Nudibranche de type éolidien
Environ 13 millimètres de long
Couleur habituelle du corps plutôt jaune/vert très pâle
Trois lignes blanches sur le corps, une ligne dorsale sur la tête et la queue, 2 costales
Cérates transparents puis maculés de blanc avec une pointe rouge brunâtre au sommet
Rhinophores et palpes labiaux lisses avec extrémités recouvertes de blanc.
Cutona ocellata (I)
Cuthona ocellata (Schmekel, 1966)
Méditerranée occidentale, côtes portugaises et espagnoles
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Méditerranée occidentale. L'espèce est également présente sur les côtes du Portugal et la côte atlantique des Asturies espagnoles, avec une actuelle limite nord dans la baie de Santander.
Eaux circalittorales tempérées, principalement sur des tombants hébergeant des hydraires.
Trinchesia ocellata est un éolidien, atteignant la taille adulte de 13 millimètres environ.
Son corps est jaune pâle (parfois un peu verdâtre), plus ou moins mat. Une ligne blanche, grossièrement dessinée va de la tête jusqu'à la queue, parfois interrompue au niveau du dos, entre les cérates. Une ligne blanche discontinue peut être visible sur les flancs, de chaque côté du pied.
Les cérates* s'organisent assez régulièrement en 6 à 10 bouquets (2 à 4 extensions sur chaque bouquet) en vis-à-vis, apparaissant souvent comme ordonnés en rangées transversales. Chaque extension est plus ou moins translucide jusqu'au dernier tiers où elle se recouvre de points blanc opaque qui finissent par la recouvrir totalement. L'apex de chaque cérate montre une tache rouge brunâtre bien définie.
Au travers de la partie transparente du tégument cératal, la glande digestive apparaît plutôt brune.
A l'avant, la tête porte une paire de rhinophores* assez longs, non lamellés, clairs, diaphanes à transparents mais dont les extrémités deviennent blanc opaque ou jaune opaque très pâle.
De même, on distingue à l'avant une paire de tentacules oraux (ou palpes labiaux), plus courts que les rhinophores mais semblable à ces derniers, présentant une coloration blanche ou jaune.
Confusions peu probables, sinon avec d'autres éolidiens de dessins et/ou couleurs plus ou moins approchants… La principale difficulté d'observation est la taille réduite de l'animal.
Cuthona thompsoni Garcia, Lopez-Gonzalez & Garcia-Gomez 1991 est plus petite (10 mm) et, pour l'aire de distribution commune, est seulement connue au Portugal et sur la côte espagnole atlantique.
Trinchesia caerulea Montagu, 1804 est souvent un peu plus grande que Trinchesia ocellata. Les anneaux jaunes et bleus sur les cérates sont, même si les couleurs peuvent être relativement pâles et prêter aux doutes, nets et bien dessinés, moins maculés que chez la cuthona ocellée.
A l'instar de la majorité des éolidiens, Trinchesia ocellata se rencontre principalement sur les buissons d'hydraires qui constituent sa nourriture. Les rencontres attestées ont eu lieu sur des hydraires des genres Eudendrium, Dicoryne, Sertularella, Halecium, Obelia, Podocoryne...
Il s'avère que, selon [Schmeckel & Portmann 1982], seul Halecium sp. a eu l'air de satisfaire les individus, même affamés, de C. ocellata auxquels on présentait ces divers genres d'hydraires…
Elle a incidemment également été rencontrée sur des Lophophoriens. Mais il ne semble pas qu'ils constituent une nourriture pour cette espèce assez peu documentée.
Une publication très récente ([Willis &al. 2017]) sur Cratena peregrina, avance que les éolidiens mangeurs d'hydraires se nourriraient également du zooplancton capturé par les polypes du cnidaire et choisiraient prioritairement les polypes rassasiés en zooplancton par rapport aux autres polypes. Les auteurs de l'étude ont appelé ce mécanisme, visant à manger un organisme-proie au travers d'un autre organisme primo-prédateur : la kleptoprédation.
Animaux hermaphrodites, les individus se reproduisent deux à deux, en s'échangeant simultanément leurs gamètes lors d'un rapport proximal. Les pontes respectives auront lieu ensuite, déposées près d'une source de nourriture. La reproduction a lieu, en général, au printemps.
La ponte se présente en un fin ruban d'œufs blancs qui s'enroule dans les branches des buissons d'hydraires.
Le principal moyen de défense utilisé par les éolidiens est le recyclage à leur propre usage des cnidoblastes urticants appartenant initialement aux hydraires qu'ils consomment ! Ainsi, Cuthona ocellata, qui mange la tête des polypes de l'hydraire, non seulement n'est pas blessée par l'action fortement urticante des cnidoblastes de celle-ci mais fait migrer ces cellules urticantes intactes jusqu'à l'extrémité de son système digestif et les stocke dans ses cnidosacs*, au sommet des cérates* ! On pense que le systeme digestif de l'animal neutralise les cnidoblastes actifs afin qu'il ne causent aucun dommage et que les cnidoblastes embryonnaires ou immatures sont dirigés par le même système digestif jusqu'aux cnidosacs. Ces cellules urticantes sont désormais allouées à sa propre protection et se déclencheront si Cuthona ocellata est attaquée. Ce mode de défense semble être fortement efficace et l'on connaît peu de prédateurs aux éolidiens utilisant ces armes...
Les Nudibranches de type éolidien ne possèdent pas de branchies à proprement parler (contrairement aux doridiens qui présentent un panache branchial dorsal ou des branchies costales). La respiration des éolidiens se fait de manière cutanée, au travers du tégument des cérates.
Les rhinophores* sont les organes "chimiques" des Nudibranches. C'est entre autre grâce à eux que l'animal perçoit son environnement, reconnaît la signature chimique de ses congénères ou de ses proies...
Ces rhinophores sont également utiles à l'orientation car sensibles aux paramètres physiques, comme le sens des courants, la luminosité, la température...
Les palpes labiaux sont, eux, plus précisément destinés à un rapport de contact avec l'environnement.
La radula, pièce physique primordiale dans la nutrition de la plupart des mollusques opisthobranches, est une sorte de langue râpeuse, située dans le larynx et constituée de nombreuses denticules acérées. La forme de la radula, des denticules, leur agencement, sont des éléments spécifiques d'une espèce donnée et sont discriminatifs quant à l'identification et la taxonomie de cette espèce. Son observation exige néanmoins dissection et matériel optique de laboratoire.
Cuthona ocellée : le nom commun de cette espèce est une francisation de son précédant nom scientifique : Cuthona ocellata.
Trinchesia : dédiée à Salvatore Trinchese (1836-1897), zoologiste italien qui étudia les mollusques gastéropodes.
Le genre a été décrit par Hermann von Ihering en 1879.
ocellata : du latin [ocellata] = ocellée.
Probablement parce que «les cérates portent, en dessous des cnidosacs, un anneau de taches blanc opaque» [Schmekel L., Portmann A. 1982]
Concernant son précédant nom de genre, Cuthona, l'origine du mot est incertaine.
Nous rencontrons un personnage féminin nommé Cuthona dans les Poèmes d'Ossian, recueil de poèmes gaéliques du IIIe siècle, publiés en anglais par James Macpherson entre 1760 et 1763. Dans cette épopée irlandaise, Cuthona est enlevée à son fiancé Conlath. Dans une bagarre avec le ravisseur Toscar, Conlath décède et Cuthona meurt de chagrin 3 jours après. Origine réelle du nom de Genre à confirmer.
En vieil anglais : [-cuth] = connu, bien connu (Old English dictionnary).
Numéro d'entrée WoRMS : 750612
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
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Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Trinchesiidae | Trinchésiidés | |
Genre | Trinchesia | ||
Espèce | ocellata |
Un éolidien d’une douzaine de millimètres
Trinchesia ocelleta est relativement petite comparée à d’autres espèces d’éolidiens rencontrés par les plongeurs. On la voit ici escalader un bryozoaire dont la dimension des lophophores donne une échelle de taille.
Impérial de Terre, archipel de Riou, Marseille (13), 15 m
24/04/2007
Des décorations distinctives
La distribution des macules blanches, opaques, leur côté « peinture fraîche » est significative pour la discrimination de l’espèce. La pointe de rouge sombre à l’extrémité des cérates également.
Impérial de Terre, archipel de Riou, Marseille (13), 15 m
24/04/2007
De profil
Une cuthona ocellée escalade une branche de gorgone. On peut voir ici les longs rhinophores et la longue queue.
Parc National des Calanques (13), 15 m
01/2024
Opaque et translucide à la fois
Par transparence, on peut distinguer les extensions brunes de la glande hépato-pancréatique au travers de la membrane des cérates.
Les Impériaux, Marseille (13)
24/04/2007
Déjeuner
Comme la grande majorité des éolidiens, Trinchesia ocellata mange des polypes d’hydraires. C’est le cas ici. Mais elle a été vue, à plusieurs reprises, sur des bryozoaires… Ne mange-t-elle vraiment QUE des polypes d’hydraires ?
Impérial de Terre, archipel de Riou, Marseille (13), 17 m
24/04/2007
Duo
Le caractère un peu « brouillon » des décorations blanches de Trinchesia ocellata, la ligne blanche de la tête à la queue, permettent souvent de la distinguer d’autres espèces de même taille.
Les Impériaux, Marseille (13)
24/04/2007
Méditerranéenne
On rencontre Trinchesia ocellata principalement sur des fonds typiques des écosystèmes méditerranéens, tombants de coralligène notamment. Ici sur la rose des mers Pentapora fascialis. Un Bryozoaire.
Impérial de Terre, Archipel de Riou, Marseille (13), 15 m.
24/04/2007
De la famille des Trinchesiidae
Les rhinophores sont lisses, longs, plus longs que les tentacules oraux. Les cérates semblent rangés en lignes régulières transversalement au corps de l’animal…
Les Impériaux, Marseille (13)
24/04/2007
La ponte
Il est fort possible que la ponte en ruban, visible en haut à gauche, soit le fait de cette cuthona ocellée.
Tiboulen, Marseille (13), 3 m
22/06/2008
Très petit individu azuréen
Jolie rencontre, pas très courante sur le cap d'Antibes. L'individu fait environ 3 mm de long (l’échelle est donnée par la feuille d’udotée, de plus ou moins 5 cm de diamètre sur le bord de laquelle la cuthona ocellée se promenait). C'est en visionnant ses images à la maison que la photographe a pu savoir ce qu'elle avait pris en photo !
Cap d'Antibes (06), 10 m
22/05/2022
Distribution : dans l'Hérault
L'espèce a été rencontrée sur le cap d'Agde, où elle n'est pas commune. Le site des Tables est très assez peu profond (11 m max.) et il est principalement constituée de roches volcaniques creusées en failles. Le spot fait partie inclus du site Natura 2000 Posidonies du Cap d'Agde.
Les tables, cap d’Agde, Agde (34), 7 m
29/04/2023
Rédacteur principal : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Michel KUPFER
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable historique : Aedwina REGUIEG
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Ballesteros M., 1986, Presencia y biologia de Cuthona ocellata (Schmekel, 1966) (Mollusca: Opisthobranchia) en la Peninsula Ibérica, Secretariado de Publicaciones, Universidad de Murcia, Anales de biologica, 7 (Biología Animal, 2), 5-9.
Korshunova T., Martynov A., Picton B., 2017, Ontogeny as an important part of integrative taxonomy in tergipedid
aeolidaceans (Gastropoda: Nudibranchia) with a description of a new genus and species from the Barents Sea, Zootaxa, 4324(1), 001-022.
Willis T.J., Berglöf K.T.L., McGill R.A.R., Musco L., Piraino S., Rumsey C., Fernández T.V., Badalamenti F., 2017, Kleptopredation: a mechanism to facilitate planktivory in a benthic mollusc, Biology Letters, 13.
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La page sur Trinchesia ocellata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN