Siphons terminaux rayés longitudinalement de brun ou de pourpre
Tunique plissée et verruqueuse d'environ 12 cm
Pédoncule fin et coriace sur 1/3 de la hauteur
Ascidie plissée (ce nom vernaculaire est aussi utilisé pour désigner une espèce proche, Styela plicata)
Folded sea-squirt (GB), Ascidia plisada (E), Falten-Ascidie (D), Knotszakpijp, japanse zakpijp (NL), Ascidia japonesa (P)
Styela mammiculata Carlisle, 1954
Manche, Atlantique/Pacifique Nord-Est et Nord-Ouest, sud de l'Australie
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestDistribuée dans la Manche et l’Atlantique européen, dans la zone des 0 à 50 m, cette espèce invasive est originaire du Pacifique Ouest.
Styela clava a été introduite accidentellement en Europe dans les années 1950, car on l'a trouvée à Plymouth en 1953 (Carlisle 1954 ; Houghton et Millar 1960). Ce sont les navires de guerre britanniques qui l’ont ramenée sur leurs coques à la fin de la guerre de Corée en 1951. Elle est originaire des côtes du Japon, de la Corée et de Sibérie orientale.
Elle a aussi colonisé les côtes pacifiques et atlantiques de l'Amérique du Nord (du Massachussets au Connecticut) ainsi que le sud de l'Australie.
Grâce à son pédoncule, elle peut se fixer sur divers substrats comme les coques des bateaux, les infrastructures portuaires, les roches, les algues, le tube de vers tels que des spirographes, les gorgones...
Elle préfère les eaux à turbidité importante.
Cette ascidie solitaire mesure environ 12 à 15 cm de hauteur et sa forme rappelle celle d'une outre ou d'une massue pédonculée. Elle possède deux siphons rapprochés et situés à l’extrémité du corps. Le grand siphon ouvert vers le haut est la bouche (siphon buccal ou inhalant), le petit siphon latéral est l’anus (siphon cloacal ou exhalant). Sa coloration est brun plus ou moins foncé, parfois marbré de blanc. Les siphons montrent des raies longitudinales brunes à pourpres.
Un pédoncule étroit occupe près du tiers de la hauteur totale, il fixe l’animal au substrat tout en lui permettant de s’en éloigner. La tunique est faite d’une matière cellulosique très solide, semblable à du cuir. La surface présente des plis et des rides principalement dans sa partie basale, complétés de bosses autour des siphons, semblables à des verrues.
Il s'agit d'un animal microphage* filtrant, qui retient au sein des courants d’eau créés, via la structure branchiale, les micro-organismes végétaux et animaux (protozoaires flagellés, crustacés…) nécessaires à son alimentation. L’eau entre par le siphon buccal ou siphon inhalant, débouche à l’intérieur d’un sac branchial pour être véhiculée au niveau de fentes : les trémas, puis passera alors dans la cavité dite péribranchiale avant de ressortir par le siphon cloacal, dit siphon exhalant.
Les particules contenues dans l’eau sont retenues au niveau des fentes du filtre. Elles seront enrobées par du mucus et constitueront un agrégat nutritif qui sera emmené à l’estomac, via l’œsophage, grâce au mouvement des cils.
La digestion est facilitée par l’action de la glande digestive accolée à l’estomac.
Les déchets de la digestion seront évacués par un intestin assez long au niveau d’un anus débouchant à proximité du siphon inhalant.
La reproduction est sexuée et l'espèce est hermaphrodite* simultanée (un individu est à la fois mâle et femelle).
Les gonades mâles et femelles, situées du côté siphon exhalant, ne sont pas matures en même temps ce qui empêche l'autofécondation. La reproduction a lieu d'août à septembre.
Les ovules fécondés par les spermatozoïdes inhalés donneront une fécondation interne puis un stade larvaire qui s'échappera par le siphon exhalant pour devenir planctonique.
La larve ressemble à un têtard muni d’une corde, équivalent à la colonne vertébrale chez les vertébrés.
Cette larve, libre pendant 24 à 28 heures à 20 °C, va rapidement venir se fixer tête la première au substrat pour se métamorphoser vers la forme adulte. Au cours de cette modification d’aspect, la queue et la corde vont régresser.
Stylea clava ne semble se reproduire que lorsque les eaux où elle vit montent au dessus de 12 à 15 °C.
Styela clava forme, avec d'autres espèces sessiles comme des algues ou des ascidies sociales, un abri très recherché par toute une petite faune et notamment les crustacés, le crabe marbré (Pachygrapsus marmoratus), le macropode rostré (Macropodia rostrata), et des petits poissons.
Cette surprenante zoocénose est visible soit dans les ports, soit dans les baies riches en nutriments.
Elle est à la portée de tous pour qui veut bien se donner la peine de plonger dans des eaux chargées à visibilité réduite.
Espèce invasive :
Cette espèce vit normalement dans le Pacifique Ouest. Elle a été introduite accidentellement dans les années 1950, sans doute accrochée à des vaisseaux de guerre à la fin de la guerre de Corée, mais l'essentiel de la dispersion se fait au stade larvaire.
Dans sa région d'origine les juvéniles sont mangés par des serpents comme Mitrella lunata et certains poissons comme Tautogolabrus adspersus. En Europe il n'y a aucun prédateur connu, ni des larves, ni du stade adulte.
Ce tunicier prolifère et vit fixé sur des substrats durs. Il est parfois très abondant dans les ports où il peut localement occasionner une gêne en s'implantant sur les coques des bateaux, les pontons...
C'est aussi une gêne pour les cultures d'huîtres.
Espèce présentant un intérêt :
Une étude de 2004 a montré que certaines ascidies solitaires comme Styela clava possédaient dans leur sang des substances antibiotiques les protégeant des agressions bactériennes (Robert Lehrer, Victor D. Vacquier, Steve Taylor, Novel Post-Translationally Modified Peptide Antibiotics from Solitary Tunicates).
Recette de cuisine :
En Corée Styela clava est cuisinée sous le nom de Mideodeok jjim. Elle est mélangée avec du bœuf, des palourdes, et plusieurs légumes, tels que le cresson et les germes de graines de soja. On cuit le tout à la vapeur.
Ascidie japonaise : sa surface est couverte de plis.
Styela : du grec [styl-] = objet en forme de tige pointue.
clava : du latin [clava] = massue.
Numéro d'entrée WoRMS : 103929
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Stolidobranchia | Stolidobranches | Ascidies pleurogones sans division du corps en thorax et abdomen. |
Famille | Styelidae | Styélidés | Stolidobranches avec un maximum de 4 fentes allongées de chaque côté du sac branchial. Pour les styélidés composés, zoïdes* en une seule partie. |
Genre | Styela | ||
Espèce | clava |
Biotope
Cette ascidie s'adapte à tous les subtrats, ici sur un tombant de roche.
La noire, baie de Morlaix (29), 13 m
19/07/2005
Sur une gorgone
Vue de dessus. Ce spécimen s'est accroché à une gorgone Eunicella verrucosa pour profiter au mieux du courant intertidal.
Cochon noir, Carantec (29), 25 m
11/09/2004
Détail
A la moindre alerte, les siphons cloacal et buccal se rétractent. Ici le siphon cloacal à gauche est bien rentré tandis que la bouche à droite est encore un peu ouverte dans le flux d'eau.
Carantec (29), 18 m
08/2002
Spécimen blanc
Ce spécimen a une coloration plus claire que les individus habituellement rencontrés dans la baie de Morlaix.
Carantec (29), 18 m
08/2003
Parmi les algues, à marée basse
C'est à marée basse, sur des algues (fucus) que s'est fixée cette ascidie solitaire. On y distingue bien le pédoncule fin et rigide qui relie l'animal au substrat, le corps en massue qui, plissé dans sa partie basse, finit par de nombreuses verrues autour des siphons. En attendant le retour de la mer, l'ascidie est bien sûr contractée et les siphons fermés.
Plage de Goas Treiz, Trébeurden (22), estran
08/2006
Perpendiculaire à la roche
Accrochée à la roche par son fin et rigide pédoncule, cette ascidie coriace s'en détache pour mieux profiter du courant nourricier. Notez la série de verrues autour des siphons largement ouverts sur cette photo. En arrière plan, les masses orange clair, sont de petites ascidies en groupes serrés, appelées mirabelles de mer (Stolonica socialis).
Trébeurden (22), 15 m
08/08/2006
Epibionte d'huitres
Dans certains secteurs assez abrités, ici en zone portuaire, on peut observer à faible profondeur Styela clava se développant sur des huîtres (Crossastrea gigas).
Port de Dunkerque (59), 7 m
20/06/2004
Recouverte d'un didemnidé
Un didemnidé s'est développé sur toute la surface de cette ascidie plissée, laissant libre bien sûr les deux orifices vitaux. Cette ascidie coloniale n'est pas rare en zone portuaire.
Port du Havre (76), 6 m
14/05/2005
Face ventrale
Le siphon cloacal (ou exhalant) est caché, cet urochordé se présente donc à nous, face ventrale en avant. Le siphon visible orienté vers le haut est inhalant, donc buccal.
Milau, Trébeurden (22), 12 m
07/08/2006
Sous la Paimpolaise
Cette ascidie invasive fait partie des espèces du "fouling", elle s'installe facilement et rapidement sur les supports artificiels, comme les piliers des pontons ou sous les coques des navires. Il est passionnant d'observer le "cul" de la "Paimpolaise" (le bateau de plongée du CAP de Trébeurden) qui présente un grand nombre de salissures marines, et particulièrement de nombreuses espèces de tuniciers, Styela clava, Molgula manhattensis, Ciona intestinalis, Didemnum sp., Botryllus schlosseri, Botrylloides leachi, Aplidium sp., etc.
Quille de la Paimpolaise, Trébeurden (22), 2 m
08/08/2006
Aux Pays-Bas
Dans les eaux vertes et turbides qu'elle affectionne, cette ascidie sert ici de support à Hartlaubella gelatinosa qui est un hydraire gélatineux se présentant sous la forme d'une colonie arborescente avec de nombreuses ramifications.
Zeeland (Pays-Bas)
01/07/2006
A Arcachon
Cette ascidie est présente sur le bassin d'Arcachon. Ce spécimen est de petite taille (< 3 cm) visible par rapport aux tubes des hermelles présentes au voisinage.
Saint-Yves, Arcachon (33), 10 m
30/10/2008
Siphon exhalant en action !
Illustration d'un siphon exhalant d'ascidie japonaise en train d'expulser l'eau filtrée par l'animal.
Manche Ouest, Agon Coutainville, partie basse de l'estran
N/A
Présence à Thau
La présence de Styela clava dans l'étang de Thau est confirmée depuis plusieurs années. Cette espèce y est pour le moment rare et donc peu envahissante.
Etang de Thau (34), 4 m
23/03/2021
Rédacteur principal : Denis ADER
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Vincent MARAN
Responsable historique : Denis ADER
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Millar R.H., 1960, The identity of the ascidians Styela mammiculata Carlisle and Styela clava Herdman, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 39, 509-511.
La page de Styela clava dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN