Coquille en forme de poire de 15 cm maximum
Couleur beige à marron foncé, motifs blancs sur les côtes
Large ouverture évasée avec un labre mince
Ombilic ouvert et canal siphonal court
Parties molles de couleur blanche tachetées de marron
Pied de grande taille
Tonne tachetée, dolium tacheté
Atlantic partridge tun (GB)
Buccinum maculosum Dillwyn, 1817
Tonna maculosa (Dillwyn, 1817)
Tonna (Tonna) maculosa (Dillwyn, 1817)
Helix sulphurea C. B. Adams, 1849
Dolium (Dolium) perdix pennata (Mörch, 1853)
Dolium pennatum Mörch, 1853
Dolium album Conrad, 1854
Dolium (Dolium) album (Conrad, 1854)
Dolium perdix occidentalis Mörch, 1877
Atlantique tropical
Zones DORIS : ● CaraïbesTonna pennata est présente dans les Caraïbes, ainsi que dans le golfe du Mexique. Elle est également rencontrée sur les côtes ouest africaines, à Madère et dans les Canaries.
Cette espèce vit généralement sur des substrats* meubles (sable ou vase), à proximité des récifs coralliens, entre la surface et une vingtaine de mètres de profondeur.
C'est une espèce nocturne, restant enfouie dans le sable pendant la journée.
La coquille de la tonne maculée mesure entre 5 et 15 cm de longueur.
En forme de poire, elle présente un apex* pointu. Elle est striée, fine et légère. De couleur beige à marron foncé, elle présente des côtes* larges et peu élevées, marquées régulièrement de motifs blancs. Les côtes sont séparées par des sillons réguliers peu marqués. La couleur et l'ornementation de la coquille sont très variables ce qui est à l'origine du grand nombre de synonymes.
Le dernier tour de spire comporte une vingtaine de côtes. Il se termine par une large ouverture évasée, mesurant les 3/4 de la longueur de la coquille. Le labre* est mince. L'ombilic* est ouvert et le canal siphonal* court. La columelle* est vrillée.
La couleur des parties molles de l'animal est blanc tacheté de marron. Outre le pied de grande taille, on peut voir les tentacules sensoriels, et de petits yeux situés sur une excroissance de leur base, ainsi que le siphon*, long et extensible. Le proboscis* est observable au moment de la capture et de l'ingestion d'une proie.
La tonne maculée ne possède pas d'opercule*.
Tonna galea (Linnaeus, 1758) peut cohabiter avec la tonne maculée en Atlantique oriental et dans les Caraïbes. Cette espèce est généralement plus grande et mesure jusqu'à 30 cm. De couleur blanc-beige à marron, la coquille a une forme globulaire et présente un apex* nettement moins pointu.
Dans la famille des Tonnidés, une autre espèce peut être confondue avec la tonne maculée, Eudolium bairdii (Verrill & S. Smith, 1881). Cependant, cette espèce vit beaucoup plus profondément, à plusieurs centaines de mètres de profondeur, elle est très rarement rencontrée à faible profondeur. La coquille est beaucoup plus petite, entre 30 et 85 mm. Elle présente un bord labial* très épais. L'ombilic est fermé.
Dans la zone Indo-Pacifique, Tonna perdix (Linnaeus, 1758) présente des caractères très proches de T. pennata. Certains auteurs considèrent ces deux espèces comme faisant partie du même "complexe" perdix. Cependant, elles sont aujourd'hui considérées comme deux espèces séparées et leur distribution respective aide à leur discrimination.
La tonne maculée est carnivore et s'est spécialisée dans la prédation des holothuries, en particulier les espèces de la famille des Stichopodidés. Des bivalves ainsi que des poissons feraient également partie de son alimentation.
Son proboscis, partiellement dévaginable et très extensible, est capable d'envelopper sa proie. Cette dernière peut être avalée entière. Sur des holothuries de grande taille, la tonne va prélever un morceau de tégument*.
Elle possède de grosses glandes salivaires qui produisent une sécrétion contenant de l'acide sulfurique, qu'elle utilise pour paralyser sa proie et initier la digestion.
La reproduction de Tonna pennata est sexuée. Après une fécondation* interne, la femelle pond des œufs en formant un long ruban gélatineux. Chaque œuf fécondé donne naissance à une larve* ciliée, appelée trochophore*, qui devient ensuite une larve véligère*.
Après une vie planctonique* relativement longue, la larve va tomber sur le fond pour terminer sa métamorphose.
Le siphon extensible permet entre autres choses d'explorer son environnement immédiat. Dans ce cas, il apporte l'eau à l'osphradium* (ou osphradie), dans la cavité palléale*, à proximité des branchies*. C'est l'osphradium, dans lequel sont localisés les chémorécepteurs*, qui exerce la fonction olfactive et analyse les molécules chimiques présentes dans le milieu. C'est ainsi que la tonne localise ses futures proies...
La tonne maculée n'hésite pas à s'attaquer à des proies beaucoup plus grandes qu'elle, telle que l'holothurie à points, Isostichopus badionotus (Selenka, 1867), qui peut atteindre 50 cm de long. Cette holothurie, qui se déplace très lentement, a dû s'adapter face à cette prédation.
Lors de l'attaque, le proboscis de la tonne va envelopper une petite surface du tégument de l'holothurie. Afin de se débarrasser de son prédateur, l'holothurie va s'amputer d'une partie de son tégument. Ce mécanisme est appelée autotomie*. Elle commence par rigidifier la zone attaquée et les tissus situés autour vont se ramollir. Une série de contractions de son corps provoque la séparation de ce morceau de tégument, qui va occuper la tonne, laissant à l'holothurie le temps de s'enfuir. (Dr. Gustav Paulay, Florida Museum of Natural History, communication personnelle, 23/06/2016).
Ce comportement de l'holothurie est une réponse adaptative face à la grande spécialisation de la tonne. En effet, ces Échinodermes ont très peu de prédateurs du fait de leurs nombreux moyens de défense. Mais Tonna pennata a évolué afin de répondre à ces stratégies de défense. En biologie de l'évolution, le système tonne-holothurie représente un exemple parfait de coévolution adaptative entre une proie et son prédateur. Cette coévolution est connue sous le nom de course aux armements. (cf. fiche Tonna perdix).
Tonne maculée : francisation du synonyme taxinomique de l'espèce, Tonna maculosa (Dillwyn, 1817).
Tonna : de l'allemand [Tonne] = tonneau, baril, fût, et ce, en raison de la forme de la coquille. Ce nom de genre a été créé par Brünnich en 1771 pour : "les tours dilatés en forme de fiole…".
pennata : du latin [pennata] = ailée, en raison des motifs de la coquille qui font penser au plumage d'un oiseau.
maculosa : du latin [maculatus] = tacheté, bariolé.
Numéro d'entrée WoRMS : 410165
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Littorinimorpha | Littorinimorphes | |
Famille | Tonnidae | Tonnidés | Coquille assez grande, entre 40 mm et 300 mm max.; relativement fine et légère, à spire basse et grand dernier tour. Sculpture spiralée (en général pas de varices). bord du labre à peine épaissi. profond repli siphonal au bord inférieur de l'ouverture. grand pied, pas d'opercule chez les adultes. Le proboscis est très large. D'après Lindner 2011:88. |
Genre | Tonna | ||
Espèce | pennata |
Tonne maculée
De couleur beige à marron foncé, la coquille en forme de poire mesure entre 5 et 15 cm de longueur. On voit ici le pied blanc tacheté de marron, les tentacules et l'extrémité du siphon.
Le Carbet, Martinique (972), 9 m, de nuit
02/07/2010
Chasseur nocturne
C'est la nuit que la tonne chasse et cherche des proies grâce aux molécules chimiques présentes dans l'eau. C'est un animal carnivore, spécialisé dans la prédation des holothuries. Des bivalves ainsi que des poissons feraient également partie de son alimentation.
Son pied de grande taille lui permet d'atteindre des vitesses importantes.
Epave du Lady V, Martinique (972), 18 m, de nuit
15/05/2009
Rédacteur principal : Samuel JEGLOT
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Samuel JEGLOT
García-Arrarás J.E., Dolmatov I.Y., 2010, Echinoderms; potential model systems for studies on muscle regeneration, Current Pharmaceutical Design, 16(8), 942-955.
Kropp R.K., 1982, Responses of Five Holothurian Species to Attacks by a Predatory Gastropod, Tonna perdix, Pacific Science, 36, 445-452.
La page de Tonna pennata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN