Grégoire ponctué

Stegastes punctatus | (Quoy & Gaimard, 1825)

N° 4662

Mer Rouge, Océan Indien et zones tropicales et subtropicales de l’océan Pacifique Ouest

Clé d'identification

Tache noire bordée de bleu en forme de demi-lune sous la base des derniers rayons mous de la dorsale
Petite tache rose au centre des écailles sur les flancs
Écailles de la tête et du haut du dos majoritairement roses à bordure brune
Large bande marginale décorée de tirets de formes diverses sur la nageoire dorsale
Lèvres épaisses et ourlées

Noms

Autres noms communs français

Grégoire à museau court, pomacentre ponctué

Noms communs internationaux

Bluntsnout gregory, farmerfish (GB)

Synonymes du nom scientifique actuel

Pomacentrus punctatus Quoy & Gaimard, 1825
Pomacentrus prosopotaenioides Bleeker, 1852
Pomacentrus cyanospilos Bleeker, 1853
Pomacentrus obscurus Thiollière, 1857
Eupomacentrus kumkum (Montrouzier, 1857)

Distribution géographique

Mer Rouge, Océan Indien et zones tropicales et subtropicales de l’océan Pacifique Ouest

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

On rencontre cette espèce en mer Rouge et dans les zones tropicales et subtropicales de l’ouest et du centre de l’océan Pacifique.
Dans l'océan Indien, elle se rencontre de l’Afrique de l’est à l’Australie, en passant par Madagascar, les Seychelles (Aldabra notamment) et les Mascareignes.
Dans le Pacifique, on peut la trouver d’ouest en est depuis les côtes ouest australiennes jusqu'aux îles Tuamotu ; du nord au sud, elle est présente des côtes sud du Japon (îles Ryukyu et Bonin) à la Nouvelle-Calédonie et aux îles Tonga.

Biotope

Cette espèce peut être rencontrée entre 1 et 5 m dans les zones des récifs coralliens peuplées de coraux branchus dégradés, sur les branches desquelles elle installe ses « jardins »,composés d'algues filamenteuses. Elle peut également être rencontrée dans des herbiers, les algues étant alors « cultivées » sur les feuilles des phanérogames*.

Description

Le corps est ovale avec un dos élevé et un arc ventral prononcé. Il est comprimé latéralement. La taille maximale documentée est de 13 cm. Sa hauteur (distance entre la base du troisième rayon dur de la dorsale et la base du premier rayon des pelviennes) entre environ 2,3 fois dans sa longueur standard (longueur sans la queue).

La couleur dominante est un brun-rouge plus ou moins foncé et parfois jaunissant en partie ventrale, avec des écailles bordées de brun plus foncé sur le corps, ce qui lui donne un aspect réticulé. Les écailles des flancs portent une petite tache rose parme au centre de leur partie visible. Les écailles de la tête et du haut du dos sont majoritairement roses à bordure brune. Une tache noire en forme de demi-lune bordée plus ou moins régulièrement de bleu turquoise se trouve sous la base des derniers rayons mous de la dorsale.

La tête vue de profil est massive. Le profil du museau est presque rectiligne des lèvres au front, la nuque étant nettement convexe. La bouche, petite et oblique, est terminale et protractile*. Le bouclier sans écailles qui protège la partie supérieure de la bouche est souvent brun très clair à blanchâtre. Les lèvres sont épaisses et ourlées.
Les yeux sont globuleux. La protubérance charnue qui les porte est brune et montre des taches roses dans sa partie supérieure. La pupille est entourée d’un anneau doré, le reste de l’iris* est noirâtre à bleu ou brun très foncé, avec parfois une partie antérieure vieil or. Le bord postérieur de la plaque sous-orbitaire et du préopercule* est dentelé.

Les nageoires impaires sont largement couvertes de très petites écailles marquées de rose, seules leurs franges en sont dépourvues. Ces nageoires sont de la même couleur que le corps mais elles peuvent être plus claires à jaunissantes. La dorsale montre une large bande marginale décorée de tirets de formes diverses. L’anale est bordée d’un fin liseré bleu électrique. Les rayons des pectorales et des pelviennes sont jaunâtres à rougeâtres et leurs membranes sont translucides. La nageoire caudale paraît échancrée à lobes arrondis mais ces lobes sont séparés à partir du premier tiers de la nageoire.

La livrée nuptiale est généralement caractérisée par un blanchissement plus ou moins prononcé des deux-tiers antéro-supérieurs du corps. Cette zone est marquée par deux barres brunes : la première part du museau, traverse les yeux et s’étend plus ou moins loin derrière les opercules, la seconde est verticale et marque les flancs à peu près à l’aplomb de la moitié des rayons durs de la dorsale.

La livrée nocturne est la même que celle de jour, la couleur passant au brun violacé.

Livrée du juvénile:
Le juvénile d’un peu plus de 2 cm (soit 4 jours après l’installation*) est jaune verdâtre avec un abdomen* rosâtre, un pédoncule* caudal blanchâtre et un museau translucide. La tache en demi-lune marquant l’arrière du corps sous les rayons mous de la dorsale apparaît mais elle est noire sans liseré turquoise. Le juvénile « achevé » est d’abord uniformément orange vif, avant que cette couleur ne ternisse en verdissant. La tache en demi-lune est bordée de bleu turquoise dans sa moitié inférieure. Le patron de marques rose parme visible chez l’adulte est présent.

Espèces ressemblantes

L’association de la tache en demi-lune noire bordée de bleu turquoise sous les rayons mous de la dorsale et des taches roses sur toutes les écailles du corps permet de distinguer cette espèce de celles qui pourraient lui ressembler dans sa distribution.

La seule espèce qui peut véritablement poser problème du fait d’une grande ressemblance est Stegastes lividus, , espèce avec laquelle S. punctatus a été longtemps confondue, mais elle est endémique des îles Marquises (océan Pacifique).

Alimentation

L’espèce est herbivore. Elle intervient dans sa propre nutrition en « cultivant » des algues filamenteuses (notamment du genre Pterocladiella ou Jania) sur les coraux branchus morts. Elle élimine continuellement les algues jugées non comestibles et protège agressivement ce « jardin » contre les herbivores concurrents.

Reproduction - Multiplication

A notre connaissance, la reproduction n’est pas documentée chez cette espèce à la date de publication de cette fiche (12/2019). Toutefois, les Pomacentridés sont tous des pondeurs démersaux* dont les œufs adhèrent au substrat* et font l’objet de soins parentaux qui diffèrent selon les espèces. La reproduction se fait en couples (vs en groupes).
La durée de vie larvaire moyenne calculée pour 11 espèces dans ce genre va de 21 à 24 jours. Les larves* sont pélagiques* et apparemment incapables, contrairement à celles de nombreuses autres familles, de retarder leur métamorphose* en juvénile après le dernier stade larvaire. Il est donc impératif qu’elles aient trouvé un récif adapté à leurs besoins pendant cette période. Cette impossibilité limite la capacité de dispersion de ces espèces.

La post-larve* est translucide avec une large bande longitudinale brun rosé et un abdomen argenté. Une bande noirâtre marque la tête de la nuque aux opercules* en englobant l’œil. Les premiers rayons de la dorsale sont gris.

Divers biologie

L’espèce vit en colonies nombreuses. Les individus patrouillent continuellement au-dessus des coraux branchus morts sur lesquels sont établis leurs territoires. Ces territoires étant très petits et contigus, la défense des jardins paraît collective bien que chacun défende le sien. L'espèce est extrêmement agressive, notamment vis-à-vis des herbivores et en période de reproduction. Les manœuvres d’intimidation (faire face à l’intrus, puis se précipiter vers lui et revenir au point de départ avec ou sans coup de queue supposé déstabilisateur) ne durent pas longtemps et les défenseurs passent vite aux morsures, y compris si le visiteur importun est un être humain. Cette espèce est connue pour attaquer des serpents de mer amateurs de ses œufs, comme Emydocephalus annulatus.
Les colonies de S. punctatus peuvent être limitrophes de celles de S. nigricans, le plus agressif des Stegastes, les deux espèces collaborant dans la défense des territoires.

Des mâles ont été observés en train de se livrer un combat ritualisé : ils pratiquaient le « lip-locking » (verrouillage de lèvres), qui consiste à mordre, l’un la mâchoire inférieure de l’autre et l’autre la mâchoire supérieure du premier, puis à tourner autour de ce pivot jusqu’à ce que l’un des deux lâche prise. Les mâles peuvent aussi tourner l’un autour de l’autre, chacun s’efforçant de frapper l’autre de sa nageoire caudale.

Les chirurgiens-bagnards (Acanthurus triostegus) et certains poissons-lapins (Siganidés) développent une méthode efficace pour profiter des jardins des « grégoires jardiniers » : ils nagent au-dessus des massifs de corail en bancs très denses, puis des groupes d’une trentaine d’individus s’en détachent brusquement pour brouter les jardins quelques instants et recommencer plus loin. Les défenseurs sont alors débordés par le nombre et ne peuvent éloigner que très peu d’agresseurs.

La nageoire dorsale comprend 12 rayons durs et de 14 à 16 rayons mous, l’anale comprend 2 rayons durs et de 12 à 14 rayons mous.

Informations complémentaires

Le sens du nom vernaculaire anglais le plus répandu (« Bluntsnout gregory », grégoire à museau émoussé, ou court) vient de ce que le juvénile a un museau « normalement » pointu, ce qui n’est plus le cas chez l’adulte.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Le statut de l’espèce n’est évalué ni par l’UICN* (elle n'a pas été confrontée aux critères d'évaluation concernant les éventuels risques d'extinction), ni par la CITES* (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction).

Origine des noms

Origine du nom français

Grégoire : de nombreuses espèces du genre Stegastes portent ce nom vernaculaire, en français comme en anglais (« gregory »). Dans la mesure où les noms vernaculaires sont le plus souvent descriptifs et/ou issus de traditions régionales, il est hasardeux de leur chercher une origine savante. Cependant, il est frappant de constater que le grec [gregoros], signifie « le vigilant, celui qui veille », ce qui s'applique fort bien à ces poissons du fait de la surveillance continuelle et agressive de leur domaine, que ces grégoires soient « jardiniers » (voir § Alimentation) ou pas.

ponctué : reprise de l'épithète attribué à l’espèce par ses descripteurs français Jean René Constant Quoy et Joseph Paul Gaimard en 1825.

Origine du nom scientifique

Stegastes : du verbe grec [stegazô], qui signifie « héberger », par extension « garnir d'un toit » et par dérivation, couvrir de tuiles, [stegastos] signifiant « couvert ». La comparaison est explicitement motivée par le créateur du genre (Leonard Jenyns, 1800-1893) par la couverture d’écailles que présente la majeure partie des nageoires impaires chez les espèces qui composent ce genre. Celui-ci contient actuellement 39 espèces acceptées.

punctatus : l’un des sens du nom latin [punctum] est « petite tache ». L’adjectif dérivé, « punctatus », n’est pas connu du dictionnaire latin de référence (Gaffiot), c’est donc du « latin scientifique ». Le sens du mot est tacheté, ou ponctué et renvoie aux petites taches roses qui marquent le centre de chaque écaille du corps de l’animal. Quoy et Gaimard, qui décrivent l’espèce sous le nom de Pomacentrus punctatus, l’appellent le Pomacentre ponctué.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 712757

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Super ordre Acanthopterygii Acanthoptérygiens Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Famille Pomacentridae Pomacentridés
Genre Stegastes
Espèce punctatus

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