Colonies en forme de plume
Tige principale épaisse, de couleur rosée
Polypes d'aspect duveteux en deux rangées alternes
Hydraire ramifié
Branching hydroid (GB)
Thuiaria diaphana Allman, 1885
Sertularella speciosa Congdon, 1907
Espèce circumtropicale
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● CaraïbesCette espèce est signalée aux Antilles, à l’île de la Réunion, en Afrique du Sud, en Australie, elle est probablement répandue dans toutes les mers tropicales et subtropicales.
L'hydraire-duvet rose affectionne l’eau claire et non polluée. Son biotope est indépendant de l’éclairement : on le trouve aussi bien au plafond des grottes que sur petit fond ensoleillé.
Cet hydraire construit des colonies de 5 à 8 centimètres en forme de plume légèrement incurvée. Les colonies âgées, avec plusieurs ramifications, peuvent atteindre 15 centimètres de haut.
La tige principale (ou hydrocaule*) est ramifiée ou non, suivant l’âge de la colonie et les conditions du milieu ambiant. Sur toute sa longueur elle porte latéralement, dans un même plan et en position alterne, des rameaux plus fins (hydroclades*).
La tige principale et les tiges secondaires, ainsi que les rameaux, sont de couleur ocre rosé. Les tiges sont assez épaisses à la base et s’affinent progressivement vers leur extrémité. Les rameaux terminaux, d'épaisseur fine et constante, sont de longueur décroissante ce qui donne une forme quasi triangulaire à la colonie.
Les polypes s’alignent en deux rangées alternes tout au long de la tige et des rameaux. Ils sont blancs et pourvus de nombreux tentacules assez courts, serrés, ce qui donne un aspect duveteux à la colonie.
Les colonies fertiles portent, généralement sur la face des rameaux orientée au courant, des éléments allongés, de couleur rose-orange, avec l’extrémité tronquée : ce sont les gonothèques*, enveloppes qui entourent et protègent les polypes reproducteurs.
Beaucoup d’espèces d’hydraires construisent des colonies en forme de plumes, très difficiles à distinguer même avec un examen à la loupe. Identifier un hydraire est souvent affaire de spécialiste, et nécessite presque toujours un examen minutieux des motifs caractéristiques de l’enveloppe protectrice de la colonie (ou périsarc*) et/ou des cnidocytes*.
Cet hydraire se nourrit de diatomées, d'œufs et de larves d’invertébrés planctoniques (bivalves, copépodes) capturés par les polypes dans le courant.
Les colonies sont soit mâles, soit femelles et portent des gonothèques légèrement différentes.
Contrairement à ce qui se passe pour la plupart des Sertulariidés, les polypes reproducteurs abrités dans les gonothèques libèrent des méduses rudimentaires (appelées médusoïdes). Celles-ci mènent une courte vie planctonique* (2 à 3 heures), qui leur laisse juste le temps de libérer leurs gamètes* dans le milieu ambiant en se contractant rythmiquement.
Après fusion des gamètes, l'œuf se développe en une larve planula* capable de se fixer sur un substrat adapté, de se différencier en un polype primaire, et de se multiplier par bourgeonnement latéral afin de construire une nouvelle colonie.
Caractéristiques visibles uniquement à la loupe :
La tige principale et ses ramifications sont souvent formées de plusieurs tubes accolés (elles sont dites polysiphoniques). Les tiges, ainsi que les rameaux portent deux rangées alternes d’hydrothèques*, chacune enfermant un polype nourricier (hydranthe*).
Les polypes eux-mêmes sont très petits, de forme allongée comme l'hydrothèque, avec une seule couronne de 20 à 30 tentacules* évasés autour de la bouche en position terminale.
Les hydrothèques sont tubulaires, légèrement incurvées vers l’extérieur des tiges et des rameaux. Leur bord compte quatre dents triangulaires très basses, séparées par des encoches arrondies ; l’ouverture de l’hydrothèque est fermée par un opercule* pyramidal formé de quatre valves triangulaires.
Cette espèce est légèrement urticante, il est préférable d'éviter le contact avec la peau nue.
"Hydraire ramifié" est le nom couramment trouvé dans les ouvrages sur la faune subaquatique des Antilles, mais beaucoup d'autres hydraires présentent des ramifications remarquables.
"Hydraire-duvet rose" est une proposition du site DORIS, il rend compte des singularités de cet hydraire : la tige épaisse, de couleur nettement rose, et l'aspect de duvet des petits polypes blancs.
Sertularella : diminutif de sertularia, lui-même diminutif de serta (latin) = tresse, guirlande : ce nom évoque les entrelacs d’une toute petite guirlande.
diaphana (grec) = transparent, limpide.
Numéro d'entrée WoRMS : 285502
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
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Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Hydrozoa | Hydrozoaires | Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce. |
Sous-classe | Hydroidolina | Hydroïdes | Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype. |
Ordre | Leptothecata / Leptomedusa | Leptothécates / Leptoméduses | Hydroïdes coloniaux dont les polypes sont protégés par une enveloppe chitineuse, la thèque. Méduses (quand elles existent) aplaties, parfois de grande taille, portant des statocystes sur le bord de l’ombrelle, et des gonades sur les canaux radiaires. |
Sous-ordre | Conica | Coniques | Les hydranthes ont un hypostome conique, sans cavité buccale distincte de la cavité gastrique. |
Famille | Sertulariidae | Sertulariidés | Colonies généralement érigées, les hydranthes peuvent se rétracter complètement dans leurs hydrothèques pourvues d’un opercule à valves. |
Genre | Sertularella | ||
Espèce | diaphana |
Bouquet duveteux rose
Parmi 4 ou 5 autres espèces d'hydraires présentes sur ce biotope très diversifié, Sertularella diaphana se distingue par son axe principal épais, de couleur rose, et ses petits polypes d'un blanc pur qui donnent un aspect duveteux aux colonies.
La Citadelle, Martinique Nord (972), 10 m
13/12/2008
Ramifié
L'axe principal (hydrocaule) est souvent ramifié. Les rameaux ou hydroclades vont en s'amenuisant vers la cime, en donnant un aspect triangulaire à la plume.
Fort Delgrès, Guadeloupe (971), 27 m
12/11/2009
Dentelle
Le fond sombre permet de distinguer l'insertion alterne des rameaux sur la tige, et des polypes sur les rameaux.
Saint Pierre, Martinique (972), 18 m
12/12/2011
Hydrorhizes
A la base de l'hydrocaule, on distingue au centre de la photo les hydrorhizes qui se cramponnent à la roche.
Sur la colonie située à gauche, les petites capsules orange alignées sur les rameaux sont les gonothèques entourant les structures reproductrices.
La Baleine, Martinique (972), 14 m
16/12/2008
Epibiose
Cette colonie de Sertularella a choisi un support original : il s'agit d'un autre hydraire Dentitheca dendritica.
L'Avion, Port-Louis, Guadeloupe (971), 23 m
01/12/2009
Suspendu
Ici c'est un Antipathaire (corail fil de fer) qui a servi de support : bien installée dans le courant sous une voûte, cette colonie a triplé de taille en 8 mois !
Les Ancres, Port-Louis, Guadeloupe (971), 17 m
30/11/2009
Piège
La même colonie vue de plus près : les tiges ramifiées se disposent tout autour du support de façon à "ratisser" le plus large possible dans la colonne d'eau.
Les Ancres, Port-Louis, Guadeloupe (971), 17 m
30/11/2009
Gonothèques
Ces boudins roses situés à la base des rameaux sont les gonothèques (structures reproductrices) remplies de médusoïdes prêts à être libérés.
Pointe Burgos, Martinique (972), 18 m
30/11/2011
Sous la loupe
Portion d'un rameau (hydroclade) montrant l'insertion alterne des hydrothèques en forme de tubes légèrement incurvés vers l'extérieur.
Préparation ex-situ
01/04/2005
Détails microscopiques
Extrait de la description par Congdon (1907) sous le nom de Sertularella speciosa, ce dessin montre l'aspect des gonothèques (à gauche : gonothèque mâle, au milieu : gonothèque femelle entière et en coupe).
A l'extrême droite une portion d'hydroclade : notez l'insertion alterne des hydrothèques et les petits polypes déployés ou rétractés.
Bermudes
Reproduction de documents anciens
1907
Rédacteur principal : Horia GALEA
Rédacteur : Anne PROUZET
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Anne PROUZET
Allman G.J., 1885, Description of Australian, Cape, and other Hydroida, mostly new, from the collection of Miss H. Gatty, Journal of the Linnean Society of London, Zoology, 19 (111), 132-161.
Calder D.R., 1991, Shallow-water hydroids of Bermuda : the Thecatae exclusive of Plumularioidea, Royal Ontario Museum Life Sciences Contributions, 154, 1-140.
Congdon, E.D., 1907, The hydroids of Bermuda, Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, 42, 463-485.
Gravier-Bonnet N., Lebon M.L., 2002, Swimming medusoid gonophores in two species of Sertularella (Cnidaria, Hydrozoa, Sertulariidae) from Reunion Island, Indian Ocean, Invertebrates Reproduction and Development, 41(1-3), 101-108.
Millard N.A.H., 1975, Monograph on the Hydroida of Southern Africa, Annals of the South African Museum, 68, 1-513.
La page de Sertularella diaphana dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN