Nombre de bras égal à 10, tous apparents, courts et raides (10 à 20 cm)
Pinnules foncées, orange tacheté de noir, ou noir perlé de blanc
Habitat très superficiel et exposé, ou profond mais à fort courant
Comatule carinée (Lamarck)
Black and white sea lily (GB)
Comatula carinata Lamarck, 1816
Antedon carinata (Lamarck, 1816)
Comatula picta Gay, 1854
Antedon brasiliensis Carpenter, 1879
Antedon capensis Bell, 1905
Tropiometra audouini A.H. Clark, 1911
Tropiometra clarki Gislén, 1938
Sud Caraïbe et Brésil, océan Indien occidental, mer Rouge
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● CaraïbesL’espèce est signalée officiellement selon WoRMS en Colombie, à La Barbade, Tobago, St Vincent et la Dominique. Elle est inscrite sans information à l’INPN français pour la Martinique (inscription via l’inventaire ZNIEFF - Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique - de ce département). L’espèce fait officiellement partie des atlas de faune marine du Brésil et du Venezuela.
D'autres réseaux d'information comme le GBIF (Global Biodiversity Information Facility) et OBIS (Ocean Biogeographic information System) la signalent également jusqu’au sud du Brésil, mais aussi dans l’océan Indien occidental : côtes est-africaines, Tanzanie, Madagascar, Mayotte, Mascareignes, Ethiopie et jusqu’au nord de la mer Rouge.
Un signalement est également porté sur la pointe sud de l’Inde.
La comatule à carène est un crinoïde assez rarement observé en Atlantique : certaines populations sont présentes dans des secteurs peu prospectés (les eaux turbides sous influence de l’Amazone), d’autres, en Caraïbes, ont une réparition limitée à quelques "spots" très exposés aux courants (par contre les populations peuvent être abondantes sur ces localisations).
Dans les Antilles françaises, l’espèce, nettement rhéophile*, a été observée sur la côte au vent de l’îlet à Rat dans la baie du Robert, (côte atlantique de la Martinique). Quelques rares individus épars sont également signalés sur la côte exposée des îlets du François, toujours en Martinique. Elle n’a été observée que sur ces stations battues entre 0 et 5 mètres, dans des secteurs sous forte influence de la houle. Les spécimens sont fortement ancrés dans les anfractuosités des communautés coralliennes, à une densité de 1 à 6 individus au m². La population de Martinique est estimée en tout et pour tout à environ 200 individus sur les stations connues.
Ce biotope* diffère fondamentalement de celui dans lequel l’espèce a été trouvée en 1959 sur le plateau guyanais, sur des fonds sablo-vaseux avec une préférence marquée pour les fonds encombrés de coquilles mortes, entre 25 et 70 mètres (Etude ORSTOM 1959).
Dans l'océan Indien (Mayotte) elle semble assez commune sur les crêtes récifales exposées au courant, plus visible de nuit mais rarement très bien cachée le jour, où elle semble maintenir une activité nutritive. Elle peut être localement assez abondante.
L’espèce se caractérise par 10 bras assez courts (10 à 20 cm), très raides, et carénés* dorsalement, au moins sur leur moitié inférieure.
Les bras sont de couleur variable : entièrement noirs, entièrement fauves, noirs mouchetés de blanc, ou orangés tachés de noir.
Les pinnules* sont rigides et prismatiques, de section grossièrement triangulaire.
Les cirres* aboraux* sont courts (1 à 3 cm) et peu crochus, ce qui est un caractère distinctif (lorsque l’on peut l’observer). Ils sont composés de segments cylindriques de taille égale.
Pas de réelle confusion possible en Caraïbe. Les autres grandes comatules dans cette zone photique* sont Davidaster discoideus, D. rubiginosus et Nemaster grandis qui sont très nettement différentes, et surtout fréquentent un biotope beaucoup moins exposé aux turbulences.
T. carinata est la seule comatule rhéophile* que l’on trouvera sur le versant très exposé des côtes atlantiques.
Sur le bassin indopacifique, T. carinata peut être confondue avec T. afra, mais les bras de celle-ci ne sont pas carénés et sont nettement plus longs et souples. Les comportements diffèrent également : T. afra préfère les environnements moins agités.
Les crinoïdes sont des animaux suspensivores* passifs (ou filtreurs*) qui se nourrissent de débris de matière organique en suspension et de plancton* apporté par les courants. Leur morphologie est entièrement orientée vers ce mode alimentaire, les bras munis de pinnules agissant comme des plumes qui, face au courant, filtrent les éléments planctoniques.
Comme les autres espèces de cet ordre, la comatule carénée est un animal à sexes séparés (on trouve des individus mâles et des individus femelles). Il n’y a pas de différenciation externe visible entre les deux sexes.
La fécondation est externe par libération des gamètes* mâles dans l’eau. Les ovocytes*, puis les œufs fécondés sont conservés à la base des pinnules, jusqu’à l’éclosion, par les individus femelles.
Les larves* sont pélagiques* pendant quelques heures à quelques jours : elles sont entraînées en pleine eau par les courants puis elles se fixent dans un premier temps (quelques mois), sur le substrat* par un pédoncule*. C'est le stade pentacrine* où l’animal mesure quelques millimètres. Au stade fixé, les comatules ressemblent à des lys de mer. Cela a pu être interprété comme un caractère "ancestral" du point de vue de l’évolution.
Ensuite elles se détachent de leur pédoncule et passent à une vie libre.
En Martinique, l’espèce vit sur le plateau récifal exposé à la houle, et à des courants relativement forts (la station est située entre deux îlots qui accélèrent les courants par effet Venturi). Elle y cohabite avec de nombreuses espèces, et en particulier les coraux rhéophiles et les algues brunes telles les sargasses qui abondent sur cet espace.
L'espèce est cryptique* et ne laisse en général dépasser que les deux tiers supérieurs des bras.
Des études génétiques récentes (2012) mettent en évidence deux lignées distinctes, les deux étant présentes à la fois dans l'Atlantique Est et dans l'océan Indien Est. Cette répartition peut surprendre si l'on considère uniquement la faible dispersion larvaire de cette espèce tropicale, toutefois le taux d'évolution des crinoïdes est lent et nous ignorons encore les événements anciens de leur histoire à l'origine de ces lignées.
L'espèce est non réglementée directement, mais concernée par la réglementation mahoraise sur l’interdiction d’introduction.
Comatule à carène : du fait du caractère distinctif de ses bras très nettement carénés.
Tropiometra : du grec [tropi-] = quille ou carène d'un navire ; et [mêtr-] = ventre, (le disque central), suffixe utilisé dans la formation de beaucoup de noms de genres de comatules. Clark a créé le genre Tropiometra en référence à l'espèce Comatula carinata de Lamarck, et il s'est tout naturellement basé sur la caractéristique de l'espèce-type pour nommer le genre.
carinata : du latin [carina] = carène, coquille de noix relativement à la forme des bras.
Numéro d'entrée WoRMS : 213331
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Classe | Crinoidea | Crinoïdes | Corps en forme de calice, 5 bras primaires bien définis et des bras terminaux longs et ramifiés. Certaines espèces sont fixées par un pédoncule articulé, d'autres sont libres et nageuses. |
Sous-classe | Articulata | Articulés | |
Ordre | Comatulida | Comatulides | Seul ordre actuel, comprend 2 sous-ordres, l’un avec des organismes fixés, l’autre avec des organismes non fixés. |
Famille | Tropiometridae | Tropiométridés | Famille décrite par Clark en 1908. Caractérisée par la présence de seulement 10 bras, des pinnules sans plaques de recouvrement ambulacraires distinctes, des cirrhes libres et sans ornements distincts, peu crochus, au nombre de 20 à 40. 4 espèces décrites à ce jour. |
Genre | Tropiometra | ||
Espèce | carinata |
Dans le courant
Les bras sont relativement rigides. Les pinnules* réparties en alternance sur deux rangs opposés leur donnent l'aspect de plumes.
Baie du Robert, Martinique, 1 m
10/07/2004
Noir pointé de jaune
Les motifs et la coloration sont variables. On devine la forme carénée du bras.
Ilet du Robert, Martinique, 1 m
10/07/2004
3 morphotypes bien distincts
Rassemblés ici sur un petit espace, 3 beaux spécimens de cette espèce rare !
Ilet du Robert, Martinique, 1 m
10/07/2004
Vue à Mayotte
Cette espèce est assez commune à Mayotte (ici à Tanaraki), dans les anfractuosités en crête de récif. Contrairement à sa cousine Stephanometra indica, elle demeure assez visible le jour.
Tanaraki, Mayotte, 1,50 m
28/05/2017
Les cirres
Specimen naturalisé appartenant à la collection du CUFR de Dembéni (Centre Universitaire de Formation et de Recherches de Mayotte).
On distingue les 10 bras (abîmés) et les cirres nombreux et puissants, aux articles cylindriques et réguliers. Le centrodorsal est aplati et discoïdal.
Récif frangeant, Mayotte, 1 m environ
2017
Rédacteur principal : Alain PIBOT
Correcteur : Nadia AMÉZIANE
Responsable régional : Anne PROUZET
Carpenter P.H., 1888, Report upon the Crinoidea collected during the voyage of H.M.S. Challenger, during the years 1873-1876. Part II. The Comatulae. In : REPORTS ON THE SCIENTIFIC RESULTS OF THE VOYAGE OF H.M.S. CHALLENGER, Zoology, 11, 422p.
Clark A.H., 1917, New genera of recent free crinoids, Smithsonian miscellaneous collections, Quarterly issue 50(3), 343-364.
Clark A.H., 1917, Four new echinoderms from the West Indies, Proceedings of the Biological Society Washington, 30, 63-70.
Clark A.H., 1921, Report on the crinoids collected by the Barbados-Antigua Expedition from the University of Iowa in 1918, Univ. Iowa Studies in Nat. Hist., 9(5), 1-28.
Clark A.H., 1931, A MONOGRAPH OF THE EXISTING CRINOIDS. VOL 1 THE COMATULIDS , Bulletin of the United States National Museum, 82, 894p.
Durand J., 1959, Les éléments principaux de la faune et leurs relations avec le fond - Notes sur le plateau continental guyanais, Cahiers de l'ORSTOM, 3.
Hoggett A.K., Rowe F.W.E., 1986, A reappraisal of the family Comasteridae A. H. Clark, 1908 (Echinodermata: Crinoidea), with the description of a new subfamily and a new genus, Zoological Journal of the Linnean Society, 88, 103-142.
Meyer D.L., Messing C.G., Macurda D.B., 1978, Zoogeography of tropical western Atlantic Crinoidea (Echinodermata), Bulletin of Marine Science, 28(3), 412-441.
Torrence K.G., 2012, Divergent sympatric lineages of the Atlantic and Indian Ocean crinoid Tropiometra carinata, Invertebrate biology, 131(4), 355-365.
La page de Tropiometra carinata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN