Phasianelle minuscule

Tricolia pullus | (Linnaeus, 1758)

N° 4264

Méditerranée

Clé d'identification

Coquille brillante, colorée, avec 5 à 6 tours de spire
5 à 10 mm de hauteur
Ouverture sans nacre
Opercule calcaire hémisphérique blanc
Sur les algues et les phanérogames marines

Noms

Autres noms communs français

Tricolie commune

Noms communs internationaux

Pheasant shell, european pheasant shell, lesser pheasant snail (GB), Kleine Doppelfußschnecke, Fasanküken, Dreifarbige Fasanenschnecke (D) Gewone dekselhoren, dekselhoren (NL). Certains de ces noms étaient utilisés pour la forme atlantique Tricolia picta.

Synonymes du nom scientifique actuel

Turbo pullus Linnaeus, 1758
Turbo pullus pullus Linnaeus, 1758
Phasianella pulla (Linnaeus, 1758)
Eudora pullus (Linnaeus, 1758)
Phasianella pullus (Linnaeus, 1758)
Tricolia pullus pullus (Linnaeus, 1758)
Turbo flammeus Salis Marschlins, 1793
Tricolia punctata Risso, 1826
Tricoliella punctata (Risso, 1826)
Phasianella pullulus Anton, 1838
Phasianella crassa Brusina, 1865
Phasianella pulla var. albina Monterosato, 1880
Phasianella pulla var. tricolore Monterosato, 1880
Phasianella pulla var. zigzag Monterosato, 1880
Phasianella pullus var. unifasciata Monterosato, 1880
Phasianella pullus var. flammulata Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1884
Phasianella pullus var. lineata Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1884
Phasianella pullus var. rosea Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1884
Tricolia tricolor (Monterosato à Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1884)
Tricolia pontica (Milaschewitsch, 1909)
Phasianella pontica Milaschewitsch, 1909
Phasianella fascicularis Dautzenberg, 1911
Eudora pullus var. mediocris Monterosato, 1917
Eudora pullus var. sanguinolaria Monterosato, 1917
Phasianella pullus var. bipunctata Pallary, 1938
Tricolia hoberti brindisfax F. Nordsieck, 1973
Tricolia pullus farolita F. Nordsieck, 1973
Tricolia milaschevichi Anistratenko & Starobogatov, 1991

Distribution géographique

Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Tricolia pullus est présente en Méditerranée et en mer d’Azov (au nord de la mer Noire).

Biotope

Tricolia pullus vit dans les herbiers de posidonies et de cymodocées infralittoraux* méditerranéens jusqu'à 40 m de profondeur, en mer ouverte.

Description

La coquille colorée, brillante et lisse a une spire* conique de 5 à 6 tours régulièrement arrondis, les stries de croissance sont indistinctes. Le dernier tour est le plus grand. Elle peut mesurer 5 à 10 mm de hauteur pour une largeur de 5 mm. La suture* est peu profonde. L’ouverture est ovale sans nacre, avec un opercule* calcaire hémisphérique blanc. Il n'y a pas d'ombilic* ou de fente visibles sur les coquilles adultes.
La coloration de la coquille est variable. Sur un fond blanc à brunâtre, voire rougeâtre, on distingue des flammes et des points rouge foncé et/ou bruns. Des flammes brunes commençant un peu en dessous de la suture et des taches en croissant, également brunes, sont disposées en spirale sur la partie inférieure de la spire. Ailleurs on observe des points régulièrement disposés atteignant normalement la partie la plus basse du dernier tour, près de la columelle*. Toutes ces flammes, taches et points peuvent varier considérablement en quantité et en formes, voire occuper toute la surface. Rarement, on peut observer sur toute la surface des flammes noires sur fond blanchâtre ou deux bandes rouges spiralées tressées sur fond blanc.
La coloration de la coquille adulte n’est pas visible par transparence à l’intérieur de l’ouverture, sauf sur le bord de la lèvre externe. L’intérieur apparaît uniformément blanchâtre.
Le museau est peu développé, les tentacules* céphaliques* sont longs, minces et bordés de papilles* sensorielles, chacun avec un pédoncule* portant un œil noir. Les deux lobes* du cou ont un bord frangé. Il y a trois tentacules épipodiaux* de chaque côté, également bordés de papilles. La paire du milieu est souvent plus courte (1/3 de la longueur) et peu visible. Le pied est étroit, avec un sillon longitudinal médian tout le long de la face inférieure.
L’animal est rougeâtre, les pédoncules oculaires et le bord du manteau* peuvent être verdâtres ; il y a des lignes brun-rougeâtre le long de la tête, du côté des tentacules céphaliques et du pied.

Espèces ressemblantes

Ces animaux ressemblent un peu aux troques (comme la troque orange ou l'astrée rugueuse), mais ils en diffèrent par deux caractéristiques externes évidentes :

  • la taille (les deux espèces citées ci-dessus sont beaucoup plus grandes)
  • l'opercule* de la coquille de Tricolia pullus est calcaire, épais avec la face externe convexe alors que les troques ont un opercule mince et corné et l'astrée un opercule calcaire épais, orange.

Il existe de nombreuses espèces de Tricolia, très proches et très variables, en Atlantique Est et en Méditerranée. De nombreuses sous-espèces ont été décrites dans le passé.
Une étude récente basée sur la génétique (Baptista & al., 2023) a mis un peu d’ordre et montré que Tricolia pullus (en Méditerranée) et Tricolia picta (en Atlantique Nord-Est) sont à présent considérées comme deux espèces distinctes.

Deux caractéristiques sont importantes:

  • la petite taille des coquilles (jusqu’à 10 mm de hauteur)
  • la présence d’un opercule calcaire, épais avec la face externe convexe.

En gros, il existe deux groupes de Tricolia :

  • les “grandes” de 5 à 10 mm de haut pour des individus adultes
  • et les “petites” qui mesurent seulement quelques millimètres de haut.

Les “grandes” n’ont pas d’ombilic* sauf quand elles mesurent moins de 0,5 mm de haut. Dans ce cas, l'identification des coquilles est plus complexe.

Les Tricolia méditerranéennes de "grande taille":

  • Tricolia speciosa (Megerle von Mühlfeld, 1824) ou phasianelle esthétique. Elle n'est présente qu'en Méditerranée et vit obligatoirement sur les posidonies et les cymodocées. Cette espèce possède une coquille allongée, étroite (13 mm de longueur et 5 mm de largeur). Sa coloration est aussi variable que celle de Tricolia pullus mais avec des lignes au lieu des pointillés.
  • Tricolia tenuis Michaud, 1829 ne serait présente qu'en Méditerranée. Elle vit également obligatoirement dans les herbiers de phanérogames marines (Posidonia oceanica et Cymodocea nodosa) dans des eaux plus abritées (étangs littoraux et localités calmes) que T. pullus. Elle mesure 6 à 7 mm de longueur (occasionnellement jusqu'à 10 mm). Sa forme serait un peu plus élancée, son ouverture ronde et sa coquille plus fine (translucide). La coloration de la coquille d'une seule teinte de rouge orangé présente une prédominance de points et de rangées spirales de taches (au lieu des flammes et points de T. pullus). De rares individus peuvent être entièrement rouges ou blancs, ou couverts de lignes rouges obliques régulièrement parallèles. L'animal vivant est verdâtre.
  • Tricolia miniata (Monterosato,1884) : il s'agit peut-être d'un complexe d'espèces. La coquille est plus petite (3 mm de hauteur, jusqu'à 5 mm) avec 4 tours. Elle vit en eau peu profonde sur les algues infralittorales* (souvent sur Halopteris scoparia). La coquille est assez brillante, translucide à l'exception des zones basales et columellaires qui sont plus opaques. Les tours sont régulièrement arrondis, les stries de croissance sont plus marquées dans la partie inférieure du dernier tour. La coloration est brun noir avec des taches orange vif, sans rouge. L'ouverture est arrondie. On peut observer une étroite fente ombilicale. La deuxième paire de tentacules épipodiaux* est nettement plus courte que les deux autres (moins du quart de la longueur). La coloration des flancs du pied forme deux ou trois faisceaux brun-rouge à verdâtre. On note la présence d'une zone axiale claire sur la tête.

Il existe plusieurs espèces de petite taille (1 à 1,5 mm de long).

Dans l'Atlantique Nord-Est seules trois espèces sont présentes :

  • Tricolia picta (da Costa, 1778) : cette espèce vit sur des algues dans l'infralittoral*, à partir des basses mers de vives-eaux jusqu'à 35 m de profondeur, du nord des îles Britanniques au Maroc. Elle mesure jusqu'à 9 mm de hauteur.
  • Tricolia azorica (Dautzenberg, 1889) qui est limitée aux archipels de l'Atlantique Nord-Est (Açores, Madère, Selvagens [îles sauvages] et Canaries). Elle vit exclusivement sur des algues et mesure 5 mm de hauteur.
  • Tricolia sp.1 : cette espèce est très proche génétiquement de la précédente. Elle a été trouvée dans les algues marines du nord du Portugal à la Bretagne (France). Des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si cette espèce est également présente sur des phanérogames* ou si elle vit obligatoirement sur les algues comme l'espèce sœur T. azorica.

Alimentation

La phasianelle minuscule se nourrit principalement de diatomées* et de l’épiderme* des algues et des phanérogames sur lesquelles elle rampe. Elle râpe la partie superficielle avec sa radula* en se déplaçant. Son museau se balance d’un côté à l’autre pendant qu’elle se nourrit.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés. Le mâle ne possède pas de pénis. Les ovules* d'environ 150 µm de diamètre, de couleur orange, sont pondus séparément. Chacun est entouré d’une couche de mucus de 5 µm d'épaisseur sécrété par l'ovaire. Les ovules et les spermatozoïdes* sont libérés dans l’eau de mer et la fécondation s’effectue en pleine eau. La couche de mucus gonfle dans l'eau enrobant un zygote* de 165 à 170 µm de diamètre.
Une larve* trochophore* planctonique* éclot 10 à 12 h après la fécondation. Cette larve se développe ensuite en larve véligère* planctonique. Après 2 à 5 jours de vie planctonique, elle devient benthique*, principalement là où il y a déjà des adultes.
Cette espèce est probablement annuelle.

Vie associée

Cette espèce est associée à des algues ainsi qu'à des posidonies et des cymodocées.

Divers biologie

Le pied étant divisé au milieu par un sillon longitudinal, chaque côté avance à son tour (comme l’amble du cheval ou de la girafe -les deux pattes d'un même côté se lèvent en même temps- et les littorinidés), la moitié fixe servant de point d'appui.
Les tentacules céphaliques* et épipodiaux* (voir schéma) sont extensibles et ils ondulent lorsque l'animal rampe. Ils ont probablement un rôle tactile pour explorer l'environnement.

Informations complémentaires

Auparavant, dans l’Atlantique Nord-Est et en Méditerranée, seule l’espèce Tricolia pullus était considérée comme présente. En conséquence toutes les études concernaient cette espèce. Actuellement, Tricolia pullus est considérée comme uniquement méditerranéenne. Tricolia picta est donc l’espèce qui la remplace, dans l’Atlantique Nord-Est.
En conclusion, avant 2023, toutes les descriptions de T. picta, dans l’Atlantique Nord-Est, sont sous le nom de T. pullus.

Cette espèce est connue à l'état fossile depuis le Miocène (environ - 20 Millions d'années) dans les roches italiennes et le Pliocène (environ - 5 Millions d'années) en Grèce et en Espagne.

Origine des noms

Origine du nom français

Phasianelle : francisation du latin [phasianus] qui vient du grec [phasianos] = oiseau du Phase en Colchide et du diminutif [-elle]. Nom donné par Lamarck en 1804, pour la beauté de ses couleurs (comme les plumes des faisans) et ses nombreuses variétés.
Le nom de phasianelle est également employé pour des oiseaux de la famille des Colombidés, comme la phasianelle d'Amboine Macropygia amboinensis (Linnaeus, 1766).

minuscule : simple traduction du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Tricolia : peut-être une indication pour les trois couleurs de la coquille. Ce nom de genre a été donné par Risso en 1826 sans explication.
pullus : il y a eu un débat (clôt en 1899) pour savoir si le nom d’espèce est pullus ou pulla. Selon Cooke, lorsque Linné écrivait le nom d’espèce avec une majuscule ce mot était utilisé en tant que nom (substantif) et quand il mettait une minuscule c’était un adjectif. Or Linné a écrit Turbo Pullus. En conséquence, c’est bien pullus du latin [pullus] = tout petit et non l’adjectif pulla du latin [pullum] = de couleur sombre, en accord avec Tricolia.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 141700

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Vetigastropoda Vétigastropodes

Coquille de forme très variable, la plupart des espèces possèdent un opercule. La tête possède une seule paire de tentacules céphaliques et le mufle porte la bouche. Des tentacules épipodiaux* (à rôle sensoriel) sont présents sur les côtés du corps.

Ordre Trochida Trochida
Famille Phasianellidae Phasianellidés

Ce sont des gastéropodes présents dans les eaux peu profondes de la plupart des mers tropicales et tempérées. Les coquilles sont souvent petites et sont généralement très colorées avec des motifs variés. L’opercule est calcaire.

Sous-famille Tricoliinae Tricoliinés

Coquille ne dépassant pas 10 mm de haut, conique, pointue, lisse ou à fines stries spirales. Coloration et dessins très variables.

Genre Tricolia
Espèce pullus

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