Phasianelle esthétique

Tricolia speciosa | (Megerle von Mühlfeld, 1824)

N° 4518

Méditerranée

Clé d'identification

Coquille brillante, solide, élancée, colorée, avec 5,5 tours de spire
Jusqu’à 14 mm de haut
Ouverture sans nacre
Présence d'un cal en haut de l'ouverture
Opercule calcaire blanc légèrement convexe
Presque toujours sur des posidonies

Noms

Autres noms communs français

Phaisanelle esthétique ou turbo-faisan esthétique

Noms communs internationaux

Mediterranean pheasant shell, brown pheasant shell, showy pheasant (GB) Die prächtige Mondschnecke (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Turbo speciosus Megerle von Mühlfeld, 1824
Phasianella speciosa (Megerle von Mühlfeld, 1824)
Phasianella vieuxii Payraudeau, 1826
Tricolia nicaeensis Risso, 1826
Tricolia rubra Risso, 1826
Phasianella ferussaci Guerin, 1829
Phasianella lymnaeoides Anton, 1838
Phasianella speciosa var. albina Monterosato, 1880
Phasianella speciosa var. lactea Monterosato, 1880
Phasianella speciosa var. maculata Monterosato, 1880
Phasianella speciosa var. major Monterosato, 1880
Phasianella speciosa var. normalis Monterosato, 1880
Phasianella speciosa var. spirolineata Monterosato, 1880
Phasianella speciosa var. viridis Monterosato, 1880
Phasianella speciosa var. aurea Dautzenberg, 1882
Phasianella speciosa var. atrata Dautzenberg, 1883
Phasianella speciosa var. purpurea Dautzenberg, 1883
Phasianella speciosa var. atra Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1884
Tricolia speciosa var. seriopunctata Monterosato, 1884
Tricolia speciosa var. virescens Monterosato, 1884
Phasianella speciosa var. sanguinea Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1884
Tricolia rentneri F. Nordsieck, 1973

Distribution géographique

Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Tricolia speciosa est présente en Méditerranée et en mer Noire. Elle est absente en mer d’Alboran et dans le détroit de Gibraltar.

Biotope

Cette phasianelle vit dans l’infralittoral* surtout sur les feuilles de posidonies, plus rarement sur des algues.

Description

La coquille mesure 14 mm de longueur pour 7 mm de largeur et compte 5,5 tours de spire. Elle est de forme générale élancée avec un développement important du dernier tour. Les tours sont arrondis, un peu aplatis à la périphérie. La surface est lisse et brillante. Les coquilles juvéniles sont translucides et deviennent opaques et porcelanées chez l’adulte, surtout le long de la suture*. L’ouverture est ovale, oblongue, sans nacre, avec un cal* là où la lèvre externe rejoint le tour précédent. L'opercule* calcaire, ovoïde est blanc et sa face externe est convexe.

La coloration et les motifs varient considérablement d'un individu à l'autre voire sur une même coquille. Le plus souvent, la zone sous la suture est blanchâtre avec des groupes de lignes brunes. Le reste de la spire porte des lignes obliques régulières et fines, interrompues par deux ou plusieurs bandes spirales. Ces lignes fusionnent en points en forme de croissant. Il peut y avoir, en particulier sur les jeunes tours, de petites taches d’un blanc opaque, également disposées en spirale. Les lignes obliques sont souvent remplacées sur une partie ou sur la totalité de la coquille par de petits points disposés selon un motif similaire. Certains individus peuvent être uniformément rouges avec quelques flammes blanches sous la suture ou entièrement jaunâtres, voire blancs avec seulement quelques rangées de points disposées en spirale.


La tête porte deux tentacules* céphaliques* avec un œil à la base de chacun. Chez de nombreux individus les tentacules sont blancs bordés de rouge sauf à la base. Comme chez les autres phasianelles, on observe trois paires de tentacules épipodiaux* et un sillon longitudinal sur la face inférieure du pied*.

Espèces ressemblantes

Ces animaux ressemblent aux troques (comme la troque orange ou l'astrée rugueuse), mais ils en diffèrent par deux caractéristiques externes évidentes :

  • la taille (les deux espèces citées ci-dessus sont beaucoup plus grandes)
  • et l'opercule* de la coquille est calcaire, épais avec la face externe convexe alors que les troques ont un opercule mince et corné et l'astrée un opercule calcaire épais, orange.

Il existe de nombreuses espèces de Tricolia, très proches et très variables, en Atlantique est et en Méditerranée, Certains auteurs, autrefois, n’ont pas hésité à décrire de nombreuses sous-espèces.
Une étude récente de l’information génétique (Baptista & al., 2023) a mis un peu d’ordre.
Deux caractéristiques sont importantes:

  • la petite taille des coquilles (jusqu’à 10 mm de hauteur)
  • et la présence d’un opercule calcaire, épais avec la face externe convexe.

En gros il existe deux groupes de Tricolia :

  • les “grandes” de 5 à 10 mm de haut pour des individus adultes
  • et les “petites” qui mesurent seulement quelques millimètres de haut.

Les “grandes” n’ont pas d’ombilic* sauf quand elles mesurent moins de 0,5 mm de haut. Dans ce cas, l'identification des coquilles est plus complexe.

Les Tricolia méditerranéennes de "grande taille":

Tricolia pullus : la coquille est beaucoup moins allongée, elle mesure 8 mm de haut et 5 mm de large. Cette espèce est présente sur la façade atlantique et en Méditerranée. Elle est présente principalement sur les algues rouges et les posidonies.

Tricolia tenuis Michaud, 1829 ne serait présente qu'en Méditerranée. Elle vit également obligatoirement dans les herbiers de phanérogames marines (Posidonia oceanica et Cymodocea nodosa) dans des eaux plus abritées (étangs littoraux et localités calmes) que T. pullus. Elle mesure 6 à 7 mm de longueur (occasionnellement jusqu'à 10 mm). Sa forme serait un peu plus élancée, son ouverture ronde et sa coquille plus fine (translucide) La coloration de la coquille d'une seule teinte de rouge orangé présente une prédominance de points et de rangées spirales de taches (au lieu des flammes et points de T. pullus). Des individus exceptionnels peuvent être entièrement rouges ou blancs, ou couverts de lignes rouges obliques régulièrement parallèles. L'animal vivant est verdâtre.

Tricolia miniata (Monterosato,1884). (il s'agit peut-être d'un complexe d'espèces). la coquille est plus petite (3 mm de hauteur, jusqu'à 5 mm) avec 4 tours. Elle vit peu profond sur les algues infralittorales* (souvent sur Halopteris scoparia). La coquille est assez brillante, translucide à l'exception des zones basales et columellaires qui sont plus opaques. Les tours sont régulièrement arrondis, les stries de croissance sont plus marquées dans la partie inférieure du dernier tour. La coloration est brun noir avec des taches orange vif, sans rouge. L'ouverture est arrondie. On peut observer une étroite fente ombilicale. La deuxième paire de tentacules épipodiaux* est nettement plus courte que les deux autres (moins du quart de la longueur). la coloration des flancs du pied forment deux ou trois faisceaux brun-rouge à verdâtre. présence d'une zone axiale claire sur tête.
Il existe plusieurs espèces de petite taille (1 à 1,5 mm de long).

Dans l'Atlantique nord est seules trois espèces sont présentes

  • Tricolia picta (da Costa, 1778). cette espèce vit sur des algues dans l'infralittoral*, à partir des basses mers de vives-eaux jusqu'à 35 m de profondeur, du nord des îles Britanniques au Maroc. Elle mesure jusqu'à 9 mm de hauteur.
  • Tricolia azorica (Dautzenberg, 1889) qui est limitée aux archipels de l'Atlantique nord-est (Açores, Madère, îles sauvages et Canaries). Elle vit exclusivement sur des algues et mesure 5 mm de hauteur.
  • Tricolia sp.1. cette espèce est très proche génétiquement de la précédente. Elle a été trouvée dans les algues marines du nord du Portugal à la Bretagne (France). Des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si cette espèce est également présente avec des phanérogames* ou si elle vit obligatoirement dans les algues comme l'espèce sœur T. azorica.

Alimentation

Tricolia speciosa se nourrit certainement, comme Tricolia pullus, de diatomées* et probablement de l’épiderme des posidonies.sur lesquelles elle se déplace et qu’elle râpe avec sa radula*.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés. Le mâle ne possède pas de pénis. Les ovules* et les spermatozoïdes* sont libérés dans l’eau de mer et la fécondation s’effectue en pleine eau.
Une larve* trochophore* planctonique* éclot peu de temps après la fécondation. Cette larve se transforme ensuite en larve véligère* planctonique, puis devient benthique* après quelques jours. Cette espèce est probablement annuelle.

Vie associée

Tricolia speciosa semble strictement associée à Posidonia oceanica.

Cette phasianelle serait l’hôte intermédiaire de parasites, des trématodes digènes de la famille des Opecoelidés.

Divers biologie

Le pied étant divisé au milieu par un sillon longitudinal, chaque côté avance à son tour (comme l’amble du cheval ou de la girafe et les Littorinidés), la moitié fixe servant de point d'appui.
Les tentacules céphaliques et épipodiaux sont extensibles et ils ondulent lorsque l'animal rampe. Ils ont probablement un rôle tactile pour explorer l'environnement.

Informations complémentaires

Paradoxalement, pour cette espèce peu étudiée par ailleurs, on connaît le nombre de chromosomes. Tricolia speciosa possèderait le plus faible nombre de chromosomes (soit 2n = 16) pour cette catégorie de mollusques (les Vétigastropodes).

Origine des noms

Origine du nom français

Phasianelle esthétique : ce nom vernaculaire est une proposition du site DORIS.

Phasianelle : francisation du latin [phasianus] qui vient du grec [phasianos] = oiseau du Phase en Colchide (le faisan) et du diminutif [-elle], donc petit faisan. Ce nom de genre donné par Lamarck en 1804, pour la beauté de ses couleurs (comme les plumes des faisans) et ses nombreuses variétés.

Le nom de phasianelle est également employé pour des oiseaux de la famille des Colombidés comme la phasianelle d'Amboine Macropygia amboinensis (Linnaeus, 1766).

Origine du nom scientifique

Tricolia : il s'agit peut être une indication pour les trois couleurs de la coquille. Ce nom de genre a été donné par Risso en 1826 sans explication.

speciosa : du latin [specisous, a, um] = de bel aspect, l’auteur Megerle de Mühlfeld l’a qualifiée de « prächtige » soit magnifique, superbe.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 141702

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Vetigastropoda Vétigastropodes

Coquille de forme très variable, la plupart des espèces possèdent un opercule. La tête possède une seule paire de tentacules céphaliques et le mufle porte la bouche. Des tentacules épipodiaux* (à rôle sensoriel) sont présents sur les côtés du corps.

Ordre Trochida Trochida
Famille Phasianellidae Phasianellidés

Ce sont des gastéropodes présents dans les eaux peu profondes de la plupart des mers tropicales et tempérées. Les coquilles sont souvent petites et sont généralement très colorées avec des motifs variés. L’opercule est calcaire.

Sous-famille Tricoliinae Tricoliinés

Coquille ne dépassant pas 10 mm de haut, conique, pointue, lisse ou à fines stries spirales. Coloration et dessins très variables.

Genre Tricolia
Espèce speciosa

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