Buisson dont la tige principale dressée est polysiphonique
Ramifications dichotomiques en différents plans
Les gonothèques, ovoïdes, sont marquées d'ondulations transversales et se terminent par trois pointes
Méditerranée (endémique)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]L'espèce Sertularella crassicaulis est considérée comme endémique de la Méditerranée.
Espèce largement répandue entre 5 et 50 m, Sertularella crassicaulis est épibionte* d'algues, d'hydraires, de gorgones ou de bryozoaires.
Sertularella crassicaulis est un hydraire colonial benthique* qui forme de petits buissons lâches, de couleur blanc pur et de moins de 10 cm de diamètre. La fixation au substrat* est assurée par une hydrorhize*, structure formée de stolons* tubulaires et ramifiés. La colonie est érigée, avec une tige principale dressée (hydrocaule*) et formée de plusieurs tubes accolés (polysiphonique*), haute de 45 à 60 mm. Celle-ci est ramifiée de manière dichotomique* en différents plans. Les internœuds sont séparés par des nœuds obliques inclinés vers la gauche ou la droite. Les hydrothèques* sont cylindriques, à peu près aussi larges que longues, latérales par rapport à l'axe et alternées à raison d'une par internœud. Les gonothèques* sont allongées, ovoïdes, avec des ondulations transversales et présentent une encolure apicale* distincte avec 3 pointes. Les hydroclades* sont généralement blancs mais les portions recouvertes par des algues épibiontes* (voir vie associée) peuvent apparaître rose-rouge.
Les caractéristiques morphométriques de Sertularella crassicaulis peuvent entraîner une confusion avec Sertularella gayi. Cependant, l'examen attentif de ces caractères permet de différencier les deux espèces. Par exemple, les bords de l'hydrothèque* sont larges chez S. crassicaulis avec un col peu différencié mais sont étroits chez S. gayi. Par ailleurs, chez S. crassicaulis le périsarc* (cuticule* chitineuse* servant de squelette) de la paroi abcaulinaire (hors axes principaux) est mince alors qu'il est épais chez S. gayi. Enfin, les gonothèques* possèdent trois dents apicales chez S. crassicaulis tandis que chez S. gayi, on observera deux lèvres inégales.
Sertularella polyzonias (Linnaeus, 1758) et Sertularella mediterranea Hartlaub, 1901, d'aspect proche, peuvent également être observées en Méditerranée. Ces deux espèces sont de plus petites tailles et forment de courtes tiges en zigzag, simples et rarement ramifiées. Leur coloration est moins blanche que chez Sertularella crassicaulis.
Les hydraires sont en général microphages*. Ce sont des carnivores qui capturent leurs proies au moyen de nématocystes* placés sur les tentacules* des hydranthes* (polypes nourriciers). Les proies sont amenées par les mouvements d'eau (courant par exemple) dont le flux est un facteur limitant : trop rapide et les proies peuvent s'échapper, trop lent et un nombre insuffisant de proies sera disponible. La nourriture est variée mais essentiellement constituée de petits organismes zooplanctoniques.
Sertularella crassicaulis n'a pas de saisonnalité marquée et se trouve donc présente toute l'année. Les sexes sont séparés et les spécimens fertiles apparaissent d'octobre à février et d'avril à mai. Les gamètes* sont contenus dans les gonothèques* qui, en période de reproduction, sont allongées et ovoïdes. Les gonothèques sont caractérisées par trois pointes autour de l'ouverture.
L’espèce sert parfois de support pour différentes algues. Les algues corallinales Melobesia membranacea et Pneophyllum fragile ont pu être observées. Elles sont réparties sur les branches et concentrées à proximité des hydranthes, probablement à cause des émissions de nutriments générées par le métabolisme de l'hydraire. Ces algues rouges calcaires encroûtantes sont responsables de la couleur rose-rouge des parties colonisées.
Les hydraires du genre Sertularella sont la nourriture de plusieurs nudibranches éolidiens. Trinchesia caerulea est le seul nudibranche observé sur Sertularella crassicaulis.
Cette petite espèce n'est pas urticante pour l'homme.
Sertularelle blanche est une francisation du nom de genre associé à la couleur blanche caractéristique en plongée de cette espèce.
Sertularella : diminutif de sertularia, lui-même diminutif du latin [serta] = tresse, guirlande : ce nom évoque les entrelacs d’une toute petite guirlande.
crassicaulis : du latin [crassus] = épaisse, charnue et de [caulis] = tronc, tige. Donc à tiges épaisses (polysiphoniques*).
Numéro d'entrée WoRMS : 117896
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Hydrozoa | Hydrozoaires | Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce. |
Sous-classe | Hydroidolina | Hydroïdes | Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype. |
Ordre | Leptothecata / Leptomedusa | Leptothécates / Leptoméduses | Hydroïdes coloniaux dont les polypes sont protégés par une enveloppe chitineuse, la thèque. Méduses (quand elles existent) aplaties, parfois de grande taille, portant des statocystes sur le bord de l’ombrelle, et des gonades sur les canaux radiaires. |
Famille | Sertularellidae | Sertularellidés | Colonies généralement érigées, les hydranthes peuvent se rétracter complètement dans leurs hydrothèques. |
Genre | Sertularella | ||
Espèce | crassicaulis |
Buisson lâche et blanc
Les rameaux de la colonie ne sont pas très serrés chez Sertularella crassicaulis.
Sec Scuglietti, Galéria, Corse Ouest (2B), 20 m
16/10/2007
Buissons dans le courant
Accroché sur une algue érigée, cet hydraire profite bien des courants marins pour se nourrir.
Sec Scuglietti, Galéria, Corse Ouest (2B), 20 m
16/10/2007
Polypes à fins tentacules et tronc
Les "troncs" supportant les rameaux sont robustes chez Sertularella crassicaulis. Les polypes sont blancs et couronnés de fins tentacules.
Fourmigues de Giens (83), 22 m
04/08/2007
Petites cloches blanches
Les polypes ressemblent à des petites cloches blanches. Ils sont implantés de façon alterne sur des axes relativement robustes.
Mucchillina, Scandola, Corse Ouest (2A), 25 m
17/10/2007
Arbuscule à clochettes blanches
La taille des petits buissons formés par Sertularella crassicaulis est le plus souvent inférieure à 10 cm.
Mucchillina, Scandola, Corse Ouest (2A), 25 m
17/10/2007
Sur une gorgone jaune
Epibionte d'une gorgone jaune Eunicella cavolini.
Les Farillons, Marseille (13)
23/09/17
Prédation
L'éolidien Trinchesi caerulea se rencontre très souvent sur cet hydraire, qui lui sert de nourriture et de lieu de ponte. Sur Marseille, cet éolidien est présent presque 1 fois sur 2 sur les buissons de Sertularella crassicaulis.
Marseille (13), 15 m
11/02/2017
Algues corallines épibiontes
Détails d'une colonie de Sertularia crassicaulis "épibiontée" par des algues corallines (microscopie électronique à balayage). Barre d'échelle = 1 mm. (Photo présentée par Di Camillo et al., 2006).
(Photo diffusée avec autorisation des auteurs).
Di Camillo, C., Puce, S., Romagnoli, T., Tazioli, S., Totti, C. and Bavestrello, G., 2006, Coralline algae epibiontic on thecate hydrozoans (Cnidaria)
Reproduction de documents anciens
2006
Rameaux d'une branche
Préparation microscopique d'une petite colonie de Sertularella crassicaulis trouvée dans le port de La Ciotat.
Port de La Ciotat (13)
2002
Polype et hydrothèque
Le polype est ici bien sorti de son hydrothèque protectrice.
Port de La Ciotat (13)
2002
Ramification dichotome
Notez la présence d'un polype logé dans une hydrothèque au niveau de la séparation des deux branches.
Port de La Ciotat (13)
2002
Dessin ancien
Notez au centre à gauche une gonothèque*. (Hartlaub C., 1900, Planche V, figures 17, 18 & 19)
Hartlaub C., 1900, Revision der Sertularella-Arten.
Reproduction de documents anciens
1900
Dessins anatomiques avec gonothèques mâle et femelle
A: Aspect général de la colonie. B: Gonothèque mâle. C: Gonothèque femelle (planche présentée par Gravili et al., 2015, A; d'après Medel & al. 1991; B, C d'après Stechow 1919; colorisation par André F./DORIS). Barres d'échelle: A, 2 cm; B, 1 mm; C, 2 mm.
(Photo diffusée avec autorisation des auteurs).
Gravili, C., De Vito, D., Di Camillo, C., Martell, L., Piraino, S. and Boero F. (2015) The non-siphonophoran hydrozoa (Cnidaria) of Salento, Italy with notes on their life-cycles: an illustrated guide. in "
www.mapress.com/j/zt".
Reproduction de documents anciens
2015
Rédacteur principal : Jacques COVES
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Boero, F. and Fresi, E., 1986, Zonation and evolution of a rocky bottom hydroid community, Marine Ecology, 7, 123-150.
Di Camillo, C., Puce, S., Romagnoli, T., Tazioli, S., Totti, C. and Bavestrello, G., 2006, Coralline algae epibiontic on thecate hydrozoans (Cnidaria), J. Mar. Biol. Ass. U.K., 86, 1285-1289.
Gili, J.M., 1986, Estudio sistemático y faunístico de los Cnidarios de la costa catalana, Thesis, University of Barcelona, 565 pp.
Gravili, C., De Vito, D., Di Camillo, C., Martell, L., Piraino, S. and Boero F., 2015, The non-siphonophoran hydrozoa (Cnidaria) of Salento, Italy with notes on their life-cycles: an illustrated guide, Zootaxa, 3908(1), 001–187.
Hartlaub C., 1900, Revision der Sertularella-Arten, Abhandlungen aus dem Gebiete der Naturwissenschaften, Hamburg, 16(2), 1, 1–143.
Picard J., 1956, Les espèces et formes méditerranéennes du genre Sertularella, Vie Milieu, 7, 258-266.
La page de Sertularella crassicaulis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN