Eponge rouge orangé, molle
Lobes coniques avec oscule terminal
Eponge-volcan
Fire sponge (GB), Feuerschwamm (D), Spugna di fuoco (I)
Tedania bermudensis Ridley & Dendy, 1886
Tedania tora de Laubenfels, 1950
Cette espèce est parfois désignée avec un sous-genre : Tedania (Tedania) ignis (Duchassaing & Michelotti, 1864).
Atlantique tropical Ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesFloride, Bahamas, Caraïbes.
L'éponge de feu affectionne les zones détritiques à faible profondeur (0-6 m), chargées en sédiment, comme les mangroves, les zones portuaires et les fonds de baie soumis à des apports terrigènes massifs. Elle peut se développer sur des racines de manglier rouge, des coraux brisés, des algues.
Cette éponge a une forme irrégulière, avec plusieurs lobes plus ou moins coniques (en forme de flamme ou de petit volcan) terminés par un oscule.
Elle peut aussi se développer en pâté arrondi, massif, avec plusieurs grandes ouvertures.
La couleur est rouge orangé, la consistance molle, fragile, se déchirant facilement.
Comme (presque) toutes les éponges, elle se nourrit en filtrant les particules microscopiques contenues dans l'eau de mer.
C'est une éponge vivipare* : la fécondation a lieu dans le corps de l'éponge-mère, les petites larves sont ensuite expulsées par les oscules grâce au courant d'eau exhalant.
La surface peut être entièrement couverte de bryozoaires (Loxosomella tedaniae) qui lui donnent un aspect noirâtre. Mais le plus souvent elle est encroûtée de sédiments fins.
Selon une étude réalisée au Belize, les éponges Tedania ignis, Haliclona implexiformis et Scopalina ruetzleri qui s'installent sur les racines des palétuviers croissent de 2 à 10 fois plus vite que sur un support inerte (cordage, bois mort). De leur côté, les racines de palétuviers qui portent ce "fouling", se ramifient intensivement à travers les tissus de l'épibionte, contrairement aux racines non recouvertes. Ces observations suggèrent une relation de mutualisme non obligatoire, l'arbre apportant des substances carbonées et l'éponge fournissant des apports azotés rares dans le milieu très pauvre de la mangrove.
L'éponge de feu, avec d'autres éponges, constitue la nourriture de base de certains poissons-anges (Pomacanthus paru principalement) ; elle est également consommée par l'étoile-coussin Oreaster reticulatus.
Les spicules sont des mégasclères* (tylotes, styles) et des acanthoxes très fins ou onychaetes, de deux tailles différentes.
Le contact avec la peau est irritant, mais toutefois pas aussi toxique que l'éponge pas-touche Neofibularia nolitangere.
Son nom, traduit du nom scientifique, est peut-être dû à l'aspect de flamme mais surtout à son contact urticant.
Tedania vient de [Tedanium], nom d'un fleuve d'Illyrie.
ignis vient directement du latin = « le feu ».
Numéro d'entrée WoRMS : 404078
| Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
|---|---|---|---|
| Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
| Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
| Ordre | Poecilosclerida | Poécilosclérides | « Eponges à spicules variés ». Charpente de spicules siliceux (styles ou acanthostyles) renforcée de spongine. Plusieurs types de mégasclères et de microsclères (chèles, sigmas...). |
| Sous-ordre | Myxillina | Myxillines | |
| Famille | Tedaniidae | Tédanidés | |
| Genre | Tedania | ||
| Espèce | ignis |
Éponges cornéo-siliceuses (Démosponges)
Tedania et autres éponges
Une grande variété d'éponges se plaît sur les racines des palétuviers !
Baie du Trésor, Martinique (972), 1 m
28/05/2007
Éponges cornéo-siliceuses (Démosponges)
Eponge de feu
L'éponge de feu est lobée, bosselée avec souvent des cheminées qui simulent des langues de feu, d'où peut-être son nom vernaculaire (en plus du fait qu'elle est réellement irritante au contact).
Jetée sud de Port-Louis (Guadeloupe), 10 cm
02/12/2009
Rouge vif
Installée sur les enrochements du port, l'éponge de feu fait une tache de couleur vive.
Jetée sud de Port-Louis (Guadeloupe), 1 m
02/12/2009
Dans un port
Dans les eaux vertes du port, l'éponge de feu prospère en compagnie des ascidies noires.
Jetée sud de Port-Louis (Guadeloupe), 10 cm
02/12/2009
Sur une chaîne d'ancre
Ce spécimen s'est développé sur la chaîne reliant une bouée de mouillage à son lest.
La Martinique, 5m
09/08/2014
Oscule en gros plan
La surface de l'éponge a un aspect velouté. Les oscules sont gros et souvent cloisonnés.
Jetée sud de Port-Louis (Guadeloupe), 10 cm
02/12/2009
Dans la mangrove
Sur une jeune racine de palétuvier au-dessus du sable. L'installation de l'éponge sur ce support est loin d'être fortuite : elle est profitable autant au palétuvier qu'à l'éponge elle-même.
Cul-de-sac marin, Guadeloupe, 1m50
19/03/2007
Encroûtée
Cette racine de palétuvier est recouverte d'éponges, elles-mêmes recouvertes de sédiments et d'épibiontes.
Petit-Canal (Guadeloupe), 1 m
04/12/2009
Biotope
Dans la mangrove, l'éponge de feu se développe en compagnie de bryozoaires et d'algues vertes.
Petit-Canal (Guadeloupe), 1 m
04/12/2009
Spicules
On reconnaît les deux types de spicules : mégasclères* en bâtonnets, plus ou moins incurvés, et fines aiguilles.
Guadeloupe
12/12/2009
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Correcteur : Jean VACELET
Responsable régional : Anne PROUZET
Andréa B.R., Batista D., Sampaio C.L.S., Muricy G., 2007, Spongivory by juvenile angelfish (Pomacanthidae) in Salvador, Bahia State, Brazil, Porifera Research : Biodiversity, Innovation and Sustainability, 131-137.
Ellison A.M., Farnsworth E. J. , Twilley R.R., 1996, Facultative mutualism between red mangroves and root-fouling sponges in Belizean mangal, Ecology, 77 (8), 2431-2444.
Vacelet J., 1990, Les Spongiaires, In : Bouchon C., LE MONDE MARIN. LA GRANDE ENCYCLOPEDIE DE LA CARAÏBE, Sanoli, Pointe-à-Pitre, Vol. V, 16-33.
Vacelet J., 2000, Les Spongiaires dans les départements français d’outre-mer, In : L'INVENTAIRE ZNIEFF-MER DANS LES DOM : BILAN METHODOLOGIQUE ET MISE EN PLACE, Coll. Patrimoines naturels, Publications scientifiques du M.N.H.N., Paris, Vol. 42, 129-137.
La page de Tedania ignis sur le site The Sponge Guide :
Zea S., Henkel T.P., and Pawlik J.R., 2009. The Sponge Guide : a picture guide to Caribbean sponges. Available online at http://www.spongeguide.org. Accessed on : 2009-12-30.
La page de Tedania ignis sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires : World Porifera Database
La page de Tedania ignis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
