Corps à l'allure allongée de 10/20 cm
Tête réticulée de bleu
Mâle : verdâtre, large bande bleue et rouge en arrière de la tête
Femelle : jaune-vert avec 4 à 6 bandes bleues, tache noire sur le dos
Queue en forme de lyre
Girelle turque
Ornate wrasse, Turkish wrasse (GB), Girella pavone, donzella pavonina (I), Pez verde (E), Meerpfau (D), Peixe-verde (P), Gaitanouri, ghylos (GR), Pauwgirelle (NL)
Labrus pavo Linnaeus, 1758
Chlorichthys pavo (Linnaeus, 1758)
Julis pavo (Linnaeus, 1758)
Labrus syriacus Bloch & Schneider, 1801
Labrus leo Rafinesque, 1810
Julis squamismarginatus Bowdich, 1825
Julis turcicia Risso, 1827
Julis blochii Valenciennes, 1839
Julis unimaculata Lowe, 1841
Thalassoma unimaculatum (Lowe, 1841)
Méditerranée, Atlantique Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Méditerranée :
Originellement présent surtout dans le sud et l'est de la Méditerranée (à l'exception de la mer Noire), son aire de répartition progresse vers le nord depuis 15 à 20 ans. Plusieurs spécimens ont récemment été pêchés au nord de l'Adriatique, représentant l'extension la plus septentrionale de cette espèce thermophile.
Océan Atlantique Est :
Du Portugal au Gabon, y compris les Açores, Madère, les Canaries, Sao Tomé et Annóbon.
Thalassoma pavo vit en eaux côtières, surtout entre 0 et 30 m de profondeur (150 m maximum). Elle préfère les fonds rocheux, les tombants et anfractuosités peu profondes ou les herbiers de posidonies. C'est un poisson thermophile, préférant les eaux superficielles dont la température dépasse 25 °C en été, vivant solitaire ou en petits groupes. Elle peut s'enfouir dans le sable à la tombée de la nuit, quand les eaux sont froides ou pour échapper à des prédateurs.
La girelle-paon mesure généralement entre 10 et 20 cm (maximum 25 cm). Son corps est allongé et recouvert de petites écailles. La nageoire dorsale est longue. La nageoire caudale présente des rayons marginaux plus long que les autres lui donnant un aspect de lyre. La tête, réticulée de bleu, est petite avec un museau pointu et une petite bouche à grosses lèvres.
La couleur varie avec le sexe (voir "reproduction") :
- Femelles et mâles initiaux : le dos est jaune-orangé à vert, hachuré de 4 à 6 bandes (le plus souvent 5) transversales bleu ciel. À mi-flanc, la couleur verte s'assombrit pour laisser apparaître des tirets rectangulaires entre les bandes transversales. Le ventre est jaune vif dans sa partie antérieure, plus estompé en arrière. L'ensemble du corps est finement strié dans le sens transversal. La tête est brune à mauve dans sa partie supérieure, orangée en dessous. Elle est réticulée de lignes bleu ciel. Les lèvres sont également bleues. Les nageoires dorsale et anale sont colorées de bleu, de vert, d'orange et de rouge clair, la caudale est marquée de bleu et d'orange à ses rayons extrêmes, claire en son milieu. Les pelviennes et les pectorales sont bleutées, presque transparentes.
- Mâles terminaux (ou super-mâles) : le corps est plus uni dans sa partie postérieure, verdâtre et finement strié de rouge orangé dans le sens transversal. En arrière de la tête, la coloration est tranchée par une large bande transversale bleue et rouge. La tête est rose-mauve réticulée de bleu comme la femelle. Les nageoires sont teintées de bleu et de mauve.
Des livrées intermédiaires peuvent exister chez les individus en cours de transformation en mâles terminaux (cf. Reproduction), et au sein d'un groupe la coloration peut également varier avec le statut social.
Le corps des juvéniles est entièrement vert (la tête n'est pas encore réticulée de bleu) avec la tache dorsale très visible. Leurs queues sont arrondies. Puis cette livrée évolue vers la livrée primaire en conservant la tache dorsale.
Des confusions sont possibles avec trois espèces, particulièrement entre les mâles :
Coris julis, la girelle commune, dont le mâle arbore une livrée aux couleurs bleu-vert sur la partie dorsale et blanche dessous, séparée par une ligne médiane orange vif en forme de zigzag. Il présente également une tache noire allongée sur le flan, juste en arrière des opercules.
Symphodus tinca, le crénilabre paon, dont le nom peut être une première source de confusion. Il est également possible de confondre les mâles, qui ont des couleurs vert jaunâtre, marquées de lignes longitudinales rouges et bleues en particulier sur les nageoires. Le crénilabre paon est cependant beaucoup plus trapu, moins élancé que la girelle-paon, et une tache sombre au-dessus de la nageoire pectorale permet de dissiper toute confusion.
En dehors des eaux françaises, Coris atlantica, la girelle Atlantique, qui est présente dans l'Atlantique Est, au sud du Cap Vert. Les mâles ont la partie arrière du corps d'un bleu sombre et la partie avant du corps allant des tons orange vif au jaunâtre. On peut observer aussi des dessins orange vif réticulés sur les opercules.
Ce sont des poissons carnivores, prédateurs, qui se nourrissent essentiellement de petits invertébrés qu'ils capturent sur le substrat, dans le sable ou parmi les posidonies : crustacés, mollusques, vers…
Comme la girelle commune, les plus grands individus mangent aussi de jeunes oursins des espèces Paracentrotus lividus et Arbacia lixula, tant que le diamètre du test est inférieur à 1 cm.
Malgré la présence de substances toxiques, la girelle-paon peut également grignoter des éponges comme Axinella polypoides, Chondrilla nucula, Ircinia sp., Sarcotragus sp. et Tetilla sp.. En revanche, elle ne consomme pas certaines éponges du genre Psammocinia.
Enfin, elle ne dédaigne pas à l'occasion les œufs d'autres poissons comme les castagnoles Chromis chromis, attaquant en groupe le nid de femelles isolées. Ce phénomène est aggravé semble-t-il au niveau des sentiers de randonnée aquatique, notamment lorsque les nageurs distribuent de la nourriture.
La girelle-paon est un poisson hermaphrodite*, avec deux types de mâles : des mâles initiaux non territoriaux et des mâles terminaux territoriaux.
Les individus naissent mâles ou femelles, les mâles de naissance donnant toujours des mâles initiaux, qui parfois évoluent en mâles terminaux. Les femelles peuvent rester femelles toute leur vie, ou devenir mâles terminaux : il y a protogynie* non stricte.
La reproduction a lieu de juin à octobre : les mâles terminaux choisissent un territoire sur une crête rocheuse vers 5 m de profondeur, et tentent d'y attirer des femelles. La compétition entre mâles pour les territoires est féroce car les femelles choisissent plutôt un territoire qu'un mâle particulier.
Quand elles ont choisi un territoire, les femelles y émettent leurs ovules en pleine eau, que vient féconder le mâle terminal.
Ressemblant aux femelles, les mâles initiaux vont de territoire en territoire et tentent de féconder discrètement quelques ovules, sans se faire remarquer des mâles terminaux.
Les juvéniles peuvent déparasiter d'autres poissons, faisant de la girelle-paon un labre nettoyeur temporaire. Quelques parasites internes ont été décrits chez Thalassoma pavo : des vers ronds anisakidés du genre Hysterothylacium, des vers plats cestodes comme Scolex pleuronectis, ainsi que des Acanthocéphales.
Le genre Thalassoma comprend une trentaine d'espèces réparties dans toute la ceinture circumtropicale, descendant probablement d'un ancêtre commun qui vivait autour de la Pangée avant que ce super-continent se fractionne pour donner les continents actuels.
La nage de la girelle-paon est particulière, elle avance par à-coups, n'utilisant que ses nageoires pectorales pour se mouvoir (très peu de mouvements de la nageoire caudale). Son allure est tout de même assez vive, mais saccadée. On peut parfois l'observer en train de se reposer sur le fond.
La nuit, comme la girelle commune, elle s'enfouit dans le sol si la présence d'un fond de sable ou de gravillons le lui permet. Elle utilise la même technique quand les eaux sont froides ou pour échapper à un ennemi.
Nageoire dorsale avec 8 épines et 13 à 13 rayons mous, anale avec 3 épines et 10 à 12 rayons mous.
C'est une espèce assez farouche qui peut s'éloigner à l'arrivée de plongeurs, mais se rapproche dès que des particules ou des sédiments sont soulevés.
Cette espèce est classée dans la liste rouge 2010 UICN sous le statut LC (Least Concern), soit "préoccupation mineure".
Probablement emprunté au provençal [girello], dérivé de gir « tournoiement », du latin [gyrus] = cercle, en référence à la nage et/ou à la robe annelée de ce poisson.
Thalassoma du grec [thalassa] = mer, marin
pavo du latin = paon, en référence aux couleurs chatoyantes de ce poisson.
Numéro d'entrée WoRMS : 126970
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Labroidei | Labroïdes | Une seule dorsale, dents molariformes formant un puissant appareil masticatoire. |
Famille | Labridae | Labridés | Lèvres épaisses. |
Genre | Thalassoma | ||
Espèce | pavo |
Mâle terminal
La livrée des mâles terminaux de la girelle paon est verdâtre, finement striée d'orange pour la partie postérieure de son corps. Cette zone est séparée de la tête par une bande verticale rouge et bleue. La tête est rose-mauve, réticulée de bleu.
Les impériaux, Marseille (13)
01/07/2006
Livrée initiale
La livrée initiale (femelle ou mâle initial) est orangée à verte avec 4 à 6 bandes verticales bleu ciel. Une tache sombre est présente sur le dos.
Cap de Nice (06), 8 m
31/08/2022
Livrée intermédiaire
Chez cette femelle la tache sombre dorsale a disparu. Elle va changer de sexe et les autres dessins vont se modifier progressivement jusqu'à atteindre la livrée mâle terminale.
Santa Eulalia Norde, Ibiza, Iles Baléares (Espagne)
19/09/2001
Livrée terminale
La livrée terminale est celle du mâle de l'espèce : forme et robe ont évolué depuis la phase primaire.
Cap de Nice (06), 8 m
28/08/2022
Juvénile
Le corps des juvéniles est entièrement vert (la tête n'est pas encore réticulée de bleu) avec la tache dorsale très visible.
Alpes-Maritimes, 6 m
05/11/2016
Evolution du juvénile
Après la phase entièrement verte à tache dorsale noire du juvénile, le poisson va commencer à évoluer vers la livrée de la phase primaire. Cet individu fait environ 2 cm.
Cap d'Antibes (06), 5 m
06/10/2022
Comparaison des livrées femelle et mâle
Comparaison entre les robes des deux phases. Femelle (ou mâle initial), en haut et mâle terminal, en dessous.
Les proportions de taille ne sont pas respectées : le mâle est plus gros en taille que la femelle. La forme change également : le front du mâle est plus busqué.
Pointe Causinière, Cap Ferrat (06), 8 m
07/08/2005
Nage
La nage de la girelle-paon est particulière, elle avance par à-coups, en utilisant surtout ses nageoires pectorales et peu sa nageoire caudale pour se mouvoir. Son allure reste tout de même plutôt vive, même si sa nage est saccadée.
Cap d'Antibes, 7 m
12/11/2005
Tête
La tête est réticulée de lignes bleues. Les lèvres présentent la même coloration. Les nageoires pectorales sont presque transparentes.
La roche bleu, Presqu'île de Giens (83), 10 m
08/2007
Picorage
Poisson carnivore, cette girelle paon, accompagnée de girelles communes (en livrée initiale), est en train de se nourrir en picorant des petits invertébrés présents sur le substrat dans un herbier de posidonies.
Cap d'Antibes, 7 m
12/11/2005
Oursinade
Les plus grands individus de la girelle-paon peuvent se nourrir de jeunes oursins, ce qui attire la convoitise d'autres poissons (ici girelles communes et sars).
Cap Cicié (83), 8 m
05/08/2007
Queue en lyre
Les rayons externes sont plus longs que les autres donnant cet aspect particulier à la nageoire caudale de Thalassoma pavo.
Golfe d'Ajaccio, 6 m
15/08/2006
Reproduction
Au mouillage et au palier, en fin de plongée, nous sommes sur un piton qui s'arrête à 4 m de la surface.
Nous avions vu déjà des girelles-paon en ce lieu au début de la plongée, mais nous en observons maintenant bien davantage et surtout leur comportement est très original : elles se regroupent et nagent de concert en formation très serrée, en formant un petit banc allongé qui "serpente" très rapidement entre le piton et la direction de la surface, s'arrêtant à 1 m d'elle.
On voit ensuite cette formation serrée "éclater" ; les poissons se dispersant dans toutes les directions tandis qu'un nuage blanchâtre occupe l'espace où a eu lieu la dispersion. Je comprends que le lâcher de gamètes a eu lieu... Aussitôt rappliquent des castagnoles pour se nourrir de cette manne providentielle.
Ce manège se reproduira trois ou quatre fois, avec toujours beaucoup de vivacité.
Lors d'une des dernières fois, après l'arrivée des castagnoles, c'est un petit barracuda qui a foncé dans le groupe pour tenter de croquer un des poissons présents....
Porto Pollo, 5 m
08/2007
Vidéo : reproduction
Rassemblement puis reproduction dans un groupe de girelles-paons. Une deuxième tentative avorte.
Lanzarotte, Canaries, 15 m
2019
Distribution : à Malte
Les traits caractéristiques de ce mâle rencontré près de l'Ile de Gozo (Malte) sont facilement identifiables. Notez la nageoire pectorale largement déployée pour fuir le photographe.
San Dimitri point, île de Gozo, Malte, 10 m
27/07/2012
Distribution : en Croatie
Espèce thermophile, Thalassoma pavo se rencontre maintenant jusqu'au nord de la mer Adriatique, ici en Croatie.
Croatie, 10 m
30/09/2005
Rédacteur principal : Jérôme MARTIN
Vérificateur : Michel PEAN
Correcteur : Benjamin GUICHARD
Responsable régional : Michel PEAN
Costa G., Biscoito M., 2003, Helminth parasites of some coastal fishes from Madeira, Portugal, Bulletin of the European Association of Fish Pathologists, 23, 281-283.
Dulčić J., 2004, Record of ornate wrasse Thalassoma pavo (Labridae) in the Northern Adriatic sea, Cybium, 28, 75-76.
Guidetti P., Dulčić J., 2007, Relationship among predatory fish, sea urchins and barrens in Mediterranean rocky reefs across a latitudinal gradient, Marine Environmental research, 63, 168-184.
Milazzo M., Anastasi I., Willis T.J., 2006, Recreational fish feeding affects coastal fish behavior and increases frequency of predation on damselfish Chromis chromis nests, Marine Ecology Progress Series, 310, 165-172.
Sokolover N., Ilan M., 2006, Assessing anti-predatory chemical defences among ten eastern Mediterranean sponges, Journal of the Marine Biological Association of The United Kingdom, 87, 1785-1790.
La page sur Thalassoma pavo sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Thalassoma pavo dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN