Colonie encroûtante, d'aspect cireux, de 4 à 5 mm d’épaisseur
Couleur blanc sale tirant très légèrement sur le bleu
En forme de coulure de bougie aux bords arrondis
Orifices inhalants et exhalants réguliers
Synascidie tapis
Overgrowing mat tunicate (GB), Sinascidia entapizante (E), Mattenseescheide (D)
Atlantique tropical ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesElle est présente dans tout l’arc antillais de la Floride aux Bahamas jusqu’au Venezuela. Espèce commune, parfois très abondante dans certaines zones.
Cette ascidie coloniale est un animal qui essaie de trouver sa place un peu partout, entre 3 et 35 m, colonisant les madréporaires et éponges. Elle a été observée dès 6 m sur une corde de bouée fixe d’amarrage.
Colonie encroûtante et dure, de 4 à 5 mm d’épaisseur, très envahissante.
Pas de forme définie, la colonie prend la forme de son support. Elle fait parfois penser à des coulures de bougie, les bords de la colonie sont arrondis.
La couleur la plus courante est très claire : blanc sale tirant très légèrement sur le bleu. Les variantes peuvent aller du gris brunâtre au vert.
Les individus, dont les minuscules siphons inhalants ne sont visibles qu’à la loupe, sont noyés dans une masse qui a l’aspect et la consistance du cuir. Les trous inhalants et exhalants sont réguliers. Seuls les orifices exhalants sont visibles à l’œil nu.
Elle peut être facilement confondue avec une éponge encroûtante, une observation attentive à la loupe permettra d’observer l’infime contraction des orifices au toucher.
Parmi les autres didemnidés de la même région, on peut citer :
Toutes ces espèces sont facilement distinguées de l'ascidie blanche par leur simple coloration.
Comme toutes les synascidies, c’est une colonie d’animaux filtreurs. Etant donnée la taille des orifices inhalants, seules les microparticules sont ingérées, en particulier l'ascidie blanche est un filtreur très efficace de bactéries.
Les tissus contiennent également des cyanobactéries, qui vivent en symbiose et participent à la croissance de la colonie.
Les individus reproducteurs de la colonie incubent leurs larves dans des "poches" à l'extérieur des zoïdes.
Les larves sont ensuite relâchées vers le milieu de la journée, toute l’année avec un maximum entre juin et décembre. Ces larves nagent pendant une très courte période (quelques minutes à quelques heures) puis s'installent, de préférence là où d'autres larves sont déjà fixées, jamais sur du corail vivant.
Les colonies sont toujours "propres", aucune épibiose* n’a été observée.
Dès le stade larvaire ("têtards"), ces ascidies sont capables de synthétiser des substances répulsives pour leurs prédateurs : poissons, actiniaires. Ces substances, jointes à la rapidité de croissance des colonies, protègent l'ascidie des épibiontes.
Au contraire, c'est plutôt l'ascidie blanche qui a tendance à envahir ses voisins : éponges, coraux, macro-algues. Une augmentation significative du nombre et de la taille des colonies a été observée dans les zones où les récifs coralliens sont détériorés, au point qu'elle est parfois considérée comme envahissante (à Bonaire, l'extraction manuelle a même été envisagée comme moyen de contrôle de cette prolifération).
Une association avec des Cyanophycées (Prochloron) a été signalée pour cette espèce, comme pour l'ascidie à cyanobactéries Trididemnum cyanophorum.
En plus de leur aspect de "coulure de chandelle", ces colonies d'ascidies sont capables de se déplacer réellement sur leur substrat, pas exactement en rampant, mais par croissance locale suivie de régression des différentes parties de la colonie. La même colonie, vue à quelques semaines ou mois d'intervalle, va ainsi occuper une situation différente sur son substrat selon la phase d'invasion ou de recul observée.
Ascidie blanche encroûtante, pour la distinguer de l'ascidie noire encroûtante.
Trididemnum : probablement dérivé du grec [tri-] = trois fois, à cause des trois rangées de stigmates* (perforations dans le sac branchial) qui sont une caractéristique du genre ;
didemnum : [di-] = deux et [demnion] = matelas, lit, ici dans le sens de "logette". En effet, dans le premier de ses "Mémoires sur les animaux sans Vertèbres", Savigny, le créateur de ce nom, décrit ainsi le genre Didemnum : "Polype occupant deux loges, abdomen pédiculé", par opposition au genre Aplidium "Polype occupant une seule loge, abdomen et ovaire sessiles".
solidum (latin), signifie dense, compact.
Numéro d'entrée WoRMS : 251537
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Didemnidae | Didemnidés | Aplousobranches avec thorax et abdomen. Zoïdes très petits et courts formant de fines colonies encroûtantes. Incrustations calcaires étoilées. (Ce n'est pas le cas du genre Diplosoma). |
Genre | Trididemnum | ||
Espèce | solidum |
Aspect cireux
La couleur en lumière ambiante est bleutée. Les orifices inhalants sont à peine perceptibles.
Pointe Plate, Guadeloupe (971), 12 m
1/3/2009
Envahissante
La colonie ressemble à une énorme coulure de bougie qui recouvre une surface de plusieurs dizaines de centimètres carrés.
Port-Louis, Guadeloupe (971), 12 m
08/02/2008
Coulures
Les colonies ont ici un aspect typique en coulure de chandelle .
les Pierres Taillées, Port-Louis (Guadeloupe), 12 m
11/03/2012
Détail des orifices
Les orifices inhalants sont à peine plus gros qu'une tête d'épingle, tandis que les orifices exhalants ne dépassent pas 5 mm. Observés à la loupe, tous les orifices se rétractent lorsqu'on touche la colonie.
Pointe Plate, Port-Louis (971), 12 m
01/03/2009
Sur une amarre
L'ascidie blanche encroûte tout ce qu'elle peut !
Pointe Plate, Guadeloupe (971), 6 m
21/05/2009
Dans la mangrove
Sur des racines de palétuvier : un aspect de coulure de bougie.
La Caravelle, Martinique (972), 1 m
21/05/2007
Colonie charnue
Les taches foncées de cette colonie mamelonnée et épaisse correspondent aux regroupements des siphons buccaux.
Playa Del Carmen, Yucatan, Mexique, 15 m
03/05/2013
Colonie verdâtre envahissante
Trididemnum solidum recouvre facilement un grande nombre d'organismes fixés dont des éponges sur lesquelles il n'adhère que faiblement.
Cozumel, Yucatan, Mexique, 15 m
01/05/2013
Colonie marbrée de rose
Sur cette colonie les siphons buccaux, regroupés en ligne, sont colorés en rose.
Passe à Colas, Guadeloupe, 7 m
04/12/2009
Rédacteur principal : Robert OMS
Vérificateur : Alain GOYEAU
Responsable régional : Anne PROUZET
Bak R.P.M., Lambrechts D.Y.M., Joenje M., Nieuwland G.,van Veghel M.L.J.,1996, Long-term changes on coral reefs in booming populations of a competitive colonial ascidian, Marine ecology - progress series, 133, 1-3, 303-306.
Bak R.P.M., Joenje M., De Jong I., Lambrechts D.Y.M., Nieuwland G., 1998, Bacterial suspension feeding by coral reef benthic organisms, Marine Ecology Progress Series, 175, 285-288.
Birkeland, D., Cheng, L., Lewin, R., 1981, Motility of didemnid ascidian colonies, Bull. mar. Sci., 31, 170-173.
McGrath E., Peachey R., 2008, The Colonial Tunicate Trididemnum solidum in the Bonaire National Marine Park: Colony Removal as a Potential Management Strategy, 11th International Coral Reef Symposium, Fort Lauderdale (Florida)
Van Duyl C., Bak R.P.M., Sybesma J., 1981, The Ecology of the Tropical Compound Ascidian Trididemnum solidum. I. -Reproductive Strategy and Larval Behaviour, Marine ecology - progress series, 6, 35-42.
La page de Trididemnum solidum dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN