Coquille brillante, solide, colorée, avec 5-6 tours de spire
Jusqu’à 10 mm de haut
Ouverture sans nacre
Opercule calcaire hémisphérique blanc
Tricolie commune
Pheasant shell, european pheasant shell, lesser pheasant snail (GB), Kleine Doppelfußschnecke, Fasanküken, Dreifarbige Fasanenschnecke (D) Gewone dekselhoren, dekselhoren (NL)
Turbo pullus Linnaeus, 1758
Turbo pullus pullus Linnaeus, 1758
Phasianella pulla (Linnaeus, 1758)
Eudora pullus (Linnaeus, 1758)
Phasianella pullus (Linnaeus, 1758)
Tricolia pullus pullus (Linnaeus, 1758)
Turbo flammeus Salis Marschlins, 1793
Tricolia punctata Risso, 1826
Tricoliella punctata (Risso, 1826)
Phasianella pullulus Anton, 1838
Phasianella crassa Brusina, 1865
Phasianella pulla var. albina Monterosato, 1880
Phasianella pulla var. tricolore Monterosato, 1880
Phasianella pulla var. zigzag Monterosato, 1880
Phasianella pullus var. unifasciata Monterosato, 1880
Phasianella pullus var. flammulata Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1884
Phasianella pullus var. lineata Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1884
Phasianella pullus var. rosea Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1884
Tricolia tricolor (Monterosato à Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1884)
Tricolia pontica (Milaschewitsch, 1909)
Phasianella pontica Milaschewitsch, 1909
Phasianella fascicularis Dautzenberg, 1911
Eudora pullus var. mediocris Monterosato, 1917
Eudora pullus var. sanguinolaria Monterosato, 1917
Phasianella pullus var. bipunctata Pallary, 1938
Tricolia hoberti brindisfax F. Nordsieck, 1973
Tricolia pullus farolita F. Nordsieck, 1973
Tricolia milaschevichi Anistratenko & Starobogatov, 1991
Du nord de la Grande-Bretagne à la Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Tricolia pullus est présente aux Orcades (îles au nord-est de l’Ecosse), sur la côte ouest de la Grande-Bretagne et sur les côtes irlandaises (mais elle est absente en Scandinavie, en mer du Nord et en Manche orientale). On la trouve également sur la côte atlantique nord-est (France, Portugal, Canaries et Maroc) ainsi qu’en Méditerranée et en mer d’Azov (au nord de la mer Noire).
La phasianelle minuscule est observée dans des eaux claires à courant modéré en milieu rocheux, sur les algues rouges (en particulier sur Chondrus crispus dans l'Atlantique), dans les cuvettes de rochers près du niveau des basses mers de vives eaux et jusqu’à 35 m de profondeur. Cette espèce a été observée dans le maërl et dans les herbiers de zostères en Bretagne et sur des posidonies et le coralligène* en Méditerranée.
La coquille solide, colorée, brillante et lisse a une spire conique de 5 à 6 tours légèrement gonflés. Le dernier tour est le plus grand. Elle peut mesurer jusqu’à 10 mm de hauteur pour une largeur de 5 mm. La suture* est peu profonde. L’ouverture est ovale arrondie sans nacre, avec un opercule* calcaire hémisphérique blanc.
La coloration et l’ornementation de la coquille sont très variables : crème pâle, dorée, rouge carmin ou brun chocolat parfois sans motif (moins de 1 % des individus). Mais le plus souvent il y a des marbrures, des taches ou des stries rougeâtres, des taches crème ou des stries roses ou brun-violet réparties en spirale, en zigzag ou en flammes.
Le museau est peu développé, les tentacules* céphaliques* sont longs, minces et bordés de papilles sensorielles, chacun avec un pédoncule* portant un œil. Les deux lobes du cou ont un bord frangé. Il y a trois tentacules épipodiaux* (voir le schéma) de chaque côté également bordés de papilles. La paire du milieu est souvent plus courte et peu visible. Le pied est étroit, avec un sillon longitudinal médian tout le long de la face inférieure. L’animal est jaunâtre ou rougeâtre, les pédoncules oculaires et le bord du manteau* peuvent être verdâtres ; il y a des lignes brun-rougeâtre le long de la tête, du côté des tentacules céphaliques et du pied.
Ces animaux ressemblent aux troques (comme la troque orange ou l'astrée rugueuse), mais ils en diffèrent par deux caractéristiques externes évidentes : la taille (les deux espèces citées sont beaucoup plus grandes) et l'opercule de la coquille est calcaire, épais avec la face externe convexe alors que les troques ont un opercule mince et corné et l'astrée un opercule calcaire épais, orange.
La phasianelle minuscule se nourrit principalement de diatomées* et de l’épiderme* d’algues rouges gélatineuses (plus particulièrement Chondrus crispus dans l'Atlantique) qu’elle râpe avec sa radula* en se déplaçant sur les algues. Son museau se balance d’un côté à l’autre pendant qu’elle se nourrit. Cette espèce peut être abondante sur Lomentaria articulata et Osmundea pinnatifida et commune sur de nombreuses autres algues rouges (Gigartina, Plumaria, Nitophyllum, Ceramium, Corallina) et occasionnellement sur Cladophora (une algue verte) et des laminaires (des algues brunes). Comme elle est observée sur des posidonies, il est probable qu'elle s'en nourrisse également.
Des frustules* de diatomées*, des spicules* d’éponges et des grains de sable sont fréquents dans les fèces* qui forment de courtes baguettes, de couleur brun rougeâtre pâle, d'environ 1 mm de longueur et 0,2 mm de diamètre, et marquées d'une rainure sur un côté.
Les sexes sont séparés. La reproduction a lieu toute l’année (avec un maximum en juin, septembre et octobre). Le mâle ne possède pas de pénis. Les ovules d'environ 150 µm de diamètre, de couleur orange, sont pondus séparément. Chacun est entouré d’une couche de mucus de 5 µm d'épaisseur sécrété par l'ovaire. Les ovules et les spermatozoïdes* sont libérés dans l’eau de mer et la fécondation s’effectue en pleine eau. La couche de mucus gonfle dans l'eau pour donner un zygote* de 165 à 170 µm de diamètre.
Une larve* trochophore* planctonique* éclot 10 à 12 h après la fécondation. Cette larve se transforme ensuite en larve véligère* planctonique. Après 2 à 5 jours de vie planctonique, elle devient benthique*, principalement là où il y a déjà des adultes. Cette espèce est probablement annuelle.
Cette espèce est associée plutôt à des algues rouges gélatineuses, mais aussi à des algues vertes et des algues brunes ainsi qu'à des zostères et des posidonies.
Le pied étant divisé au milieu par un sillon longitudinal, chaque côté avance à son tour (comme l’amble du cheval ou de la girafe -les deux pattes d'un même côté se lèvent en même temps- et les littorinidés), la moitié fixe servant de point d'appui.
Les tentacules céphaliques et épipodiaux* (voir schéma) sont extensibles et ils ondulent lorsque l'animal rampe. Ils ont probablement un rôle tactile pour explorer l'environnement.
Les individus vivant en profondeur sont souvent sur des substrats* grossiers portant des algues rouges filamenteuses.
Les phasianelles minuscules de tout âge évitent les zones les plus exposées ou celles où se déposent beaucoup de sédiments.
La couleur des stries sur la coquille et le corps de l'animal pourrait être liée aux pigments des algues dont cette espèce se nourrit. Mais qu'en est-il pour les individus qui se nourrissent de posidonies par exemple ?
Cette espèce est connue à l'état fossile depuis le Miocène (environ - 20 millions d'années) dans les roches italiennes et le Pliocène (environ - 5 millions d'années) en Grèce et en Espagne.
Phasianelle : francisation du latin [phasianus] qui vient du grec [phasianos] = oiseau du Phase en Colchide et du diminutif [-elle]. Nom donné par Lamarck en 1804, pour la beauté de ses couleurs (comme les plumes des faisans) et ses nombreuses variétés.
Le nom de phasianelle est également employé pour des oiseaux de la famille des Colombidés comme la phasianelle d'Amboine Macropygia amboinensis (Linnaeus, 1766).
Tricolia : peut-être une indication pour les trois couleurs de la coquille. Ce nom de genre a été donné par Risso en 1826 sans explication.
pullus : il y a eu un débat (clôt en 1899) pour savoir si le nom d’espèce est pullus ou pulla. Selon Cooke, lorsque Linné écrivait le nom d’espèce avec une majuscule ce mot était utilisé en tant que nom (substantif) et quand il mettait une minuscule c’était un adjectif. Or Linné à écrit Turbo Pullus. En conséquence c’est bien pullus du latin [pullus] = tout petit et non l’adjectif pulla du latin [pullum] = de couleur sombre, en accord avec Tricolia.
picta : du latin [pictus, a, um] = peint : en référence à la coloration de la coquille.
Numéro d'entrée WoRMS : 141700
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Vetigastropoda | Vétigastropodes | Coquille de forme très variable, la plupart des espèces possèdent un opercule. La tête possède une seule paire de tentacules céphaliques et le mufle porte la bouche. Des tentacules épipodiaux* (à rôle sensoriel) sont présents sur les côtés du corps. |
Ordre | Trochida | Trochida | |
Famille | Phasianellidae | Phasianellidés | Ce sont des gastéropodes présents dans les eaux peu profondes de la plupart des mers tropicales et tempérées. Les coquilles sont souvent petites et sont généralement très colorées avec des motifs variés. L’opercule est calcaire. |
Sous-famille | Tricoliinae | Tricoliinés | Coquille ne dépassant pas 10 mm de haut, conique, pointue, lisse ou à fines stries spirales. Coloration et dessins très variables. |
Genre | Tricolia | ||
Espèce | pullus |
En Bretagne, petit gastéropode pointu et zébré de blanc et rouge
Sur une fronde de laminaire. Les deux tentacules céphaliques sont bien visibles. A la base du tentacule gauche on voit l’œil gauche.
Ria d'Etel, Morbihan (56), 5 m
16/07/2016
En Méditerranée, sur une feuille de posidonie bien encroûtée
Le dernier tour est bien développé et présente une coloration caractéristique.
Autour du Tiboulen de Maïre, Marseille (13), entre 12 et 15 m
07/2018
En Bretagne, sur une ulve.
Les deux tentacules céphaliques sont dirigés vers l'avant. Les trois tentacules épipodiaux droits ainsi que le lobe frangé sont également visibles. A la base du tentacule céphalique droit on voit l’œil. Le corps est de couleur rouge.
Ile de Groix (56)
14/10/2015
En Bretagne, sur une laminaire
Seuls les deux tentacules céphaliques et un tentacule épipodial sont visibles.
Basse chrétienne, Dinard (22), 6 m
21/08/2015
En Méditerranée, une même espèce, deux colorations différentes
Bel exemple de variation de la coloration des coquilles
Cap d'Antibes (06), 8 m
25/09/2016
En Bretagne, une coloration simple
Ce spécimen présente une coloration réduite.
Landrellec, Pleumeur-Bodou (22)
02/08/2011
En Méditerranée, un Individu avec une coquille blanche
De tels individus blancs sont rares (moins de 1 %).
Agay, Saint Raphaël (83), 8 m
15/12/2013
En Méditerranée, une coquille noire
Cette espèce présente une grande variabilité dans la coloration de la coquille. Ici on pourrait parler de forme mélanique. Sur le dernier tour quelques taches sont visibles.
Funtanella près de Sagone, Corse (2A), 6 m
11/09/2014
Opercule
L'opercule blanc, bombé sur sa face externe est bien visible sur cet individu.
Anthéor, Saint-Raphaël (83) 4 m
07/09/2013
En Bretagne
L'opercule hémisphérique calcaire est caractéristique des phasianelles. Cet individu présente une coloration très pâle faite de stries.
Landrellec, Pleumeur-Bodou (22)
11/02/2009
En Méditerranée, sur une feuille de posidonie
La feuille de posidonie est un de ses terrains de prédilection. La coloration de la coquille présente plusieurs motifs différents.
La coquille allongée, la feuille de posidonie font penser à Tricolia speciosa , mais les motifs de coloration sont plutôt ceux de Tricolia pullus ! La détermination sur photo n'est pas toujours évidente.
Cap d'Antibes (06), 8 m
29/08/2015
Coquilles récoltées sur la plage
Ces coquilles un peu usées représentent bien ce que l'on peut ramasser sur un estran.
Sur l'estran, La Tremblade (17)
2005
Animal en vue ventrale
Ce dessin permet de voir les deux tentacules céphaliques et les trois paires de tentacules épipodiaux, (la paire du milieu est plus petite que les autres), les deux lobes frangés ainsi que le sillon longitudinal de la face inférieure du pied.
Dessin extrait de Fretter V. et Graham A., 1962, page 534 fig 284 A.
Reproduction de documents anciens
1962
Comparaison de Tricolia pullus et de Tricolia speciosa
A gauche Tricolia pullus et à droite Tricolia speciosa. Cette dernière possède une coquille beaucoup plus allongée que la précédente.
Dessins extraits de la planche 22 de l'Atlas des coquilles de France de Ph. Dautzenberg, 1913.
Reproduction de documents anciens
1913
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Yves MÜLLER
Cooke A.H. Rev., 1899, Phasianella “pulla” or “pullus”, Journal of Malacology, 7, 31-32.
Fretter V., Graham A., 1977, The prosobranch Molluscs of Britain and Denmark part. 2 Trochacea, The Journal of Molluscan Studies, Oxford University Press, Supplement 3, 39-100.
Fretter V., Manly R., 1977, Algal associations of Tricolia pullus, Lacuna vincta and Cerithiopsis tubercularis with special reference to the settlement of their larvae, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 6(4), 999-1017.
Gofas S., 1982, The genus Tricolia in the eastern atlantic and the mediterranean, Journal of Molluscan Studies, 48(2), 182–213.
Lebour M.V., 1937, The eggs and larvae of the British prosobranchs with special reference to those living in the plankton, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 22(1), 105-166.
Manly R., 1976, The larval development of Tricolia pullus (L.), Journal of Molluscan Studies, 42(3), 361-369.
La page de Tricolia pullus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN