Zoïdes en une seule série et agencés en chaînes
Stolons tubulaires rampant
Zoïdes blancs, lisses, tubulaires, en forme de trompette
Membrane frontale ovale, sub-terminale
Sertularia chelata Linnaeus, 1758
Eucratea chelata Johnson, 1847
Atlantique Nord-Est, Manche, mer du Nord, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Scruparia chelata a été principalement observée en mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est européen et plus rarement en Méditerranée où l'espèce proche, Scruparia ambigua, est plus fréquente mais où les deux espèces sont parfois mélangées.
La majorité des observations de Scruparia chelata a été faite par petits fonds, mais cette espèce peut aussi être présente par grands fonds. Elle semble apprécier les eaux plus ou moins polluées, comme celles des ports et est le plus souvent retrouvée en épibionte* sur divers autres bryozoaires (Bugula, Valkeria, Electra, etc.) ou sur des algues, des hydraires...
Scruparia chelata forme des colonies composées de minuscules chaînes de zoïdes* érigées sur une base rampante sur le substrat*. La taille des colonies est de l'ordre de quelques millimètres à un ou deux centimètres. Les rameaux, formés d'une seule série de zoïdes, se ramifient à partir de la face frontale ou latérale des zoïdes. Les zoïdes (0,4 à 0,5 mm de longueur sur 0,1 mm de largeur), légèrement calcifiés, blancs, lisses et non perforés, sont reliés les uns aux autres par leurs extrémités distales sur un même rameau dressé. De forme tubulaire, la portion proximale est étroite alors que l'extrémité distale est plus large et porte une membrane frontale ovale en position sub-terminale. Chez Scruparia chelata, cette membrane frontale forme un angle net (supérieur ou égal à 25°) par rapport à l'axe du zoïde. L'aperture* discrète et permettant la sortie du lophophore* s'ouvre sur un demi-cercle à l’extrémité distale (en haut) de la membrane frontale. Les parties rampantes sont formées de stolons tubulaires, parfois renflés à une extrémité, sans membrane frontale (kénozoïdes*).
Les aviculaires*, les épines et les ovicelles* (au sens strict) sont absents.
La chambre d'incubation est constituée d'une structure particulière formée de deux valves symétriques et portée par un zoïde maternel plus globuleux que les autozoïdes*. Ce zoïde maternel se développe sur la face frontale d'un zoïde, mais ne donne pas naissance à une nouvelle chaîne de zoïdes. Plusieurs embryons peuvent se développer en même temps dans cette chambre d'incubation.
Scruparia ambigua (d'Orbigny, 1841) est d'aspect et de taille similaire, ses colonies uni-sériées sont formées, au niveau de ses parties rampantes, d'autozoïdes identiques à ceux des chaînes érigées, sans kénozoïde spécifique contrairement à S. chelata. Ses autozoïdes sont plus fins avec une membrane frontale quasiment parallèle à l'axe des zoïdes. S. ambigua, présente sur toutes les côtes européennes, est plus répandue en Méditerranée que S. chelata. Les deux espèces vivent souvent mélangées sur le même substrat.
Comme chez tous les bryozoaires, la nutrition est assurée par la capture de particules alimentaires (phytoplancton*, en particulier) par les tentacules* du lophophore*, dont la sortie est assurée par une augmentation de la pression du liquide interne, phénomène obtenu grâce à la compression musculaire.
Une fois la gaine du lophophore* dévaginée, un mouvement pendulaire et circulaire des tentacules ciliés* composant le panache de ce lophophore va permettre le brassage de l’eau environnante et favoriser ainsi la capture des micro-organismes composant le régime alimentaire de la colonie.
Ces animaux sont dits filtreurs* actifs c’est-à-dire, des filtreurs suspensivores* microphages*. Les diatomées* (algues unicellulaires) et les bactéries sont la base de l'alimentation de ce type de bryozoaire.
La croissance de la colonie se fait par bourgeonnement* périphérique de nouveaux zoïdes*. La reproduction est sexuée et la colonie est hermaphrodite*. Les œufs fécondés sont incubés dans une chambre d'incubation spéciale au dessus du zoïde maternel (voir "description").
Après maturation, il va y avoir émission de larves* ciliées, qui vont être dispersées par les courants. Après une courte vie dans la colonne d’eau, la larve va se fixer sur un substrat* adéquat et se métamorphoser* en un zoïde primaire ou ancestrule*. Celui-ci bourgeonnera deux à trois zoïdes, qui bourgeonneront eux-mêmes.
Scrupaire à pince est une proposition du site DORIS et une francisation du nom scientifique.
Scruparia : de [scrupus] = rocher, dans le sens "bryozoaire poussant sur les rochers".
Eucratea : (ancien nom de genre) de Eucrate, nom d'une Néréide dans la mythologie grecque.
chelata : du grec [chêl-] = pince, armée de pinces (d’après Rémy Perrier).
Numéro d'entrée WoRMS : 111540
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Scrupariina | ||
Famille | Scrupariidea | ||
Genre | Scruparia | ||
Espèce | chelata |
Fines chaînes érigées de zoïdes tubulaires
C'est sous une loupe binoculaire que l'on peut réellement bien observer cette toute petite espèce de bryozoaire. Elle forme de petits arbuscules érigés rampant à la base. Les rameaux sont formés par une seule série de zoïdes blancs en forme de trompette.
Cette colonie est ici installée sur un autre bryozoaire encroûtant (Electra pilosa), lui même fixé sur une algue rouge.
Bretagne sud, proche de la surface
10/2011
Dessin anatomique
Flèches rouges : membranes frontales ovales en partie distale des autozoïdes* et formant un angle avec l'axe du zoïde*,
flèches bleues : Kénozoïdes* formant le stolon rampant sur le substrat* (hachures marron),
flèche jaune : dessin schématique d'un zoïde maternel surmonté de sa chambre d'incubation formée de deux valves.
D'après Busk, dessin modifié
Reproduction de documents anciens
1852
Dessins anatomiques détaillés
Prenant M., Bobin G., 1966, BRYOZOAIRES, 2ème Partie, Chilostomes Anasca, Faune de France n° 68, Fédération Française des Sociétés de Sciences Naturelles, Office central de faunistique, 643p.
Prenant M. & Bobin G., figure 22
Reproduction de documents anciens
1966
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Gaël ROCHEFORT
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Tsyganov-Bodounov A., Hayward P.J., Porter J.S., Skibinski D.O.F, 2009, Bayesian phylogenetics of Bryozoa, Molecular Phylogenetics and Evolution, 52, 904–910.