Thuridille de l'anse Vata

Thuridilla vataae | (Risbec, 1928)

N° 3981

Indo-Pacifique tropical

Clé d'identification

Petite limace de 10 mm en moyenne
Deux parapodes latéraux se rejoignant sur la médiane du dos
Parapodes bleu-gris à marge jaune pâle et recouverts de points jaunes et noirs sur les flancs
Tête montrant un Y blanc
Extrémité des rhinophores rouge orangé

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Elysia vataae Risbec, 1928
Thuridilla vatae (Risbec, 1928) -erreur d'orthographe

A noter que dans beaucoup de publications concernant cette espèce, l'orthographe utilisée est T. vatae (avec un seul a).
Nous avons choisi de suivre l'écriture T. vataae utilisée par WoRMS, le site de référence taxonomique de DORIS, ainsi que par l'INPN et de nombreuses autres sources scientifiques. Sur ce point particulier, Nathalie Yonow (2012) et d'autres auteurs précisent d'ailleurs qu'eu égard au fait que le suffixe pour les lieux commémoratifs (dans ce cas : Vata, voir § origine du nom scientifique) est -ae, l'orthographe avec 2 a, vataae doit être conservée.

Distribution géographique

Indo-Pacifique tropical

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

Cette espèce a une large distribution indo-pacifique, depuis les côtes de l'Afrique du Sud, les îles de Mayotte, de La Réunion ou l'atoll d'Aldabra (océan Indien) jusqu'au Japon et aux îles du Pacifique central (Palau, Guam, les îles Marshall...) en passant par les Philippines, l’Australie occidentale, les Vanuatu ou la Nouvelle-Calédonie.

Biotope

Cette thuridille se rencontre surtout dans les petits fonds coralliens des lagons ou des récifs frangeants.

Description

Petite limace de 10 mm environ (max. 20 mm), Thuridilla vataae possède deux parapodes*, se rejoignant sur la médiane du corps.
L'espèce peut montrer une certaine variabilité mais généralement la couleur de fond est bleu violet à gris sombre. Les flancs (faces externes des parapodes) sont recouverts de taches jaunes à faible relief et de points noirs ronds. La bordure des parapodes, diffuse, irrégulière en couleur et en pigmentation, est dans les tons de crème très clair, voire blanc, à jaune. La face intérieure de ces parapodes, rarement visible, est violette.
La tête émerge du fourreau constitué par les parapodes. De même coloration que le corps, elle montre vue de dessus un Y blanchâtre dont les bras vont jusqu'aux trois-quarts des rhinophores*, le dernier quart de ces derniers étant orange vif à rouge. Sur leur longueur, ces rhinophores enroulés forment une gouttière et à leur base, deux petits points noirs sont visibles : les taches oculaires.
Les bords du pied sont de couleur similaire au reste du corps et vue d'en dessous, l'avant du pied se sépare en deux, formant deux lobes antérieurs.

Espèces ressemblantes

Thuridilla albopustulosa Gosliner, 1995 : cette espèce très proche diffère néanmoins de T. vataae par sa couleur bleu violacé avec des zones en relief blanches, arrondies à très allongées. La partie distale des rhinophores* est orange vif et cette zone est caractérisée par une marque postérieure blanche alors qu'elle est de couleur homogène chez T. vataae.
T.
albopustulosa n'est pour l'heure pas signalée dans les territoires français de l'Indo-Pacifique.

Des Nudibranches Doridiens possèdent une livrée proche, utilisant des motifs de points jaunes et noirs sur un fond gris à bleuté et des rhinophores à bout rouge. C'est par exemple le cas d'Hypselodoris infucata (Rüppel & Leuckart, 1831) ou d'Hypselodoris kanga Rudman, 1977. La discrimination d'avec T. vataae est assez facile : la simple présence d'un panache branchial sur la partie arrière du notum* de l'animal indique un Nudibranche Doridien et jamais un Sacoglosse.

Alimentation

Comme la plupart des Sacoglosses, cette thuridille se nourrit d'algues, dont elle perce la paroi cellulaire grâce aux dents pointues et coupantes de sa radula*.

Reproduction - Multiplication

L'espèce est hermaphrodite* simultanée. Le rapport est proximal et les couples procréant sont rencontrés deux à deux. C'est durant ce rapport que sont échangés les gamètes* mâles et la fécondation* est interne. Chacun pourra ensuite aller pondre de son côté.
La ponte est décrite comme constituée d'œufs orange associés à du vitellus* également orange. Elle s'enroule sur elle-même en spirale concentrique. Le développement des larves* est probablement planctotrophique*, les véligères* éclosant après 5 jours. Si elle survit, la larve ira ensuite se poser sur le substrat* pour évoluer vers sa forme adulte.

Divers biologie

Chez les gastéropodes, la radula est une sorte de langue râpeuse disposée dans la cavité buccale de l'animal et qui sert à son alimentation. Celle de Thurudilla vataae est unisériée* (telle une scie) et elle est composée de 17 à 22 dents triangulaires. Il s'agit de fortes cuspides* avec, de chaque côté du bord de coupe de la dent, 15 à 20 denticules* très fins.
Les dents se renouvellent en permanence et les dents usées tombent dans un sac buccal spécifique où elles sont stockées.
Le terme Sacoglosse (ordre taxonomique de cette espèce) dérive de cette particularité de la radula (glosse = langue) dont l'extrémité antérieure plonge dans ce sac de récolte. La taille de ce sac augmente donc avec l'âge de l'animal.

La respiration est cutanée et se fait au travers du tégument*.

La face dorsale, interne, des parapodes est rarement visible en conditions de plongée et elle s'avère être de couleur violette. Mais une observation à la loupe binoculaire de cette face montre des conduits transparents, des masses sphériques rouges génitales, de très fines granulations blanches ou bleuâtres, des masses hépatiques...

Informations complémentaires

La ressemblance de robes entre T. vataae et des Nudibranches Chromodorididés, comme Hypselodoris infucata ou Hypselodoris kanga n'est probablement pas fortuite. En effet, les Nudibranches de cette famille, mangeurs de spongiaires, absorbent les produits chimiques toxiques présents dans leurs proies et incorporent ces produits chimiques dans des glandes spécifiques, sur le pourtour de leur manteau. Ces substances néfastes sont destinées à repousser les éventuels prédateurs. C'est ainsi probablement l'effet d'un mimétisme batésien* qui est en oeuvre, une espèce non toxique tendant à prendre la livrée d'une espèce toxique afin de se faire passer pour elle aux yeux des prédateurs.

Origine des noms

Origine du nom français

Thuridille de l'anse Vata : simple francisation de son nom scientifique, qui pointe sa première origine.

Origine du nom scientifique

Thuridilla : ce nom, donné au genre en 1872 par Rudolph Bergh (1824-1909), provient sans doute de l'une des sources habituelles de cet auteur : les grands écrits épiques nordiques du XIIIe siècle. Citons par exemple la saga : "The Story of Burnt Njal" (Njal's Saga), qui évoque la vie en Islande au Xe siècle. Originellement rédigée vers le XIIIe siècle en islandais et faisant, comme le texte précédent, partie des Sagas of Icelanders (ou "Sagas des Familles"), la saga de Víga-Glúms (en français : "la saga de Glúmr le Meurtrier") présente dans son chapitre 10 un personnage se nommant Thurida (c'est l'épouse de Thorvald, fils de Reim). C'est probablement de ce nom que provient la Thuridilla de Bergh. Le père de Thurida est d'ailleurs Thord de Höfdi, qui donnera sans doute le genre Thordisa Bergh, 1977. D'autres noms de genres de Mollusques opisthobranches* ont été formé par Bergh sur ce modèle (Jorunna, Aldisa, Halgerda...).

vataae : son nom d'espèce provient de l'anse Vata, une petite baie au sud de Nouméa en Nouvelle-Calédonie. C'est de là, sur le Rocher à la Voile, en bout de baie, que provient l'exemplaire décrit en 1928 par Risbec, l'auteur de la description initiale.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 494507

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Sacoglossa Sacoglosses

Coquille à paroi fine et en forme d’œuf ou de 2 valves, ou absente. Les espèces sans coquille sont pourvues de parapodies ou de cérates. 2 paires ou pas de tentacules sur la tête (rhinophores en tube).

Famille Plakobranchidae Plakobranchidés
Genre Thuridilla
Espèce vataae

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