Grégoire d’ébène

Stegastes limbatus | (Cuvier, 1830)

N° 4746

Madagascar et les Mascareignes

Clé d'identification

Couleur bleu nuit à noir
Taches noires à bords dentelés à la base de la partie visible des écailles du museau à la nuque
Nombreuses écailles bleues sur les joues, les opercules et parfois sur la nuque
Écaille située devant la ligne latérale avec un large bord noir
Lèvres épaisses gris pâle à blanches
Taille maximale documentée : 15 cm

Noms

Autres noms communs français

Cuvier, qui décrit l’espèce en 1830 sous le nom scientifique de Glyphisodon limbatus, l’appelle le Glyphisodon bordé.

Noms communs internationaux

Ebony gregory (GB)

Synonymes du nom scientifique actuel

Glyphisodon limbatus Cuvier, 1830
Pomacentrus pristiger Valenciennes, 1833
Pomacentrus madagascariensis Sauvage, 1882

Distribution géographique

Madagascar et les Mascareignes

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

L’espèce peut-être rencontrée à Madagascar, à La Réunion, à Maurice et à Rodrigues, ces trois dernières îles étant les principales de l’archipel des Mascareignes*.

Biotope

Cette espèce réside sur les platiers des récifs entre 0 et 2 mètres. On peut la trouver près des zones de déferlement, mais aussi dans des habitats plus calmes au milieu des platiers*. Ces zones sont caractérisées par la présence de colonies coralliennes, dégradées ou non. On trouve souvent S. limbatus parmi des coraux massifs plus ou moins dégradés du genre Porites, son « jardin » étant établi sur les parties nécrosées des massifs. On le rencontre aussi dans des habitats détritiques* ou, plus rarement, dans des herbiers, où S. limbatus « cultive » des algues épiphytes* sur les feuilles des phanérogames*.

Description

Le corps est ovale avec un dos élevé et un arc ventral prononcé. Il est comprimé latéralement. Sa hauteur (distance calculée à l’aplomb du troisième rayon dur de la dorsale) entre environ 2 fois dans sa longueur standard (longueur sans la queue). La taille maximale documentée est de 15 cm.

La couleur dominante est un bleu nuit uniforme qui peut virer au gris violacé ou paraître noir. Le premier tiers du corps est généralement plus clair. Les écailles sont bordées de noir, ce qui donne aux flancs un aspect réticulé. La base de la partie visible de nombreuses écailles de la tête présente une tache noire à bords dentelés. On trouve de nombreuses écailles bleues sur les joues, les opercules* et parfois la nuque. L’écaille située devant le début de la ligne* latérale a un large bord noir.

La tête est massive, son profil dorsal est légèrement concave au niveau de la nuque. La bouche, petite et oblique, est terminale. Les lèvres sont épaisses et ourlées, de couleur gris pâle à blanche. Les yeux sont globuleux. L’iris* est doré, la partie charnue qui l’entoure est turquoise, cette couleur étant plus nettement marquée dans sa partie postérieure. Une tache d’un bleu intense pouvant virer au violet marque la partie supérieure de l’œil. Le bord de la plaque suborbitale est denticulé, de même que le bord postérieur du préopercule*.

Les nageoires impaires sont largement couvertes de très petites écailles, seules leurs franges en étant dépourvues. Elles sont de la même couleur que le corps, à l’exception d’un large liseré gris sur la dorsale épineuse. Les deux premiers rayons de l’anale et des pelviennes sont bleu électrique. Les rayons des pectorales et des pelviennes sont de la même couleur que le corps et leur membrane est translucide. La nageoire caudale paraît échancrée à lobes* arrondis, mais ces lobes sont nettement séparés à partir du premier tiers de la nageoire.

La livrée nuptiale est caractérisée par une zone d’un gris très pâle couvrant la moitié postérieure du corps, et par une barre blanche allant des lèvres à trois ou quatre écailles derrière les pectorales.

Espèces ressemblantes

Dans sa distribution restreinte, Stegastes limbatus ne peut être confondu qu’avec S. nigricans, dont la livrée est variable mais peut être intégralement brun foncé. C’est alors cette couleur, facile à différencier de la robe bleu nuit à noirâtre de S. limbatus, qui permet de les différencier, de même que les écailles bleues présentes sur la tête de ce dernier.

Alimentation

L’espèce est herbivore. Elle intervient dans sa propre nutrition en « cultivant » un gazon algal par élimination continuelle des algues jugées non comestibles, en empêchant les éventuelles larves coralliennes de coloniser cet espace disponible et en protégeant agressivement ce « jardin » des herbivores concurrents. Aucune étude n’ayant été faite sur la composition de ce gazon, il n’est pas possible de préciser quelles sont les espèces d’algues sélectionnées.

Reproduction - Multiplication

A notre connaissance et à la date de publication de cette fiche (juin 2022), la reproduction n’est pas documentée chez cette espèce. Toutefois, les Pomacentridés sont tous des pondeurs démersaux* dont les œufs adhèrent au substrat* et font l’objet de soins parentaux qui diffèrent selon les espèces. La reproduction se fait en couples (versus en groupes). La durée de vie larvaire moyenne calculée pour 11 espèces dans ce genre va de 21 à 24 jours. Les larves* sont pélagiques* et apparemment incapables, contrairement à celles de nombreuses autres familles, de retarder leur métamorphose* en juvénile après le dernier stade larvaire. Il est donc impératif qu’elles aient trouvé un récif adapté à leurs besoins pendant cette période. Cette impossibilité limite la capacité de dispersion de ces espèces.

Stegastes limbatus a été observé en train de ménager des nids sous divers reliefs ou blocs posés sur le substrat, en évacuant avec la bouche des éléments de sédiment jugés indésirables. Ce comportement est différent de celui de S. nigricans, dont les nids sont placés sur les branches de coraux « cultivées », les femelles déposant leurs œufs parmi les algues.

Divers biologie

L’espèce est territoriale. Elle défend âprement son territoire, mais son agressivité est nettement moindre que celle de Stegastes nigricans, connu pour être le plus agressif des « jardiniers », et que celle de S. punctatus, présents dans sa zone de distribution.

Contrairement à ses cousins S. nigricans et S. punctatus, S. limbatus est souvent solitaire, et les agrégations de territoires qu’on peut aussi rencontrer sont beaucoup moins denses que celles de ses deux proches parents. Les jeunes adultes semblent se regrouper plus facilement que leurs aînés.

La nageoire dorsale comprend de 12 à 13 rayons durs et de 15 à 17 rayons mous, l’anale comprend 2 rayons durs et de 12 à 14 rayons mous. La ligne latérale comprend de 18 à 20 écailles perforées.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Le statut de l’espèce n’est évalué ni par l’UICN* ni par la CITES*.

Origine des noms

Origine du nom français

Grégoire : de nombreuses espèces du genre Stegastes portent ce nom vernaculaire, en français comme en anglais (« Gregory »). Dans la mesure où les noms vernaculaires sont le plus souvent descriptifs et/ou issus de traditions régionales, il est hasardeux de leur chercher une origine savante. Cependant, il est frappant de constater que le grec [gregoros], signifie « le vigilant, celui qui veille », ce qui s'applique fort bien à ces poissons du fait de la surveillance continuelle et agressive de leur domaine, que ces grégoires soient « jardiniers » (voir § Alimentation) ou pas.

d’ébène : traduction du nom vernaculaire anglais "ebony gregory". L’ébène naturelle est le nom donné au « bois parfait » (la partie centrale du tronc, la plus ancienne) de plusieurs espèces d’arbres de la famille des Ebenacées, dont la couleur va du gris foncé au noir. La comparaison vise évidemment la couleur de l’animal.

Origine du nom scientifique

Stegastes : du verbe grec [stegazô], qui signifie « héberger », par extension « garnir d'un toit » et par dérivation, couvrir de tuiles, [stegastos] signifiant « couvert ». La comparaison est explicitement motivée par le créateur du genre (Leonard Jenyns, 1800-1893) par la couverture d’écailles que présente la majeure partie des nageoires impaires chez les espèces qui le composent. Le genre contient actuellement 30 espèces acceptées.

limbatus : ce mot latin signifie « garni d’une bordure », ce pourquoi Cuvier l’appelle le Glyphisodon bordé. Dans sa description de l’espèce, il écrit « il y a surtout une large bordure noire à la partie épineuse de sa dorsale », ce qui motive le choix de l’épithète spécifique.
La localité du type* est La Réunion. L’holotype* a été ramené à Cuvier par Quoy et Gaimard au retour de leur voyage autour du monde à bord de l’Astrolabe (1826-1829).

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 218846

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopteri
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Famille Pomacentridae Pomacentridés
Genre Stegastes
Espèce limbatus

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