilles gorgones.
La forme méditerranéenne est facilement identifiable par son aspect, il y a peu de confusions possibles pour les grandes colonies branchues. Par contre, pour les petites colonies simplement encroûtantes de Méditerranée mais plus particulièrement pour les formes atlantiques plus banales et plus petites (croûtes épaisses ou cylindres sur son support filiforme), l’identification en plongée, ou même sur photo, est beaucoup plus aléatoire et la confusion avec les espèces suivantes est fréquente.
Dans tous les cas, il faut bien noter que seule une étude microscopique de la structure des colonies et des logettes pourra permettre une identification sûre de l’espèce.
Comme tous les bryozoaires, c'est un filtreur suspensivore* microphage*. Les diatomées (algues unicellulaires) sont la base de l'alimentation des bryozoaires. Les cils des tentacules sont capables de créer des microcourants permettant l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche au centre du lophophore* (dont les fonctions sont aussi celles de respiration et de nettoyage de la colonie).
Comme tous les bryozoaires, cette espèce est capable de se reproduire de manière sexuée. Les œufs fécondés vont incuber dans une chambre (ovicelle*) avant d’être libérés sous forme de larves. la larve nageuse va ensuite se fixer pour bourgeonner une nouvelle colonie par multiplication asexuée. Cette multiplication asexuée peut aussi se faire à partir d’un fragment cassé ou d’un clivage des rameaux de la colonie en plusieurs colonies filles, qui vont pousser dans des directions différentes.
Une épibiose* (vie fixée) importante se développe sur la majorité des colonies. Elle est constituée d’organismes microscopiques (algues unicellulaires, folliculinidés, foraminifères, ...) et est matérialisée par la couleur verdâtre à brunâtre que prennent les colonies. Cette épibiose ne semble pas affecter la vivacité de la colonie qui continue à présenter un duvet dense de tentacules (lophophores) dans les zones verdies.
Variations saisonnières : présent toute l’année en bonne santé.
Sur les côtes méditerranéennes françaises, T. avicularis est abondant et fréquent.
Il faut noter que ce Chilostome fait partie des six grands bryozoaires arbustifs (Adeonella calveti, Myriapora truncata, Pentapora fascialis, Smittina cervicornis, Sertella spp. et Turbicellepora avicularis) présents sur les côtes méditerranéennes françaises, qui ont été touchés par l’élévation de la température de l’eau de la fin de l’été 1999 (mortalité plus ou moins partielle de nombreuses colonies).
Turbicellépore cornu est une proposition de Jean-Georges Harmelin.
Turbi- : de [turba] = trouble, en désordre.
-celle- : de [cella] = petite chambre, cellule, loge, cabinet.
-pora : signifie pore, poreux.
avicularis : de [aviculus] = petit oiseau. En rapport à la forme des aviculaires de ce bryozoaire.
Numéro d'entrée WoRMS : 111285
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Neocheilostomatina/Ascophora | Ascophores | Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore. |
Famille | Celleporidae | Celléporidés | Colonies encroûtantes ou dressées, fortement calcifiées, épaisses et où les loges sont disposées sans ordre, en plusieurs assises. |
Genre | Turbicellepora | ||
Espèce | avicularis |
Colonie propre
Cette colonie profonde est peu envahie par des algues microscopiques, elle conserve ainsi sa couleur orangée.
Tombant du Vengeur, Antibes (06)
13/08/2007
Brochette sur fils de pêche
T. avicularis se développe bien sur les supports filiformes et particulièrement sur les filins abandonnés par les pêcheurs dans les zones de courant modéré par les grandes gorgones pourpres.
Iles de Marseille
01/08/2004
Epibiose sur gorgone pourpre
Les branches malades ou mortes des grandes gorgones pourpres sont rapidement utilisées comme support par de nombreuses espèces comme ici. Au milieu des colonies orangées branchues de T. avicularis, les masses lobées rougeâtres et translucides sont des ascidies coloniales (Distaplia rosea). Les petits amas blancs sont des paquets de petits vers calcaires (Salmacina sp.). Une colonie d’hydraires dressée ressemble à une algue au dessus des autres épibiontes.
Iles de Marseille, grand Congloué, 30 m
15/02/04
Colonies profondes
Plusieurs colonies de T. avicularis se sont installées sur les axes morts de ces gorgones pourpres. En haut à droite la colonie orange et foliacée est un autre bryozoaire calcifié, sans doute Pentapora fascialis. Sur le substrat à gauche de nombreuses petites colonies de bryozoaires, en plaques ou dressées et appartenant à plusieurs espèces, parsèment la roche verticale. La seule partie vivante et visible (rouge clair) sur cette photo de la gorgone est située en haut à droite. Au pied de la branche du haut et sur la branche du bas il s’agit d’un autre épibionte classique des gorgones, l’alcyon encroûtant Alcyonium coralloides.
Sur le tombant près de l’aile d’avion au large de Carro (13), 41 m
02/09/2006
Plusieurs bryozoaires sur gorgone
T. avicularis en bas avec A. coralloides (Alcyonnaire). Au centre il s’agit d’un autre bryozoaire encroûtant (Cellepora pumicosa ??).
Carro (13)
02/09/2006
Colonie peu brunie
Bien à l’abri de la lumière, cette colonie est peu brunie par la faible présence d’épibiontes.
Iles de Marseille
2003
Vieille colonie verdie
Les zones les plus anciennes de la colonie restent bien vivaces et le duvet de lophophores y est toujours présent et dense. En haut à droite une petite colonie rouge d’alcyon encroûtant (A. coralloides).
Méditerranée française
?
Colonie brunie sur le fond (coralligène)
Ce Turbicellepora avicularis s’est développé sur un fond de coralligène dans une zone où le courant marin (courant ligure venant de l’est) est bien établi et régulier. Le développement des branches en doigts pointus se fait dans toutes les directions.
Au large de l’îlot de l’Aragnon sur la côte Bleue, 25 m
16/08/2005
Colonie verdie
Suspendue sous un petit surplomb, cette colonie peu profonde et donc bien éclairée est verdie par des algues microscopiques.
Bagaud, Port cros (83), 18 m
31/08/2008
Colonie branchue
Cette colonie s'est installée sur une gorgone rouge.
Elvine, Côte Bleue (13), 35 m
04/2007
Celleporidae Atlantique
En Atlantique, plusieurs bryozoaires de la famille des Celleporidae à laquelle appartient T. avicularis se développent en épibionte sur d’autres organismes filiformes et prennent la forme de petits cylindres pierreux qui gainent l’axe de leur hôte. Il s’agit ici d’un hydraire, plus exactement d’un grand plumulaire (Gymnangium montagui). L’identification de ces bryozoaires est difficile en plongée et sur photo ; pour les petits cylindres du bas de la photo, T. avicularis, T. magnicostata ou C. pumicata peuvent être évoqués. Pour l’arbuscule branchu caché en haut de la photo, O. ramulosa semble le plus plausible (= ressemble à...).
Le Four au large de Trébeurden (Bretagne nord, Manche), 22 m
11/08/2006
Association avec un hydraire du genre Zanclea
Il pourrait bien s'agir d'une colonie de l'hydraire Zanclea sp. Sur les 3 espèces de Zanclea vivant en Méditerranée, 2 d'entre-elles poussent sur des bryozoaires, à savoir Zanclea giancarloi et Zanclea sessilis. La 3ème vit sur des bivalves. L'identification au niveau de l'espèce se fait en fonction des types de cnidocystes.
(informations fournies par Horia GALEA sur le forum DORIS : n° 221).
Antibes (06), 30 m
10/03/2007
Macro au laboratoire
Sur cette branche décapée à l'eau de javel, les zoïdes, dont l'ouverture est proéminente à la surface de la colonie, montrent une organisation irrégulière. Diamètre du bras photographié : 7 mm.
Laboratoire, stage biologie Vaucluse, Côte Bleue
04/2007
Sous la loupe binoculaire
Les zoïdes de cette espèce sont particulièrement inorganisés, placés dans tous les sens.
Stareso, Calvi, Corse (laboratoire)
25/10/2008
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Correcteur : Jean-Georges HARMELIN
Responsable régional : Michel PEAN
ADMS, Fiches cartonnées, Marinarium, 29110, Concarneau.
Alvarez, J.A., 1990, Notes on two species of the genus Turbicellepora Ryland, 1963 (Bryozoa, Cheilostomida) of the Atlantico-Mediterranean region : T. avicularis (Hincks, 1860) and T. magnicostata (Barroso, 1919), Cahiers de Biologie Marine, 31(4), 473-483.
Hayward P.J., 1978, Systematic and morphological studies on some European species of Turbicellepora (Bryozoa Cheilostolnata). J. Nat. Hist., 12, 551-590.
La page de Turbicellepora avicularis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN