Trididemnum à cyanobactérie

Trididemnum cyanophorum | Lafargue & Duclaux, 1979

N° 4570

Mer des Caraïbes (Atlantique Ouest tropical)

Clé d'identification

Coussinets de 1 à 3 cm, légèrement bombés, charnus et au bord arrondi
Souvent plusieurs colonies imbriquées, chacune de quelques cm de diamètre
Coloration brun violacé à lilas caractéristique
Marge large et boudinée sans zoïde
Siphons buccaux et cloacaux peu nombreux, de taille similaire et bordés d'un anneau blanc

Noms

Distribution géographique

Mer des Caraïbes (Atlantique Ouest tropical)

Zones DORIS : ● Caraïbes

La très grande majorité des observations de cette ascidie coloniale proviennent d'une zone très réduite autour de Malendure et des îlets Pigeon, à l'ouest de la Guadeloupe. Mais une observation à Playa Del Carmen au Mexique fait présumer de la présence potentielle de cette espèce peu connue dans l'ensemble de la mer des Caraïbes.

Biotope

Trididemnum cyanophorum a été observé de 5 à 40 m, dans des zones sciaphiles*, sur des éponges, des madréporaires ou à la base ombragée de gorgones.

Description

Trididemnum cyanophorum forme généralement de petites colonies de 1 à 2 cm de diamètre dans les trois-quarts des cas. La longueur maximum est de 18 cm. La forme des colonies est variable, les petites sont de forme presque circulaire, tandis que les grandes ont une forme moins régulière, allongée et sinueuse. Le plus souvent plusieurs colonies s'imbriquent étroitement, sans fusion et à la façon d'un puzzle. Cette disposition est caractéristique de l'espèce. L'épaisseur des colonies est d'environ 3 à 4 mm. La surface légèrement bombée est lisse.

La couleur des colonies est brun violacé à lilas et plus ou moins piqueté de blanc. Un anneau blanc est présent autour des ouvertures buccales des zoïdes* et des ouvertures cloacales* communes. Souvent, des anneaux fusionnent avec des anneaux voisins. D'autres présentent un prolongement en forme de pointe plus ou moins étendu. Ces anneaux blancs sont plus ou moins irréguliers et étendus selon les colonies mais sont toujours absents sur la marge boudinée. La coloration blanche est due à un pigment blanc et une concentration de spicules*.

Les ouvertures cloacales communes sont peu nombreuses (généralement de 1 à 5, ou plus, selon la taille de la colonie), de forme circulaire, de petite taille et difficiles à distinguer des ouvertures buccales.

La consistance de la tunique* est plus ou moins cartilagineuse mais jamais dure ni coriace. L'adhérence des colonies au substrat est faible.

Espèces ressemblantes

Trididemnum cyanophorum est une espèce très proche, au moins du point de vue anatomique, de Trididemnum solidum. La consistance des colonies de Trididemnum cyanophorum est plus molle et sa coloration brun violacé caractéristique. L'écologie des deux espèces diffère aussi, la répartition bathymétrique est plus étendue chez T. cyanophorum qui est toujours abondante dans Ia partie inférieure de I'étage infralittoraI* tandis que T. solidum reste cantonnée dans sa partie supérieure.

Trididemnum orbiculatum est une autre espèce plus discrète et dont les siphons buccaux sont cerclés de brun.

Alimentation

Comme les autres tuniciers, c'est un animal filtreur*. L'eau, chargée des particules nutritives, pénètre par le siphon* buccal. Ce dernier est muni d'une couronne de tentacules* sensoriels. En déclenchant la contraction du siphon buccal, ces tentacules sont capables de boucher l'entrée aux objets aspirés de trop grande taille. Le liquide qui a pénétré dans l'animal débouche à l'intérieur d'un sac branchial, puis est amené au niveau de fentes que l'on appelle les trémas* ou stigmates*. Il passe ensuite dans la cavité péribranchiale, puis ressort par le siphon cloacal*.
Les particules sont retenues au niveau des fentes du filtre et sont enrobées par du mucus, l'ensemble constituant un agrégat nutritif qui est conduit par le battement des cils vers l'estomac via l'œsophage. La digestion y est facilitée par l'action d'une glande digestive qui y est accolée. Après le passage dans l'intestin, les déchets de la digestion sont évacués, sous forme de chapelets de fèces*, par un anus débouchant dans le siphon cloacal.

Reproduction - Multiplication

Les ascidies sociales (Aplousobranches) ainsi que les Thaliacés se reproduisent généralement selon une alternance de cycles sexués et asexués. Mais les deux modes de reproduction peuvent aussi être concomitants à la belle saison chez certaines espèces.

Reproduction sexuée : les ascidies sociales sont hermaphrodites*, le plus souvent vivipares* (rarement ovipares*) et la fécondation est interne. Chez certaines espèces, l'embryon se développe dans l'ascidie "mère".
Chez Trididemnum cyanophorum l'ovaire ne contient qu'un ovocyte*, rarement deux. La fécondation est intra-ovarienne. L'abdomen du zoïde géniteur régresse au cours de Ia segmentation. Les œufs sont très gros et les larves*, relativement énormes (1,2 mm de long), sont deux fois plus volumineuses que les zoïdes*. La tunique larvaire renferme toujours une multitude d'algues unicellulaires (Voir § "Vie associée").

Reproduction asexuée : la formation de la colonie peut commencer par bourgeonnement à partir de l’individu souche après fixation et métamorphose* de la larve.

Vie associée

Dans l'ensemble des eaux tropicales, il existe une trentaine d'espèces de Didemnides présentant une association symbiotique avec des algues unicellulaires de type cyanobactérie (Prochloron). Dans Ia mer des Caraïbes cette association symbiotique a été mise en évidence pour la première fois entre l'ascidie coloniale Trididemnum cyanophorum et la cyanobactérie Synechocystis trididemni en 1979. Cette cyanobactérie d'environ 8 à 11 µm de diamètre et de couleur rose-rouge est responsable de la coloration des tissus de l'ascidie dans lesquels elle vit.

Les cyanobactéries, ou Cyanophycées, ou encore algues bleues (leurs anciens noms), sont des bactéries photosynthétiques, c'est-à-dire qu'elles tirent parti, comme les plantes, de l'énergie solaire pour synthétiser leurs molécules organiques. Pour capter cette lumière, elles utilisent différents pigments : des phycocyanines (de couleur bleu-vert) ou la chlorophylle.

Origine des noms

Origine du nom français

Trididemnum à cyanobactérie est une traduction du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Trididemnum : probablement dérivé du grec [tri-] = trois fois, à cause des trois rangées de stigmates* (perforations dans le sac branchial) qui sont une caractéristique du genre, et de Didemnum : [di-] = deux et [demnion] = matelas, lit, ici dans le sens de "logette". En effet, dans le premier de ses "Mémoires sur les animaux sans Vertèbres", Savigny, le créateur de ce nom, décrit ainsi le genre Didemnum : "Polype occupant deux loges, abdomen pédiculé", par opposition au genre Aplidium : "Polype occupant une seule loge, abdomen et ovaire sessiles".

cyanophorum : du grec [kuanos] = bleu et du grec [phorum] = qui porte. Signifie "porteur de cyanobactéries". Les auteurs précisent que l'espèce est ainsi nommée parce qu'elle renferme de très nombreuses Zoocyanelles.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 251501

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Urochordata / Tunicata Urochordés / Tuniciers Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires).
Classe Ascidiacea Ascidies / Ascidiacés Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde.
Ordre Aplousobranchia Aplousobranches Ascidies coloniales.
Famille Didemnidae Didemnidés Aplousobranches avec thorax et abdomen. Zoïdes très petits et courts formant de fines colonies encroûtantes. Incrustations calcaires étoilées. (Ce n'est pas le cas du genre Diplosoma).
Genre Trididemnum
Espèce cyanophorum

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