Tube calcaire blanc crayeux, lisse, de section triangulaire de 3 mm de côté
Tube calcaire s'amincissant régulièrement pour finir en pointe
Crête axiale terminée en dent saillante sur le sommet de l'ouverture
Deux crêtes latérales supplémentaires pour Spirobranchus lamarcki
2 panaches branchiaux
Opercule en forme de poire
Ver tubicole triangulaire
Keelworm, three-face tubeworm (GB), Gusano incrustrante (E), Dreikantwurm, Dreikantröhrenwurm (D), Driekantige kalkkokerrworm, Driekantige kokeworm (NL), Trekantmakk (NO), Sérpula triangular (PO), Cuqueta de closca (Catalan)
Pour Spirobranchus triqueter (Linnaeus, 1758) :
Serpula triquetra Linnaeus, 1758
Conchoserpula triquetra (Linnaeus, 1758)
Pomatoceros triqueter (Linnaeus, 1758)
Pomatoceros triquetroides (delle Chiaje, 1822)
Potamoceras triquetroides (delle Chiaje, 1822)
Pour Spirobranchus lamarcki (Quatrefages, 1866) :
Pomatoceros lamarcki (Quatrefages, 1866)
Toutes les côtes européennes
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Atlantique Est : de l'Arctique jusqu'à l'Espagne, mer du Nord, Manche et Méditerranée, Adriatique et mer Noire.
On trouve les serpules triangulaires jusqu'à 70 m de profondeur, sur toutes sortes de substrats durs comme les fonds rocheux, les grosses coquilles vides, et parfois sur les carapaces* des crabes ou des homards. Il s'agit d'espèces pionnières qui envahissent les nouvelles surfaces disponibles (coques de bateaux, pontons, bouées, ...). Ces vers sont fermement collés à leur support.
Spirobranchus triqueter, qui possède une seule carène médiodorsale sur le tube, est une espèce de l'infralittoral* et du circalittoral* (jusqu'à 70 m). C'est donc ce ver que les plongeurs voient le plus souvent.
Spirobranchus lamarcki, qui possède trois carènes* sur le tube, est une espèce côtière visible dans l'étage médiolittoral* inférieur et en infralittoral. C'est donc ce ver qui est observée principalement en pêche à pied. C'est une espèce sciaphile* (qui aime l'ombre) et qui se rencontre sous les pierres en bas de l'estran*.
Longtemps Spirobranchus (ex Pomatoceros) triqueter et Spirobranchus (ex Pomatoceros) lamarcki ont été confondus en une même espèce, ce n'est que récemment qu'ils ont été considérés comme 2 espèces distinctes. Chez ces deux espèces, la section extérieure du tube calcaire robuste est triangulaire, la section intérieure ronde, et l'ouverture du tube possède souvent une dent blanche dorsale bien visible. Le diamètre de ces petits tubes longs de 15 à 40 mm diminue très régulièrement pour finir en pointe à l'extrémité postérieure. Les tubes propres sont d'un blanc crayeux.
Spirobranchus triqueter, encore très souvent trouvé sous son ancien nom de Pomatoceros triqueter est un petit ver grégaire* sédentaire qui vit dans un tube calcaire et lisse de 15 à 25 mm de longueur. A l'extérieur, 2 crêtes dorsales latérales et 1 axiale sur le sommet qui se termine en dent saillante en haut de l'ouverture lui confèrent un aspect triangulaire de 3 mm de côté. L'un des côtés est en contact avec le support, il est fortement collé à celui-ci sur toute sa longueur. Le tube n'est jamais droit, sur sa longueur, il fait au moins un angle plus ou moins courbé.
Le corps de l'animal est composé de 3 parties :
- une section thoracique de 7 segments, le 1er et le 2ème forment la tête, le 2ème, le péristomium*, porte une bouche transversale avec 2 grandes lèvres, et 2 panaches branchiaux composés chacun de 18 à 20 radioles* (filaments qui composent le panache des vers tubicoles) courtes, assez grosses et réunies à leur base. Ces radioles peuvent être rétractées complètement à l'intérieur avant fermeture du tube par un opercule* en forme de vessie membraneuse conique inversée. Cet opercule est surmonté d'une plaque calcaire, plane ou bombée, avec 2 ou 3 petites dents plus ou moins développées. Il n'y a pas d'yeux.
- une section abdominale de 70 à 90 segments, le nombre de segments augmente avec l'âge.
- le pygidium*, partie terminale de l'animal non segmentée, qui porte l'anus et 2 lobes arrondis de petite taille.
Tous les segments de ce ver portent des soies* (structures en forme de poils longiformes et effilés) ou des uncini* (soies courtes et dentelées en forme de trapèze).
L'animal présente des couleurs lumineuses, verdâtres, rouges ou brunes, les radioles sont de couleurs différentes du corps : blanches, bleues, rouges ou jaunes.
Spirobranchus lamarcki est très peu différent. Il est légèrement plus grand : jusqu'à 4 cm de longueur, avec une seule différence sur le tube ; en effet celui de Spirobranchus lamarcki comporte 2 arêtes latérales de part et d'autre de la médiane. On peut aussi noter que les 2 panaches branchiaux sont un peu moins fournis, ils comportent entre 12 et 16 radioles chacun.
Il ne faut pas confondre les tubes des Spirobranchus spp. avec celui d'autres espèces de vers (Hydroides spp., jeune Ficopomatus sp., ...), en particulier avec celui de la serpule Serpula vermicularis dont les tubes sont bien ronds, plus longs (70 mm) et décollés du substrat pour leur extrémité antérieure. Il est aussi possible de confondre le tube calcaire rigide des Spirobranchus sp. avec celui de la protule (Protula sp.) qui est bien plus long (150 mm). Effectivement, les tubes de Spirobranchus sp. présentent une longueur et un diamètre bien plus petits. De plus, et c'est un caractère très visible, les protules ne possèdent pas d'opercule venant obstruer le tube lorsque le panache branchial est rentré.
Vermetus triquetrus, le petit vermet, est un mollusque gastéropode fixé dont le tube forme une spirale sur un seul plan en général. Sa taille est un peu plus importante (40 mm) et son diamètre légèrement supérieur (4 à 6 mm). Les risques d'erreurs d'identification viennent de la section extérieure du tube calcaire, plus ou moins triangulaire, et de la présence d'une dent médiane qui peuvent le faire confondre avec Spirobranchus triqueter. Notez que, une fois rétractées dans leurs tubes calcaires, les protules (sans opercule) et les serpules (avec opercule partiellement enfoncé) laissent "vide" en apparence la première partie de l'orifice d'entrée, alors que le pied et l'opercule marron taché de crème du petit vermet reste toujours bien visible à l'entrée du tube.
Comme tous les annélides polychètes sessiles* (attachés directement au support sans être portés par un pédoncule*), il ne quitte jamais son tube. Comme les autres espèces de ce groupe, c'est un animal filtreur qui capte sa nourriture, principalement planctonique*, avec ses radioles garnies de cils vibratiles. Ceux-ci créent un courant d'eau lui permettant de collecter les particules alimentaires microscopiques en suspension dans l'eau, et de les acheminer vers la bouche.
La reproduction peut avoir lieu à tout moment de l'année. La maturité sexuelle est atteinte à l'âge de 4 mois. Ce sont des espèces hermaphrodites* (les cellules sexuelles mâles et femelles sont portées par un même individu), protandres* (d'abord mâles, puis qui changent de sexe à un moment de son existence). La fécondation est externe, les larves* sont planctoniques pendant 2 à 3 semaines l'été et près de 2 mois l'hiver avant de tomber sur le fond pour commencer à construire un tube. Celui-ci est d'abord transparent, il sera ensuite calcifié avec le temps.
S'ils sont sortis de leur tube, ces vers ne peuvent pas le reconstituer et ils dépérissent très rapidement.
Sur une surface donnée, il y a généralement dix fois plus de mâles que de femelles.
Ces espèces sont opportunistes et colonisent tous les supports assez rapidement : bouées, pontons ou autres animaux.
La durée de vie de ces vers est de 3 à 4 ans.
"Serpule" dérive directement du nom de la famille de ce ver ; Serpula : du latin [serpula, ae] = petit serpent.
"Triangulaire" est en rapport avec la section extérieure de son tube : il est à 3 côtés.
Spirobranchus : du latin [spira] = en spirale et [branchia] = branchies, soit branchies en spirale.
triqueter : du latin [triquetrus] qui a trois angles, en rapport avec la forme triangulaire du tube.
Numéro d'entrée WoRMS : 555935
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Annelida | Annélides | Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites. |
Classe | Polychaeta | Polychètes | Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles. |
Sous-classe | Sedentaria - Canalipalpata | Annélides polychètes sédentaires - Canalipalpata | Annélides polychètes sédentaires vivant dans des tubes ou des terriers semi-permanents, avec une paire de palpes creusés d'un sillon longitudinal cilié. |
Ordre | Sabellida | Sabellides | Métamérie très altérée, corps divisé en deux régions distinctes, une thoracique à segments peu nombreux et une abdominale, le plus souvent à segments très nombreux, parfois seulement 3 segments chez les très petites espèces. Prostomium indistinct et peristomium faisant une collerette plus ou moins développée, entière ou divisée en lobes, branchies volumineuses (2 lobes semi-circulaires ou spiralés portant de nombreux filaments ou rayons garnis de barbules ciliées) en panache terminal disposé en entonnoir entourant la bouche. |
Famille | Serpulidae | Serpulidés | Tube calcaire blanc, non enroulé en spirale, attaché au substrat. Panache de 30-40 appendices tentaculaires (radioles) dont quelques-uns sont transformés en un opercule. Parfois en groupes. |
Genre | Spirobranchus | ||
Espèce | triqueter / lamarcki |
Tubes triangulaires blanc crayeux
Ces petits vers tubicoles font partie des espèces pionnières : elles envahissent les nouvelles surfaces dures disponibles.
Côte Vermeille (66), 10 m
N/A
Agglomérat dans une coquille vide
Espèces grégaires, ces vers se développent en groupes, souvent sur de grandes coquilles vides, comme ici sur celle d'une coquille Saint-Jacques Pecten maximus.
Manche Ouest, Agon Coutainville (50), estran
30/05/2007
Pierre ornée de tubes de Spirobranchus sp.
L'identification de l'espèce, S. triqueter ou/et S. lamarcki nécessite plus de détails que sur cette photo.
Manche Ouest, Agon Coutainville (50), en partie basse de l'estran
22/02/2012
Sous les pierres de l'estran
Espèce prédominante sous une pierre de l'estran normand. Les tubes calcaires robustes supportent les contraintes des marées (et des pêcheurs à pieds, dans la mesure où ceux-ci replacent les pierres dans leur position d'origine).
Tatihou, Normandie (50), estran
10/09/2006
Profond, sur une coquille de nacre
Récolté profond (35 m) et installé sur une coquille de grande nacre morte, ce petit ver appartient sans doute à l'espèce Spirobranchus triqueter. Les caractéristiques de biotope orientent l'identification vers cette espèce.
Notez que chez cette espèce, les crêtes latérales du tube sont parfois plus ou moins régulièrement perforées, comme le montrent les deux individus de gauche.
Barge de Carro (13), 35 m (prélèvement)
01/08/2009
Courbure variable des tubes
Les petits tubes calcaires, très clairs, s'affinent régulièrement jusqu'à l'extrémité postérieure pointue. La forme de ces petits tubes de 1 à 2 cm de long est plus ou moins courbée. Les petites masses gélatineuses à proximité sont des pontes d'annélides indéterminées.
Manche Ouest, Agon Coutainville (50), estran
09/08/2010
Sous les pierres de l'estran, la vie !
Animal sciaphile, ce petit ver calcaire observé sous une pierre tient compagnie à diverses balanes et à un petit chiton. Notez l'arête dorsale du tube bien visible.
Manche Ouest, Agon Coutainville (50), estran
09/08/2010
Sur une coquille d'Haliotis tuberculata
Haliotis tuberculata lamellosa, comme de nombreux substrats durs ombragés, peut servir de support à ce ver. Il s'agit sans doute de Spirobranchus lamarcki qui possède comme ici trois carènes sur le tube.
Tamaris, Côte Bleue (13), laisse de mer sur l'estran
14/01/2007
Ouverture surmontée d'une dent
La crête axiale se termine par une dent saillante sur le sommet de l'ouverture.
Côte Vermeille (66)
N/A
Opercule denté
L'opercule, en forme de vessie membraneuse conique, est surmonté d'une plaque calcaire, plane ou bombée, avec 2 ou 3 petites dents plus ou moins développées. Observez bien sur cette photo l'opercule que l'on peut remarquer chez au moins 4 vers aux panaches déployés.
Côte Vermeille (66)
N/A
Panaches branchiaux colorés et opercule
Spirobranchus triqueter de face, en gros plan, radioles sorties et opercule en bas de la photo.
Manche Ouest, Agon Coutainville (50), prélèvement
19/03/2012
Panaches colorés et opercules
On peut remarquer grâce à ces deux Spirobranchus triqueter la diversité de couleurs de leur soies.
Les Ridens, Boulogne-sur-Mer (62), 20 m
10/07/1997
Panaches de Spirobranchus lamarcki
Spirobranchus (Pomatoceros) lamarcki radioles déployées avec opercule au premier plan.
Manche Ouest, Agon Coutainville (50), estran
23/03/2012
Espèce ressemblante sur des ulves
Cette photo illustre la difficulté qu'il y a à bien identifier les nombreux petits tubes encroûtant les substrats. Ici, dans l'étang de Berre (13), il s'agit sans doute de jeunes vers annélides Ficopomatus enigmaticus et non pas de Spirobranchus sp.. Les stries de croissance transversales, l'ouverture bien ronde et sans dent ainsi que la forme de l'opercule (non visible sur cette photo réduite) ne correspondent pas au genre Sprirobranchus.
Etang de Berre (13), 3 m
30/09/2006
Faux ami, tube du petit vermet
Collé sur une pierre roulée sur le rivage, ces deux tubes calcaires épais et à la section grossièrement triangulaire appartiennent sans doute au mollusque gastéropode fixé Vermetus triquetrus, le petit vermet. Notez la crête typique et les nodosités transversales irrégulières de la coquille de ce gastéropode dont l'aspect est fort semblable à Spirobranchus sp..
Tamaris, Côte Bleue (13), laisse de mer sur l'estran
04/12/2005
Anatomie détaillée
Voir les légendes sous les dessins.
Fauvel P., figure n° 127 (dessins anciens)
Reproduction de documents anciens
1927
Rédacteur principal : Murielle TOURENNE
Rédacteur : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Vincent MARAN
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ