Trigone alterne

Trigonium alternans | (Bailey) A. Mann, 1907

N° 6041

Atlantique Nord-Est et Nord-Ouest, Méditerranée

Clé d'identification

  • En vue connective :
    Aspect rectangulaire aux angles arrondis
    Les angles ne dépassent pas ou très peu des côtés du rectangle
    Cingulum relativement large et finement ponctué
    Présence de côtes transversales
    Très souvent, deux cellules accolées l’une à l’autre par une face
  • En vue valvaire :
    Aspect général triangulaire
    Angles arrondis
    Ponctuation fine
    Présence de sillons séparant les angles et formant une marque hexagonale

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Triceratium alternans Bailey, 1851
Triceratium alternans f. alternans J.W. Bailey, 1851
Biddulphia alternans (J.W. Bailey) Van Heurck, 1885

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est et Nord-Ouest, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]

L’espèce est cosmopolite, elle se rencontre dans la plupart des eaux du monde dans la Manche, dans l'Atlantique Est et Ouest (Nouvelle Écosse et Nouveau Brunswick au Canada) et aux Etats-Unis (Maine), dans le Pacifique Est et Ouest, en Méditerranée et en mer Rouge.

Elle est présente, jamais en grandes quantités dans tout l'Atlantique Nord, avec des concentrations plus élevées en Mer du Nord.

Biotope

Trigonium alternans est une diatomée* benthique*, fréquemment accrochée à des algues ou à des éléments du substrat* (grain de sable, etc.). On peut la rencontrer dans le phytoplancton*.

Elle n’a pas de préférence marquée en matière de température puisqu’on la trouve dans des eaux chaudes (mer Rouge) et dans des eaux froides (péninsule du Kamchatka, baie de Fundy).

Description

Trigonium alternans est une diatomée* centrique* et possède une enveloppe externe siliceuse, le frustule* constituée de deux parties ou valves* de taille inégale, la plus petite, l'hypovalve* (ou hypothèque*) s'emboîtant dans la plus grande, l'épivalve* (ou épithèque*). Ces deux valves sont maintenues ensemble par une ceinture connective, le cingulum*. Ce frustule fait l’objet de la description qui suit.

En vue connective*, le frustule présente une allure rectangulaire aux angles arrondis, avec des bords plus ou moins ondulés. Les angles arrondis ne sont pas proéminents. Selon la mise au point, on peut observer des côtes qui partent du bord le plus long pour rejoindre le cingulum*. Celui-ci est bien visible et plus ou moins large selon les individus. Toute la surface du frustule est finement ponctuée.
Les frustules sont généralement regroupés par deux, mais il est parfois possible d’observer des chaînes, les individus étant retenus entre eux par un angle grâce au mucus sécrété par la diatomée.

En vue valvaire*, le frustule est triangulaire, les bords sont droits. Les angles sont arrondis. Les angles sont séparés de la partie centrale du frustule par un sillon, ce qui donne l’impression d’observer une forme hexagonale au centre du frustule. Il existe également des nervures plus petites, interrompues avant de rejoindre le centre du frustule.
La longueur des côtés, en vue valvaire, varie entre 30 et 60 microns.

Chez les cellules vivantes, le cytoplasme* occupe la totalité de l’espace disponible au sein du frustule. La récolte des individus conduit généralement à la formation d’un cytoplasme réduit, de forme sphérique.

Espèces ressemblantes

Trigonium alternans a longtemps été placée dans le genre Biddulphia en raison de sa ressemblance avec les espèces de ce genre. Les diatomées* du genre Biddulphia (en particulier Biddulphia biddulphiana) présentent des angles arrondis en saillie par rapport au reste du frustule*, ce qui permet de faire rapidement la différence.

Alimentation

Trigonium alternans est une algues autotrophe*, se nourrissant grâce à la photosynthèse*.

Reproduction - Multiplication

Il y a peu de documentation disponible spécifique à la reproduction de Trigonium alternans.

La multiplication des diatomées* est principalement assurée par division cellulaire, selon un mode très original : lors d'une mitose*, les deux valves du frustule de la cellule mère se séparent, chacune devenant l'épithèque* d'une cellule fille. Chaque cellule fille régénère alors la valve manquante, l'hypothèque*.
Ainsi, à chaque division mitotique d'une cellule, la cellule fille qui a hérité de l'épithèque est de taille identique, et la cellule fille qui a hérité de l'hypothèque est plus petite, ce qui entraîne une diminution progressive avec le temps de la taille moyenne d'une population.
Il existe une taille minimale au-delà de laquelle s’engage une reproduction sexuée. Cette taille minimale varie selon les espèces.

Pour la reproduction sexuée, les gamètes* mâles et femelles (généralement produits par deux cellules différentes) sont générées par méïose*. Chez les diatomées centriques comme Trigonium alternans, les gamètes mâles sont munis d’un flagelle*, qui leur permet de rejoindre une cellule ayant formé des gamètes femelles non flagellés, et dans laquelle ils pénètrent grâce à l'ouverture du frustule. La fusion des gamètes mâles et femelles donne naissance à un œuf, qui se transformera en auxospore*. L’auxospore s’entoure généralement d’un abondant mucilage* puis grossit jusqu’à atteindre la taille spécifique maximale d'une diatomée, avant de sécréter son frustule siliceux.

Des auxospores modifiées peuvent également être utilisées par les diatomées pour engager une phase de dormance ou de résistance, lorsque les conditions ambiantes deviennent défavorables.
Les phases dormantes de Trigonium alternans sont bien observées sur les sédiments mais il n'y a aucune indication sur la durée de ces phases.

Divers biologie

Trigonium alternans représente 20 % de la population diatomique des prélèvements en février (port d'Ostende en Belgique), puis plus rien ensuite, avec un petit retour en septembre (1,53 % de la population). Il est cependant difficile de tirer des conclusions définitives de ce constat, il s'agit d'une espèce mobilisable après les tempêtes, qui ont davantage lieu en hiver.

Informations complémentaires

Depuis les travaux de Patricia Sims & al. publiés en 2022, le nom scientifique valide pour cette espèce est Neobrightwellia alternans (Bailey) M.P. Ashworth & P.A. Sims 2022. Le référentiel taxonomique utilisé par l’INPN n’a pas encore été mis à jour. Cette espèce constitue l’holotype* du nouveau genre Neobrightwellia créé par les auteurs.

Origine des noms

Origine du nom français

Trigone alterne est la simple traduction du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Le nom de genre Trigonium dérive du latin [Trigonum] qui signifie triangle. Ce nom est une référence directe à la forme du frustule* en vue valvaire*. Ce nom de genre a été créé en 1867 par le biologiste suédois Per Theodor Cleve (1840-1905).

Le nom d’espèce alternans provient du latin [alternans], participe présent du verbe [alternare] qui signifie alterner. Jacob Whitman Bailey (1811–1857) n’a pas précisé, dans sa description initiale de l’espèce, pourquoi il la nommait ainsi. Ce choix pourrait être lié à l’allure des chaînes de cette espèce.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 699394

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Heterokontophyta Hétérokontophytes
Sous-embranchement Bacillariophytina
Classe Bacillariophyceae Bacillariophycées
Sous-classe Coscinodiscophycidae
Super ordre Biddulphianae
Ordre Biddulphiales Biddulphiales
Famille Biddulphiaceae Biddulphiacées
Genre Trigonium
Espèce alternans

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