Ver enfermé dans un tube calcaire
Couronne branchiale en 2 lobes
Panache rouge orangé à rosé, pourvu de stries, de rayons ou de dessins clairs divers
Présence d'un opercule plus ou moins dentelé et différencié du panache
L'animal se rétracte en cas de danger, l'opercule venant boucher le tube
Petite serpule
Red tubicolous worm (GB), Serpula rossa (I), Serpulla roja (E), Roter Kalkröhrenwurm, Kleiner Kalkrönhrenwrurm (D), Rode kalkokerworm (NL), Rød kalkrørsmark (NO)
Cosmopolite
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Espèce que l'on observe le long du pourtour méditerranéen mais aussi en Atlantique Sud et Nord, en Manche, en mer du Nord. Egalement en mer Rouge et dans l'océan Indien.
Serpula vermicularis se rencontre sur tous les types de substrats* durs (fonds rocheux, grottes, coquillages...), de préférence au niveau de zones ombragées (surplombs rocheux), de la surface à des eaux beaucoup plus profondes (-1800 m).
La serpule est un ver sédentaire et tubicole, pouvant atteindre une dizaine de centimètres en moyenne souvent plus petit (7 cm de long). Elle élabore un tube calcaire rigide. Ce tube calcaire, d'environ 5 mm de diamètre, 10 cm de long, plus ou moins tortueux, arborant une coloration blanche parfois rosée, pouvant être spiralé, tient un rôle protecteur.
A l'intérieur de ce tube, la tête du ver donne naissance à 2 groupes de tentacules se traduisant en 2 lobes de 30 à 40 filaments chacun et qui émergent du tube. Ces panaches sont reliés à la base par une membrane palmaire. L'ensemble forme donc une couronne en deux parties de morphologie variable appelé panache branchial.
L'un des tentacules de cette couronne est modifié en opercule cartilagineux plus ou moins dentelé et qui, déployé, a la forme d'un entonnoir. Dès lors, lorsqu'en cas de danger la couronne se rétracte dans le tube calcaire, l'opercule vient instantanément refermer l'ouverture et empêche ainsi toute intrusion. Cet animal bénéficie ainsi d'une double protection.
La couleur du panache est variable, souvent rosé ou rougeâtre. Ce panache peut être partiellement annelé ou rayé de blanc ou encore être complété de motifs clairs.
Le tube calcaire est ancré à sa base mais souvent libre sur l'essentiel de sa longueur. Il est parfois recouvert tout ou en partie d'organismes divers.
Il est possible de confondre le tube calcaire rigide de la serpule avec celui de la protule (Protula sp.). Cependant, les tubes de Serpula vermicularis présentent une longueur et un diamètre plus petits, avec généralement des stries dans le sens de la longueur. De plus, et c'est un caractère très visible, les protules ne possèdent pas d'opercule venant obstruer le tube lorsque le panache branchial est rentré.
Les vermets, notamment Thylacodes (ex Serpulorbis) arenarius (Linnaeus, 1767), peuvent également représenter une source de confusion avec la serpule. Le vermet est un gastéropode dont la coquille, un tube calcaire déroulé, est fixée au substrat de manière ressemblante aux tubes calcaires rigides des Sabellides. De plus, il fréquente le même biotope que la serpule. Mais le vermet ne possède en aucun cas le panache branchial des annélides sédentaires. En outre, ce qui peut sembler être un "bouchon" rouge taché de jaune est en fait le pied de l'animal et il est moins régulier dans son graphisme que l'opercule de la serpule ; il ne sort jamais du tube. Enfin, l'intérieur du tube est lisse et nacré.
Serpula vermicularis est un ver polychète sessile* filtreur*.
Comme tous les vers polychètes sédentaires, la serpule utilise ses panaches pour filtrer l'eau afin de piéger les particules alimentaires en suspension.
En effet, chaque panache branchial se compose de tentacules plumeux recouvert de mucus collant participant à la capture de particules alimentaires et des micro-organismes qui, filtrés, sont amenés vers la bouche. La disposition des panaches est telle que l'interférence entre chaque couronne est évitée. On dispose de peu de données concernant le mécanisme de l'alimentation ou le type de nourriture filtrée ; cependant, la présence de chitinase, de cellulase et de laminarase dans le tractus digestif (Michel et De Villez, 1978) porte à croire que des particules détritiques constituent une partie importante de l'alimentation de ce ver.
La reproduction peut être asexuée, par division de l'être. Elle peut également être sexuéee, en reproduction externe, par la libération des produits sexuels en pleine eau.
En effet, les Sabellida sont capables de faire des clones par bourgeonnements, divisions transversales ou fragmentations. Toutefois la plupart des polychètes se reproduisent uniquement sexuellement et la majorité des espèces sont gonochoriques*.
Il existe peu de données sur la reproduction, la maturation et le développement des animaux du genre Serpula.
Lorsque la reproduction est sexuée, les larves trochophores* issues de la fécondation des œufs ont la forme de toupies. Au cours de sa croissance, la larve s'allonge progressivement en métatrochophore et choisit un endroit approprié pour se fixer. Il est à noter que la fixation de la larve implique souvent des réactions complexes à la lumière, à la pesanteur et à la nature du substrat, réactions qui ne sont pas encore bien comprises.
Une fois fixée sur un support convenable, la larve du ver subit une métamorphose* et commence à secréter un tube fragile ; dès lors, elle ne peut désormais plus quitter l'endroit choisi.
Si les conditions sont favorables, le taux de croissance peut être très rapide bien qu'il dépende étroitement de variables comme la température.
Il semble que la croissance soit annuelle, ce qui suggérerait que l'animal peut vivre plusieurs années. Qui plus est, étant donné la rapidité des taux de croissance, il reste probable que ces vers atteignent l'âge adulte en moins d'un an. Orton (1914) a même pu observer sur les côtes du sud-ouest de l'Angleterre, que des spécimens de 10 mois étaient capables de se reproduire avec succès.
Un ver annélide se présente tout à fait comme on peut imaginer un ver terrestre. C'est un animal plus ou moins long, composé d'un certain nombre d'anneaux identiques, les métamères*, plus un segment de tête et un segment de queue. La serpule est ainsi faite. Mais comme tous les annélides sédentaires tubicoles, le plongeur ne voit généralement pas ce corps qui reste dans le tube calcaire. Seule une partie de la tête est visible en l'espèce d'un panache filtreur qui émerge du tube et que le ver peut rétracter en cas de danger.
Si le panache de l'animal lui sert de filtre pour capturer son alimentation, utilisant les nombreux cils pour retenir les particules alimentaires en suspension dans l'eau, c'est également et de la même façon l'outil de la respiration.
Serpula vermicularis peut servir, au niveau de son tube calcaire, de support à de nombreux organismes sessiles tels que des éponges, des ascidies, des bryozoaires encroûtants, d'autres petits vers tubicoles...
Du côté des prédateurs de la serpule, on a pu pointer diverses girelles et crénilabres (dont Symphodus melops). Ceux-ci extrayaient le ver de son tube. Certains auteurs ont également indiqué des situations de prédation, réelles ou supposées, avec des échinodermes (des étoiles de mer comme Asteria rubens ou des oursins tel Psammechinus miliaris), des arthropodes (le tourteau Cancer pagurus par exemple serait capable de briser les tubes grâce à ses fortes pinces, la galathée noire Galathea squamifera également...)
Serpula vermicularis est une espèce couramment rencontrée en plongée mais dont l'approche doit rester éthérée pour mieux la voir. En effet, elle se rétracte dans son tube dès qu'on l'approche, qu'elle ressent un changement brutal de courant ou qu'elle reçoit un éclair de flash.
Si en Méditerranée, la serpule participe pleinement à la constitution du coralligène, elle a une action structurale forte dans d'autres endroits également. Par exemple, dans certains abers écossais, lieux d'investigations scientifiques, Serpula vermicularis peut créer de véritables récifs, formés par l'accumulation des tubes des animaux. Ces récifs constituent un habitat de choix pour de nombreuses espèces.
Le terme serpule correspond à la traduction littérale du nom de genre Serpula.
Serpula : du latin [serpula, ae] = petit serpent.
vermicularis : du latin [vermiculis] = petit ver, en forme de petit ver.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Annelida | Annélides | Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites. |
Classe | Polychaeta | Polychètes | Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles. |
Sous-classe | Sedentaria - Canalipalpata | Annélides polychètes sédentaires - Canalipalpata | Annélides polychètes sédentaires vivant dans des tubes ou des terriers semi-permanents, avec une paire de palpes creusés d'un sillon longitudinal cilié. |
Ordre | Sabellida | Sabellides | Métamérie très altérée, corps divisé en deux régions distinctes, une thoracique à segments peu nombreux et une abdominale, le plus souvent à segments très nombreux, parfois seulement 3 segments chez les très petites espèces. Prostomium indistinct et peristomium faisant une collerette plus ou moins développée, entière ou divisée en lobes, branchies volumineuses (2 lobes semi-circulaires ou spiralés portant de nombreux filaments ou rayons garnis de barbules ciliées) en panache terminal disposé en entonnoir entourant la bouche. |
Famille | Serpulidae | Serpulidés | Tube calcaire blanc, non enroulé en spirale, attaché au substrat. Panache de 30-40 appendices tentaculaires (radioles) dont quelques-uns sont transformés en un opercule. Parfois en groupes. |
Genre | Serpula | ||
Espèce | vermicularis |
Un annélide tubicole à opercule
Parmi les quelques espèces de vers annélides tubicoles qui fréquentent nos côtes, Serpula vermicularis se distingue des autres par la présence d'un opercule visible en marge du panache de tentacules.
Crau de Nao, Rade de Villefranche-sur-mer (06)
15/09/2005
Tube rebouché
Devant un quelconque danger, le ver a rentré son panache. L'opercule est venu occulter l'ouverture du tube, offrant à l'animal une protection renforcée.
Pointe de la Causinière, Cap Ferrat (06)
24/04/2007
Les soies
Sur cette photo rapprochée, on distingue assez bien les détails du panache, notamment les soies qui servent à filtrer et récupérer nourriture et oxygène.
Grand Congloué, Archipel de Riou, Marseille (13)
24/04/2007
Dessin d'opercule
L'opercule peut montrer plusieurs dessins ou couleurs. Celui-ci possède un graphisme peu courant.
Cagnes-sur-Mer (06)
05/04/2007
Dans sa version orange
L'espèce peut prendre plusieurs coloris.
Tiboulène de Maïre, Marseille (13), 10 m
25/08/2019
Forme d'opercule
L'opercule, tentacule modifié, est en forme d'entonnoir dentelé.
Antibes (06)
05/08/2008
Ca dépasse !
Le ver est rentré d'urgence dans son tube, il l'a obstrué grâce à l'opercule. Dans sa précipitation, des tentacules soyeux sont restés coincés et dépassent du bouchon.
Cap de Nice (06), 9 m
13/07/2008
Ca dépasse encore !
Là encore, le ver a obturé un peu vivement son tube et des "plumes" du panache restent visibles à l'extérieur (les pointes roses et blanches).
Marseille, 8 m
15/08/2011
Vie associée (1)
Le tube calcaire de la serpule peut se voir recouvert d'épibontes divers : éponges, bryozoaires, tuniciers... Ici, une éponge encroûtante bleue.
Pointe de la Gavinette, rade de Villefranche-sur-Mer (06)
10/08/2006
Vie associée (2)
Le tube calcaire de la serpule peut se voir recouvert d'épibontes divers : éponges, bryozoaires, tuniciers... Ici, un bryozoaire encroûtant, sans doute Schizobrachiella sanguinea ou apparenté.
Le Rascoui, Antibes (06)
12/08/2007
Ouvert ! Fermé !
Les deux états d'un même individu : ouvert sur l'extérieur et rentré dans son tube clos (photo montage)
Le Rascoui, Antibes (06)
12/08/07
Pour ne pas confondre...
Pour ne pas confondre le tube calcaire de la serpule, observé sur les photos précédentes, avec ceux de la protule et du vermet, espèces pouvant prêter à confusion, il suffit de regarder l'extrémité de ce tube. A gauche, un tube de protule. Il n'a pas d'opercule, on voit ici le panache branchial rétracté dans son abri de calcaire. A droite, un vermet, mollusque gastéropode qui n'a jamais de panache branchial et dont on peut voir le pied rouge et jaune bien visible, assez différent de l'opercule de Serpula vermicularis.
Rade de Villefranche (06)
N/A
Rédacteur principal : Marc DELETANG
Rédacteur : Elodie FAUCONNET
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Correcteur : Patrick SCAPS
Responsable historique : Aedwina REGUIEG
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Michel, C. et De Villez, E.J. 1978, PHYSIOLOGY OF ANNELIDS Chapitre 13. Digestion, ed. P.J. Mill. Academic Press, London, New York and San Francisco, 509-554.
Orton, J.H. 1914, Preliminary account of a contribution to an evaluation of the sea, Journal of the Marine Biological Association, X, 312-320.
Poloczanska et coll., 2004, Underwater television observations of Serpula vermicularis (L.), reefs and associated mobile fauna in Loch Crenan, Scotland, Estuarine, coastal and shelf science, 61(3), 425-435.