Colonie dressée et arborescente
Ramifiée de façon dichotome
Petits buissons blanchâtres
Bugule inopinée
Onverwacht mosdiertje (NL)
Manche, Atlantique, Méditerranée, océan Pacifique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Indo-PacifiqueCette espèce, originaire de la côte ouest des Etats-Unis (océan Pacifique), est présente sur toutes les côtes européennes des Pays-Bas (mer du Nord) jusqu’au Portugal (Atlantique Est) ainsi que dans l’Adriatique en Méditerranée. Elle peut aussi être observée dans la lagune de Thau.
Elle a également été observée en Australie et en Nouvelle-Zélande dans l’océan Pacifique Sud.
Ce bryozoaire préfère les zones portuaires, ce qui peut expliquer sa propagation par des navires de commerce ou de plaisance (ballasts) ainsi que par l’échange, entre deux bassins d’aquaculture, de mollusques comestibles vivants. Les colonies se fixent sur tous les substrats durs aussi bien dans les zones portuaires comme les quais, les pontons, les bouées, les cordages, voire les coques de navire que sur les rochers des premiers mètres de l’infralittoral*. Tricellaria inopinata est fréquent sur les moules (Mytilus spp.) en particulier.
La colonie ou zoarium* est dressée, arborescente et ramifiée de façon dichotome*. Cette dichotomie est irrégulière et l’angle formé par les ramifications est important, ce qui donne du volume à la colonie. Elle forme de petits buissons de couleur blanchâtre à chamois de quelques centimètres de hauteur. Les rameaux de la colonie sont constitués de deux séries de zoécies* faiblement calcifiées et sont interrompus par des joints discoïdes chitineux*. Elle s’accroche au substrat* par des filaments allongés, les rhizoïdes*.
A la loupe binoculaire, on observera la longueur très variable des entre-nœuds (segments compris entre deux joints d’articulation), la présence d’un scutum*, lui aussi très variable en forme et en taille, et d’un aviculaire* latéral sur les autozoïdes*.
Tricellaria ternata : forme des touffes blanches plus délicates. Les rameaux s’entrelassent en formant des vrilles. Mais les différences essentielles avec cette espèce plus nordique, ne sont observables qu’à la loupe binoculaire.
Tricellaria inopinata, comme tous les bryozoaires, est un filtreur* suspensivore* microphage*. Il se nourrit principalement d'algues unicellulaires planctoniques* (diatomées*) et de particules organiques en suspension. Les cils des lophophores* sont capables de créer des micro-courants permettant l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche située au centre du lophophore (dont les fonctions sont aussi celles de respiration et de nettoyage de la colonie).
Chez les bryozoaires, les deux types de reproduction, sexuée et asexuée, concourent au développement de l'espèce.
Reproduction sexuée : les zoïdes* sont hermaphrodites* protandres*. Les larves* sont incubées dans une poche, l’ovicelle* (l’espèce est vivipare*), puis après expulsion elles vont rejoindre le plancton* pour une phase nageuse courte (quelques heures). Leur déplacement est assuré par de nombreux cils vibratiles qui vont leur permettre de rejoindre le substrat* afin de s’y fixer et de s’y développer.
L’accroissement de la colonie passe par une phase asexuée par bourgeonnement* des logettes chitineuses. Les polypides, bien qu’isolés les uns des autres vont rester en communication par des plaques en rosettes perforées de petits pores.
Tricellaria inopinata peut utiliser des algues (Sargassum muticum, Undaria pinnatifida, Chondrus crispus ou Codium fragile) comme support. Il peut également se fixer sur des moules Mytilus spp., sur des ascidies Ascidiella aspersa ou Styela clava, des éponges ainsi que sur d’autres bryozoaires tel Bugula neritina.
C’est, également avec Bugula neritina, l’un des supports préférés de l’amphipode* invasif Caprella mutica dans les plans d’eau où il prolifère.
Ce bryozoaire opportuniste est capable de s’adapter dans des milieux où les variations de température et de salinité sont très importants, c’est une espèce dite eurytherme* et euryhaline*. Cependant, son impact sur le milieu semble assez limité et il n’apparaît pas que Tricellaria inopinata représente une gêne quelconque pour les espèces autochtones* ou les activités anthropiques*.
Cette espèce invasive, originaire du Pacifique Nord-Est, est reconnue pour la première fois en Méditerranée, à Venise en 1982. Elle a envahi la façade atlantique de l'Europe et la mer du Nord de 1996 et 2001. Ce bryozoaire n'avait pas encore été signalé sur les côtes françaises de la Manche, il est aujourd'hui présent et repéré depuis janvier 2003 dans plusieurs plans d'eau du port du Havre (Breton & d'Hondt, 2005).
Le nom vernaculaire "bryozoaire inopiné" est une proposition du site DORIS.
Bryozoaire : nom de l’embranchement de ces petits animaux coloniaux ;
inopiné : dans le sens d’accidentel puisque cette espèce originaire du Pacifique est arrivée sur nos côtes de façon fortuite.
Tricellaria : du latin [trēs] = trois et [cellarium] = chambre, cellule. L’hypothèse la plus probable est qu’à la base de chaque ramification, il y a trois zoïdes, un zoïde central coincé entre les deux zoïdes périphériques et qui portent les deux nouveaux rameaux (observation faite au microscope).
inopinata : mot latin = inattendu, inopiné.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Flustrina | Flustrine | |
Famille | Candidae | Candidés | Signifie "qui a les cheveux blancs". Principaux genres : Caberea, Scrupocellaria, Canda, Tricellaria, ... = Scrupocellariidae (synonyme ancien, non valide) |
Genre | Tricellaria | ||
Espèce | inopinata |
Colonie arborescente
La colonie ou zoarium* est dressée et arborescente.
Bassin de la Barre, Le Havre (76)
27/10/2011
Colonie ramifiée
La colonie est ramifiée de façon dichotome*.
Bassin Fluvial, Le Havre (76)
12/10/2011
Sur une moule
Tricellaria inopinata peut se fixer sur des moules, ici Mytilus edulis. La flèche rouge montre les fèces* de la moule.
Bassin Lafayette, Le Havre (76)
05/03/2011
Petit buisson blanchâtre
Ce bryozoaire forme de petits buissons de couleur blanchâtre à chamois de quelques centimètres de hauteur.
Bassin Vauban, Le Havre (76), 1 m
25/07/2009
Fixé le long d'un quai
Les colonies se fixent sur tous les substrats* durs notamment dans les zones portuaires, ici sur un quai.
Bassin du Commerce, Le Havre (76), 0-2 m
14/12/2002
Sur des algues de l'estran malouin
Cette petite colonie s'est développée sur le tapis d'algues rouges couvrant l'estran. Noter la division des rameaux deux par deux (dichotome) de façon irrégulière et formant un angle ouvert, ainsi que la présence de petites épines surtout visibles aux extrémités.
Saint Malo (35), estran
30/10/2011
En milieu lagunaire
Ce bryozoaire préfère les zones portuaires ou lagunaires ce qui peut expliquer sa propagation par des navires de commerce ou de plaisance (ballasts) ou par l’échange, entre deux bassins d’aquaculture, de mollusques comestibles vivants.
Etang de Thau (34)
01/10/2010
Variations des paramètres environnementaux
Ce bryozoaire opportuniste est capable de s’adapter dans des milieux où les variations de température et de salinité sont très importants, c’est une espèce dite eurytherme* et euryhaline*.
Etang de Thau (34)
01/10/2010
Touffes denses
Plusieurs touffes se développent formant parfois de larges tapis compacts.
Canal de Marseille au Rhône, port de Jonquières, Martigues, étang de Berre (13), 1 m
06/11/2021
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Gérard BRETON
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Breton G. & d'Hondt J.L., 2005, Tricellaria inopinata d'Hondt & Occhipinti Ambrogi, 1985 (Bryozoa: Cheilostomatida) dans le port du Havre (Manche orientale), Bulletin de la Société géologique de Normandie et des amis du Muséum du Havre, 91(2), 67-72.
De Blauwe H. & Faasse M., 2001, Extension of the range of the bryozoans Tricellaria inopinata and Bugula simplex in the north-east Atlantic Ocean (Bryozoa: Cheilostomatida), Nederlandse faunistiche mededelingen, 14, 103-112.
Dyrynda P.E.J., Fairall V.R., Occhipinti Ambrogi A., d’Hondt J.L., 2000, The distribution, origins and taxonomy of Tricellaria inopinata d’Hondt and Occhipinti Ambrogi, 1985, an invasive bryozoan new to the Atlantic, Journal of Natural History, 34, 1993-2006.