Présence des sacs ovigères souvent blancs à la surface d'un nudibranche
Les espèces des genres Lomanoticola, Ceratosomicola et Arthurius appartenaient auparavant au genre Splanchnotrophus.
Du nord de l'Europe à la Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Le genre Splanchnotrophus semblait réduit aux espèces européennes avec une distribution du nord de l'Europe à la Méditerranée, mais la description de deux espèces nouvelles au Japon (en 2012) modifie cette distribution.
Le genre Lomanoticola est présent du nord de l'Europe à la Méditerranée.
Le genre Ismaïla est décrit de la côte pacifique des Amériques (de l'état de Washington au détroit de Magellan).
Le genre Arthurius et le genre Ceratosomicola sont présents dans l'ouest du Pacifique.
Ce sont des endoparasites* de nombreuses espèces de nudibranches.
On ne voit que deux petits boudins blanchâtres courbes (des sacs ovigères*) qui font saillie à la surface du corps d'un nudibranche...
Le corps d'un copépode "classique" (du type Cyclops) est formé de deux parties :
La femelle adulte vit dans le corps de son hôte. Elle a un corps compact très modifié avec un large prosome sans segmentation externe et un petit urosome de 2 segments. Entre sa fixation dans son hôte et sa maturité sexuelle, la forme de la femelle évolue à chaque mue. Les sacs ovigères portés par la femelle à l'extérieur de l'hôte contiennent plusieurs rangées d'œufs.
Le mâle est plus petit que la femelle, il a un aspect de Cyclops (forme de copépode classique) en général peu modifié. Il vit généralement sous la peau de son hôte.
En Europe, il existe deux genres de copépodes endoparasites de nudibranches (Splanchnotrophus et Lomanoticola) et plusieurs espèces (6) que l’on peut éventuellement distinguer par les seuls caractères observables sans dissection : la forme des sacs ovigères portés par les femelles disposés à l’extérieur du corps de l’hôte et l’espèce d’hôte, encore que les copépodes du genre Splanchnotrophus puissent infester plusieurs hôtes.
Sacs ovigères avec lobes antérieurs et postérieurs contenant plusieurs rangs de petits œufs (70 µm) attachés à peu près à la moitié de leur longueur : genre Splanchnotrophus (4 espèces européennes) :
Sacs ovigères relativement petits, en forme de rein, contenant plusieurs rangs de grands œufs ; Genre Lomanoticola (2 espèces au niveau mondial) :
Dans l'océan Indien et dans l'océan Pacifique, on peut observer des sacs ovigères d'aspects différents :
Bien sûr, cette liste n'est pas exhaustive.
Ce sont tous des endoparasites de nudibranches. La femelle est en général située dans l’hémocoele* au niveau des reins, ou bien du péricarde*, ou encore dans les diverticules digestifs (cérates* des éolidiens par exemple). Ces parasites semblent se nourrir des fluides de leur hôte.
Comme chez tous les copépodes, les sexes sont séparés. Il y a accouplement. Le mâle est attiré par les phéromones* sécrétées par la femelle. Lors de l'accouplement le mâle dépose un spermatophore* à proximité de l'orifice génital de la femelle. Après fécondation, les œufs sont conservés dans les sacs ovigères portés par la femelle. Les œufs sont petits, blanchâtres et très nombreux disposés en 8 ou 10 rangées longitudinales dans chaque sac ovigère.
Chaque œuf libère une larve* au stade nauplius* dans le plancton*. Chez les copépodes, le développement se fait en 12 stades distincts (6 stades naupliens puis 6 stades cyclopoïdes ou copépodites*). Le passage d'un stade à l'autre se fait par une mue, l'animal change de cuticule*. Au dernier stade, la croissance s'arrête (il y a une mue qualifiée de "terminale" chez les copépodes, comme chez les insectes). Les nauplius* des copépodes sont caractéristiques avec des soies furcales divergentes.
Les copépodes de la famille des Splanchnotrophidés montrent un grand dimorphisme sexuel, les mâles ont un aspect classique de copépode (cyclopiforme – en forme de Cyclops-) et les femelles sont très différentes (on parle d'hypermorphose).
Il y a au moins deux stades pour les nauplius planctotrophiques* et le stade copépodite* 1 est probablement le stade infectieux.
L’urosome* de la femelle perce la peau de l’hôte afin que les sacs ovigères soient à l’extérieur.
Plusieurs individus peuvent infester le même hôte et des copépodes ectoparasites comme Doridicola agilis peuvent être également présents.
La famille des Splanchnotrophidés est une famille originale de copépodes endoparasites. Ils ont comme hôtes des gastéropodes opisthobranches nudibranches, des sacoglosses et des ptéropodes.
Les dommages infligés aux hôtes sont très variables : d’aucun dommage apparent à la destruction de certains organes comme le tube digestif, la glande digestive, voire l’atrophie des glandes génitales.
Selon les spécialistes, les Splanchnotrophidés sont associés de façon préférentielle aux opisthobranches qui présentent des expansions digitiformes dorsales (les cérates) tels que les Eolidiens, les Dendronotacés (Doto) chez les nudibranches et les Limapontiidés chez les sacoglosses. Cela permettrait de camoufler les sacs ovigères et d’assurer une bonne circulation de l’eau pour l’oxygénation puis pour la dispersion des larves.
Ces copépodes sont des endoparasites* de mollusques opisthobranches.
Splanchnotrophus : selon Bergh,1876 signifie le contraire de ce que voulaient exprimer les créateurs du genre (Hancock & Norman, 1863) : "qui nourrit les viscères" au lieu de "qui se nourrit de viscères".
Lomanoticola : Lomanotus nom de genre de l’hôte (un nudibranche) et cola du latin [colere] = qui habite, donc qui vit dans Lomanotus ;
Arthurius : le genre est nommé d'après Arthur G. Humes en reconnaissance de son énorme contribution à la taxonomie des copépodes parasites ;
Ceratosomicola : Ceratosoma nom de genre de l’hôte (un nudibranche) et cola du latin [colere] = qui habite, donc qui vit dans Ceratosoma ;
angulatus : du latin [angulatus] = qui a des angles (sur le céphalosome, la partie antérieure).
agilis : du latin [agilis] = agile, leste ;
helianthus : du grec [helios] = le soleil, et du grec [anthos] = fleur, la femelle est de couleur jaune tournesol ;
imagawai : dédié à K. Imagawa, plongeur professionnel japonais ;
willemi : dédié au Dr Willem de Gand par Emile Canu ;
brevipes : du latin [brevis] = court et du latin [pes] = patte, donc à pattes courtes ;
elysiae : génitif de Elysia, nom de genre de gastéropodes opisthobranches sacoglosses, donc des élysies ;
insolens : du latin [insolens] = inaccoutumé, insolite ;
sacculata : du latin [sacculus] = petit sac et du suffixe latin [-ta] qui exprime une manière d'être, donc en forme de petit sac ;
coia : en référence à l'hôte Goniobranchus coi;
delicata : du latin [delicata] = délicat, la cuticule de cette espèce est facilement endommagée ;
mammillata : diminutif du latin [mamma] = mamelle, en référence aux petits renflements présents sur le côté ventral des femelles;
Ismaila : de l'arabe, Ismaël, fis d'Abraham et d'Agar.
Numéro d'entrée WoRMS : 348053
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Sous-classe | Copepoda | Copépodes | Petits crustacés, le plus souvent de quelques mm, aquatiques, libres ou parasites, au corps en deux parties recouvert d'une carapace de chitine, antennes natatoires, un seul oeil médian (œil nauplien), dans de nombreuses espèces les femelles peuvent porter éventuellement 1 ou 2 sacs ovigères latéraux. |
Super ordre | Podoplea | Podopléens | Le corps est divisé en deux parties, la séparation passe en avant du dernier segment thoracique. Le corps postérieur est formé de l'abdomen et d'un segment thoracique et porte une paire d'appendices à la face ventrale.(Rose, 1933) |
Ordre | Cyclopoida | Cyclopoides | Première paire d'antennes plus courtes que la tête et le thorax, la deuxième paire est parfois uniramée. |
Famille | Splanchnotrophidae | Splanchnotrophides | Copépodes endoparasites de mollusques opisthobranches (Nudibranches et Sacoglosses) avec un très fort dimorphisme sexuel. |
Genre | Splanchnotrophus | ||
Espèce | spp. |
Flabellina parasitée
Les petits boudins blancs n'appartiennent pas à cette flabelline. Ce sont les sacs ovigères* d'une femelle d'un copépode parasite qui vit dans le corps de cette flabelline. Seuls ces sacs contenant les œufs sont à l'extérieur de l'hôte. Il s'agit probablement d'un copépode parasite du genre Splanchnotrophus. Sur la photo, on remarque 2 flabellines qui se font face. Celle du haut plus petite "descend" vers celle du bas, plus grande.
Collioure (66), 10 m
13/07/2014
Flabellina parasitée
Les deux sacs ovigères* sont bien visibles sur le dos de cette flabelline. Le copépode parasite femelle vit dans le corps de son hôte. C'est probablement un copépode du genre Splanchnotrophus.
Iles Médes (Espagne)
25/10/2008
Gros plan sur les sacs ovigères du parasite
Ce gros plan montre les nombreux œufs contenus dans les sacs ovigères*. Il s'agit probablement d'un copépode du genre Splanchnotrophus.
Sète (34), 15 m
20/06/2014
Ancula gibbosa parasitée.
Juste en arrière des branchies on remarque des masses blanches parmi les appendices. Ce sont des sacs ovigères* d'un copépode parasite.
Estran, Plouguiel (Jaudy) Côtes d'Armor (22)
12/11/2014
Gros plan sur les sacs ovigères
Les deux sacs ovigères* sont bien visibles parmi les appendices de ce petit nudibranche Ancula gibbosa. Les branchies ramifiées sont à droite. Il est possible qu'il s'agisse du copépode parasite Splanchnotrophus willemi car il a déjà été observé sur cet hôte.
sur l'estran à Plouguiel (Jaudy).(22)
9/11/2014
Splanchnotrophus sp. sur Doto
Deux sacs ovigères blancs sont visibles entre les cérates de ce Doto.
Amas du cap. Saint Cast le Guildo (22). 21 m
12/05/2018
Facelina auriculata avec sacs ovigères
Des sacs ovigères sont visibles à l'arrière de cette faceline.
Lège, Cap Ferret (33), 10 m
06/10/2012
Spurilla neapolitana parasitée
C'est une limace à bigoudis (Spurilla neapolitana) qui est ici parasitée.
Calahonda (Granada), Espagne, 5 à 10 m
08/03/2020
Ceratosomicola mammillata sur Hypselodoris tryoni
Vue d'ensemble. Les sacs ovigères lilas sont à la base du panache branchial (à gauche).
Wakatobi Ile de Buton Pasar wajo Mandarin city (Sud Sulawesi, Indonésie) 11m nuit crépuscule.
02/06/2018
Ceratosomicola mammillata les sacs ovigères lilas.
Vue de détail.
Wakatobi Ile de Buton Pasar wajo Mandarin city (Sud Sulawesi, Indonésie) - 11m nuit crépuscule.
02/06/2018
Sur Hypselodoris sp.
Deux parasites splanchnotrophidés sont installés dans le fourreau branchial de cet Hypselodoris
Lembeh, Sulawesi, Indonésie
12/06/2019
Sur Hypselodoris sp., détail
On distingue bien sur la gauche une paire de sacs ovigères globuleux, il doit y avoir la même chose sur la droite.
Lembeh, Sulawesi, Indonésie
12/06/2019
Quelques sacs ovigères* de Splanchnotrophidés
Pour cinq des dessins la femelle a été représentée. Elle ne ressemble pas beaucoup à un copépode classique. Pour l'observer il faut impérativement disséquer une partie du nudibranche hôte ce qui n'est pas aisé. En plongée et sur les photos seuls les sacs ovigères* sont visibles.
Les différents ouvrages d'origine sont cités sur le document
Reproduction de documents anciens
03/02/2017
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Rédacteur : Christophe PRADEAU
Vérificateur : Pierre NOËL
Responsable régional : Yves MÜLLER
Abad M., Diaz-Agras G., Urgorri V., 2011, Anatomical description and biology of the Splanchnotrophid Splanchnotrophus gracilis Hancock & Norman, 1863 found parasitizing the Doridacean nudibranch Trapania tartanella Ihering, 1886 at the Ria de Ferrol (Galicia, NW Iberian Peninsula), Thalassas, 27(2), 49-60.
Canu E.,1891, Sur quelques copépodes parasites, observés dans le Boulonnais, Compte Rendu de l'Académie des Sciences de Paris, 113, 435-437.
Faasse, M. A., Lighart, M., 2007, Een parasitair roeipootkreeftje in een naaktslak in de Grevelingen: Splanchnotrophus brevipes Hancock & Norman, 1863, Het Zeepaard, 67(3), 82-84.
Hancock A., Norman A. M.,1863, On Splanchnotrophus, an undescribed Genus of Crustacea, parasitic in Nudibranchiate Mollusca, Transactions of the Linnean Society of London, 24(2), 49-60, pl. XV-XVI.
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Marshall H.C., Hayward P.J., 2006, The effects of Splanchnotrophus willemi infecting Ancula gibbosa (Gastropoda: Opisthobranchia:Nudibranchia), Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 86, 1437-1441.
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La page de Splanchnotrophus dellachiajei dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Splanchnotrophus willemi dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN