Ombrelle discoïde transparente de 2 à 3 cm de diamètre maximum
16 tentacules blanchâtres rayonnants, rigides et non rétractables
Tentacules de 10 cm maximum
Vélum bien visible qui se contracte pour la nage
Méduse très rare dans la zone de plongée
Cunina albescens Gegenbaur, 1856
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Somissus albescens est une hydroméduse endémique* du bassin méditerranéen (mer Méditerranée, er Adriatique, etc...)
Il s'agit d'une hydroméduse qui fréquente habituellement les grandes profondeurs, aux alentours de 200 à 1000 mètres. Elle est capable de migrations nocturnes verticales jusqu'à la zone des 100 mètres et on peut parfois l'observer près de la surface, en pleine eau et en pleine mer.
Solmissus albescens est une hydroméduse d'ordinaire abyssale que l'on pourra rencontrer exceptionnellement dans la zone de plongée. L'ombrelle, transparente et discoïde, est rigidifiée par une fine enveloppe chitineuse, et seul le vélum* (caractéristique des hydroméduses) se contracte pour assurer son déplacement. Son diamètre ne dépasse pas les 3 centimètres. Sur le bord de l'ombrelle s'enracinent 16 tentacules blanchâtres rigides et non rétractables, qui peuvent rayonner indifférement au-dessous ou au-dessus du plan formé par l'ombrelle discoïde. Leur taille atteint 10 centimètres maximum.
Il existe 6 espèces du genre Solmissus. Certaines d'entre elles correspondraient en fait à des formes géantes de Solmissus albescens : Solmissus marshalli Agassiz & Mayer, 1902, dont l'ombrelle peut atteindre 6 cm de diamètre, et Solmissus incisa (Fewkes, 1886) dont l'ombrelle peut atteindre 10 cm de diamètre.
Cette méduse vorace se nourrit d'organismes du necton* gélatineux (hydroméduses, siphonophores, cténophores, ptéropodes, appendiculaires, salpes...) grâce à ses tentacules recouverts de cellules urticantes propres aux cnidaires : les cnidocytes*. C'est la méduse carnivore la plus abondante entre 200 et 500 mètres de profondeur. 70 % des proies ingurgitées sont des cténophores. Sous l'ombrelle s'ouvre une bouche béante capable d'avaler ces grosses proies.
Notons que les cnidocytes de cette espèce sont particulièrement urticants et redoutables pour les proies capturées.
Les trachylines sont des hydrozoaires qui ont secondairement perdu la phase polype*. Ces hydroméduses sont sexuées et libèrent dans l'eau les deux types de gamètes*, spermatozoïdes pour les méduses mâles, ovules pour les méduses femelles. La fécondation donne une larve ciliée, la planula*, qui redonne directement une jeune méduse. La maturité sexuelle s'étend d'octobre à avril.
De nombreuses études ont été menées sur les causes des migrations verticales de cette espèce. Celles-ci ne seraient pas liées à des courants, ni à des variations de température ou de salinité, mais à la variation de lumière. Des cellules photosensibles (ocelles) détectent les variations de luminosité et permettent à ces méduses de corréler leurs migrations avec le cycle jour-nuit.
Cette méduse est luminescente.
Solmissus albescens est le cnidaire le plus fréquemment rencontré par les submersibles : c’est l’espèce la plus abondante en profondeur avec une densité estimée à 1,4 individu par mètre cube !
Le nom vernaculaire français, solmissus, est la reprise du nom de genre scientifique.
Solmissus : du latin [sol] = soleil, en référence au disque central et aux 16 tentacules rayonnants,
albescens : du latin [alba] = blanc, en référence à la couleur et à la transparence de cette méduse.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Hydrozoa | Hydrozoaires | Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce. |
Sous-classe | Trachylina | Trachylines | Hydrozoaires dont la phase polype a secondairement disparu. Hydroméduses vivant généralement en eaux profondes, visibles parfois dans la zone de plongée. |
Ordre | Narcomedusae | Narcoméduses | Méduses aplaties et fines à marges lobées. L'ombrelle, épaisse en son centre, est bordée de tentacules solides et raides. Manubrium et canaux radiaires réduits voire absents. |
Famille | Cuninidae | Cuninidés | |
Genre | Solmissus | ||
Espèce | albescens |
A Hyères
Apparition fantômatique, soucoupe luminescente venue des profondeurs...
Sec du Langoustier, Hyères (83), 32 m
03/04/2011
16 tentacules
Solmissus albescens est une petite hydroméduse transparente. Sur le bord de l'ombrelle s'enracinent 16 tentacules non rétractables. Sur la gauche le vélum* est bien visible. Il se contracte pour déplacer la méduse.
Antibes (06), 10 m
10/03/2007
Batteries de cnidocytes
On peut apercevoir sur ce cliché les nombreuses batteries de cnidocytes* contenues dans les tentacules.
Le Graillon, Antibes (06), 15 m
28/02/2010
Ombrelle et vélum
Sur cette photo les 16 tentacules sont aisément identifiables. A droite, le vélum. Il est fréquent d'observer chez cette méduse que ses tentacules sont basculés du côté de l'ombrelle.
Antibes (06), 10 m
10/03/2007
Luminescence
De nuit, la bioluminescence* de cette méduse est nettement visible.
Le Graillon, Antibes (06), 15 m
28/02/2010
Nutrition
La méduse a capturé ici une salpe grâce à ses tentacules urticants.
Cagnes sur mer (06), 5 m, de nuit
15/12/2007
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Mills C.E. & Goy J., 1988, In situ observations of the behavior of mesopelagic Solmissus narcomedusae (Cnidaria, Hydrozoa), Bulletin of Marine Science (Proceedings of the Zooplankton Behavior Symposium), 43, 739-751.
Voici un lien vers une page du Monterey Bay Aquarium Research Institute consacrée à Solmissus, avec photos et vidéos, qui permettent d'en savoir davantage sur le comportement et l'alimentation de cette méduse.
Remerciements particuliers à Claudia Mills pour les informations qu'elle nous a communiquées au sujet de cette mystérieuse méduse, à partir desquelles cette fiche a pu être élaborée, et aussi pour avoir identifié cette espèce à partir des photos d'Adrien Weckel.