Tache noire bordée de bleu en forme de demi-lune sous la base des derniers rayons mous de la dorsale
Petite tache rose au centre des écailles sur les flancs
Écailles de la tête et du haut du dos majoritairement roses à bordure brune
Large bande marginale décorée de tirets de formes diverses sur la nageoire dorsale
Lèvres épaisses et ourlées
Grégoire à museau court, pomacentre ponctué
Bluntsnout gregory, farmerfish (GB)
Pomacentrus punctatus Quoy & Gaimard, 1825
Pomacentrus prosopotaenioides Bleeker, 1852
Pomacentrus cyanospilos Bleeker, 1853
Pomacentrus obscurus Thiollière, 1857
Eupomacentrus kumkum (Montrouzier, 1857)
Mer Rouge, Océan Indien et zones tropicales et subtropicales de l’océan Pacifique Ouest
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]On rencontre cette espèce en mer Rouge et dans les zones tropicales et subtropicales de l’ouest et du centre de l’océan Pacifique.
Dans l'océan Indien, elle se rencontre de l’Afrique de l’est à l’Australie, en passant par Madagascar, les Seychelles (Aldabra notamment) et les Mascareignes.
Dans le Pacifique, on peut la trouver d’ouest en est depuis les côtes ouest australiennes jusqu'aux îles Tuamotu ; du nord au sud, elle est présente des côtes sud du Japon (îles Ryukyu et Bonin) à la Nouvelle-Calédonie et aux îles Tonga.
Cette espèce peut être rencontrée entre 1 et 5 m dans les zones des récifs coralliens peuplées de coraux branchus dégradés, sur les branches desquelles elle installe ses « jardins »,composés d'algues filamenteuses. Elle peut également être rencontrée dans des herbiers, les algues étant alors « cultivées » sur les feuilles des phanérogames*.
Le corps est ovale avec un dos élevé et un arc ventral prononcé. Il est comprimé latéralement. La taille maximale documentée est de 13 cm. Sa hauteur (distance entre la base du troisième rayon dur de la dorsale et la base du premier rayon des pelviennes) entre environ 2,3 fois dans sa longueur standard (longueur sans la queue).
La couleur dominante est un brun-rouge plus ou moins foncé et parfois jaunissant en partie ventrale, avec des écailles bordées de brun plus foncé sur le corps, ce qui lui donne un aspect réticulé. Les écailles des flancs portent une petite tache rose parme au centre de leur partie visible. Les écailles de la tête et du haut du dos sont majoritairement roses à bordure brune. Une tache noire en forme de demi-lune bordée plus ou moins régulièrement de bleu turquoise se trouve sous la base des derniers rayons mous de la dorsale.
La tête vue de profil est massive. Le profil du museau est presque rectiligne des lèvres au front, la nuque étant nettement convexe. La bouche, petite et oblique, est terminale et protractile*. Le bouclier sans écailles qui protège la partie supérieure de la bouche est souvent brun très clair à blanchâtre. Les lèvres sont épaisses et ourlées.
Les yeux sont globuleux. La protubérance charnue qui les porte est brune et montre des taches roses dans sa partie supérieure. La pupille est entourée d’un anneau doré, le reste de l’iris* est noirâtre à bleu ou brun très foncé, avec parfois une partie antérieure vieil or. Le bord postérieur de la plaque sous-orbitaire et du préopercule* est dentelé.
Les nageoires impaires sont largement couvertes de très petites écailles marquées de rose, seules leurs franges en sont dépourvues. Ces nageoires sont de la même couleur que le corps mais elles peuvent être plus claires à jaunissantes. La dorsale montre une large bande marginale décorée de tirets de formes diverses. L’anale est bordée d’un fin liseré bleu électrique. Les rayons des pectorales et des pelviennes sont jaunâtres à rougeâtres et leurs membranes sont translucides. La nageoire caudale paraît échancrée à lobes arrondis mais ces lobes sont séparés à partir du premier tiers de la nageoire.
La livrée nuptiale est généralement caractérisée par un blanchissement plus ou moins prononcé des deux-tiers antéro-supérieurs du corps. Cette zone est marquée par deux barres brunes : la première part du museau, traverse les yeux et s’étend plus ou moins loin derrière les opercules, la seconde est verticale et marque les flancs à peu près à l’aplomb de la moitié des rayons durs de la dorsale.
La livrée nocturne est la même que celle de jour, la couleur passant au brun violacé.
Livrée du juvénile:
Le juvénile d’un peu plus de 2 cm (soit 4 jours après l’installation*)
est jaune verdâtre avec un abdomen* rosâtre, un pédoncule* caudal
blanchâtre et un museau translucide. La tache en demi-lune marquant l’arrière du
corps sous les rayons mous de la dorsale apparaît mais elle est noire sans
liseré turquoise. Le juvénile « achevé » est d’abord uniformément
orange vif, avant que cette couleur ne ternisse en verdissant. La tache en demi-lune
est bordée de bleu turquoise dans sa moitié inférieure. Le patron de
marques rose parme visible chez l’adulte est présent.
L’association de la tache en demi-lune noire bordée de bleu turquoise sous les rayons mous de la dorsale et des taches roses sur toutes les écailles du corps permet de distinguer cette espèce de celles qui pourraient lui ressembler dans sa distribution.
La seule espèce qui peut véritablement poser problème du fait d’une grande ressemblance est Stegastes lividus, , espèce avec laquelle S. punctatus a été longtemps confondue, mais elle est endémique des îles Marquises (océan Pacifique).
L’espèce est herbivore. Elle intervient dans sa propre nutrition en « cultivant » des algues filamenteuses (notamment du genre Pterocladiella ou Jania) sur les coraux branchus morts. Elle élimine continuellement les algues jugées non comestibles et protège agressivement ce « jardin » contre les herbivores concurrents.
A notre connaissance, la reproduction n’est pas documentée chez cette espèce à la date de publication de cette fiche (12/2019). Toutefois, les Pomacentridés sont tous des pondeurs démersaux* dont les œufs adhèrent au substrat* et font l’objet de soins parentaux qui diffèrent selon les espèces. La reproduction se fait en couples (vs en groupes).
La durée de vie larvaire moyenne calculée pour 11 espèces dans ce genre va de 21 à 24 jours. Les larves* sont pélagiques* et apparemment incapables, contrairement à celles de nombreuses autres familles, de retarder leur métamorphose* en juvénile après le dernier stade larvaire. Il est donc impératif qu’elles aient trouvé un récif adapté à leurs besoins pendant cette période. Cette impossibilité limite la capacité de dispersion de ces espèces.
La post-larve* est translucide avec une large bande longitudinale brun rosé et un abdomen argenté. Une bande noirâtre marque la tête de la nuque aux opercules* en englobant l’œil. Les premiers rayons de la dorsale sont gris.
L’espèce vit en colonies nombreuses. Les individus patrouillent continuellement au-dessus des coraux branchus morts sur lesquels sont établis leurs territoires. Ces territoires étant très petits et contigus, la défense des jardins paraît collective bien que chacun défende le sien. L'espèce est extrêmement agressive, notamment vis-à-vis des herbivores et en période de reproduction. Les manœuvres d’intimidation (faire face à l’intrus, puis se précipiter vers lui et revenir au point de départ avec ou sans coup de queue supposé déstabilisateur) ne durent pas longtemps et les défenseurs passent vite aux morsures, y compris si le visiteur importun est un être humain. Cette espèce est connue pour attaquer des serpents de mer amateurs de ses œufs, comme Emydocephalus annulatus.
Les colonies de S. punctatus peuvent être limitrophes de celles de S. nigricans, le plus agressif des Stegastes, les deux espèces collaborant dans la défense des territoires.
Des mâles ont été observés en train de se livrer un combat ritualisé : ils pratiquaient le « lip-locking » (verrouillage de lèvres), qui consiste à mordre, l’un la mâchoire inférieure de l’autre et l’autre la mâchoire supérieure du premier, puis à tourner autour de ce pivot jusqu’à ce que l’un des deux lâche prise. Les mâles peuvent aussi tourner l’un autour de l’autre, chacun s’efforçant de frapper l’autre de sa nageoire caudale.
Les chirurgiens-bagnards (Acanthurus triostegus) et certains poissons-lapins (Siganidés) développent une méthode efficace pour profiter des jardins des « grégoires jardiniers » : ils nagent au-dessus des massifs de corail en bancs très denses, puis des groupes d’une trentaine d’individus s’en détachent brusquement pour brouter les jardins quelques instants et recommencer plus loin. Les défenseurs sont alors débordés par le nombre et ne peuvent éloigner que très peu d’agresseurs.
La nageoire dorsale comprend 12 rayons durs et de 14 à 16 rayons mous, l’anale comprend 2 rayons durs et de 12 à 14 rayons mous.
Le sens du nom vernaculaire anglais le plus répandu (« Bluntsnout gregory », grégoire à museau émoussé, ou court) vient de ce que le juvénile a un museau « normalement » pointu, ce qui n’est plus le cas chez l’adulte.
Le statut de l’espèce n’est évalué ni par l’UICN* (elle n'a pas été confrontée aux critères d'évaluation concernant les éventuels risques d'extinction), ni par la CITES* (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction).
Grégoire : de nombreuses espèces du genre Stegastes portent ce nom vernaculaire, en français comme en anglais (« gregory »). Dans la mesure où les noms vernaculaires sont le plus souvent descriptifs et/ou issus de traditions régionales, il est hasardeux de leur chercher une origine savante. Cependant, il est frappant de constater que le grec [gregoros], signifie « le vigilant, celui qui veille », ce qui s'applique fort bien à ces poissons du fait de la surveillance continuelle et agressive de leur domaine, que ces grégoires soient « jardiniers » (voir § Alimentation) ou pas.
ponctué : reprise de l'épithète attribué à l’espèce par ses descripteurs français Jean René Constant Quoy et Joseph Paul Gaimard en 1825.
Stegastes : du verbe grec [stegazô], qui signifie « héberger », par extension « garnir d'un toit » et par dérivation, couvrir de tuiles, [stegastos] signifiant « couvert ». La comparaison est explicitement motivée par le créateur du genre (Leonard Jenyns, 1800-1893) par la couverture d’écailles que présente la majeure partie des nageoires impaires chez les espèces qui composent ce genre. Celui-ci contient actuellement 39 espèces acceptées.
punctatus : l’un des sens du nom latin [punctum] est « petite tache ». L’adjectif dérivé, « punctatus », n’est pas connu du dictionnaire latin de référence (Gaffiot), c’est donc du « latin scientifique ». Le sens du mot est tacheté, ou ponctué et renvoie aux petites taches roses qui marquent le centre de chaque écaille du corps de l’animal. Quoy et Gaimard, qui décrivent l’espèce sous le nom de Pomacentrus punctatus, l’appellent le Pomacentre ponctué.
Numéro d'entrée WoRMS : 712757
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Famille | Pomacentridae | Pomacentridés | |
Genre | Stegastes | ||
Espèce | punctatus |
Ponctué
La plupart des écailles du corps sont marquées d’une tache rose de forme plus ou moins circulaire. Ces taches ont motivé le nom commun de pomacentre ponctué proposé par les descripteurs de l’espèce.
Ces taches, associées aux couleurs et à l’emplacement de la tache en demi-lune présente sous la fin de la nageoire dorsale, permettent de distinguer l’espèce de celles qui lui ressemblent.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
11/09/2013
Taches roses
Les taches roses, situées au centre de la partie visible des écailles, forment des lignes longitudinales parallèles.
Notez aussi la bordure plus foncée des écailles, qui donnent au corps un aspect réticulé.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
17/08/2011
Tête
Les écailles du front et de la nuque sont majoritairement roses à bordure brune, celles des joues et des opercules ont des taches de formes irrégulières. On peut observer sur ce gros plan la plaque sous-orbitaire et le préopercule dentelés.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
17/08/2011
La nuit
Il n’y a pas de livrée de nuit particulière chez cette espèce. La couleur dominante devient simplement violacée et les marques roses s’estompent, ce qui rend le poisson plus discret.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
05/04/2015
Livrée nuptiale
La livrée nuptiale est caractérisée par un blanchissement plus ou moins prononcé des deux tiers antéro-supérieurs du corps, avec une barre brune partant du museau et traversant les yeux et une autre barre brune marquant verticalement les flancs à peu près à l’aplomb de la moitié des rayons durs de la dorsale.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
05/10/2013
Juvénile
Le juvénile est uniformément orange vif, avant que cette couleur ne ternisse en verdissant.
Le patron de marques rose parme, visible chez l’adulte, est présent mais il est plus discret et il est moins développé sur la tête.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
26/06/2013
Jardin
Stegastes punctatus fait partie des « grégoires fermiers », qui « cultivent » un gazon algal composé d’espèces précises, en éliminant continuellement des algues jugées indésirables et en nettoyant leur « jardin » de tout débris qui y serait tombé.
Chaque jardin assure l’autosuffisance de son propriétaire, ce pourquoi il est très âprement défendu contre tout concurrent ou intrus.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
13/04/2012
Mitoyenneté avec le grégoire noir Stegastes nigricans
Les jardiniers peuvent s’entendre quand ils ont des intérêts communs. C’est le cas de Stegastes nigricans (en haut de la photo) et de S. punctatus, dont les territoires sont fréquemment limitrophes.
Ces territoires étant très petits et contigus, la défense des jardins paraît collective bien que chacun défende le sien.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
05/05/2013
Agressif
Cette espèce est très agressive quand elle défend sa nourriture et plus encore en période de reproduction.
Stegastes nigricans est connu pour être le plus agressif des « grégoires jardiniers », mais S. punctatus l’est presqu’autant que lui.
L’individu photographié signifie à l’observateur qu’il est indésirable, les morsures ne vont pas tarder…
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
11/09/2013
Raid de bagnards !
Les chirurgiens-bagnards (Acanthurus triostegus) nagent au-dessus des jardins en bancs très denses, puis des groupes d’une trentaine d’individus s’en détachent brusquement pour brouter quelques instants et recommencer plus loin.
Les défenseurs sont alors débordés par le nombre et ne peuvent éloigner que peu de pillards.
Le banc de bagnards est parfois attaqué préventivement par des individus isolés, probablement pour convaincre les agresseurs d’aller piller plus loin.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m, en PMT
11/09/2013
Distribution : en Nouvelle-Calédonie
S. punctatus est présent dans tout le domaine indo-Pacifique et en mer Rouge.
Cet individu a été photographié dans la Baie des Citrons, au sud de Nouméa.
Baie des Citrons, Nouméa, Nouvelle-Calédonie, océan Pacifique, 1 m
29/04/2018
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Belk M.S., 1975, Habitat partitioning in two tropical reef fishes, Pomacentrus lividus and P. albofasciatus, Copeia, 4, 603-607.
Cuvillier A., Hoarau L., Frouin P., J. Bruggemann H, Letourneur Y., 2016, Seagrass beds as feeding territory for farming Stegastes spp. (Pomacentridae), Marine Biodiversity, Cambridge University Press, 46(3), 539-540.
Goiran C., Shine R., 2015, Parental defence on the reef: antipredator tactics of coral-reef fishes against egg-eating seasnakes, Biological Journal of the Linnean Society, 2(114), 415-425.
Jenyns L., 1840-42, The zoology of the voyage of H. M. S. Beagle, under the command of Captain Fitzroy, R. N., during the years 1832 to 1836, Part IV., 62-63.
Quoy J.P. et Gaimard J.R.C., 1824, Voyage autour du monde, entrepris par ordre du roi, sur les corvettes de S.M. l'Uranie et la Physicienne, pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820, Histoire naturelle, Zoologie, Chap. IX, 395.
Randall J.E., 2004, On the status of the pomacentrid fihs Stegastes lividus (Forster), Ichthyological Research, 51, 389-391.
La page sur Stegastes punctatus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase